Un célèbre cardiologue se rendit un jour chez le Rabbi.

«Vous devez consacrer vos soins à traiter les gens en bonne santé, pas seulement les malades, lui dit le Rabbi.

- Dois-je améliorer ce que le Tout-Puissant a fait ? demanda le médecin.

- Oui, répondit le Rabbi. Un profane, et a fortiori un médecin, doivent être capables d’améliorer ce que le Tout-Puissant a fait. 

- Me demandez-vous de rendre l’homme parfait ? renchérit le médecin.

- Non, répondit le Rabbi. Rendre les hommes parfaits est le travail de Machia’h. Mais chaque personne doit améliorer quelque peu sa vie et celle de ceux qui l’entourent ».

Comme va l’illustrer ce qui suit, chacun d’entre nous a entre les mains la mission d’  «améliorer quelque peu» notre part de ce monde. Et bien souvent nos missions sont toutes entremêlées, si bien qu’en avançant, nous entraînons les autres avec nous.

Le nom de la Paracha de cette semaine, Lé’h Le’ha, rappelle le premier commandement qu’adressa D.ieu à Avraham. Lé’h signifie «va» et le’ha, «pour toi». D.ieu lui signifiait de partir, de quitter sa terre natale et la maison de son père, de sortir du cocon d’une existence protégée et de tracer son propre chemin dans le monde.

Nos Sages interprètent le second mot, le’ha, comme signifiant «pour toi-même». Rachi explique qu’un tel voyage était rempli de dangers et qu’il y avait un risque qu’Avraham perde tout ce qu’il possédait. C’est pourquoi D.ieu lui promit que ce voyage serait tout à son avantage. Sa fortune, sa famille et sa réputation s’en trouveraient accrues.

Rabbi Moché Alchi’h en offre une interprétation plus profonde. Lé’ha signifie «vers toi-même». En voyageant de par le monde, Avraham traçait le chemin de la découverte de lui-même. Le but de son voyage vers Erets Israël, sa descente en Egypte, son retour à la Terre et toutes ses errances avaient pour dessein de lui permettre de comprendre sa propre identité et d’exprimer ses qualités dans son environnement.

L’histoire d’Avraham n’est pas simplement une page d’un livre d’histoire. Bien au contraire, comme l’enseignent nos Sages, «les actes de nos pères sont un signe pour leurs enfants». Avraham était un homme unique, un homme qui enseigna à un monde, qui ne voulait pas l’écouter, la foi en D.ieu.

Mais nous sommes tous des hommes et des femmes uniques. Le Baal Chem Tov enseignait que D.ieu aime chaque Juif avec l’amour que des parents témoignent à un enfant unique, né dans leur âge avancé. Tout comme Il ordonna à Avraham d’entreprendre un voyage vers son for intérieur et l’y dirigea, D.ieu, avec une patience pleine d’amour, guide chacun d’entre nous dans son propre voyage de la vie. Par un réseau de buts imbriqués les uns dans les autres, Il nous dirige vers une destination commune : celle de nous révéler à nous-mêmes et de révéler aux autres les potentiels divins uniques qui nous ont été attribués.

Le Baal Chem Tov nous enseigne que tout ce qu’entend ou voit un homme doit lui servir d’enseignement dans sa relation avec D.ieu. Puisque tout ce qui arrive dans ce monde est contrôlé par la Providence Divine et que l’homme «n’a été créé que pour servir son Créateur», il en découle que chaque événement ou entité qu’il rencontre a pour but de l’aider à progresser dans sa relation avec D.ieu.

C’est dans ce but que D.ieu nous conduit, depuis le berceau, pas à pas et au travers d’expériences diverses, pour nous permettre de découvrir et d’exprimer notre potentiel divin inné.

Quand Avraham se mit en route, il prit avec lui «les âmes qu’il avait faites à ‘Haran» : les gens qu’il avait motivés à le rejoindre dans sa mission.

Cela également nous sert de leçon. Le voyage de l’homme à travers la vie n’a pas comme propos d’être une randonnée solitaire dans des rochers montagneux escarpés ou dans des déserts. Mais au contraire, D.ieu nous mène à travers un monde où nous rencontrons d’autres hommes avec lesquels nous échangeons, donnons et recevons. Car eux aussi font le même voyage, même s’ils n’empruntent pas la même route.

Quand un homme commence à apprécier ces concepts, il peut optimiser ses opportunités dans la vie et faire des expériences plus heureuses et plus fructueuses. Il n’est plus encombré par la peur ou les soucis car il prend conscience qu’à chaque moment, une main attentive le guide, le dirige vers des rencontres destinées à le faire grandir et agrandir sa contribution au monde.

Perspectives

En tant que descendants d ‘Avraham, nous sommes tous au beau milieu d’un voyage similaire. Nous voyageons vers Erets Israël, nous préparant nous-mêmes et le monde en général à l’ère où nous retournerons sur la Terre, conduits par Machia’h.

Nous nous rendons, tout comme notre Patriarche Avraham,  vers «la terre que Je te montrerai». Car la nature du cheminement de notre peuple à travers les générations est d’unir tous les élèves de l’histoire parce qu’elle est d’origine divine, une chronique qu’aucun homme ne pourrait concevoir ou prévoir par la logique.

Et en nous identifiant à ce processus, nous développons une appréciation unique de ce que nous sommes véritablement. «Je (c’est-à-dire, D.ieu) te révélerai (c’est-à-dire, le tréfonds spirituel que chacun possède en lui)».

En considérant ce voyage comme notre voyage personnel et en acceptant le rôle qui nous y est imparti, chacun d’entre nous peut s’élever au-delà de ses préoccupations personnelles et imprégner sa vie d’un sens universel, dans sa nature elle-même. En aspirant à parvenir à ce but, nous comprenons plus profondément ce que nous sommes réellement