Le verset Le'h Le'ha 12, 1 dit : «L'Eternel déclara à Avram : Va-t'en pour toi de ton pays, de ta patrie et de la maison de ton père, vers la terre que Je te montrerai». Le premier élément significatif que la Torah rapporte, à propos de notre père Avraham, est cet appel du Saint béni soit-Il pour qu'il abandonne sa vie précédente et s'attache au domaine de la sainteté : «va-t'en pour toi de ton pays, de ta patrie et de la maison de ton père, vers la terre que Je te montrerai(1).

En revanche, il est difficile de comprendre pourquoi la Torah ne dit rien des nombreux événements qui constituèrent la vie spirituelle d'Avraham, avant cette Injonction(2). En effet, bien avant cela, de sa propre initiative et par ses forces personnelle(3), Avraham consacra sa vie à s'attacher à D.ieu.

Car, c'est effectivement par sa propre recherche intellectuelle que notre père Avraham : «reconnut son Créateur» et qu'il diffusa, dans le monde entier, la foi en un D.ieu unique. Pourquoi la Torah ne fait-elle aucune mention de tout cela ?

En fait, la Torah, en occultant cette tranche de la vie d'Avraham, introduit ici un éclairage nouveau. Elle souligne, de cette façon, que notre père Avraham devint le premier Juif, la pierre d'angle de tout le peuple d'Israël, du fait de l'élection du Saint béni d'Israël, non pas de son effort personnel pour s'approcher de D.ieu(4).

C'est précisément pour cette raison que toutes les étapes morales qui furent franchies par Avraham, avant d'obtenir la révélation de D.ieu, lui édictant cette Injonction, ne sont pas considérées comme essentielles(5). Car la nature juive et le rapprochement de D.ieu ne dépendent pas des forces, des qualités et des capacités personnelles de chacun. Ils s'expliquent uniquement parce que l'âme est : «une parcelle de Divinité céleste véritable»(6).

On peut déduire de ce qui vient d'être dit un principe fondamental du service de D.ieu, dans sa dimension morale. Les descendants d'Avraham(7) doivent, en effet, fonder leur service et leur rapprochement de D.ieu sur la soumission la plus totale à Sa Volonté(8), mettre en pratique les Mitsvot de la meilleure façon possible(9).

Il ne faut donc pas rechercher un intérêt personnel, pas même spirituel, dans son attachement à D.ieu. La spécificité des Juifs ne réside pas dans leurs qualités et dans leurs aptitudes. Elle tient uniquement au fait que : «Il nous a rapprochés de Son service(10).

(Discours du Rabbi, Likoutei Si'hot, tome 25, page 47)

Notes :
(1) Alors qu'il est bien clair que de nombreux événements se produisirent, dans sa vie, avant cela, mais la Torah n'en dit pas un mot.
(2) Nos Sages disent, en effet, que : «c'est à l'âge de trois ans qu'Avraham reconnut son Créateur». C'est à cet âge que commença sa recherche de spiritualité qui le conduisit à découvrir le D.ieu Unique. On aurait pu penser que la Torah devait décrire cette recherche.
(3) Puisque la Torah n'avait pas encore été donnée. Avraham ne disposait donc pas des forces spirituelles qui furent accordées à tous les enfants d'Israël, devant le mont Sinaï.
(4) L'existence juive transcende la raison.
(5) Et, ne sont donc pas présentées dans la Torah.
(6) Selon l'expression du second chapitre du Tanya.
(7) Qui sont donc également ses héritiers spirituels.
(8) Non pas sur leur adhésion intellectuelle.
(9) Sans rechercher les allégements de la Hala'ha qu'une analyse logique pourrait parfois imposer.
(10) En faisant de nous le peuple élu.