En septembre 1998, Rav Pin’has Ezagui, le Chalia’h (émissaire) du Rabbi à Daytona (Floride) se rendait en voiture à sa petite synagogue quand il remarqua une affiche sur l’église locale : «Vendu !» Il se sentit défaillir : depuis des années, il avait repéré ce terrain, situé sur l’avenue principale de la ville, un endroit idéal pour le Beth ‘Habad dont il rêvait depuis si longtemps.
Le pasteur lui avait d’ailleurs promis que si, un jour, il devait vendre le bâtiment, il l’en informerait afin qu’il puisse se porter acquéreur en priorité.
Rav Pin’has se gara dans le parking et exprima sa déception devant le pasteur. Penaud, celui-ci s’excusa, il avait complètement oublié sa promesse. De plus, continua-t-il, gêné, si jamais le premier acquéreur devait se dessaisir de l’affaire, un autre client était déjà sur la liste.
Rav Pin’has et son épouse ‘Hannie étaient effondrés. Ils firent part de leur déception aux fidèles qui, eux aussi, avaient rêvé d’un centre communautaire plus conforme aux besoins grandissants de la communauté.
Et puis ce Chabbat, il y eut un «Farbrenguen», une réunion ‘hassidique mémorable. On mangea, on chanta puis, soudain, un des fidèles tapa sur la table et demanda le silence : «Rabbi !» s’écria-t-il comme s’il s’adressait au Rabbi de Loubavitch.
(Non, ce n’était pas un ‘Hassid à la longue barbe blanche, c’était un visiteur occasionnel dans la synagogue qui commençait à s’impliquer dans la vie communautaire).
«Rabbi ! Nous savons que vous êtes là et nous savons que vous écoutez ! continua-t-il. Vous êtes le chef de la génération, vous ressentez la peine de chaque Juif et vous n’abandonnez pas le peuple juif ! Nous avons besoin, maintenant encore plus qu’auparavant, de votre bénédiction pour notre futur Beth ‘Habad !»
Etonnés, tous les fidèles – même ceux qui étaient natifs d’Israël et n’avaient pas l’habitude de se tenir tranquilles – répondirent Amen, se turent, bouleversés par sa sincérité puis levèrent leur verre et trinquèrent «Le’haïm ! - A la vie» !
Samedi soir, Rav Pin’has rangeait la synagogue quand il reçut un appel de sa femme. Elle lui demandait de rentrer rapidement à la maison et de descendre des vieux vêtements rangés dans le grenier pour un homme nécessiteux qui serait heureux de les récupérer.
Avant de fourrer ses vieux costumes dans un grand sac, Rav Pin’has en vérifia les poches et, à sa grande surprise, en retira trois billets d’un dollar, des dollars du Rabbi ! Sur l’un d’entre eux était écrit : «Hana’hat Even Hapina – 5748», donc un dollar que le Rabbi lui avait donné le jour où il avait posé la première pierre pour l’agrandissement du 770 Eastern Parkway, la synagogue centrale du mouvement Loubavitch, dix ans plus tôt !
Rav Pin’has descendit les marches de l’escalier en dansant de joie et annonça à son épouse : «Je viens de recevoir des dollars du Rabbi !» Ne réalisant pas vraiment de quoi il parlait, ‘Hannie supposa qu’il était encore joyeux par la vodka qu’il avait bue lors du Farbrenguen et prit le sac de vêtements pour l’homme nécessiteux qui allait bientôt arriver.
Un dollar du Rabbi «Pour la pose de la première pierre…»
Le lundi suivant, Rav Pin’has reçut un coup de fil du pasteur : «Quelqu’un doit s’occuper de vous «là-haut», remarqua-t-il avec un sourire dans la voix, parce que ni le premier acheteur ni le second sur la liste n’ont pu concrétiser leurs promesses de vente et vous pouvez donc acquérir le terrain !»
Il s’agissait d’une transaction de près de 750.000 dollars dont une grande partie devrait être couverte dans les mois suivants. Mais Rav Pin’has ne perdit pas de temps et signa immédiatement.
Un mois plus tard, tout à fait miraculeusement, il reçut un don inespéré, une très forte somme qui lui permit de couvrir toute la dette sans s’engager dans des crédits coûteux et même de procéder aux quelques travaux d’aménagement. Tout ceci eut lieu en été.
Pour Roch Hachana, la nouvelle synagogue pouvait déjà accueillir les centaines de fidèles. Par la suite, un couple d’Israéliens décida d’offrir la construction et l’entretien d’un magnifique Mikvé (bain rituel).
Le Beth ‘Habad de Daytona attire de plus en plus de Juifs, heureux de pouvoir y prier, y étudier et s’y retrouver.
«Pour la pose de la première pierre…»

Stacy Beyer
N’shei Chabad Newsletter n°6805
traduit par Feiga Lubecki

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