Samedi, 30 décembre 2023

  • Vaye’hi
Editorial

 Temps de vie, temps d’action

Les jours marquants du calendrier semblent à présent bien passés. Les lumières de ‘Hanouccah, même si nous les portons toujours dans notre âme avec la plus grande vigueur et si nous maintenons fermement leur illumination, ne sont plus allumées matériellement soir après soir. La célébration du 5 Tévèt nous a enthousiasmés mais voici que le passage du temps l’éloigne de notre présence. La commémoration du 10 Tévèt nous a ramenés aux temps anciens de l’épreuve et d’un exil qui allait commencer mais, à présent, nous voici face à une situation devenue hélas habituelle du fait de sa durée. C’est alors que se pose une question lancinante. Nous savons que le Peuple juif a construit son calendrier comme un instrument de vie. Il y regarde le rythme des jours et leur sens spirituel l’accompagne à chaque instant. Les dates qu’il égrène ne sont pas qu’un simple moyen de se repérer dans l’existence, elles sont autant de scansions vitales sur le défilement de la vie. Qu’en sera-t-il donc à présent alors qu’on peut avoir la trop humaine impression que l’hiver se referme sur nous, physiquement mais aussi plus profondément sur nos pensées et nos émotions ?

De fait, cette période de l’année sous ces latitudes, avec ses températures en baisse qui invitent à rester chez soi, conduit souvent à une forme de rétrécissement. L’extérieur paraissant peu clément, on choisit vite de ne pas s’y engager, laissant cela à des jours plus cléments. Mais nous avions choisi une tout autre attitude il y a peu. Souvenons-nous : ‘Hanouccah a éclairé la nuit, le 5 Tévèt a rétabli la vérité des choses… C’est justement dans ce chemin-là qu’il nous faut continuer. L’hiver propose de revenir à la prééminence du matériel ? Il offre de se recentrer sur l’aspect physique de l’existence ? C’est donc décidément le temps d’agir pour que cela ne se réalise pas. Le soleil de l’âme ne se couche jamais et la chaleur du cœur n’est pas soumise aux aléas climatiques. Il faut uniquement en prendre pleine conscience.

Et pour cela, les moyens existent. Ce sont ceux qui ont fidèlement accompagné notre peuple partout et en tout temps : l’étude de la Torah sous tous ses aspects, la pratique de ses commandements avec fidélité. Dans le désert brûlant ou la steppe glacée, ils ont été à nos côtés, à la fois compagnons et soutiens. Ils le sont ici et maintenant. Voici venu un temps d’action.

Etincelles de Machiah

 Un pauvre sur un âne

Zacharie, dans sa prophétie (9:9), décrit Machia’h comme « un pauvre sur un âne ». Il faut comprendre le sens profond de cette idée.

La révélation divine au temps de Machia’h ne sera pas le résultat d’un « effort d’en bas ». Cela signifie qu’elle ne proviendra pas de l’œuvre spirituelle accomplie par l’homme. Au contraire, elle rayonnera comme un don de D.ieu si élevé qu’aucune initiative humaine ne pourrait le susciter. C’est pourquoi Machia’h est qualifié de « pauvre ».

(d’après Or Hatorah, p.260)

Vivre avec la Paracha

Vaye’hi

Yaakov passe les dix-sept dernières années de sa vie en Egypte. Avant de mourir, il demande à Yossef d’être enterré en Terre Sainte. Il bénit les deux fils de Yossef, Ménaché et Éphraïm, les élevant au même statut que ses propres fils : fondateurs des tribus de la nation d’Israël.

Il désire révéler la fin des temps à ses enfants mais il ne peut le faire.

Yaakov bénit ses fils, assignant à chacun son rôle en tant que tribu : Yehouda donnera naissance à des chefs, des législateurs et des rois. Les prêtres descendront de Lévi, des érudits d’Issa’har, des marins de Zevouloun, des enseignants de Chimone, des soldats de Gad, des juges de Dan, des producteurs d’olives d’Acher, etc.

Réouven est réprimandé pour avoir « dérangé la couche maritale de son père », Chimone et Lévi pour le massacre de Ch’hem et le complot contre Yossef. A Naphtali est attribuée la rapidité d’un cerf, à Binyamin la férocité d’un loup et Yossef est béni de beauté et de fertilité.

Une grande procession, faite des descendants de Yaakov, des ministres du Pharaon, des notables d’Egypte et de la cavalerie égyptienne, accompagne Yaakov dans son dernier voyage vers la Terre Sainte où il est enseveli, à ‘Hévron, dans la cave de Ma’hpélah.

Yossef meurt, lui aussi en Egypte, à l’âge de 110 ans. Il a également donné des instructions pour être enterré en Terre Sainte, mais cela ne se produira que bien longtemps après, lors de l’Exode des Juifs d’Egypte. Avant de mourir, Yossef confie aux Enfants d’Israël le testament d’où ils tireront espoir et foi, pendant les difficiles années à venir : « Il est sûr que D.ieu Se rappellera de vous et vous sortira de cette terre (pour vous mener) vers la terre qu’Il a jurée, à Avraham, Its’hak et Yaakov ».

 

Une bénédiction pour tous les enfants juifs

Avant de quitter ce monde, Yaakov bénit Yossef et ses deux fils, Éphraïm et Ménaché. Quand Yaakov plaça sa main droite sur le plus jeune des fils, Ménaché, Yossef tenta de corriger son père. Yaakov expliqua qu’Éphraïm, bien que plus jeune, serait plus grand que son aîné, Ménaché.

La Torah conclut alors avec la dernière bénédiction que leur adresse Yaakov :

Il les bénit en ce jour en ces termes : « Israël bénira [ses enfants] avec toi en disant : ‘Que D.ieu vous rende semblables à Éphraïm et Ménaché’ ». Il plaça Éphraïm avant Ménaché.

Depuis ce jour, la bénédiction traditionnelle que les pères donnent à leurs enfants est : « Que D.ieu vous rende semblables à Éphraïm et Ménaché. »

Cela suscite une question : depuis l’époque d’Éphraïm et Ménaché, on a pu voir des milliers d’hommes justes, dont bon nombre sont considérés comme spirituellement supérieurs à Éphraïm et Ménaché. Citons pour exemple Moché et Aharon. Qu’y avait-il donc chez ces deux frères de si particulier au point que Yaakov désirât que tous nos enfants les imitent ?

Continuer un traitement préférentiel ?

Pour résoudre cette question, il nous faut au préalable nous arrêter sur une autre interrogation. Après avoir vu à quel point le traitement préférentiel qu’il avait réservé à Yossef avait mené à des résultats graves, pourquoi réitère-t-il cette attitude en montrant de la préférence pour Éphraïm par rapport à son aîné Ménaché ?

Pour y répondre, nous devons conclure qu’en montrant ouvertement sa préférence pour Yossef, tout en l’envoyant chercher ses frères hostiles, Yaakov n’agissait pas, à D.ieu ne plaise, avec une négligence dangereuse ou par manque de sens commun. Les Patriarches sont considérés par nos Sages comme des « chariots », ce qui signifie que chacune de leurs actions est une réponse naturelle à la Volonté divine, de la même façon qu’un chariot répond à la volonté de son conducteur. Leurs « erreurs » elles-mêmes ne sont pas des preuves de fragilité humaine et d’écarts de moralité mais, au contraire, d’une action bien intentionnée, orchestrée d’En-Haut pour nous donner des leçons importantes.

Voir le présent à travers les yeux du futur

Yaakov vit prophétiquement dans le futur et connaissait le secret de la survie du Peuple juif. Il savait que ce qui triompherait finalement de l’exil est l’unité. En fait, nos Sages nous informent que le Second Temple fut détruit à cause de la haine gratuite qui prévalait alors au sein du Peuple juif. La manière de corriger la force destructrice, de restaurer le Beth Hamikdach et de faire venir l’Ere Messianique était d’annihiler la jalousie et l’animosité, premières responsables de l’exil.

C’est pourquoi Yaakov aurait pu arguer que s’il avait pu effacer la jalousie entre ses différents enfants, eux-mêmes fondateurs de diverses approches du service de D.ieu, il aurait pu donner à la future nation juive la possibilité de surmonter ses divisions néfastes.

Yaakov voulait leur inculquer l’amour réciproque inconditionnel qui serait crucial pour le futur de la Nation juive. Le véritable test de cet amour est réussi quand un autre frère, et tout particulièrement s’il est plus jeune, reçoit la préférence, sans pour autant soulever la jalousie de son aîné. Quand tous sont égaux, la loyauté et l’amour inconditionnels qui les animent ne représentent pas un défi à surmonter.

Si Yaakov « se trompa » c’est que le test auquel il soumit ses fils était prématuré : ils n’étaient pas prêts à recevoir la leçon. Il ne réalisa pas l’étendue de son traitement préférentiel à l’égard de Yossef qui aboutirait à ces résultats désastreux. Il contemplait ses fils de sa propre perspective spirituelle et voyait leur potentiel inhérent pour l’unité, avant même qu’ils soient prêts à le réaliser. En d’autres termes, Yaakov les considéraient à travers les yeux du futur et voyait comment ils finiraient dans l’unité ultime.

Cependant nos Sages affirment que lorsque de véritables justes poursuivent un certain but, ils l’atteindront inévitablement. Les efforts de Yaakov pour instiller un véritable amour dans les âmes de ses enfants aboutit finalement dans la génération suivante avec ÉphraÏm et Ménaché. Tous deux symbolisent l’idéal que clame le Roi David dans les Tehilim : « Comme il est bon et agréable que les frères résident ensemble ».

Il n’y avait pas une once de jalousie ou de ressentiments entre Éphraïm et Ménaché, pas plus que les frères de Yossef ne ressentirent d’animosité contre Yossef du fait que ses fils reçurent une part de tribu supplémentaire. C’était une nouvelle génération et une nouvelle dynamique s’instaura.

Après tous les efforts accomplis par Yaakov, Yossef et ses frères, Yaakov ressentait qu’ils s’étaient débarrassés de leur jalousie et qu’ils étaient prêts pour l’Ère Messianique.

Révéler la Fin des Temps

Plus tard dans la Paracha, nous lisons que Yaakov essaya de révéler le temps de l’arrivée du Machia’h.

« Yaakov appela ses fils et dit : ‘Rassemblez-vous et je vais vous dire ce qui vous arrivera à la Fin des Temps’. »

Le Midrach cité par Rachi commente : « Il voulait révéler la ‘Fin’ [des jours, quand le Machia’h viendrait] mais la Présence Divine le quitta, ainsi il commença à parler d’autres sujets. »

Cela soulève une question. Si Yaakov savait que la venue du Machia’h surviendrait dans un lointain futur, pourquoi aurait-il accablé ses enfants avec la triste nouvelle que cela ne se produirait pas avant bien longtemps ? Et pourquoi la Présence Divine l’abandonna-t-elle à ce moment précis ?

La réponse tient à ce que son désir de révéler la Rédemption Future était basé sur le fait que ses fils avaient surmonté leur rivalité et leur jalousie et s’étaient unis. Il avait semé, avec succès, les graines de la Rédemption Future. Pour être plus précis, quand Yaakov vit Ménaché accepter complètement son statut de second, sans aucune trace de jalousie ou de rancœur, il sut que ses descendants possédaient en eux-mêmes le potentiel de corriger la jalousie et il vit donc poindre la Rédemption à l’horizon.

Mais hélas, poursuivent nos Sages, « la Présence Divine le quitta » et il ne révéla rien. Que s’était-il passé ?

Une fois encore, Yaakov avait vu le monde à travers le prisme de la vision future dans le présent. Il voyait une famille restaurée et réunie, dépourvue de toute jalousie. Il voyait se dérouler la Rédemption sous ses yeux.

Yaakov passe les dix-sept dernières années de sa vie en Egypte. Avant de mourir, il demande à Yossef d’être enterré en Terre Sainte. Il bénit les deux fils de Yossef, Ménaché et Éphraïm, les élevant au même statut que ses propres fils : fondateurs des tribus de la nation d’Israël.

Il désire révéler la fin des temps à ses enfants mais il ne peut le faire.

Yaakov bénit ses fils, assignant à chacun son rôle en tant que tribu : Yehouda donnera naissance à des chefs, des législateurs et des rois. Les prêtres descendront de Lévi, des érudits d’Issa’har, des marins de Zevouloun, des enseignants de Chimone, des soldats de Gad, des juges de Dan, des producteurs d’olives d’Acher, etc.

Réouven est réprimandé pour avoir « dérangé la couche maritale de son père », Chimone et Lévi pour le massacre de Ch’hem et le complot contre Yossef. A Naphtali est attribuée la rapidité d’un cerf, à Binyamin la férocité d’un loup et Yossef est béni de beauté et de fertilité.

Une grande procession, faite des descendants de Yaakov, des ministres du Pharaon, des notables d’Egypte et de la cavalerie égyptienne, accompagne Yaakov dans son dernier voyage vers la Terre Sainte où il est enseveli, à ‘Hévron, dans la cave de Ma’hpélah.

Yossef meurt, lui aussi en Egypte, à l’âge de 110 ans. Il a également donné des instructions pour être enterré en Terre Sainte, mais cela ne se produira que bien longtemps après, lors de l’Exode des Juifs d’Egypte. Avant de mourir, Yossef confie aux Enfants d’Israël le testament d’où ils tireront espoir et foi, pendant les difficiles années à venir : « Il est sûr que D.ieu Se rappellera de vous et vous sortira de cette terre (pour vous mener) vers la terre qu’Il a jurée, à Avraham, Its’hak et Yaakov ».

Une bénédiction pour tous les enfants juifs

Avant de quitter ce monde, Yaakov bénit Yossef et ses deux fils, Éphraïm et Ménaché. Quand Yaakov plaça sa main droite sur le plus jeune des fils, Ménaché, Yossef tenta de corriger son père. Yaakov expliqua qu’Éphraïm, bien que plus jeune, serait plus grand que son aîné, Ménaché.

La Torah conclut alors avec la dernière bénédiction que leur adresse Yaakov :

Il les bénit en ce jour en ces termes : « Israël bénira [ses enfants] avec toi en disant : ‘Que D.ieu vous rende semblables à Éphraïm et Ménaché’ ». Il plaça Éphraïm avant Ménaché.

Depuis ce jour, la bénédiction traditionnelle que les pères donnent à leurs enfants est : « Que D.ieu vous rende semblables à Éphraïm et Ménaché. »

Cela suscite une question : depuis l’époque d’Éphraïm et Ménaché, on a pu voir des milliers d’hommes justes, dont bon nombre sont considérés comme spirituellement supérieurs à Éphraïm et Ménaché. Citons pour exemple Moché et Aharon. Qu’y avait-il donc chez ces deux frères de si particulier au point que Yaakov désirât que tous nos enfants les imitent ?

Continuer un traitement préférentiel ?

Pour résoudre cette question, il nous faut au préalable nous arrêter sur une autre interrogation. Après avoir vu à quel point le traitement préférentiel qu’il avait réservé à Yossef avait mené à des résultats graves, pourquoi réitère-t-il cette attitude en montrant de la préférence pour Éphraïm par rapport à son aîné Ménaché ?

Pour y répondre, nous devons conclure qu’en montrant ouvertement sa préférence pour Yossef, tout en l’envoyant chercher ses frères hostiles, Yaakov n’agissait pas, à D.ieu ne plaise, avec une négligence dangereuse ou par manque de sens commun. Les Patriarches sont considérés par nos Sages comme des « chariots », ce qui signifie que chacune de leurs actions est une réponse naturelle à la Volonté divine, de la même façon qu’un chariot répond à la volonté de son conducteur. Leurs « erreurs » elles-mêmes ne sont pas des preuves de fragilité humaine et d’écarts de moralité mais, au contraire, d’une action bien intentionnée, orchestrée d’En-Haut pour nous donner des leçons importantes.

Voir le présent à travers les yeux du futur

Yaakov vit prophétiquement dans le futur et connaissait le secret de la survie du Peuple juif. Il savait que ce qui triompherait finalement de l’exil est l’unité. En fait, nos Sages nous informent que le Second Temple fut détruit à cause de la haine gratuite qui prévalait alors au sein du Peuple juif. La manière de corriger la force destructrice, de restaurer le Beth Hamikdach et de faire venir l’Ere Messianique était d’annihiler la jalousie et l’animosité, premières responsables de l’exil.

C’est pourquoi Yaakov aurait pu arguer que s’il avait pu effacer la jalousie entre ses différents enfants, eux-mêmes fondateurs de diverses approches du service de D.ieu, il aurait pu donner à la future nation juive la possibilité de surmonter ses divisions néfastes.

Yaakov voulait leur inculquer l’amour réciproque inconditionnel qui serait crucial pour le futur de la Nation juive. Le véritable test de cet amour est réussi quand un autre frère, et tout particulièrement s’il est plus jeune, reçoit la préférence, sans pour autant soulever la jalousie de son aîné. Quand tous sont égaux, la loyauté et l’amour inconditionnels qui les animent ne représentent pas un défi à surmonter.

Si Yaakov « se trompa » c’est que le test auquel il soumit ses fils était prématuré : ils n’étaient pas prêts à recevoir la leçon. Il ne réalisa pas l’étendue de son traitement préférentiel à l’égard de Yossef qui aboutirait à ces résultats désastreux. Il contemplait ses fils de sa propre perspective spirituelle et voyait leur potentiel inhérent pour l’unité, avant même qu’ils soient prêts à le réaliser. En d’autres termes, Yaakov les considéraient à travers les yeux du futur et voyait comment ils finiraient dans l’unité ultime.

Cependant nos Sages affirment que lorsque de véritables justes poursuivent un certain but, ils l’atteindront inévitablement. Les efforts de Yaakov pour instiller un véritable amour dans les âmes de ses enfants aboutit finalement dans la génération suivante avec ÉphraÏm et Ménaché. Tous deux symbolisent l’idéal que clame le Roi David dans les Tehilim : « Comme il est bon et agréable que les frères résident ensemble ».

Il n’y avait pas une once de jalousie ou de ressentiments entre Éphraïm et Ménaché, pas plus que les frères de Yossef ne ressentirent d’animosité contre Yossef du fait que ses fils reçurent une part de tribu supplémentaire. C’était une nouvelle génération et une nouvelle dynamique s’instaura.

Après tous les efforts accomplis par Yaakov, Yossef et ses frères, Yaakov ressentait qu’ils s’étaient débarrassés de leur jalousie et qu’ils étaient prêts pour l’Ère Messianique.

Révéler la Fin des Temps

Plus tard dans la Paracha, nous lisons que Yaakov essaya de révéler le temps de l’arrivée du Machia’h.

« Yaakov appela ses fils et dit : ‘Rassemblez-vous et je vais vous dire ce qui vous arrivera à la Fin des Temps’. »

Le Midrach cité par Rachi commente : « Il voulait révéler la ‘Fin’ [des jours, quand le Machia’h viendrait] mais la Présence Divine le quitta, ainsi il commença à parler d’autres sujets. »

Cela soulève une question. Si Yaakov savait que la venue du Machia’h surviendrait dans un lointain futur, pourquoi aurait-il accablé ses enfants avec la triste nouvelle que cela ne se produirait pas avant bien longtemps ? Et pourquoi la Présence Divine l’abandonna-t-elle à ce moment précis ?

La réponse tient à ce que son désir de révéler la Rédemption Future était basé sur le fait que ses fils avaient surmonté leur rivalité et leur jalousie et s’étaient unis. Il avait semé, avec succès, les graines de la Rédemption Future. Pour être plus précis, quand Yaakov vit Ménaché accepter complètement son statut de second, sans aucune trace de jalousie ou de rancœur, il sut que ses descendants possédaient en eux-mêmes le potentiel de corriger la jalousie et il vit donc poindre la Rédemption à l’horizon.

Mais hélas, poursuivent nos Sages, « la Présence Divine le quitta » et il ne révéla rien. Que s’était-il passé ?

Une fois encore, Yaakov avait vu le monde à travers le prisme de la vision future dans le présent. Il voyait une famille restaurée et réunie, dépourvue de toute jalousie. Il voyait se dérouler la Rédemption sous ses yeux.

Le Coin de la Halacha

 Comment prendre soin des livres de Torah ?

Les Sages recommandent : « Quiconque honore la Torah, son corps sera honoré par les créatures ». Cela signifie qu’il faut honorer les livres dans lesquels la Torah et ses commentaires sont écrits. On veillera à les garder entiers et propres ainsi qu’à les poser dans des endroits convenables et honorables.

On ne gribouillera pas dans un livre saint pour essayer un stylo, on ne s’en servira pas pour y conserver un objet quelconque (par exemple des documents importants ou des billets de banque), pour se protéger du soleil ou pour se cacher. On ne s’en sert pas pour garder la page d’un autre livre.

Quand on empile les livres, on place les plus importants au-dessus, donc un Houmach au-dessus d’un livre des Prophètes ou des Hagiographes. On peut éventuellement étudier sur un livre saint en le surélevant sur un autre livre, surtout si celui-ci était déjà posé préalablement sur la table.

On ne s’assoit pas sur un banc où sont posés des livres saints sauf s’ils sont posés sur un autre objet ou s’il manque de place.

On se conduit proprement en présence des livres et on évite d’habiller des enfants ou de changer une couche dans une pièce où se trouvent des livres de Torah.

 (d’après Rav Yossef Ginsburgh – Si’hat Hachavoua N°1928)

Le Recit de la Semaine

 Un message arrivé au bon moment

Rav Reouven New s’est installé à Boca Raton (Floride) comme émissaire du Rabbi en 2001 à la suite d’un événement inattendu…

Tout avait commencé en 1990. Alors qu’il étudiait à la Yechiva à New York, il fut envoyé en Russie pour deux mois, depuis ‘Hanouccah jusqu’au 10 Chevat. « Nous étions six jeunes gens et nous nous sommes séparés en 3 groupes de deux ; personnellement, je faisais équipe avec Velvel Butman (qui, par la suite, est devenu le Chalia’h de Worcester près de New York).

La veille du 24 Tévet, nous étions à Haditch en Ukraine, près du tombeau de Rabbi Chnéor Zalman. Le communisme venait (enfin) de s’effondrer et nul n’avait encore pris l’habitude de se rendre là-bas, il n’y avait pas encore toutes les magnifiques structures pour l’accueil des ‘Hassidim qui ont été construites depuis. C’était le jour de la Hiloula de Rabbi Chnéor Zalman. Tous deux, tous seuls dans cet endroit sacré, nous avons alors procédé à un modeste Siyoum (conclusion) en étudiant le début et la fin du Tanya ainsi que les dernières Hala’hot du Choul’hane Arou’h, les deux œuvres principales de Rabbi Chnéor Zalman. En effet, il est de coutume, lors d’un Siyoum, de lier la fin de l’étude passée au début d’une nouvelle étude avec un enthousiasme renouvelé. Nous n’avons pas pu étudier le début du Choul’hane Arou’h car, sur place, nous ne possédions que le dernier volume.

C’était un vendredi. Le dimanche matin, dans sa synagogue du 770 Eastern Parkway à New York, le Rabbi distribuait, comme à son habitude, des dollars à remettre à la Tsedaka. Rav Chmouel Mena’hem Mendel Butman, le père de Velvel, raconta au Rabbi que son fils avait procédé avec son ami au Siyoum du Tanya et du Choul’hane Arou’h devant le tombeau de Rabbi Chnéor Zalman. De fait, il s’est trompé et a aussi mentionné : le début du Choul’hane Arou’h. On peut voir sur la vidéo qui a été tournée ce jour-là que le Rabbi s’est étonné : « Dommage qu’ils n’ont pas aussi recommencé le Choul’hane Arou’h ! Qu’ils le fassent une prochaine fois ! ». Rav Butman ne répondit pas.

Mais il nous téléphona (bien qu’à l’époque, ce fût très compliqué) et nous rapporta ce qu’avait demandé le Rabbi. Il n’avait pas réalisé qu’il nous avait mal compris et, tous les trois, nous avons été stupéfaits de l’inspiration prophétique du Rabbi qui savait que nous n’avions pas pu lire le début du Choul’hane Arou’h. Nous étions déjà retournés à Moscou mais puisque le Rabbi l’avait demandé, nous sommes retournés à Haditch : je n’entrerai pas dans les détails, ce fut un voyage long et exténuant, dans la neige et le froid et nous avons enfin lu le début du premier livre du Choul’hane Arou’h : Velvel en a informé son père.

Rav Butman est passé encore une fois devant le Rabbi quand il distribuait les dollars pour la Tsedaka et lui a rapporté que, cette fois, nous avions complété notre mission. Très content, le Rabbi donna à Rav Butman deux billets d’un dollar, pour son fils et pour moi.

Le 10 Chevat, nous sommes retournés au 770 mais Rav Butman ne nous raconta pas tout cela et oublia de nous transmettre les dollars.

Onze ans ont passé. En 2001, alors que je m’étais déjà marié, que ma femme et moi avions déjà visité la ville de Boca Raton pour éventuellement nous y installer, nous nous sommes rendus tous les deux le 3 Tamouz au Ohel, au cimetière Montefiore où repose le Rabbi à Queens. Le vendredi, mon épouse a prié et demandé que le Rabbi, de là où il est, nous envoie une réponse concrète avec sa bénédiction pour notre nouvelle vie en Floride. Deux jours plus tard, le dimanche, moi aussi je suis allé réciter des Tehilim au Ohel tout en demandant du fond du cœur une bénédiction concrète.

Je m’en souviens comme si c’était hier : je me tenais devant l’entrée du Ohel, à côté du regretté Rav Yoel Kahn. Juste avant que je puisse entrer (rappelons que le jour de la Hiloula du Rabbi, le 3 Tamouz, ce sont des milliers de personnes qui se pressent au Ohel), on m’appela de toute urgence pour me signaler que mon ami Velvel Butman me cherchait partout et qu’il avait « quelque chose » pour moi. D’une enveloppe, Velvel sortit un billet d’un dollar du Rabbi. Stupéfait, je lui demandai de quoi il s’agissait et il m’apprit que, justement vendredi, son père avait retrouvé dans un tiroir cette enveloppe dont il avait complètement oublié l’existence.

Pour nous, ce fut comme une bénédiction actuelle du Rabbi, la confirmation que notre installation à Boca Raton était vraiment bénie par le Rabbi ».

Rav Reouven New – Kfar Chabad N° 2032

Traduit par Feiga Lubecki