Samedi, 5 août 2017

  • Vaet’hanan

 

 

Vivre avec la Paracha

 Vaét’hanane

Moché dit aux Enfants d’Israël que D.ieu ne lui a pas permis d’entrer en Terre Sainte et qu’il ne pourra contempler que du haut d’une montagne. Il poursuit la répétition de la Torah, évoquant les événements sans précédent qui se sont produits depuis la sortie d’Egypte. Il prédit que des générations futures se détourneront de D.ieu, pratiqueront l’idolâtrie, perdues parmi les nations, mais qu’elles reviendront à D.ieu et Ses commandements.

La Paracha inclut les Dix Commandements, le Chema Israël, les Mitsvot de l’amour du prochain, de l’étude de la Torah, des Tefilines et des Mezouzot.

La Paracha évoque les concepts les plus fondamentaux dans le Judaïsme, comme nous venons de le voir.

Quand devrions-nous nous absorber dans l’étude de la Torah ? Le verset mentionne quatre étapes ou moments différents :

« Quand tu es assis chez toi, quand tu es en chemin, quand tu te couches et quand tu te lèves ». Il s’agit ici d’une explication simple et conventionnelle des mots. C’est pourquoi le verset parle de la journée d’un individu au cours de laquelle il passe un certain temps chez lui. En général, cela se passe le soir ou depuis la soirée jusqu’au moment de se coucher.

L’on revient de sa journée de travail et l’on reste chez soi.

« Quand tu es en chemin » fait allusion à ce que font les gens durant le jour : aller travailler, travailler et rentrer à la maison.

« Quand tu es couché » a vraisemblablement lieu à la fin du jour et la nuit et « quand tu te lèves », c’est le matin.

Selon son sens simple, le texte nous indique donc que la Torah ne doit pas être reléguée à une petite partie de la journée mais elle doit pénétrer chacune de nos activités, depuis le moment où l’on se lève jusqu’à notre coucher.

Quand, aux XVIII et XIXèmes siècles, la Haskala, mouvement assimilationniste qui visait à moderniser le Judaïsme et les Juifs en prônant l’adoption d’une culture européenne laïque, sévit dans le monde juif, une certaine attitude domina : « Soyez des Juifs à la maison, si vous le désirez, mais des personnes respectables dans la rue. Si vous voulez pratiquer votre Judaïsme, faites-le chez vous. A la maison, en famille, vous pouvez mettre votre kippa, vos Tefilines, étudier la Torah, pratiquer les Mitsvot. Mais quand vous sortez dans le monde, quand vous allez travailler, soyez corrects. Vous n’avez pas besoin d’étaler publiquement votre Judaïsme. »

Cette attitude est diamétralement opposée aux paroles du Chema. Celui-ci affirme : « quand vous sortez, n’oubliez pas la Torah. Emportez-la Torah avec vous. Assurez-vous qu’elle est présente où que vous alliez, au travail, en voyage…

Rabbi Yossef Its’hak Schneersohn (précédent Rabbi de Loubavitch) propose une autre perspective, profonde, de ce verset. Il souligne qu’en ce qui concerne l’activité de l’étude de la Torah, il existe plusieurs niveaux, plusieurs étapes. A chaque étape de la vie de l’homme, intervient la Torah.

« Quand tu es assis chez toi » est le statut de l’âme En Haut, avant qu’elle ne descende sur terre, dans le monde matériel. Là dans le Gan Eden, elle est « assise » devant D.ieu et étudie constamment la Torah.

Le verset peut aussi être interprété comme le statut de l’enfant dans le ventre de sa mère. La Guemara nous dit que lorsqu’une femme est enceinte, l’enfant, dans son ventre, étudie toute la Torah. Plus encore, « une bougie brille au-dessus de sa tête et il peut voir d’un bout du monde à l’autre ». Le verset se réfère donc à une période de la vie de la personne précédant sa venue au monde, où elle est complètement et exclusivement occupée à l’étude de la Torah.

L’étape suivante « quand tu es en chemin », évoque le moment où l’âme descend par étapes, jusqu’à pénétrer dans un corps physique, dans ce monde matériel. Là, grâce à l’étude de la Torah, elle apprend comment progresser (marcher) dans le domaine spirituel et même dans ses entreprises matérielles, quand elles sont menées par amour pour D.ieu. Il ne s’agit pas de l’état naturel de l’âme dont l’habitat véritable est En Haut. Quand elle pénètre dans un nourisson, elle doit apprendre à gérer ce monde nouveau tout en restant fidèle à D.ieu. Telle est la mission de l’âme dans ce monde.

Quand elle quitte sa résidence céleste et pénètre dans la sphère terrestre, l’âme doit passer par un certain nombre de descentes. Il faut commencer à lui enseigner Kamats Alèph (l’alphabet hébraïque) ou Beréchit Bara Elokim (le premier verset de la Torah : « au commencement D.ieu créa… »). C’est un niveau bien inférieur à celui qu’elle possédait avant la naissance de l’enfant. La Torah doit donc s’adapter à une âme dans un corps. Mais la conséquence en est, quand elle étudie la Torah de ce monde et pratique des Mitsvot concrètes, qu’elle parvient à un niveau supérieur à celui d’avant sa descente.

« Quand tu es couché » est l’étape suivante. Il s’agit du jour où l’âme est rappelée à son royaume céleste, lorsque le corps n’a plus de vie. Même alors, il continue à « étudier » toute la Torah qu’il a étudiée au cours de sa vie, comme nous l’enseignent les Pirké Avot, « les Maximes de nos Pères ». Même lorsqu’une personne est dans sa tombe, attendant la Résurrection des Morts, toute la Torah qu’elle a apprise dans sa vie la garde et veille sur elle.

Quand une personne meurt, aucune des possessions matérielles qu’elle a acquises ne l’accompagne. Sa maison, sa voiture, elle les laisse derrière elle. Mais sa Torah et ses bonnes actions l’accompagnent.

On raconte que lorsque les Allemands arrivèrent à Lyzansk, en Pologne, leur parvint une rumeur selon laquelle les Juifs avaient l’habitude d’enterrer avec eux de l’or et de l’argent. Ils allèrent à la tombe de Rabbi Elimélè’h et l’ouvrirent. Ils virent alors un petit homme, avec une barbe brune, qui semblait dormir. Pris de terreur, ils lâchèrent leur pelle et s’enfuirent. Cette nuit-là, les Juifs de la ville se rendirent au cimetière pour refermer la tombe profanée. Ils virent alors le corps complètement intact de Rabbi Elimélè’h. Un homme qui, tout au long de sa vie, avait fait totalement un avec la Torah, restait totalement un, après sa mort.

Ailleurs, la Guemara indique que lorsque quelqu’un étudie les enseignements d’un Tsaddik, les lèvres du corps, dans la tombe, murmurent les paroles de Torah avec celui qui les étudie.

Outre le fait que le corps est gardé et protégé par la Torah étudiée, l’âme qui est au Ciel, l’étudie aussi.

Enfin, « et quand tu te lèves » fait allusion à l’ère de la résurrection des morts. Il s’agit là encore d’une des pierres angulaires de notre foi. Chaque Juif, quel que soit le temps qu’il est resté dans sa tombe, sera réveillé avec la résurrection des morts. Et la Torah sera alors d’un niveau tout à fait différent. Aucune limite ne la rendra difficile à appréhender. Nous serons complètement libérés de toutes les préoccupations qui envahissent notre esprit, notre temps et nous perturbent. Avec la venue de Machia’h, tous ces obstacles s’écrouleront. Comme le statue le Midrach, « une nouvelle Torah jaillira de Moi », ce qui signifie que tous les secrets de la Torah, cachés durant l’exil, nous seront révélés. En d’autres termes, non seulement nous serons différents mais la Torah elle-même le sera également, plus profonde, plus claire et plus élevée. Que cela se produise de nos jours !

 

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