La famille Ben-Ari à Safed, dans le nord d’Israël, est renommée pour son hospitalité : chaque Chabbat, des dizaines d’invités se régalent à leur table, non seulement de bons petits plats mais aussi de paroles de Torah qui apportent inspiration et enthousiasme.

L’année dernière, deux semaines avant Roch Hachana, tout un groupe de soldates passèrent Chabbat à Safed et furent invitées chez les Ben-Ari. Comme il en a l’habitude, Rav Ben-Ari demanda, au cours du repas, à chaque convive de prendre la parole et d’ajouter une touche personnelle à la conversation. Certaines en profitèrent pour poser des questions plus ou moins provocantes sur le judaïsme, d’autres racontèrent des souvenirs marquants… Une femme-officier créa pourtant la surprise en annonçant tout simplement : «Grâce à ce Chabbat, j’ai décidé de devenir pratiquante !».

Bien entendu, tous la regardèrent en écarquillant les yeux. C’était là son premier Chabbat et elle n’était pas connue pour être facilement émotive. Elle expliqua :

«Je suis végétalienne : non seulement je m’abstiens de manger viande et poisson, mais je souffre aussi de la maladie céliaque et ne peux manger aucun aliment contenant du gluten. Chaque fois que je suis invitée, j’informe mes hôtes de ces restrictions : à l’armée, on connaît déjà mes besoins et on me prépare des plats spéciaux. Le fait est que mon plat favori est le quinoa : c’est non seulement nourrissant mais c’est aussi facile à préparer.

Alors que je me dirigeais vers votre maison, j’ai réalisé que je ne vous avais pas prévenu auparavant de mes besoins spéciaux. J’étais donc sûre de quitter votre maison, affamée et de mauvaise humeur puisque chez les gens pratiquants, j’ai toujours pensé qu’on ne mangeait que de la viande et beaucoup de pain et gâteaux. J’avais donc déclaré en plaisantant à une de mes amies : «S’ils nous servent du quinoa, ce sera un signe d’En Haut que je dois devenir pratiquante !»

Or, dès que je suis entrée chez vous, qu’ai-je remarqué sur la table ? Du quinoa ! Un énorme plat de quinoa ! Mon amie et moi, nous nous sommes regardées, choquées. J’ai compris que j’avais reçu un message direct du Tout Puissant !».

Rav Ben-Ari avait écouté avec stupéfaction et entreprit alors de raconter sa version du repas : 

« Nous sommes mariés depuis trente ans. Jamais nous n’avons servi de quinoa à table, ni Chabbat, ni dans la semaine. Nous n’avions jamais entendu parler de ce plat.

Dans la semaine, je me suis rendu dans le Néguev de kibboutz en kibboutz pour enseigner le judaïsme à des familles. J’ai eu l’occasion de passer la nuit chez mon ami Rav Moché Blau qui est Chalia’h (émissaire) du Rabbi dans cette région. Au milieu de la nuit, j’ai eu très faim et, comme je suis comme un membre de la famille, j’ai ouvert le réfrigérateur : j’ai aperçu un grand plat de graines et de légumes variés. Je me suis servi une assiette, c’était absolument délicieux et nourrissant. Au matin, Rav Blau m’a expliqué que c’était ce qu’on appelle du quinoa, que c’est très sain et bourré de protéines naturelles. J’ai décidé de demander à mon épouse de préparer ce plat pour Chabbat. A mon retour à Safed, je lui en ai parlé mais, comme elle n’en avait jamais entendu parler et ignorait la recette, elle tenta de me persuade d’oublier mon caprice. J’ai insisté - gentiment bien sûr - et j’ai téléphoné à Rav Blau ; de fait, c’était une de ses voisines qui l’avait préparé et elle fut ravie de m’en donner la recette. J’envoyai mon fils Yossef Its’hak acheter les graines au magasin Bio et c’est donc la première fois que mon épouse a préparé du quinoa.

Se tournant vers la jeune femme officier de Tsahal, Rav Ben-Ari conclut : «Voyez-vous, D.ieu pensait à vous depuis le début de la semaine ! Il savait que vous seriez présente à notre table de Chabbat et que le quinoa est essentiel pour votre santé. C’est Lui qui a tout arrangé de façon à ce que vous puissiez manger sainement Chabbat.

On a parfois l’impression que les récits miraculeux n’arrivent que dans la Bible, mais il suffit d’ouvrir les yeux pour discerner la main de D.ieu tout autour de nous !»

La jeune femme ne changea pas de style de vie du jour au lendemain mais elle s’engagea, pour le début, à allumer chaque vendredi soir sa bougie en l’honneur de Chabbat…

L’Chaim N° 1290

Traduit par Feiga Lubecki

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