Semaine 35

  • Ki Tetsé
Editorial
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Etincelles de Machiah
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Vivre avec la Paracha
“ Tu ne verras pas le boeuf de ton frère ou son agneau s’égarer et tu les ignorerais; ramène-les à ton frère... Ainsi feras-tu avec son âne, ainsi feras-tu avec son vêtement et ainsi feras-tu avec tout objet perdu par ton frère...” (Deutéronome 22:1-3)
De toute évidence, le devoir de ramener un objet perdu à son propriétaire ne se limite pas aux boeufs, aux agneaux, aux ânes et aux habits mais s’applique, comme le conclut le verset “à chaque objet perdu par ton frère”. Le Talmud explique que la Torah cite ces exemples parce que chacun d’entre eux nous enseigne une loi spécifique concernant les objets perdus. Toutefois, alors qu’elle déduit ces lois du “boeuf”, de l’“âne” et du “vêtement”, elle ne peut le faire pour l’“agneau”. “L’agneau perdu constitue une difficulté, conclut le Talmud”, évoquant par là que la correspondance juridique du mot “agneau” dans le verset s’avère difficile pour nos Sages.
Le Zohar nous dit que la Torah possède à la fois un corps et une âme. Le “corps” de la Torah est sa partie physique, les événements historiques qu’elle rapporte et les lois qu’elle enseigne. Mais implicite dans ce corps, existe une “âme”, une dimension mystique dans laquelle chaque histoire comporte une analogie sublime et dont chaque nuance possède sa contrepartie spirituelle.
Ainsi, la Mitsva de rapporter un objet perdu ne s’applique-t-elle pas exclusivement aux possessions matérielles de son camarade mais aussi à ses possessions spirituelles. Si vous rencontrez une vie en train de s’égarer, un esprit troublé, un coeur en désordre, une âme qui a perdu sa portée morale ou sa sensibilité spirituelle, restituez-les à son propriétaire. Vous ne pouvez rester indifférent à la souffrance spirituelle de votre ami pas plus que vous ne pouvez ignorer son boeuf capricieux.
Les quatre exemples d’“objets perdus” énumérés par la Torah correspondent spécifiquement à quatre prototypes d’affections de l’âme humaine.
Le boeuf est un animal puissant et versatile. Quand on le provoque, il est pratiquement incontrôlable. Un instant il broute paisiblement et au moment suivant voici que des kilos de chair et de muscles chargent, écrasant tout sur leur chemin. Nous connaisssons tous son cousin spirituel: la brute tyranique qui brutalise tout ce qui lui est désagréable ou dérange la tranquilité de sa mastication.
Quand l’âne se rebelle contre son maître, il ne s’enrage ni ne charge; il enfonce ses sabots dans le sable et désobéit froidement aux ordres de son maître,à ses supplications et même aux coups qui s’abattent sur son dos. Spirituellement, l’âne obstiné est encore pire que le boeuf rageur. Le “boeuf” tout au moins répond; le fait qu’il soit enragé signifie qu’il relève le défi. Par contre, la froideur et l’indifférence signifient une plus grande distance d’avec la sainteté et la vérité. Le “vêtement” représente une maladie spirituelle encore plus nocive. Le mot hébreu pour “vêtement”: bégued est relié à beguidah: la trahison. Le boeuf antagoniste et l’âne indifférent peuvent résister ou ignorer leur maître, mais ils ne se cachent pas derrière une fausse identité. La personnalité de type bégued est de nature à tromper les autres et pire encore, elle-même, quant à savoir où se situe la loyauté, ce qui lui rend encore plus difficile l’aveu de son mauvais comportement et sa rectification.
Des déficiences utiles
Et puis il y a l’agneau, une créature caractérisée par la docilité et l’humilité. Alors que cela semble un moindre mal par rapport aux trois précédents, c’est le plus difficile à surmonter. Une personne qui se bat, ignore, voire trompe son D.ieu peut en venir à reconnaître la vérité et rectifier son comportement. Mais vous ne pouvez convaincre l’“agneau” de l’erreur de son cheminement: il est tout à fait d’accord avec vous. Vous ne pouvez attiser les flammes de son coeur, il est déjà embrasé de ferveur. Il connaît la vérité, il se soucie de la vérité, il désire faire ce qui est juste mais il est trop timide pour faire quoi que ce soit.
C’est là le sens profond des paroles du Talmud:
“l’agneau perdu représente une difficulté”. En ce qui concerne le “boeuf” , l’“âne” ou le “vêtement”, il existe des moyens de faire face aux déficiences de l’âme. Mais que peut-il être fait avec l’“agneau”? Ici le Talmud ne possède pas de réponse, pas de solution logique. Néanmoins, la Torah commande: “Rapporte-les à ton frère!”. Chaque perte spirituelle peut être rattrapée, chaque déficience peut être transformée en force positive. Un boeuf qui se déchaîne est destructeur mais, quand il est convenablement attelé et maîtrisé, sa furie est canalisée vers des fins convenables, “beaucoup de récoltes sont données par la force du boeuf” (Proverbes 14:4). L’obstination de l’âne, convenablement sublimée se traduit en endurance et en persévérance pour rester fidèle à sa mission et à D.ieu, à travers les épreuves et les difficultés. La trahison également possède une contrepartie positive: la vie physique est elle-même un subterfuge de l’âme qui n’assume un corps et une identité physiques que pour les exploiter et les utiliser à des fins spirituelles.
Et la docilité de l’agneau, quelque difficile que soit le problème posé peut aussi être reconnue comme une qualité. La docilité peut être remaniée et transformée en de l’abnégation pour D.ieu, une bnégation qui engendre non pas la passivité et la résignation de l’agneau perdu, mais l’activisme résolu et sans compromis de celui qui a
oublié son ego et ses exigence, pour servir un Maître omnipotent.
Attention : ce feuillet ne peut pas être transporté dans le domaine public pendant le Chabbat
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