La Parchat Yithro décrit l’événement majeur que fut le don de la Torah, sur le mont Sinaï. C’est le contenu central de cette Paracha. Pourtant, son nom ne fait en aucune façon allusion à tout cela. On sait que le nom de chaque Paracha est particulièrement précis et il exprime son contenu. En l’occurrence, cette Paracha s’appelle Yithro, ce qui, en apparence, n’a aucun rapport avec le don de la Torah.

C’est, en fait, le Zohar(1) qui révèle le lien entre Yithro et le don de la Torah. Ce texte explique qu’avant l’arrivée de Yithro et sa reconnaissance de D.ieu(2), la Torah ne pouvait pas être donnée(3). Elle le fut après qu’il ait déclaré : « Désormais, je sais que l’Eternel est plus grand que tous les dieux »(4). Il en résulta une immense élévation dans tous les mondes. C’est alors que le Saint béni soit-Il donna la Torah au peuple d’Israël.

Yithro est défini par le verset comme : « le prêtre de Midyan »(5) et l’on trouve, à ce propos, deux explications. Selon la première(6), il était un prince, un notable de Midyan, « siégeant pour l’honneur du monde ». Selon la seconde(7), il était « prêtre de l’idolâtrie ». Bien plus, il n’était pas un simple prêtre. Il « connaissait toutes les idolâtries du monde »(8). Ainsi, Yithro représentait toute la force et toute la puissance de l’idolâtrie, qui était dominante à l’époque.

Ce qui vient d’être dit nous permettra de comprendre pourquoi la Torah ne pouvait pas être donnée avant que Yithro reconnaisse le Saint béni soit-Il. En effet, quand un homme comme lui(9) admet la suprématie de D.ieu et s’associe au peuple d’Israël, il exprime de façon éclatante, par ce geste, la grandeur de D.ieu et Sa Vérité.

Or, lorsque l’obscurité est transformée en lumière, celle-ci devient alors particulièrement brillante. C’est ce que le verset appelle la « supériorité de la lumière sur l’obscurité », de la lumière qui émane de l’obscurité.

Comme on l’a indiqué ci-dessus, le rapprochement de Yithro fut une préparation indispensable du don de la Torah. Il faut en conclure qu’il exprime l’essence profonde de ce don(10). En effet, la Torah était présente dans ce monde, déjà au préalable. Les Patriarches l’étudièrent(11). Elle était également étudiée en Egypte(12).

L’apport du don de la Torah fut(13) la force, alors insufflée au peuple d’Israël, de sanctifier le monde matériel, de le transformer, de supprimer le voile qu’il impose à la Divinité et d’y révéler la Lumière de D.ieu.

La préparation de tout cela fut la démarche de Yithro. Cet homme, qui représentait l’obscurité et l’idolâtrie, non seulement rejeta tous les cultes idolâtres(14), mais, bien plus, il adhéra à la foi d’Israël. De cette façon, il ouvrit la voie pour la sanctification de la matière du monde, pour en faire la Résidence de D.ieu parmi les créatures inférieures(15).

C’est précisément pour cette raison que cette Paracha porte son nom. En effet, Yithro symbolise pleinement l’aspect essentiel du don de la Torah et sa finalité ultime.

Il découle de tout cela un enseignement pour chacun. Pour recevoir la Torah, il est nécessaire, au préalable, de passer par la phase de Yithro(16), de transformer en sainteté tout ce qui appartient à ce monde grossier.

Quand un Juif sanctifie sa vie physique, quand il fait de toutes ses actions, de tous les objets matériels avec lesquels il entre en contact des réceptacles pour la sainteté, il ouvre ainsi son cœur et son cerveau pour qu’ils reçoivent la Torah.

Il ne suffit pas que la sainteté se révèle à la synagogue ou à la maison d’étude, quand on met en pratique la Mitsva. Pour mériter la lumière de la Torah, il faut introduire la sainteté dans sa vie courante, dans son activité professionnelle, dans sa traversée de la rue, dans ce que l’on mange, dans ce que l’on boit.

La finalité du don de la Torah est la transformation en sainteté de la matière du monde(17).

(Discours du Rabbi, Likouteï  Si’hot, tome 11, page 47)

Notes :
 (1) Tome 2, aux pages 67b et 68a. On verra l’explication, à ce sujet, le discours ‘hassidique intitulé: « Et, Moché dit », de 5709, du Rabbi Rayats, à partir du chapitre 6.
(2) Après avoir rejeté toutes les formes d’idolâtrie.
(3) La conversion de Yithro était le préalable nécessaire au don de la Torah. On verra, à ce propos, le Midrash Devarim Rabba, chapitre 1, au paragraphe 5, qui dit que: « Yethro vint se convertir. Il dit: Désormais, je sais... ».
(4) Chemot 18, 11. Par cette déclaration, Yithro ajouta une Paracha supplémentaire à la Torah.
(5) Chemot 18, 1. C’est ce qu’il était avant d’adhérer à la foi juive.
(6) Celle du Me’hilta, au début de la Parchat Yithro, cité par le commentaire de Rachi sur les versets Béréchit 47, 24 et Chemot 2, 16.
(7) Celle du Midrash Chemot Rabbi, chapitre 1, au paragraphe 32 et du Me’hilta, au début de la Parchat Yithro.
(8) Comme l’indique le commentaire de Rachi sur le verset Yithro 10, 11.
(9) Notamment selon la première explication.
(10) Ce qui justifie le nom de cette Paracha.
(11) Nos Sages disent que: « Avraham, âgé, siégeait à la Yechiva. Its’hak, âgé, siégeait à la Yechiva. Yaakov, âgé, siégeait à la Yechiva ».
(12) Nos Sages disent que: « nos ancêtres ne cessèrent d’étudier à la Yechiva, en Egypte ».
(13) Non pas son étude.
(14) Dont il avait pourtant été le prêtre!
(15) Ce que le don de la Torah rendait possible.
(16) Dans son application au comportement de chacun.
(17) Et, c’est Yithro qui ouvrit la voie, dans ce domaine.

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