Le Tour, Ora'h 'Haïm, indique, au chapitre 428, que : «on lit toujours la Parchat Bamidbar Sinaï avant Chavouot(1)» et l'on peut déduire plusieurs enseignements de ce principe, notamment les suivants :

A) Nos Sages, affirment, dans le Midrash, que l'on doit étudier la Torah de telle façon que : «l'on se considère comme un désert(2) et l'on fasse abstraction de toute chose(3)».

En d'autres termes, il faut se présenter(4), pour recevoir la Torah, sans s'interroger sur l'intérêt personnel que l'on peut en tirer, uniquement pour obtenir sa révélation(5). C'est à ce propos que les enfants d'Israël déclarèrent : «nous ferons, puis nous comprendrons(6)».

B) L'homme qui se trouve dans un «désert» (7), subissant le manque, de ce fait et endurant plusieurs difficultés, n'en est pas moins tenu d'étudier la Torah(8). Selon les termes du Rambam, au chapitre 1 de ses lois de l'étude de la Torah, «un pauvre qui reçoit sa subsistance de la Tsedaka et vit de la mendicité(9) est également tenu d'étudier la Torah».

C) Le verset Yermyahou 2, 6 constate, à propos du désert, que : «l'homme n'y réside pas»(10) et il en est de même également pour l'Homme céleste(11). En effet, le désert est l'endroit des forces du mal, celui de «l'autre côté»(12). C'est précisément pour cela que la Torah fut donnée dans un désert(13). En effet, elle a pour objet de transformer ce monde matériel, le plus bas qui soit, «empli de forces du mal et de l'autre côté», selon l'expression du Tanya, au chapitre 36, en «Demeure de D.ieu, béni soit-Il»(14).

D) La lecture de la Parchat Bamidbar avant Chavouot rappelle que la Torah fut donnée précisément dans un désert(15) et il en résulte également plusieurs leçons, pour le service de D.ieu. On peut, notamment, citer les suivantes :

Nos Sages, dont la mémoire est une bénédiction, énoncent deux raisons pour lesquelles la Torah fut donnée dans un désert :
a) celui qui étudie la Torah doit être «comme un désert foulé au pied par tous»(16),
b) cela veut dire que la Torah fut donnée sans contrepartie(17), à tous les habitants du monde et : «tous sont identiques par rapport à elle(18)», selon les termes du Midrash Bamidbar Rabba, au chapitre 19.

L'expression : «comme un désert foulé au pied par tous» exprime le point de vue de l'homme. Lorsque celui-ci étudie la Torah en se soumettant pleinement à D.ieu, de sorte que : «mon âme soit comme poussière pour tous», il mérite que s'accomplisse pour lui(19) : «ouvre mon coeur par Ta Torah»(20).

L'expression : «tous sont identiques par rapport à elle» exprime le point de vue de l'objet, en l'occurrence celui de la Torah elle-même. En effet, celle-ci est «abandonnée(21)» et : «quiconque le désire peut venir la prendre». Celui qui se consacre à son étude de la manière qui convient(22) mérite que la Torah devienne sienne, qu'elle porte son nom, comme l'indique le traité Avoda Zara 19(23).

Ce sont précisément ces deux éléments qui permettent de recevoir la Torah(24). En effet, celui qui désire réellement la recevoir doit savoir que :
a) il a le pouvoir de faire que la Torah qu'il étudie soit la sienne(25),
b) il peut obtenir un tel résultat grâce à la soumission la plus totale(26).

(Discours du Rabbi, Likouteï Si'hot, tome 8, page 236)

Notes :

(1) Afin de faire une interruption entre les remontrances de la Parchat Be'houkotaï et le don de la Torah.
(2) Qui est dénué de tout et ne possède rien par lui-même. C'est le rapport entre Bamidbar, «dans le désert» et le don de la Torah, à Chavouot.
(3) Pour s'absorber uniquement à son étude.
(4) Le jour de Chavouot.
(5) Sans la moindre motivation personnelle.
(6) Nous ferons d'abord et nous comprendrons ensuite, ce qui veut bien dire que l'approche de la Torah doit être celle de la soumission, sans intérêt personnel.
(7) Au sens moral.
(8) C'est un second rapport entre le désert et la Torah.
(9) Qui est donc bien quelqu'un qui : «subit le manque et endure plusieurs difficultés».
(10) Il n'est pas habitable.
(11) Il fait allusion à un lieu dans lequel la Divinité est occultée.
(12) Qui n'est pas celui de la sainteté.
(13) C'est donc le troisième rapport qui peut être défini entre l'une et l'autre.
(14) C'est la raison pour laquelle les Mitsvot sont systématiquement mises en pratiques avec des objets matériels.
(15) Quatrième rapport, c'est là qu'elle fut donnée.
(16) Il doit rejeter tout orgueil.
(17) Elle est donc accessible à tous, sans préalable.
(18) Et peuvent la recevoir de manière identique.
(19) La suite de ce même verset.
(20) C'est alors que son étude est fructueuse.
(21) C'est-à-dire à la disposition de tous.
(22) Telle qu'elle vient d'être définie.
(23) Qui dit : «Sa Torah, qui porte son nom», celle de l'homme qui l'étudie.
(24) La soumission de l'homme et la disponibilité de la Torah.
(25) Il peut l'intérioriser pleinement.
(26) Qui fait de lui un réceptacle pour la Torah. 

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