Le cinquième Rabbi de Loubavitch, Rabbi Chalom Dovber, relata un jour : «Dans les premières années de sa direction, Rabbi Chnéor Zalman de Lyadi déclara en public : ‘Il faut vivre avec son temps’. Les vieux ‘hassidim comprirent, grâce à son frère Rabbi Yehouda Leib, que le Rabbi voulait dire qu’il faut vivre avec la Paracha de la semaine et la section particulière de chaque jour. Il ne s’agit pas seulement d’étudier la section hebdomadaire mais il faut également vivre avec elle.
Beréchit est une section réjouissante. On y voit D.ieu créer les mondes et les êtres vivants, même si sa conclusion l’est beaucoup moins. Celle de Noa’h comporte le déluge. C’est une semaine décourageante. Mais elle s’achève sur une note joyeuse avec la naissance de notre père Avraham.
La véritable semaine joyeuse est celle de la Paracha Le’h Le’ha . Nous vivons chaque jour de la semaine avec Avraham, le premier à consacrer toute sa vie à diffuser dans le monde la connaissance de D.ieu. Et Avraham transmit sa qualité de sacrifice de soi en héritage à tous les Juifs.
Puisque le Rabbi affirme que «la véritable semaine joyeuse est celle de la Paracha Le’h Le‘ha », il est évident que même la fin de la semaine de Noa’h, où est évoquée la naissance d’Avraham, n’est pas aussi joyeuse que la semaine de Le’h Le’ha.
S’il en est ainsi, c’est parce que tous les détails rapportés dans une Paracha sont liés les uns aux autres. Ainsi, le climat général de Noa’h assombrit-il également quelque peu sa conclusion heureuse.
Il en va de même pour Beréchit. Bien que, d’une manière générale, ce soit une «section joyeuse», puisqu’à sa fin, elle l’est beaucoup moins, son aspect général manque également d’une mesure de joie.
Tout cela mène à la question suivante : puisque Beréchit est dans sa majorité «joyeuse» et que Noa’h est dans l’ensemble «décourageante», pourquoi ne pas avoir divisé les sections de façon à ce que la conclusion de Beréchit serve d’introduction à Noa’h et que la fin joyeuse de Noa’h soit le commencement de Le’h Le’ha, ce qui aurait alors produit deux sections entièrement joyeuses ?
La Gemara divise les six mille années de la création en trois catégories : «deux mille ans de Tohou (chaos et tumulte), deux mille ans de Torah et deux mille ans de jours de Machia‘h». Elle poursuit en expliquant que les «deux mille ans de Torah commencèrent avec Avraham, le Patriarche, qui initia les réels préparatifs pour le Don de la Torah. Et c’est là la spécificité de Le’h Le’ha où «nous vivons chaque jour de la semaine avec Avraham».
Le Don de la Torah eut cette qualité unique d’accomplir l’unification du «ciel» et de la «terre», du spirituel et du matériel. Il s’ensuit que la caractéristique particulière de Le’h Le’ha (une semaine entière évoquant Avraham) réside dans l’idée de la connexion entre le ciel et la terre, le spirituel et le matériel.
Cela explique également la raison pour laquelle Le’h Le’ha est la troisième Paracha, semblable à la Torah elle-même, en trois parties : Torah, Neviim (les Prophètes) et Ketouvim (les Hagiographes), le niveau intermédiaire de trois, reliant le ciel et la terre.
Aussi la première section, Beréchit, a-t-elle pour thème central la création, un acte divin «céleste». Noa’h, la seconde section, relate le raffinement de la terre et du monde inférieur par le service du juste Noa’h. Le’h Le’ha, la troisième section a pour thème l’unification et la combinaison de Beréchit, «en haut» et de Noa’h ,«en bas».
Nos Sages nous enseignent que la «progéniture du juste est ses bonnes actions».
De la même façon, nous comprenons pourquoi Noa’h commence par les mots : «ce sont les enfants de Noa’h ; Noa’h était un homme juste».
Les bonnes actions de Noa’h, sa «progéniture», font allusion à son service spirituel personnel. La naissance de Noa’h et les autres détails de ses jeunes années, jusqu’au fait de «trouver grâce aux yeux de D.ieu», ne sont pas le fait de son propre travail. Puisque sa naissance a lieu grâce aux Cieux, cette partie de son histoire se situe dans la section de Beréchit plutôt que dans la section plus «terrestre» de Noa’h.
Cela explique également la raison pour laquelle de nombreux aspects de la vie d’Avraham ne sont pas mentionnés dans Le’h Le’ha. Puisque le service d’Avraham comme préparation au Don de la Torah (la combinaison et l’unification du «haut» avec le «bas») ne commença qu’après le moment de Le’h le’ha, quand Avraham quitta ‘Haran et se mit en route pour la Terre d’Israël, seuls ces aspects sont mentionnés dans cette section.
Par ailleurs, la naissance d’Avraham et son service spirituel jusqu’à Le’h Le’ha font essentiellement partie de l’élévation du «monde inférieur» qui appartient à la section de Noa’h.
Nous comprenons désormais pourquoi, bien que Berechit en général et la conclusion de Noa’h soient heureux, néanmoins «la véritable semaine joyeuse est celle de la Paracha Le’h Le’ha».
La véritable joie «brise toutes les limites». Puisque la joie de Beréchit est limitée, elle n’exprime pas la joie absolue. Il en est de même concernant la conclusion de Noa’h où Avraham ne fait qu’apporter la préparation à «l’écroulement des frontières» entre les domaines spirituel et matériel.
C’est spécifiquement Le’h Le’ha qui apporte la véritable préparation au Don de la Torah et c’est cela qui lui fait gagner son titre de «véritable semaine joyeuse».
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- Publication : 2 novembre 2019