Avant de quitter ce monde, Moché bénit chacune des douze tribus. Il dota la tribu d’Acher de cette magnifique bénédiction :
«Qu’Acher soit béni parmi les fils ; il sera bienvenu auprès de ses frères et trempera son pied dans l’huile...» (Devarim 33 : 24).

Cependant, il est intéressant de relever que dans le recensement entrepris par Moché, la tribu d’Acher ne s’avère pas être plus nombreuse que les autres tribus. Et dans les générations qui suivent, la population d’Acher n’augmente pas de façon disproportionnée, par rapport au reste de la nation.
Rachi, le grand commentateur biblique, propose, sur ce verset, un commentaire intéressant : «J’ai vu dans le Sifré (un Midrach) la chose suivante : ‘Parmi les tribus, vous n’en trouverez pas une seule bénie parmi les fils comme Acher’ mais je ne sais pas dans quel domaine.»
Puisque cette tribu n’était pas particulièrement peuplée, le Midrach estime que cette bénédiction concerne la qualité des enfants d’Acher plutôt que leur nombre. Rachi s’interroge alors sur cette qualité qui les rend si exceptionnels et s’exclame : «je ne sais pas dans quel domaine.»
Quant à la seconde partie de la bénédiction d’Acher : «il sera bienvenu auprès de ses frères et trempera son pied dans l’huile», Rachi propose de nombreuses explications et souligne également le lien entre cette juxtaposition : être bienvenu auprès de ses frères et tremper son pied dans l’huile : «parce que les femmes qui descendaient d’Acher étaient belles (et on les recherchait pour les épouser)... Ses filles épousèrent les Grands Prêtres, oints avec de l’huile d’olive.»
Cela fait écho à une association entre la tribu d’Acher et la Grande Prêtrise, qu’avait faite Yaakov, plus de deux cents ans auparavant et qu’on peut lire dans notre Paracha. Avant de quitter ce monde, Yaakov bénit également chacun de ses douze fils, individuellement, leur donnant des messages prophétiques sur le futur de leur tribu. A Acher, il dit : «D’Acher viendront des aliments riches et il fournira des mets royaux délicats.» Le Midrach découvre un autre sens derrière ce verset. Le mot hébreu utilisé ici pour «riches» est chménah. Les mêmes quatre lettres hébraïques sont aussi celles qui épellent le mot chmonéh, «huit». Acher élèvera des enfants qui porteront les huit habits, dit le Midrach, c’est-à-dire les huit habits portés par le Cohen Gadol (Grand Prêtre).
Bien que les Cohanim (Prêtres) soient issus de la tribu de Lévi, puisque les filles d’Acher épousèrent des Cohanim, les petits-enfants d’Acher étaient aptes à la fonction de Grand Prêtre et l’occupèrent.
Les filles d’Acher étaient apparemment si belles que les jeunes gens, originaires de toutes les tribus, voulaient les épouser. Et des hommes de la plus haute stature, les Grands Prêtres, recherchaient leur épouse parmi elles.
Cela semble étrange. Pourquoi un homme si saint aurait-il recherché une épouse dans une tribu avoisinante pour la seule raison qu’elle était belle ? S’il était saint, saint au point d’être Cohen Gadol, pourquoi aurait-il recherché la beauté ?
Il existe une beauté superficielle et une beauté qui reflète la maturité spirituelle et la dignité personnelle. Quand la Torah loue la beauté d’une femme juive, elle évoque presque toujours sa noblesse et sa pudeur. «Toute la gloire de la fille du roi est son intériorité», déclare le roi David à propos de la modestie des jeunes filles d’Israël. Sa conduite discrète la glorifie, lui donnant une sorte d’aura.
Il semble donc que les filles d’Acher étaient connues pour leur charme et leur raffinement, qualités que recherchait la famille des Prêtres. Ces femmes comprendraient mieux et encourageraient le travail de leur mari puisqu’elles reflétaient la nature profonde de ses responsabilités.
La mission du Cohen Gadol atteignait son apogée à Yom Kippour lorsqu’il pénétrait dans le lieu le plus spirituel du Temple, le Kodech HaKodachim, le Saint des Saints. C’est là qu’étaient déposées les Tables de la Loi originelles, que D.ieu avait données à Moché au Mont Sinaï. Les Dix Commandements (leur âme) étaient gravés dans la pierre (leur corps), ce qui assurait que jamais Ses mots ne seraient effacés des Tables. Le Cohen Gadol, lorsqu’il émergeait du Kodech HaKodachim, transmettait au Peuple le message des Tables : l’engagement à D.ieu peut être si authentique et si inconditionnel qu’il se grave dans votre être même ; le corps et l’esprit s’unissent sans heurt, le corps servant de véhicule parfait pour l’âme qui le vivifie.
Il recherchait une épouse qui comprendrait la nature de sa mission et il la trouvait parmi les filles d’Acher. Leur discrétion exquise prouvait un engagement intérieur à l’esprit sur la matière, et un immense respect pour un corps abritant l’âme. Elles témoignaient inconsciemment de leur engagement sincère, par leur apparence physique, car la beauté de l’âme resplendit naturellement dans un corps qui la reflète parfaitement. Elles étaient une représentation vivante des Tables de la Loi et c’est pourquoi les Cohanim voyaient en elles de parfaites partenaires.
Les filles d’Acher étaient également des mères remarquables. Grâce à leur discrétion et leur intégrité, elles transmettaient à leurs enfants un sens fort d’engagement : le message silencieux de celui qui valorise davantage les valeurs de D.ieu que celles de la société et la beauté de maintenir les limites appropriées. Ces enfants étaient sains, émotionnellement et spirituellement, chacun d’entre eux prêt à assumer la fonction de Cohen Gadol.
Ces qualités sont celles dont nous devons nous inspirer pour transmettre à nos enfants une éducation cohérente, saine et sainte et qui préparera nos enfants à accueillir le Machia’h.

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