Samedi, 9 avril 2022

  • Metsorah
Editorial

 Le jour qui monte

Certaines dates sont comme un rendez-vous. Chacun sait qu’elles s’approchent de nous et que nous ne pouvons pas les manquer car elles représentent encore plus que ce que l’on peut imaginer et détiennent toute cette puissance qui nous est si nécessaire au quotidien. En début de semaine prochaine, nos calendriers annoncent le 11 Nissan, l’anniversaire de la naissance du Rabbi, à quelques jours de la fête de Pessa’h. En soi, il s’agit là d’un événement précieux. Une telle date ne se limite pas à celui qui, concerné au premier chef, y célèbre un bienfait personnel, sa venue au monde. S’agissant d’un Rabbi, la célébration est celle de tous car la personnalité n’est pas que celle d’un particulier, toute importante soit-elle. Elle est celle d’un guide du peuple juif, qui, avec ses enseignements, transmet force et inspiration à chacun. Il n’est ainsi pas étonnant que le 11 Nissan soit marqué partout dans le monde, d’année en année.

Toutefois, ce 11 Nissan est sans doute différent de tous les autres. Ce qui sera célébré ne sera rien de moins que la cent-vingtième année de la naissance du Rabbi. Ce nombre de 120 possède sa propre puissance d’évocation. C’est presque d’une éternité à l’échelle de l’homme qu’il s’agit ; ne souhaite-t-on pas à celui qui avance en âge « jusqu’à cent-vingt ans » ? Il est clair qu’il existe ici une signification qu’il convient de décrypter. Du reste, le fait que des milliers de personnes, dans tous les pays, prévoient de se rendre à New York à cette occasion devrait nous mettre sur le chemin. De fait, tout se passe comme si nous nous préparions à entrer dans une époque nouvelle, plus grande, prometteuse d’encore plus d’avancées.

Car l’idée est bien là : de même que, selon l’expression traditionnelle, « un berger n’abandonne jamais son troupeau », ainsi le Rabbi n’a pas quitté ceux dont il avait la charge, même si nous ne pouvons pas le voir physiquement. C’est dire qu’alors qu’il atteint ce qui est fondamentalement un nouveau palier d’élévation, nous l’accompagnons pleinement. Célébrer ainsi l’anniversaire du jour de sa naissance, s’attacher à son œuvre et à ses enseignements, non pas au titre du souvenir mais à celui de l’action présente, c’est trouver la source de sa propre force. C’est redoubler d’énergie afin de mener à bien la conclusion de la mission éternelle qu’il nous a confiée : faire de ce monde la demeure de D.ieu par la venue de Machia’h. Avec le 11 Nissan, nous savons maintenant que tout est à notre portée.

Etincelles de Machiah

 Une prière spontanée

Deux vieux ‘hassidim racontaient, un jour, ce qu’ils avaient eu l’occasion de voir chez les Rabbis qu’ils avaient connus. Un groupe s’était formé autour d’eux, buvant littéralement leurs paroles. Une longue discussion s’engagea alors et déboucha sur une question : comment serait le monde quand Machia’h viendrait ?

Un des vieux ‘hassidim entreprit d’y répondre : « Quand Machia’h viendra, un Juif se lèvera le matin pour se préparer à prier – et sa prière coulera spontanément. De même, pendant toute la journée, chaque instant sera utilisé pour l’étude de la Torah et le service de D.ieu. Et tout viendra naturellement, sans effort ».

(d’après la tradition orale)

Vivre avec la Paracha

 Metsora

La Paracha Tazrya décrivait les signes du Metsora (malade de la peau), terme désignant une personne affligée d’une maladie spirituelle qui la mettait en état d’impureté rituelle. La lecture de la Paracha Metsora commence par donner les détails de la manière dont le Metsora guéri est purifié par le Cohen (prêtre), selon une procédure particulière utilisant deux oiseaux, de l’eau de source dans un ustensile en terre, un morceau de bois de cèdre, un fil écarlate et une branche d’hysope.

Une maison peut être également atteinte de Tsaraat, lors de l’apparition de taches vertes ou rouges foncé sur les murs. Dans un processus s’étendant sur dix-neuf jours, un Cohen détermine si la maison peut être purifiée ou si elle doit être démolie.

L’impureté rituelle est aussi engendrée par des pertes masculines ou féminines, ce qui nécessite l’immersion dans un Mikvé.

La parole vraie

« Cela sera la loi du Metsora le jour de sa purification ; il sera conduit auprès du Cohen. » (Vayikra 14 :2)

L’affliction de la Tsaraat, dont les lois la concernant sont décrites dans les chapitres 13 et 14 du livre de Vayikra, était un phénomène de nature totalement spirituelle. Il ne s’agissait pas là d’une maladie naturelle (et de fait, cette forme de « lèpre » affectait également les maisons et les vêtements), mais du symptôme d’une dégradation morale. Et plus précisément, la personne affligée de la Tsaraat, ou en d’autres termes le Metsora, était quelqu’un dont les actes avaient semé la discorde et la division dans la communauté, en proférant des propos diffamatoires contre autrui. La punition du Metsora, « mesure pour mesure », était une forme de lèpre « surnaturelle » qui le démarquait comme un proscrit. Le Metsora était banni et condamné à la solitude jusqu’à ce que la repentance le guérisse et qu’il soit réinséré dans la société.

La nature spirituelle de cette maladie est mise en évidence par le fait qu’à la fois le début et la fin de ce statut de Metsora étaient réalisés par la proclamation d’un Cohen (un Prêtre). Si une tache suspecte apparaissait sur un vêtement, une maison ou une personne, ils étaient examinés par un expert (habituellement, mais pas forcément, un Cohen) versé dans les lois et les procédures complexes pour identifier la Tsaraat. Mais même une fois que le diagnostic de Tsaraat avait été posé, l’état d’impureté rituelle touchant la personne ou l’objet affligés ne prenait effet que lorsqu’un Cohen avait prononcé le terme : « impur ».

L’impureté de Tsaraat n’avait pas non plus d’effet rétroactif. Elle ne commençait que lorsque le Cohen avait bel et bien déclaré : « impur ». C’est la raison pour laquelle la Torah conseille de vider de tout son contenu la maison soupçonnée d’être infectée de Tsaraat, « avant que le Cohen ne vienne constater la plaie, de peur que tout dans la maison ne soit « contaminé » quand le Cohen prononcera « impur » (Vayikra 14 : 36).

Et c’est selon la même démarche, qu’une fois que tous les signes physiques de Tsaraat avaient disparu, que seule la parole du Cohen, ayant déclaré l’état d’impureté, pouvait attester que le Metsora en était guéri.

Pourquoi le Cohen ?

Le rôle qu’endossait le Cohen, en tant que celui qui condamnait et ostracisait, est d’autant plus étonnant qu’il semble contredire tout ce que représente le Cohen ! Le Cohen est enjoint par D.ieu de « bénir Son peuple Israël avec amour ». (Cela est issu de la bénédiction que récitent les Cohanim précédant la Birkat Cohanim, « la bénédiction des Cohanim » (Talmud, Sotah 39a). Il est également écrit dans le Choul’han Arou’h HaRav (Ora’h ‘Haïm 128 :19) : « Si un Cohen hait la communauté ou est haï par la communauté, il est spirituellement dangereux pour lui de participer à la bénédiction des Cohanim. »

Nos Sages décrivent « un disciple d’Aharon » (le premier Cohen) comme quelqu’un qui « aime la paix, recherche la paix, aime les créatures de D.ieu et les rapproche de la Torah. » (Maximes de nos Pères, I :12)

Mais c’est précisément parce que les Cohanim représentent le modèle de l’amour et de la bonté que la Torah confie au Cohen, et seulement au Cohen, la tâche de condamner le Metsora. Rien n’est plus détestable pour D.ieu que la division entre Ses enfants. La raison pour laquelle le Metsora doit être isolé est qu’il est lui-même une source de division. Cependant, la Torah répugne à séparer le Metsora de la communauté. Il ne suffit donc pas que des experts techniques aient jugé que la personne est Metsora. Ce n’est que lorsque le Cohen, dont la nature-même le répugne à prononcer le bannissement d’un membre de la communauté, est convaincu que cet individu manifeste tous les signes de Tsaraat que le Metsora est séparé de son peuple.

Des paroles dévastatrices

Une autre leçon peut également être tirée de ce qui précède. Ce ne sont pas les symptômes de Tsaraat qui rendent le Metsora rituellement impur mais la déclaration du Cohen de son impureté. En d’autres termes, quelques terribles qu’aient pu être les actes de la personne, quelque corrompue que soit la personne, dans son corps et dans son âme, prononcer du mal à son propos est encore plus grave. La parole du Cohen déclarant que la personne est impure affecte son état spirituel encore plus profondément que son impureté de fait.

Cela explique une déclaration du Talmud qui vient plutôt nous interpeler : « Dire du mal d’autrui tue trois personnes : celui qui parle, celui qui écoute et celui dont il est question » (Talmud, Era’hin 15, a).

Il va de soi que le calomniateur commet un grave péché en raillant son prochain. Celui qui écoute est également partenaire de cette mauvaise action. Mais pourquoi celui dont on parle serait-il pénalisé à cause de leur méfait ? Serait-ce que ses traits négatifs sont renforcés par le fait qu’on en parle ?

C’est en effet le cas. Il se peut qu’un homme ait un défaut ou des tendances négatives, mais sa bonté intrinsèque, bonté intrinsèque à chaque âme, aspire à les contrôler, à les conquérir et finalement à en éradiquer les expressions néfastes pour les transformer en sources positives.

Mais quand ce mal est formulé dans des paroles, il devient beaucoup plus manifeste et réel.

En définissant les traits de caractère ou les actes d’une personne comme mauvais à son égard ou mauvais à l’égard d’autrui, le médisant donne une réalité plus concrète à ce mal. Avec ses paroles, il donne de la substance et de la réalité à cette expression négative.

Une application positive

Nos Sages enseignent que « la mesure de la récompense est plus importante que la mesure de la punition », une force négative, quand elle s’oriente positivement, est beaucoup plus puissante. (Cinq cents fois plus puissante. Cela est tiré du fait que D.ieu déclare qu’« Il rappelle les iniquités des pères aux enfants, et à la troisième génération, et à la quatrième génération, pour ceux qui Me haïssent», mais «  agit avec bonté pendant deux mille générations pour ceux qui M’aiment et gardent Mes commandements » (Chemot, 20 :5)).

Si parler d’autrui accentue et actualise en eux le potentiel du mal, combien le fait de louer et de reconnaître verbalement le potentiel positif de l’autre, contribue-t-il bien plus à en faire une réalité !

Dire du bien d’autrui permet à ce bien de se réaliser et de se démultiplier.

Le Coin de la Halacha

 Quelles sont les Mitsvot essentielles du Séder ?

Vendredi 15 avril 2022, avant 20h24, les femmes et les filles allumeront leurs bougies de Chabbat et de la fête avec les bénédictions :

« Barou’h Ata Ado-naï Elo-hénou Mélè’h Haolam Achère Kidéchanou Bémitsvotav Vetsivanou Lehadlik Nèr Chel Chabbat Véchel Yom Tov.

« Barou’h Ata Ado-naï Elo-hénou Mélè’h Haolam Chéhé’héyanou Vékiyémanou Vehiguianou Lizmane Hazé ».

On ne pourra commencer le Séder qu’à partir de la nuit tombée (21h 34 en Ile de France).

Tous les Juifs doivent participer au Séder, hommes, femmes et enfants. Il faut :

Raconter la sortie d’Egypte

On le fait en lisant la Haggada. Il faut raconter à tous les participants et en particulier aux enfants, selon ce qu’ils peuvent comprendre.

Manger de la Matsa

On mange de la Matsa Chmoura les deux soirs du Séder après avoir dit la bénédiction : « Barou’h Ata Ado-naï Elo-hénou Mélè’h Haolam Achère Kidéchanou Bémitsvotav Vétsivanou Al A’hilat Matsa », en plus de la bénédiction habituelle « Hamotsi ». La Matsa du Séder sera « Chmoura », c’est-à-dire qu’on aura surveillé depuis la moisson, que les grains de blé, et plus tard la farine, n’auront pas été en contact avec de l’eau, ce qui aurait risqué de les rendre ‘Hamets. Les Matsot Chmourot sont rondes, cuites à la main (et non à la machine) comme au temps de la sortie d’Egypte.

Il faut manger au moins 30 grammes de Matsa, et il est préférable de les manger en moins de quatre minutes. Il faudra manger trois fois cette quantité de Matsa : pour le « Motsi », pour le « Kore’h » (le « sandwich » aux herbes amères), et pour le « Afikoman », à la fin du repas, en souvenir du sacrifice de Pessa’h qui était mangé après le repas.

Manger des herbes amères (Maror)

On mange des herbes amères en souvenir de l’amertume de l’esclavage en Egypte. On achètera de la salade romaine qu’on nettoiera feuille par feuille devant une lumière pour être sûr qu’il n’y a pas d’insecte, après l’avoir fait tremper dans de l’eau. On prépare pour chacun des convives au moins 19 grammes de « Maror », c’est-à-dire de salade romaine avec un peu de raifort râpé, trempé dans le « Harosset » (compote de pommes, poire et noix, avec un peu de vin) après avoir prononcé la bénédiction : « Barou’h Ata Ado-naï Elo-hénou Mélè’h Haolam Achère Kidéchanou Bémitsvotav Vétsivanou Al A’hilat Maror ». On consomme encore 19 grammes de Maror bien séché entouré de Matsa pour le « Sandwich de Kore’h ».

Boire 4 verres de vin

On doit boire au cours du Séder au moins quatre verres de vin ou de jus de raisin cachère pour Pessa’h. Le verre doit contenir au moins 8,6 centilitres, et on doit en boire à chaque fois au moins la moitié, en une fois. Les hommes et les garçons doivent s’accouder sur le côté gauche, sur un coussin, pour manger la Matsa et boire les quatre verres de vin.

Samedi soir 16 avril 2022, les femmes et filles allumeront leurs bougies après 21h 34 à partir d’une flamme allumée dans la journée de vendredi et prononceront les bénédictions :

« Barou’h Ata Ado-naï Elo-hénou Mélè’h Haolam Achère Kidéchanou Bémitsvotav Vétsivanou Léhadlik Nèr Chel Yom Tov.

« Barou’h Ata Ado-naï Elo-hénou Mélè’h Haolam Chéhé’héyanou Vékiyémanou Véhiguianou Lizmane Hazé ».

On commence le Séder.

Le Recit de la Semaine

 Une invitée peu commune

Nous avions préparé depuis plusieurs semaines notre premier Pessa’h à Solon (Ohio - États-Unis). Pour mieux faire connaître la fête aux membres de notre communauté, nous avions décidé de les inviter à une révision du Séder, une sorte de pièce de théâtre interactive où chacun pourrait se familiariser avec les différentes étapes de ce repas familial et ses nombreux symboles de la sortie d’Égypte.

Une semaine auparavant, alors que je faisais mes courses dans un supermarché, une dame s’approcha de moi :

- Excusez-moi, Monsieur, êtes-vous un rabbin ?

Elle ne s’était pas trompée : mon chapeau et ma barbe indiquaient clairement mon identité.

Elle s’appelait Connie et expliqua qu’elle étudiait justement le livre de l’Exode dans son église à Hudson. Elle était curieuse de voir comment les Juifs (elle utilisa le terme : le Peuple Élu) célébraient et commémoraient cet événement grandiose.

Je l’invitai à assister à notre « Séder-Modèle » dans notre centre communautaire de Solon quelques jours avant la fête. Elle en fut enchantée et promit qu’elle essaierait de venir.

Ce samedi soir, alors que nous allions commencer notre démonstration, Connie entra, accompagnée de son amie Pam qui, comme elle, fréquentait le cours de Bible dans son église.

La soirée commença, comme le veut la tradition, avec la cérémonie de Havdala pour séparer entre le Chabbat et les jours de semaine : j’étais surpris que Pam semble connaître vaguement le sens des bénédictions.

Durant le « Séder », Pam laissa échapper des commentaires sur les différentes coutumes. Elle savait pourquoi on mangeait de la Matsa, des herbes amères et elle reconnaissait même la douceur du ‘Harosset, le mélange de pommes, poires et noix posé sur le plateau.

J’étais étonné combien cette femme chrétienne semblait si bien connaître le judaïsme. Au moment de la pause pour le « repas » (dans lequel nous avons servi des aliments traditionnels cachères pour Pessa’h), elle me demanda

- Monsieur le Rabbin, de quelle origine êtes-vous ?

Je racontai que j’avais grandi en Israël mais que mes parents étaient originaires d’Union Soviétique - où j’étais né.

- Oh, mes parents aussi venaient de Russie, raconta cette femme âgée d’une quarantaine d’années. D’ailleurs ils étaient juifs eux aussi !

Constatant ma surprise, elle continua. Elle avait grandi à Los Angeles, avec ses parents juifs qui ne lui avaient donné que très peu d’éducation juive. Elle se souvenait avoir assisté à quelques offices à la synagogue, le Chabbat et certains jours de fête. Dans son adolescence, elle avait ressenti une soif de spiritualité mais n’avait trouvé aucun écho chez le rabbin de sa communauté. Entraînée par des amies, elle s’était rendue dans une église et, peu de temps après, avait décidé de se convertir.

- C’est bien la première fois depuis vingt ans que j’assiste à un événement communautaire juif ! s’exclama-t-elle.

Maintenant c’était mon tour de lui annoncer une surprise :

- Selon la loi juive, vous êtes encore juive ! Du moment que vous êtes née d’une mère juive, vous restez éternellement juive ! Toutes les cérémonies de conversion du monde ne peuvent pas annuler votre identité profonde !

Nous avons passé pratiquement tout le reste de la soirée à discuter le point de vue du judaïsme sur divers problèmes philosophiques avec Pam et les autres participants. L’heure avançait et nous avons décidé de continuer le programme du Séder. En arrivant vers la fin avec la notion de l’Afikomane, Pam était au bord des larmes.

Avant qu’elle parte, je lui demandai si elle acceptait de figurer sur notre mailing et elle accepta ainsi de recevoir nos informations et fascicules toute l’année, avec les horaires d’allumage des bougies et les dates des fêtes.

Six mois passèrent. On était la veille de Yom Kippour, la synagogue était remplie et l’atmosphère sérieuse et solennelle. La prière poignante de Kol Nidré allait commencer ; il me sembla reconnaître une des femmes qui se dirigea vers la galerie des dames : c’était Pam.

Après l’office, Pam vint s’excuser de ne pas nous avoir prévenus qu’elle viendrait. Depuis quelques jours, elle hésitait : devait-elle, pouvait-elle assister à l’office de Yom Kippour ? Finalement, à la dernière minute, elle n’avait pas pu se retenir : « De toutes les prières et cérémonies juives, la mélodie de Kol Nidré m’a toujours hantée toutes ces années et je tenais vraiment à l’entendre encore une fois ».

Ce soir-là, Pam demanda à mon épouse Miryam si elle pouvait lui enseigner à lire l’hébreu et toutes deux s’engagèrent à étudier ensemble une fois par semaine.

Peu après, le mari de Pam - qui n’était pas juif - fut muté dans une autre ville et toute la famille déménagea. Nous gardions contact de temps en temps.

Trois ans passèrent et Pam se manifesta à nouveau, par téléphone. Elle vivait maintenant à New York et demandait si nous pouvions la mettre en contact avec un centre communautaire Loubavitch : sa fille s’intéressait au judaïsme et voulait apprendre l’hébreu.

Vous espérez une jolie fin de l’histoire ? Le fait est que nous n’avons plus entendu parler de Pam. Mais le fait de l’avoir rencontrée à plusieurs reprises m’a démontré la justesse d’une phrase souvent employée par le Rabbi : « On ne doit jamais sous-estimer une âme juive ».

Chaque Juif possède une âme divine qui est une « parcelle » de D.ieu Lui-même. L’âme recherche constamment à se rapprocher de D.ieu et de son identité profonde.

C’est là tout le message de la fête de Pessa’h : « Dans chaque génération et chaque jour, un Juif doit se considérer comme s’il avait lui-même été délivré en ce jour d’Égypte ».

La liberté n’est pas acquise en un moment et éternellement. Elle a besoin d’efforts constants car chaque environnement est porteur de sa propre Égypte, une puissance qui aspire à limiter la liberté de l’âme.

Peut-être la menace la plus dangereuse provient de l’individu lui-même : chaque jour, il doit « sortir de son Égypte », de ses limites, de ses complexes, de ses peurs irraisonnées, de sa crainte du « qu’en dira-t-on » et des freins que son existence physique tente d’imposer à son épanouissement spirituel.

J’espère que, cette année, Pam se libérera de son Égypte personnelle et que nous pourrons tous ensemble joyeusement célébrer Pessa’h, la fête de notre libération.

Rav Zushe Greenberg - L’Chaim N° 712

Traduit par Feiga Lubecki