Cela fait déjà vingt-cinq ans que Rav Raskin amène avec lui de nombreux Juifs de Montréal à New York, au moins une fois par mois, en autobus.
Il a commencé peu après sa nomination comme Chalia’h, émissaire du Rabbi, à Montréal en 1986.
La première fois, il n’avait loué qu’un minibus.
«Les participants ne savaient pas à quoi s’attendre. Ils ignoraient ce que représente un voyage chez le Rabbi, avec les prières, les réunions ‘hassidiques, les rencontres avec des Juifs de tous les pays imaginables, l’entrevue privée avec le Rabbi… mais ils étaient curieux et excités.
Quand nous sommes arrivés, j’ai transmis au Rabbi les noms de tous les participants. Quelques temps plus tard, je reçus une réponse du Rabbi : «La prière du voyage – que ceci se passe dans un moment propice ! Je (les) mentionnerai auprès du tombeau (de mon beau-père, le Rabbi précédent)».
Les premiers mots me semblèrent étranges. Mais c’est alors que je réalisai que, sans doute à cause de l’excitation, nous avions oublié de réciter la prière du voyage !»
Chacun de nos voyages avait sa particularité.
En 1991, j’ai emmené quelques-uns des fidèles de ma communauté pour passer un Chabbat chez le Rabbi. Durant la réunion ‘hassidique, le Rabbi s’adressa à eux en français (car la plupart d’entre eux étaient francophones) : «Il leur demanda à chacun de dire «Le’haïm» («A la vie») sur un petit verre de vodka, trois fois de suite. C’était quelque chose de très rare, qui ne manqua pas de provoquer notre étonnement.
Durant notre voyage de retour pour Montréal, le chauffeur arrêta brusquement l’autobus : un des pneus était crevé ! Nous avons été obligés de descendre sur la bande d’arrêt d’urgence de l’autoroute et d’attendre que le chauffeur remplace le pneu endommagé.
Nous avons repris la route et, deux heures plus tard, nous avons soudain ressenti des tremblements inquiétants dans l’autobus : le chauffeur s’arrêta et descendit voir ce qui se passait. Effectivement, il repéra une panne qui aurait pu causer le renversement de l’autobus ! Il procéda à la réparation et nous sommes repartis.
Quelques instants plus tard, nous avons entendu le bruit d’une formidable explosion et avons aperçu les cornes d’un cerf qui s’étaient introduites dans l’axe du volant !
Celui-ci éclata en plusieurs morceaux mais le chauffeur avait réussi à s’arrêter à temps.
Je saisis alors le micro et déclarai : «Mes amis ! Ne vous inquiétez pas ! Nos ennuis sont maintenant terminés, nous pouvons continuer tranquillement !» Tous les voyageurs me regardèrent, ils étaient étonnés de mon assurance. Je leur rappelai alors que le Rabbi leur avait demandé de trinquer trois fois «Le’haïm» !
Effectivement, la suite du voyage se déroula sans autre incident…»

* * *

Rav Raskin continua les voyages mensuels à Brooklyn, même après le 3 Tamouz 1994, le jour de la Hiloula du Rabbi.
«A l’aller, l’atmosphère dans l’autobus est différente car les gens savent qu’ils ne verront pas le Rabbi. Cependant, au retour, l’atmosphère est comparable à ce qu’elle était avant ce 3 Tamouz : un enthousiasme et une impression d’élévation spirituelle vraiment extraordinaire ! C’est inexplicable, il faut le ressentir !»
D’ailleurs les chiffres parlent d’eux-mêmes : après avoir organisé 126 voyages chez le Rabbi, Rav Raskin peut affirmer que des milliers de bonnes résolutions ont été prises – et tenues ! Comme avant… !
Lors d’un de ces voyages une dame qui avait subi des soins intensifs pendant huit ans se joignit à nous avec l’espoir de pouvoir enfin mettre un enfant au monde. Elle se recueillit auprès du tombeau du Rabbi, pria et pleura. Dans l’année, elle donna naissance à une magnifique petite fille. A l’âge de onze ans, cette fillette nous accompagna avec sa mère dans notre centième voyage. Sa mère me la présenta et la fillette déclara d’emblée : «Je suis une enfant née grâce à la bénédiction du Rabbi !»
Et ce genre de miracles se produit à chaque fois !

Menachem Cohen
Sichat Hachavoua n°1278
traduit par Feiga Lubecki