Il était trois heures du matin, en 1973, quand le couple Abrams eut le privilège de rencontrer pour la première fois le Rabbi de Loubavitch. C’était peu de temps avant leur mariage et les deux fiancés furent très impressionnés par la personnalité du Rabbi. M. Robert Abrams était le procureur général de l’état de New York, sa femme Diane était avocate.

Par la suite, tous deux eurent souvent l’occasion de demander au Rabbi de précieux conseils, surtout par rapport à leurs métiers et leur implication communautaire. Cependant, malgré la proximité qu’ils ressentaient avec le Rabbi qui était très ouvert à leurs problèmes, ils n’avaient jamais évoqué avec lui leur véritable souci personnel car ils ne voulaient pas profiter outre mesure de son temps précieux.

De fait, Robert et Diane s’étaient mariés assez tard. Ils avaient eu la joie de mettre au monde une fille, Ra’hel, alors que Diana avait déjà 39 ans. En grandissant, Ra’hel supplia ses parents de lui donner une petite sœur mais aucune naissance ne s’annonçait. De nombreux médecins avaient tenté d’aider Mme Abrams puis, au fil des ans, avaient abandonné tout espoir surtout qu’à son âge, une nouvelle grossesse pouvait s’avérer dangereuse. Attristée, Mme Abrams s’était résignée : elle devrait se contenter de s’occuper de leur fille unique, Ra’hel.

La surprise se produisit à Hochaana Rabba en 1984. Comme d’habitude, le Rabbi s’était tenu des heures durant devant la porte de sa Souccah dans la cour de la synagogue du 770 Eastern Parkway à Brooklyn pour distribuer aux femmes et aux jeunes filles un morceau de gâteau au miel en leur souhaitant une bonne et douce année (les hommes avaient reçu le gâteau la veille de Yom Kippour). Mme Abrams passa devant le Rabbi qui lui adressa un regard radieux en lui donnant ce gâteau sur une serviette en papier. Déjà elle avançait pour laisser la place à la personne qui faisait la queue derrière elle quand le Rabbi lui fit signe de revenir en lui tendant un deuxième morceau : « C’est pour le nouvel ajout dans la famille ! ».

Stupéfaite, Mme Abrams ne parvenait plus à bouger ; elle ne réussit même pas à murmurer Amen ! D’où le Rabbi savait-il quel était son souhait le plus cher ? Et même s’il savait – puisque le Rabbi connaissait les âmes de chacun – comment pouvait-elle encore donner naissance alors qu’elle avait déjà 49 ans et que les médecins l’avaient découragée de toute tentative en ce sens ?

Six semaines plus tard, Mme Abrams ressentit les premiers symptômes attestant que la bénédiction du Rabbi se réalisait ! Quand elle en parla à son médecin, celui-ci se montra sceptique et même à l’examen, il refusa d’admettre cette éventualité. Mais quelques semaines plus tard, il dut se rende à l’évidence : M. et Mme Abrams allaient devenir parents pour la deuxième fois !

Les mois passèrent et, le jour venu, M. et Mme Abrams se rendirent à la maternité. La jeune Ra’hel était restée à la maison quand le téléphone sonna : elle reconnut la voix du secrétaire du Rabbi qui lui demandait des nouvelles de sa mère. « Elle vient justement de partir à la maternité ! » répondit Ra’hel très émue.

Par la suite, il s’avéra que c’était justement à cet instant que Mme Abrams donna naissance à une adorable petite fille qu’on nomma Binyamina d’après le prénom du père de M. Abrams, Binyamine.

A Hochaana Rabba, âgée de deux mois, la petite Binyamina fut présentée au Rabbi et reçut elle aussi un morceau de gâteau au miel… Le Rabbi fut heureux de la voir : « Je vois que vous avez amené un nouvel ajout à la famille ! ». Diane balbutia merci mais le Rabbi fit un signe vers le ciel : « Ce n’est pas moi ! ».

Le couple Abrams est persuadé que les bénédictions du Rabbi continuent de les accompagner comme le prouve l’épisode suivant : Ra’hel avait grandi et s’était mariée en Israël. Mais son mari souffrait de calculs rénaux et Diane avait entrepris le long voyage depuis les États-Unis afin de faire jouer ses relations médicales en faveur de son gendre : cependant le problème persista et les médecins ne parvenaient pas à le soigner.

Inquiète, Diane se résolut néanmoins à retourner chez elle et prit l’avion. Elle aurait tant voulu aider sa fille et son gendre ! Combien elle aurait voulu pouvoir demander une bénédiction au Rabbi, se rassurer à la vue d’un sourire du Rabbi… Elle soupira et ceci n’échappa pas à un jeune ‘Hassid de Loubavitch qui passait justement à côté d’elle alors qu’il proposait aux passagers de mettre les Téfiline. Il lui demanda gentiment ce qui la tracassait et elle lui raconta ce qu’elle avait sur le cœur.

Le ‘Hassid lui expliqua que le berger n’avait pas abandonné son troupeau et continuait de déverser ses bénédictions : même aujourd’hui, on pouvait demander conseils et bénédictions au Rabbi en écrivant des lettres qu’on déposait sur son Ohel (tombeau). Il lui raconta plusieurs récits de miracles qui s’étaient produits au Ohel au fil des années. Elle écoutait poliment, sans vraiment y croire.

Avant de proposer ses « services » à d’autres passagers, le jeune homme lui raconta qu’il avait dans sa tablette un enregistrement d’une réunion ‘hassidique du Rabbi. Il lui confia l’appareil, elle mit les écouteurs et appuya sur le bouton. Soudain, elle se revit à l’époque bénie où elle avait participé pendant des heures à ces Farbrenguen.

La voix du Rabbi résonna très fort tandis qu’il terminait justement un discours dans le DVD. L’assemblée entonna un chant nostalgique puis elle vit le Rabbi parler à un homme qui s’était approché de lui : stupéfaite, elle constata que l’homme en question n’était autre que son mari ! Et elle entendit le Rabbi lui demander : « Comment va votre fille Ra’hel ? ».

Une sueur froide lui parcourut le dos. Des dizaines de milliers d’heures de ces réunions avaient été enregistrées et justement dans le film qu’on lui faisait voir et écouter, elle apercevait son mari passant devant le Rabbi qui lui demandait des nouvelles de sa fille !

« C’est justement ce que j’avais besoin d’entendre ! » raconte Mme Abrams avec émotion. « Je rêvais de me retrouver face à face avec le Rabbi et j’avais mérité une réponse aussi extraordinaire ! A plus de dix mille mètres d’altitude ! Je me trouvais littéralement transportée je n’avais plus besoin de m’inquiéter ! ».

Effectivement tout s’arrangea pour le mieux pour Ra’hel et son mari…

Sichat Hachavoua N° 1696

d’après le livre My Rebbe

Traduit par Feiga Lubecki