Vayikra

D.ieu appelle Moché depuis la Tente d’Assignation et lui communique les lois des korbanot, offrandes animales et alimentaires apportées dans le Sanctuaire.

Elles incluent :

. « L’holocauste » (olah), entièrement consacré à D.ieu, par un feu, en haut de l’autel.

. Cinq variétés d’ « offrandes alimentaires » (min’ha), préparées avec de la farine fine, de l’huile d’olive et des encens.

. « L’offrande de paix » (chelamim) dont la viande est consommée par celui qui apporte l’offrande, une fois que certaines parties en ont été brûlées sur l’autel et d’autres données aux Cohanim (prêtres).

. Les différents types de « sacrifices expiatoires », apportés pour expier les transgressions commises de façon accidentelle par le Grand-Prêtre, toute la communauté, le roi ou un Juif ordinaire.

. « L’offrande de culpabilité » (acham) apportée par celui qui s’est approprié, de façon indue, d’un bien du Sanctuaire, qui a un doute d’avoir transgressé une interdiction divine ou qui a commis une « trahison contre D.ieu » par un faux serment pour escroquer un autre homme.

La dernière offrande évoquée ci-dessus est une offrande apportée au cas où une transgression aurait été commise. Il s’agissait d’une situation où l’individu avait un doute quant à sa transgression. Or, il s’avère que cette offrande était beaucoup plus onéreuse que celle apportée pour racheter un péché effectif. Cela nous interpelle.

Les Sages apportent l’explication suivante : fondamentalement, le pardon apporté par le biais d’un sacrifice vient des sentiments de Techouvah (repentance) ressentis par la personne. Quand quelqu’un sait qu’il a péché, il ressent naturellement de sincères regrets. Mais quand il est dans le doute, il doit chercher, à l’extérieur, des moyens pour ressentir de tels sentiments. C’est pour cette raison que ce sacrifice de culpabilité « hypothétique » demande que l’on dépense davantage.

Cependant, cette explication reste insuffisante. Car bien que la Techouvah soit nécessaire, elle ne constitue pas le seul élément impliqué. Le sacrifice lui-même sert d’élément catalyseur pour apporter le pardon et ôter la tache du péché. Et les différentes espèces de sacrifices étaient ordonnées en fonction de la nature du péché créé dans l’âme de l’individu.

Cela nous conduit à la conclusion que la raison pour laquelle le sacrifice pour une faute hypothétique était plus cher ne s’appuyait pas seulement sur l’idée d’inspirer une Techouvah sincère mais aussi sur le fait qu’il devait apporter le pardon pour un plus grand péché. Cela soulève une question naturelle. Pourquoi la tache créée lorsque l’on n’est pas sûr d’avoir péché est-elle plus grande que lorsque l’on est sûr d’avoir commis une transgression ?

D’une façon générale, les sacrifices apportent le pardon pour les péchés commis, sans intention de le faire, car même alors, un sacrifice est nécessaire. Bien que la personne n’ait pas eu l’intention de transgresser un commandement, le fait est que ses pensées inconscientes l’y ont conduit. Et c’est une preuve qu’elle possède une certaine faiblesse spirituelle. Sinon, elle n’aurait pas transgressé, ce que confirme le texte : « Aucun mal ne s’empare du juste ».

Cela fait référence à un autre concept. Le comportement inconscient, ce que l’on fait sans y penser, est souvent un profond indicateur de la nature de l’homme et reflète ses préoccupations fondamentales et ses sources de plaisir. Un homme juste tire ses réjouissances de la Divinité. C’est la raison pour laquelle ses actes impliquent le bien et le saint. Mais lorsqu’un homme commet involontairement une transgression, cela indique que ses plaisirs ont une origine indésirable. Sa conduite est comparable à un acte manqué.

Ainsi, lorsque l’individu sait qu’il a commis un péché, sans intention, il prend conscience du fait qu’il a besoin d’une amélioration spirituelle. La transgression lui a fait réaliser qu’il doit s’impliquer davantage pour s’améliorer. Mais quand un homme n’a pas conscience d’avoir péché, l’image positive qu’il se fait de lui-même peut rester intacte et il ne ressent pas le besoin de changer. Cela montre un lien encore plus profond avec le mal dans la mesure où il ne réalise pas qu’il a un certain manque à combler.

Quand l’on sait que l’on a, involontairement, commis une transgression, notre nature reste bonne. L’acte est allé à l’encontre de notre véritable nature. Et c’est pour cela que nous sommes conscients d’avoir failli à la volonté de D.ieu. Prendre conscience du mal prouve qu’il ne correspond pas à notre être véritable. Mais lorsque l’on n’est pas même conscient d’avoir mal agi, cela prouve que le péché ne dérange pas et ne va pas à l’encontre des tendances naturelles. C’est donc pour cela que l’on est aveugle devant l’erreur.

Ainsi, l’offrande apportée par celui qui ignore s’il a péché ou non doit être beaucoup plus onéreuse. Car il s’agit alors de corriger une insensibilité spirituelle qui l’empêche de prendre conscience de ses propres fautes.

Perspectives

La lecture de la Paracha commence par les mots : « Et D.ieu appela Moché et D.ieu lui parla ». Nous rencontrons souvent l’expression « Et D.ieu parla à Moché » mais, ici, la Torah la préface : « Et D.ieu appela… » Nos Sages expliquent que ce verset souligne l’affection qu’éprouve D.ieu pour Moché et pour le Peuple juif comme entité, Moché étant son émissaire. Avant de s’adresser à lui, en signe d’affection, D.ieu l’appelle d’abord.

Cette qualité d’être aimé de D.ieu, caractéristique du Peuple juif, se reflète également dans la Haftara qui commence avec le verset : « Ce peuple, Je l’ai fait pour Moi ; ils diront Mes louanges ».

Chaque Juif est l’héritier du legs spirituel entier de notre peuple. Une chaîne d’or est tressée à travers les générations, depuis nos Patriarches, Avraham, Its’hak et Yaakov et nos Matriarches, Sarah, Rivkah, Ra’hel et Léa. Chaque Juif, dans la génération présente est un représentant de toute la collectivité, comme elle a toujours existé à travers l’histoire. Et c’est ainsi que D.ieu chérit chaque Juif comme un père chérit son fils unique et Il est confiant que, quelle que soit la manière dont il se conduit, il finira par « dire les louanges de D.ieu », en accomplissant des actes de bien et de bonté qui reflètent son potentiel spirituel.

L’expression absolue de cette qualité apparaîtra à l’Ere de Machia’h où les qualités du Peuple juif feront surface. Mais même avant cette époque tant attendue, et pour la préparer, il nous faut contempler les qualités cachées chez autrui et chez nous-mêmes et œuvrer pour les révéler.

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