Roch Hachana
Techouva, Tefila et Tsedaka
La repentance, la prière et la charité

A Roch Hachana, nous exprimons l’espoir que D.ieu nous bénisse d’une bonne et douce année, une année abondante en enfants, en santé et en subsistance.
Mais il n’y a pas de limites au bien et aux bénédictions. C’est pourquoi, dans les jours qui suivent Roch Hachana, nous avons encore l’opportunité de faire en sorte que D.ieu nous accorde des bienfaits encore plus abondants de «Sa main pleine, ouverte, sainte et large».
Quel est ce service ? Comme nous le disons dans nos prières, «repentance, prière et charité» qui préviennent le mal et apportent le bien. Mais les mots «repentance, prière et charité» risquent de nous induire en erreur.
En fait, les différences sont essentielles. La Techouva n’est pas la repentance. La Tefila n’est pas la prière et la Tsedaka n’est pas la charité.

La Techouva et la repentance
Le terme hébreu pour «repentance» n’est pas Techouva mais ‘Harata. Non seulement ces deux termes ne sont pas synonymes mais ce sont des contraires.
‘Harata implique le remords ou un sentiment de culpabilité pour le passé et une intention de se comporter tout à fait différemment dans l’avenir. L’individu décide de devenir «un homme nouveau». Mais Techouva signifie «retour» à sa nature ancienne et originelle.
Le concept de Techouva s’appuie sur le fait que chaque Juif est, par essence, bon. Des désirs ou des tentations peuvent, temporairement, l’écarter de son véritable être, de la réalité de son essence.
Mais le mal qu’il fait n’est pas sa véritable nature et n’affecte pas celle-ci. La Techouva est un retour à sa véritable nature.
Alors que la repentance implique la révocation du passé pour un nouveau commencement, la Techouva signifie retourner à ses racines en D.ieu et les faire surgir comme véritable caractère. C’est la raison pour laquelle alors que le Juste n’a aucun besoin de repentance et que l’impie en est incapable, tous deux ont accès à la Techouva.
Les Justes, bien qu’ils n’aient jamais péché, doivent sans cesse aspirer à revenir vers ce qui est le plus profond en eux. Et les impies, quelques distants qu’ils puissent être de D.ieu, ont toujours la possibilité de revenir. Car la Techouva n’implique pas de créer un nouvel être mais seulement de redécouvrir le bien qui était toujours présent en lui-même.

La Tefila et la prière
La «prière» en hébreu ne se dit pas Tefila mais Bakacha. Et encore une fois, ces termes sont opposés. La Bakacha implique que l’on prie, que l’on demande, que l’on supplie. Mais Tefila signifie que l’on s’attache.
Par la Bakachah, l’homme demande à D.ieu de le pourvoir de ce dont il manque. C’est pourquoi, s’il n’a besoin de rien, la Bakacha est inutile.
Mais par la Tefila, l’individu cherche à s’attacher à D.ieu. C’est un mouvement du bas, qui part de l’homme et qui cherche à atteindre D.ieu. Et cet élan est approprié à tout le monde et tout le temps.
L’âme juive possède un lien avec D.ieu. Mais elle habite également un corps dont les préoccupations avec le monde matériel peuvent émousser ce lien. Il doit donc constamment être renforcé voire renouvelé. C’est là la fonction de la Tefila. Et elle est nécessaire pour chaque Juif. Car si certains ne manquent de rien et n’ont rien à demander à D.ieu, nul n’est exempt du besoin de s’attacher à la source de toute vie.

La Tsedaka et la charité
«Charité» en hébreu ne se dit pas Tsedaka mais ‘Hessed. Deux sens contraires.
Le ‘Hessed, la charité, implique que le bénéficiaire n’a pas droit au don et que le donateur n’a aucune obligation à le donner. Il le fait gratuitement, mû par la bonté de son cœur. Son acte est une vertu plus qu’un devoir.
Par contre, Tsedaka signifie «rectitude» ou «justice». Cela implique que le donateur donne parce que c’est son devoir de le faire. Tout d’abord parce que tout au monde appartient, en dernier ressort, à D.ieu. Ce qu’un homme possède n’est pas sien par droit mais cela lui a été confié par D.ieu. Et l’une des conditions de cette confiance est qu’il le distribue à ceux qui en ont besoin.
D’autre part, chacun a le devoir d’agir vis-à-vis d’autrui comme il demande à D.ieu d’agir à son égard. Et comme nous demandons à D.ieu Ses bénédictions bien qu’Il ne nous doive rien et n’en ait aucune obligation, nous sommes donc liés par le devoir de justice de donner à ceux qui nous demandent même si nous ne leur sommes pas débiteurs. C’est ainsi que nous sommes récompensés : mesure pour mesure. Parce que nous donnons librement, D.ieu nous donne librement.

Trois chemins
Voici donc les trois chemins qui mènent à une année «écrite et scellée» dans le bien. En revenant à notre moi le plus intime (Techouva), en s’attachant à D.ieu (Tefila) et en distribuant ses possessions avec justice (Tsedaka), nous transformerons les promesses de Roch Hachana en leur réalisation abondante à Yom Kippour : une année de douceur et de largesse.