Samedi, 15 juillet 2017

  • Pin’has
Editorial

 Il faut construire…

Temps de commémoration, temps où l’on se souvient que des événements dramatiques se produisirent… Entre le 17 Tamouz et 9 Av, les jours s’écoulent comme autant d’étapes d’une chute annoncée : de la première brèche dans la muraille de Jérusalem à la destruction du Temple. Certes, voilà qui n’incite guère à la gaîté. Comment, après le début de notre trop long exil, peut-il y avoir encore une place pour le bonheur ? Et pourtant, la tristesse n’est jamais une solution. Elle n’est généralement qu’abandon. Parce qu’elle conduit au désespoir, même si elle est réelle, légitime et compréhensible, les Sages l’ont toujours rejetée avec la plus grande fermeté. Ordre n’est-il pas donné : «Servez D.ieu dans la joie» ? Les commentaires n’indiquent-ils pas que D.ieu «ne réside que sur l’homme joyeux» ? Mais où sont donc les sources du bonheur retrouvé ? En cette période où l’histoire même parle de destruction, comment faire vivre l’espoir ?

Le judaïsme nous livre parfois de ces intuitions fulgurantes : «Celui qui étudie la structure du Temple, Je le considérerai comme s’il l’avait construit». Ainsi le Talmud fait-il s’exprimer D.ieu. C’est dire qu’en cette période de toutes les destructions, il est possible de vivre la reconstruction. En cette période de début d’exil, chacun a le pouvoir immense de la plus vraie des libérations, celle qui passe par l’étude et par la pensée, formes premières de l’action. Bien sûr, il est loisible de s’interroger : l’étude peut-elle vraiment être cet instrument libérateur ? Est-elle autre chose qu’une démarche intellectuelle, évidemment précieuse mais limitée par sa propre nature ? C’est précisément le sens de l’affirmation talmudique citée. L’étude d’un texte ne vaut pas que par la recherche de connaissance qu’elle incarne. Elle est littéralement créatrice. Lorsque l’homme s’y consacre, qu’il y investit ses facultés intellectuelles, sa pensée fait aussi œuvre de création. Dès lors, il n’est plus un simple spectateur de cette architecture prodigieuse qui fut celle du Temple, il en est le bâtisseur.

Il est difficile de décrire le sentiment de plénitude qui pénètre alors celui qui, élevé par l’étude, en ressent tout l’apport, pour lui et pour le monde qui l’entoure. Sans doute est-ce quelque chose qu’il faut vivre… Aujourd’hui, les textes sont accessibles à tous, y compris, souvent, en traduction française. Traités talmudiques Midot ou Tamid, prophétie d’Ezechiel etc., à lire comme on vit : avec joie.

Etincelles de Machiah

 Le prophète Elie

Le prophète Malachie annonce (3: 22) : “Je vous enverrai le prophète Elie avant que vienne le grand et terrible jour de D.ieu”. En d’autres termes, c’est Elie qui sera chargé de faire savoir que Machia’h arrive. Quel est donc le rapport particulier entre lui et cet événement ?

Il nous est rapporté que le prophète Elie raffina son corps à tel point que, lorsqu’il quitta ce monde, son corps s’éleva également dans le ciel dans une colonne de feu. Un tel état de spiritualisation parfaite est précisément caractéristique de la Délivrance car, en ce nouveau temps, l’aspect physique de l’homme aura atteint ce même degré de parachèvement. Aussi “toute chair verra que la bouche de D.ieu a parlé” (Isaïe 40 : 5). C’est cela qu’incarne, d’ores et déjà, le prophète Elie.

(d’après Likouteï Si’hot, vol. II, p. 160)

Vivre avec la Paracha

 Pin’has

Pin’has est récompensé pour avoir été zélé et reçoit de D.ieu « l’alliance de paix » et la prêtrise.

Après un recensement du peuple qui compte 601.730 hommes entre vingt et soixante ans, Moché reçoit les instructions concernant la division de la terre d’Israël entre les tribus.

Les filles de Tsélof’had obtiennent de D.ieu, après une pétition, le droit pour des femmes d’hériter quand il n’y a pas de frères.

Moché transmet à Yehochoua le pouvoir pour lui succéder et conduire le Peuple juif en Terre d’Israël.

La Paracha se termine avec la liste des offrandes à apporter lors de diverses occasions

Atteindre l’essence

La prêtrise peut-elle être une récompense ?

La Paracha de cette semaine commence ainsi : « Pin’has, fils d’Elazar… a calmé Ma colère contre les Enfants d’Israël en défendant avec zèle Ma cause auprès d’eux… C’est pourquoi… Je lui ai accordé une alliance de paix. Lui et ses descendants posséderont une alliance éternelle de prêtrise parce qu’il a agi avec zèle au nom de son D.ieu ».

Une question se soulève : l’acte de Pin’has, l’exécution de Zimri, comme il est décrit à la fin de la Paracha de la semaine dernière, demandait du courage et du sacrifice. Il est sûr qu’il méritait d’être loué et récompensé. Cependant, il est curieux que Pin’has reçut « une alliance éternelle de prêtrise » comme gratification. Car la prêtrise ne peut s’obtenir par des entreprises humaines. Elle ne dépend en aucun cas d’accomplissements spirituels.

Comme le commente Rachi, tout comme l’on ne peut changer le matin en soir, l’on ne peut altérer la définition de la prêtrise. Puisque Pin’has n’était pas, auparavant, un Cohen, comment sa conduite, aussi vertueuse qu‘elle ait pu être, lui fit mériter cette distinction ?

Un service sans limite appelle une réponse sans limite

Pour répondre à cette interrogation, il nous faut comprendre la qualité de Pin’has dont la Torah fait l’éloge : son zèle. Pourquoi l’utilisation de ce terme ? Tout d’abord, Pin’has risqua sa vie. Bien que Zimri fût épaulé par toute sa tribu, et qu’il leur aurait été aisé de tuer Pin’has, il ne prit pas en compte le danger qu’il courait. Ce qui le préoccupait était le danger spirituel qui menaçait le Peuple juif et pour éliminer cette menace, il était prêt à donner sa propre vie.

De plus, l’engagement de Pin’has impliquait une dimension encore plus profonde. Nos Sages relatent que lorsqu’un Juif cohabite avec une non Juive, « le zélé a (le droit) de le frapper ». Cependant, « bien que ce soit une loi, aucune décision n’en est issue ». Cela signifie que si quelqu’un venait interroger un tribunal juif pour savoir s’il doit commettre un tel acte, la cour ne devrait pas lui commander de le faire.

Ainsi, non seulement Pin’has risqua-t-il sa vie, mais il le fit, quand bien même il n’en avait pas l’obligation. S’il avait laissé les choses se passer, personne ne l’aurait critiqué. Mais il agit différemment : il prit lui-même l’initiative et souleva ainsi les critiques. Nos Sages statuent qu’il agit contre le désir des sages et que si D.ieu ne l’avait pas loué, comme nous l’avons lu plus haut, il aurait été mis au ban et jeté dans l’ostracisme.

Qu’est-ce qui le motiva donc ? Il voulait « calmer la colère que D.ieu éprouvait envers les Enfants d’Israël ». Il avait compris ce qui devait être fait pour atteindre ce but et il était prêt à prendre tous les risques pour ce faire.

C’est cela le zèle : le fait de mettre de côté son bien-être spirituel et son bien-être physique, et de se lancer dans un engagement sans limite pour accomplir la volonté de D.ieu. Quand une personne prend un engagement sincère d’une telle nature, l’étincelle Divine, que chacun d’entre nous possède, peut jaillir.

Et par le même biais, une telle approche suscite une réponse sans limite de D.ieu. Car lorsqu’un homme va au-delà de ses limites, dans son service de D.ieu, D.ieu lui accorde des récompenses qui ne se confinent pas dans les lois naturelles. C’est donc pour cette raison que Pin’has reçut le statut de Cohen.

Tempérer le zèle par l’amour

Nos Sages identifient Pin’has au prophète Eliahou.

Et de fait, le service du prophète Eliahou se caractérisait également par le zèle, comme il est écrit : « J’ai été très zélé par amour pour D.ieu, le seigneur des armées ». Pourtant, quand Eliahou fit cette déclaration, il opposait sa propre conduite à celle du Peuple juif en général, auquel il reprochait d’ « avoir abandonné l’alliance (de D.ieu).

D.ieu refusa d’accepter ces paroles de critiques. Il nomma Eliahou « ange de l’alliance » et le chargea d’assister à toutes les circoncisions du Peuple juif, à tout jamais, pour qu’il puisse témoigner de leur fidèle adhésion à l’alliance de D.ieu.

D.ieu enseigna à Eliahou que son zèle devait se tempérer d’Ahavat Israêl, d’amour pour chacun des membres de notre peuple, et qu’il devait s’efforcer de rechercher ses qualités. Ces caractéristiques devinrent tellement inhérentes à la mission personnelle d’Eliahou que lorsque le prophète Mala’hi évoque le retour d’Eliahou pour annoncer la venue du Machia’h, il déclare qu’Eliahou « fera retourner le cœur des pères à leurs enfants et le cœur des enfants à leur père ». De même Rambam, lorsqu’il décrit la mission d’Eliahou, statue qu’ «  il ne viendra que pour établir la paix ».

C’est ainsi que, dès le début, pour indiquer cette direction, D.ieu dit à Pin’has qu’en récompense de son zèle, Il lui donnait « une alliance de paix ».

Prendre l’initiative

Ces deux élans, le zèle et la paix, sont d’une actualité essentielle. Nombreux sont les membres de notre peuple qui vivent étrangers à leurs propres racines. Et pourtant, l’avenir de notre peuple dépend d’un engagement emprunt de zèle pour perpétuer notre héritage. Car c’est l’intime conviction, jaillissant de l’étincelle divine que nous possédons tous, qui pénètre l’autre. Les arguments intellectuels ne peuvent pénétrer le cœur. Un cœur s’ouvre à un cœur. C’est un engagement emprunt de zèle, tempéré par la chaleur et l’amour qui peut inciter les autres à découvrir l’étincelle divine qu’ils possèdent eux-mêmes.

On peut entrevoir encore une autre dimension au zèle de Pin’has. Il n’était pas le dirigeant du Peuple juif. Moché, Eléazar et les Anciens occupaient des postes hiérarchiques bien plus importants. Et cependant, quand le besoin s’en fit sentir, Pin’has n’attendit pas les ordres des dirigeants. Il prit lui-même l’initiative.

La même chose s’applique aujourd’hui, car chacun de nous a une contribution personnelle à apporter. Avec l’assurance qui naît de la vérité de notre conviction, nous devons prendre l’initiative de répandre le bien et la paix.

Ces efforts précipiteront la venue du temps où Eliahou, identifié comme Pin’has, reviendra. Alors « la voix du héraut annoncera de bonnes nouvelles », la venue du Machia’h et la Rédemption de notre peuple et de toute l’humanité.

Le Coin de la Halacha

 Qu’est-ce qu’un Siyoum ?

Un « Siyoum » est une fête qu’on organise lorsqu’on a achevé l’étude d’un traité talmudique. Le Rabbi avait demandé qu’on organise un Siyoum pendant chacun des « neuf jours » puisqu’une telle joie sainte est permise durant cette période. On peut participer à un Siyoum sur certains sites Internet ou en écoutant, depuis le lundi 24 juillet jusqu’au mardi 1er août 2017, à la radio juive une personne qui achève l’étude du traité Midot ou Moëd Katane par exemple. Restez à l’écoute !

Halakhot de Hil'hot Beth Habe'hira (du Rambam - Maïmonide)

- lois sur le Beth Hamikdach - à étudier pendant les "3 semaines"

  1. C’est un commandement positif de construire un édifice en l’honneur de D.ieu, destiné à ce qu’on y apporte les offrandes et que l’on y vienne pour les fêtes trois fois par an, ainsi qu’il est dit « ils Me feront un Sanctuaire ». Le Tabernacle construit par Moché Rabbénou prescrit par la Torah ne fut que provisoire, ainsi qu’il est dit « car vous n’êtes pas encore arrivés à ce jour etc..». (Chapitre 1, Halakha 1)
  2. Voici les éléments essentiels de l’édification du Temple. On y construit le Kodech (Emplacement Saint), le Kodech Hakodachim (Saint des Saints), et devant le Kodech un emplacement qui est appelé Oulam. L’ensemble des trois est appelé Heikhal. On construit une autre enceinte autour du Heikhal à distance, à la façon des tentures limitant la Cour qui se trouvaient dans le Sanctuaire du désert. Tout ce qui est entouré par cette enceinte, dans la même disposition que la Cour du Tabernacle, est appelé Azarah (Cour), et le tout est appelé Mikdach (Temple). (Chapitre 1, Halakha 5)
Le Recit de la Semaine

 Il reviendra !

La triste histoire de ‘Hanna avait commencé en 1946. Après la Seconde guerre mondiale, une toute petite fenêtre d’opportunités s’était ouverte : la Pologne et l’Union Soviétique avaient signé un traité permettant aux Polonais qui avaient fui devant l’avance allemande de revenir dans leur pays. De nombreux Juifs de Russie avaient saisi cette occasion pour se faire passer pour des Polonais et ainsi réussir à quitter le « paradis communiste » où toute étude ou pratique du judaïsme était interdite. On avait trafiqué les passeports de citoyens polonais décédés pendant la guerre afin d’en faire profiter des Juifs russes qui seraient enfin libres de pratiquer leur foi. Dans une atmosphère fébrile, certains ‘Hassidim s’étaient spécialisés dans cette œuvre de sauvetage et organisaient des convois autorisés à passer la frontière d’ordinaire hermétique entre l’Union Soviétique et le monde libre.

Berel et ‘Hanna Gurewitz s’étaient mariés quelques mois auparavant. Eux aussi souhaitaient plus que tout sortir enfin de cette immense prison russe. On leur procura de faux papiers : ‘Hanna reçut son passeport immédiatement tandis qu’on assura Berel qu’il recevrait le sien dans la ville d’où partaient les trains pour la Pologne.

Mais tout se compliqua. Ils arrivèrent à Lvov, près de la frontière. Les voyageurs souhaitant continuer jusqu’en Pologne devaient descendre du train pour présenter leur passeport. Berel se trouva dans une position dangereuse : sans laissez-passer, il pouvait être accusé de trahison envers la mère-patrie. Les deux époux étaient placés face à un terrible dilemme : si ‘Hanna sortait seule du pays, sans son mari, elle n’aurait pas la moindre idée du temps que durerait cette séparation et elle risquait même de se retrouver Agouna (femme dont le mari a disparu ; elle ne peut donc pas se remarier). Certains ‘Hassidim présents suggérèrent même d’organiser au plus vite un divorce afin d’éviter une probable tragédie : en effet, Berel risquait d’être arrêté et envoyé en Sibérie d’où il ne reviendrait peut-être pas ! Mais dans les conditions qui prévalaient dans le train, il fut impossible de procéder à un divorce religieux en bonne et due forme. Et, de toute manière, ni ‘Hanna ni Berel ne voulaient envisager une telle « solution ».

Lors du contrôle des passeports, Berel affirma qu’il était citoyen polonais mais qu’il avait perdu ses papiers. Il eut la chance qu’on ne parvint pas à prouver qu’il était de fait citoyen russe et il échappa donc à une sévère condamnation. Cependant, il serait jugé pour avoir perdu ses papiers.

Sa jeune femme eut du mal à accepter de se séparer de lui. Ce moment fut insupportable pour tous les deux et les compagnes de ‘Hanna durent la forcer à remonter dans le train tandis qu’elle sanglotait à fendre l’âme du soldat russe le plus insensible.

‘Hanna continua le trajet jusqu’en Pologne, fut transférée avec les autres passagers dans un camp de D.P. (« Personnes Déplacées ») à Pouking, en Allemagne puis arriva à Paris. Elle y habita dans la maison de sa sœur et son beau-frère. Elle trouva du travail dans la couture et les retouches dans un magasin de vêtements. Mais elle ne cessait de pleurer et de s’angoisser quant au sort de son mari. Sa seule consolation venait des quelques mots que lui prodiguait son voisin, le ‘Hassid Its’hak Goldin. Chaque matin, elle le rencontrait avant de se rendre à son travail et il lui répétait : « ‘Hanna, ne vous inquiétez pas ! Je suis sûr que votre mari reviendra ! ». Elle s’agrippait à ses mots comme un naufragé s’agrippe à un fétu de paille et s’arrangeait chaque matin pour le rencontrer et s’imprégner de son optimisme.

Mais les jours et les mois passaient et nul n’avait aucun signe de vie de Berel. A un moment donné, ‘Hanna, désespérée, envisagea même de retourner en Union Soviétique et d’y remuer ciel et terre pour le retrouver. Elle écrivit à ce sujet à Rabbi Yossef Its’hak Schneersohn, le précédent Rabbi de Loubavitch, qui s’était installé à New York. Mais elle reçut une réponse ferme et sans ambiguïté : « Il vaut mieux que ce soit lui qui revienne vers elle plutôt qu’elle vers lui ». Cette réponse l’encouragea et elle resta à Paris.

Et Berel ? Lors d’une parodie de procès comme le pouvoir soviétique en avait le secret, il fut condamné à deux ans d’emprisonnement. Les ‘Hassidim restés sur place tentèrent de le faire gracier. A un moment donné, ils avaient même réussi à obtenir qu’un détenu soit libéré et ils avaient pensé évidemment à Berel. Mais, dans un geste d’une grande noblesse d’âme, celui-ci demanda à ce que cette permission soit plutôt octroyée à une jeune femme, elle aussi d’origine ‘hassidique, Tsipa Kozliner. Effectivement, celle-ci fut libérée tandis que Berel fut envoyé au loin, comme esclave dans un camp de travail.

Un an et demi après la douloureuse séparation de ‘Hanna et Berel, un miracle se produisit. Le gouvernement polonais se plaignit à son puissant voisin russe : tous les ressortissants polonais n’étaient pas encore rentrés au pays ! Une seconde fenêtre apparut alors et, pendant huit semaines, la frontière entre les deux pays s’entrouvrit, laissant passer même les citoyens polonais qui avaient égaré leurs précieux passeports.

Un jour, le commandant du camp convoqua Berel et lui demanda son état-civil. Pris de panique, Berel avait oublié tous les détails de sa fausse identité et il préféra se taire. Il craignait qu’on veuille l’envoyer en Sibérie et supplia le commandant de le garder dans le camp (qui n’avait pourtant rien d’une colonie de vacances et où les privations, la faim et les coups étaient courants). Le commandant le gifla et lui ordonna de le suivre. Berel fut amené dans la ville de Brisk, à la frontière entre la Russie et la Pologne et, à sa grande surprise, on lui ordonna : « Traverse la frontière ! ».

Il prit ses jambes à son cou et se retrouva en Pologne. Là, il erra de ville en village en recherchant des ‘Hassidim de Loubavitch. Finalement, il rencontra un Juif pratiquant qui le renseigna : « Tu recherches des Loubavitch ? J’en connais un, à Paris ! Il s’appelle Its’hak Goldin et voici son adresse ! ». Berel n’avait que très peu d’argent sur lui, juste de quoi envoyer un télégramme à l’adresse qu’on lui avait indiquée avec ces quelques mots : « Berel Gurewitz est vivant. En Pologne ».

Comment décrire les cris de joie quand on reçut le télégramme à Paris ? Its’hak Goldin, celui qui avait promis à ‘Hanna que son mari reviendrait fut l’ange qui lui annonça la bonne nouvelle : « ‘Hanna ! Chaque jour, quand je vous promettais que vous reverriez votre mari, je ne croyais pas un seul des mots que je proférais ! Mais avais-je le choix ? Quand je vous voyais, une femme jeune, si triste et désespérée, les mots sortaient d’eux-mêmes de ma bouche ! ».

Berel et ‘Hanna mirent au monde onze enfants, tous ‘Hassidim de Loubavitch et impliqués dans l’action communautaire. De plus, ils fondèrent et dirigèrent pendant des dizaines d’années le séminaire Beth Rivka à Yerres, dans la banlieue parisienne, où des milliers de jeunes filles de tous horizons reçurent et reçoivent encore une éducation juive traditionnelle.

Rav Yossef Yits’hak Gurewitz – Sichat Hachavoua N° 1591
Traduit par Feiga Lubecki

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