Le troisième livre de la Torah que nous entamons commence par les mots : « Vayikra èl Moché », « Et Il appela Moché».
Qui est « Il » ? Il s’agit du Saint béni soit-Il. Pourquoi le Nom de D.ieu n’est-il pas mentionné, comme nous pouvons le trouver dans la plupart des autres occurrences : « Et D.ieu parla à Moché », « et D.ieu dit à Moché », etc. ?
Par ailleurs, autre sujet d’étonnement, la dernière lettre du mot Vayikra est écrite avec un petit Alèph. Pourquoi ?
Moché Rabbénou était humble et c’est pour cela qu’il est écrit « Vayikra èl Moché » avec un petit Alèph. »
Mais qu’est-ce que l’humilité ? Etre humble ne signifie pas être naïf. Etre humble ne signifie pas ne pas savoir ce que l’on est.
Pensez-vous que, lorsque Moché marchait parmi son peuple, il se recroquevillait sur lui-même et se cachait derrière des buissons ? Il avançait et le peuple se séparait pour lui frayer un chemin. Il marchait avec un maintien ferme et puissant. Il parlait fort.
Que signifie-t-il donc qu’il était l’homme « le plus humble à la surface de la terre » ?
La caractéristique de l’humilité présente deux aspects. Tout d’abord, il s’agit de prendre conscience que la force que nous possédons nous a été attribuée par D.ieu et, d’autre part, d’être assez lucides pour réaliser que si quelqu’un d’autre que nous possédait nos propres qualités, il nous dépasserait et de loin.
En d’autres termes, Moché savait qu’il était le septième, depuis Avraham, que son père était Amram, le chef spirituel du Peuple juif, et il réalisait qu’il avait reçu un don, une bénédiction pour parler à D.ieu, face à face, pour aller dans les Cieux pendant cent vingt jours. Mais il savait également que si une autre personne avait été choisie à sa place, elle l’aurait dépassé et accompli bien plus que lui-même. C’est pourquoi il était le plus humble de tous les hommes de la terre. Il connaissait ses qualités, sa mission, ses responsabilités, le fait qu’il dût guider le peuple d’une main de fer, sans faillir, mais il traitait chacun sur un pied d’égalité. Il ne s’adressait pas aux autres avec condescendance ou avec mépris. Il était profondément convaincu qu’un autre à sa place aurait mieux fait que lui.
Mais cela ne l’empêchait pas de connaître son rôle et d’endosser ses responsabilités.
Tel est donc le sens du petit Aleph. Bien que Moché fût appelé par D.ieu Lui-même, il n’en restait pas moins empli d’humilité et conscient de son insignifiance.
Mais une autre question se soulève alors. Pourquoi est-ce spécifiquement le Alèph qui est rapetissé et pourquoi pas une autre lettre ? Quel est donc ici le message ?
Le Alèph représente le Alouph qui signifie « maître et chef ».
Etre humble quand on se compare à quelqu’un d’autre, qui n’est pas dans le même domaine que soi, est facile.
Lorsqu’il est écrit « Vayikra èl Moché avec un petit Alèph, cela signifie que dans le même domaine que lui, celui d’un maître, d’un chef (ce qu’évoque le Alèph), Moché était persuadé que d’autres, avec les mêmes chances et les mêmes opportunités que lui, auraient été bien supérieurs à lui.
A propos du terme Vayikra, Rachi explique que la terminologie implique ici un appel rempli d’amour.
D.ieu appelle Moché Rabbénou avec amour. Pourquoi cela ? Parce qu’il est humble. Parce qu’il permet aux autres de pénétrer dans son espace, parce qu’il permet à D.ieu de pénétrer dans son cœur.
Et cela va encore plus loin.
Il n’est pas dit : « Vayikra Hachem èl Moché, « Et D.ieu appela Moché », parce que le Nom Hachem, « D.ieu », est un terme défini. N’importe lequel des sept (ou dix) Noms de D.ieu représente un contrôle, une lumière ou une énergie spécifiques par lesquels D.ieu Se manifeste dans ce Nom ou dans cet attribut.
« Vayikra èl Moché » signifie que l’Essence de D.ieu, l’essence qui est au-dessus de tout nom, de toute configuration ou de tout attribut, s’adressa à Moché. Pourquoi ? Parce qu’il était petit à ses propres yeux. Il était humble.
Telle est la leçon de Vayikra. Chacun de nous détient en lui une étincelle de Moché Rabbénou, nous possédons donc un attribut de grandeur mais en même temps nous ne nous qualifions pas de grands. En effet, nous réalisons que nos talents, nos dons, nos qualités nous ont été donnés par D.ieu.
Mais nous devons également prendre conscience que nous devons utiliser ces attributs au mieux, y investir toutes nos forces pour faire un monde meilleur, pour y faire descendre la Divinité.
Quand nous utilisons correctement ces talents, tout en réalisant qu’ils sont des présents de D.ieu, alors nous méritons « Vayikra èl Moché », un véritable appel d’amour de la part de l’Essence Divine.
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- Publication : 13 mars 2021