Dans ce monde, c’était des fiançailles, comme il est écrit : «Je t’engage à Moi à tout jamais» (Hochéa 2 : 21), et D.ieu leur donna la lune seulement, comme il est écrit : «la nouvelle lune sera pour vous…» (Chemot 12 : 2). Mais aux jours de Machia’h, il y aura le mariage, comme il est écrit : «Ton époux, ton Créateur» (Yichayahou 54 : 5), et alors D.ieu leur donnera tout, comme il est écrit : «Et le sage brillera comme l’éclat des cieux et celui qui a dirigé la multitude dans le droit chemin, comme les étoiles, à tout jamais» (Daniel 12 :3). (Midrach Rabbah Chemot 15 :30) Nous habitons une réalité définie par deux états fondamentaux. Une chose est ou n’est pas, elle est manifeste ou implicite, en mouvement ou statique, positive (chargée d’énergie) ou négative (déchargée d’énergie). 

Le phénomène le plus complexe est lui-même la somme de différents degrés de présence ou d’absence. Après que tout ait été dit et fait, tout se réduit à la convergence des nombreux «oui» et des nombreux «non». Le «non» délimite les paramètres d’une chose, établissant ce qui n’est pas et les «oui» remplissent l’espace de ces paramètres avec l’essence de ce qu’une chose est. (Pour donner un exemple : un morceau de bois rouge de deux mètres n’est pas long de trois mètres, n’est pas vert, bleu ou jaune, n’est pas du métal, de la pierre, etc. Les «ne… pas» forment les frontières du morceau de bois, marquant ses limites et ce qui le distingue des autres objets. Par contre, ce qu’il est : du bois, rouge, long de deux mètres, etc., se réfère à ce qui est à l’intérieur de ces frontières, à la qualité et à la nature de ce morceau de bois). Cette nature double de la création est le reflet du fait que la Torah, le plan que «D.ieu regarda pour créer le monde » (Zohar) possède un aspect positif et un aspect négatif. «Je suis l’Eternel votre D.ieu», le commandement positif fondamental, est complété par : «vous n’aurez pas d’autres dieux devant Moi», l’essence de toutes les interdictions divines. «Aime ton prochain comme toi-même» est la contrepartie positive de «Tu ne haïras pas ton frère dans ton cœur». La Torah commande de créer la vie et interdit de la détruire. Elle enjoint d’aider les nécessiteux et interdit de les presser de rembourser leurs dettes. Elle instruit de manger du pain non levé, lors de la fête de Pessa’h et interdit toute consommation de levain pendant sa durée, etc. L’institution du mariage, telle qu’elle est définie et légiférée dans la Torah, inclut également un composant positif et un composant négatif. Selon la Loi de la Torah, le mariage consiste en deux étapes distinctes. D’abord viennent les kiddouchine («consécration», appelés également «éroussine – engagement») : le fiancé donne à la fiancée un objet de valeur. En retour, la fiancée se consacre à lui, ce qui a pour effet qu’elle est «interdite au reste du monde».
A partir de ce moment-là, dissoudre les kiddouchine requiert un guet (acte de divorce), comme pour un mariage à part entière. Cependant, le but d’un mariage n’est pas d’interdire l’un des partenaires au reste du monde mais d’accomplir une union entre deux personnes. C’est la fonction des nissouine («mariage»), réalisés par la ‘houpah (dais nuptial), le yi’houd (isolement du couple) et les chéva bra’hot («sept bénédictions») qui unissent les deux époux. En d’autres termes, les kiddouchine définissent les paramètres de la relation, créant un espace dans lequel elle peut exister, tandis que les nissouine remplissent cet espace de la substance de la relation elle-même. Comme nous l’avons dit, les kiddouchine et les nissouine constituent deux phases distinctes du processus du mariage. En fait, à l’origine, les kiddouchine avaient lieu plus tôt. La fiancée continuait alors à vivre chez ses parents. Le couple se préparait pour les nissouine qui se tenaient un an plus tard. (Au cours des siècles récents, les tribulations de l’exil ont porté atteinte à la stabilité de la vie juive et ont soudain causé la dispersion des communautés juives. Il a été considéré peu raisonnable de créer un lien de mariage entre un homme et une femme qui ne vivraient pas ensemble.
C’est ce qui explique la pratique contemporaine de faire les nissouine immédiatement à la suite des kidouchine, une seule cérémonie célébrant les deux étapes du mariage). Nos Sages nous disent qu’au mont Sinaï, lorsque D.ieu Se révéla et nous donna la Torah, nous nous consacrâmes à Lui en tant que Sa fiancée. Il ne s’agit cependant que de l’étape des kiddouchine dans notre mariage. Notre union avec Lui ne sera complète qu’à l’Ere de Machia’h, où D.ieu et Israël s’uniront dans les nissouine. Cela ne veut pas dire que notre relation avec D.ieu, aujourd’hui, ne se situe qu’exclusivement dans le domaine du négatif. Comme nous l’avons vu, notre engagement à Lui comprend des commandements positifs tout comme des commandements négatifs. Mais aujourd’hui, nous ne sommes capables que d’établir les paramètres de cette relation et nous n’en réalisons pas la substance essentielle. Aujourd’hui, notre relation à D.ieu se définit par notre engagement à Lui, par nos aspirations à s’unir à Lui mais nous ne faisons pas réellement l’expérience de cette union. Pendant trente-trois siècles, nous avons créé l’espace de notre mariage avec D.ieu et avons défendu ses frontières avec zèle. Nous Lui sommes restés fidèles face à toutes les cultures qui ont tenté de nous séduire.
Nous avons établi notre identité comme Son peuple, consacré à Lui seul. Maintenant, nous sommes prêts pour la véritable cérémonie, pour une véritable expérience du Divin, la vérité la plus profonde de notre vie.