Comprendre une croissance
Lundi dernier s’est terminé à New York le congrès international des Chlou’him. Comme chaque année, les envoyés du Rabbi sont venus très nombreux de partout dans le monde pour se retrouver, échanger leurs expériences, ouvrir de nouvelles pistes etc. En d’autres termes, ils ont encore approfondi le sens de leur action pour en intensifier la portée. Et chacun a déjà ressenti la présence potentielle des résultats à venir.
Il existe de nombreux indicateurs pour mesurer une action, plus ou moins complexes, quantitatifs ou qualitatifs, depuis le nombre de communautés ou d’individus touchés jusqu’à l’ampleur des changements induits. Il en est cependant un, simple au point d’en être élémentaire : le nombre de Chlou’him en poste dans le monde. C’est un rituel bien ancré à la fin du congrès, lors du banquet de clôture : les responsables procèdent à l’appel général des Chlou’him par pays. Et il est impressionnant de constater que, d’année en année, le nombre de ces hommes jeunes qui ont choisi de se consacrer à cette œuvre ne cesse de grandir, à telle enseigne qu’il ne se trouve plus de salle pour réunir un si grand nombre de personnes dans le même lieu et que c’est un grand hangar, superbement aménagé, qui les accueille. Plus encore, les candidatures ne cessent d’affluer, génération après génération, en dépit des difficultés évidentes qu’un tel choix impose à celui qui le fait.
Parfois, on se demande ce qui motive les Chlou’him. En d’autres termes, comment en vient-on à quitter ses habitudes et les centres juifs pour vivre, avec sa femme et ses enfants, bien loin du confort que l’on connaissait jusque-là ? Cela tient peut-être en quelques mots : le souci de l’autre. Il s’agit de cette conviction profonde qu’on ne peut jouir en paix de ce que l’on a quand on sait que l’autre en est démuni. En notre temps d’individualisme, c’est une tournure d’esprit qu’il faut souligner. Elle plonge ses racines dans l’enseignement et l’exemple du Rabbi. Pour cette raison, les actions continueront de grandir jusqu’à amener leur couronnement : la venue du Machia’h.
Une contradiction absolue !
Quand un Juif se trouve en exil, même quand il accomplit le service de D.ieu qui lui incombe de « faire pour D.ieu une demeure ici-bas », il ne peut pas être satisfait car il est en exil !
« Juif » et « exil » sont deux notions radicalement contradictoires ! Il s’ensuit que, quand un Juif est en exil, il est dans un état où « il languit après la maison de son père ».
(D’après un commentaire du Rabbi de Loubavitch –
Chabbat Parchat Vayétsé 5746)
Toledot
Au bout de vingt ans, les prières d’Its’hak et de Rivkah pour avoir un enfant sont exaucées. Devant les difficultés de Rivkah, D.ieu lui annonce : « Deux nations sont en ton giron » et la plus jeune prévaudra.
Essav naît le premier, suivi de Yaacov qui le tient par le talon.
Essav devient un « chasseur rusé, un homme des champs » alors que Yaacov est celui qui réside « dans les tentes de l’étude ».
Its'hak préfère Essav et Rivkah est plus proche de Yaacov.
Essav, épuisé et affamé après une partie de chasse, vend son droit d’aînesse à Yaacov en échange d’un plat de lentilles rouges.
A Grar, terre des Philistins, Its’hak présente Rivkah comme sa sœur de peur d’être tué par quelqu’un qui convoiterait sa beauté. Il cultive la terre et creuse une série de puits. Les deux premiers suscitent des affrontements avec les Philistins mais l’on finit par jouir tranquillement des eaux du troisième.
Essav épouse deux femmes ‘Hitites.
Its’hak vieillit et devient aveugle. Il désire alors bénir Essav, avant de mourir. Profitant de l’absence d’Essav, parti chasser, Rivkah revêt Yaacov des habits de son frère, prépare le plat qu’Essav destinait à Its’hak et envoie Yaacov le lui offrir. Yaacov reçoit alors les bénédictions de son père pour « la rosée du Ciel et le gras de la terre » ainsi que celle de la domination sur son frère. A son retour, Essav découvre la supercherie et Its’hak le bénit alors pour pouvoir survivre par son glaive et prendre la suprématie lorsque son jeune frère faiblira.
Yaacov s’enfuit de ‘Haran pour échapper à la colère d’Essav et trouver une épouse dans la famille du frère de sa mère, Lavan.
Essav épouse une troisième femme, Ma’halat, la fille d’Ichmaël.
Un héritage de rire
« Avraham nomma son fils… que lui avait porté Sarah, Yits’hak (« rire »). » Et Sarah dit : « D.ieu a fait du rire pour moi ; tous ceux qui entendront riront » (Beréchit 21 :3-6)
« Alors nos bouches seront remplies de rires et nos langues chanteront. » (Psaumes 126 :2)
La ‘Hassidout enseigne que le nom de chaque Paracha contient une leçon qui la concerne toute entière, dont la signification s’applique à chaque génération et sert d’enseignement pour notre vie.
Le nom Toledot qui signifie « chroniques » ou « descendances » est tiré des mots d’ouverture de la Paracha. « Et voici les Toledot (descendances) d’Its’hak ».
Cependant, plus tôt dans le livre de Béréchit, une autre section commence par : « Et voici les Toledot (descendances) de Noa’h » et pourtant son nom n’est pas Toledot.
Si le choix du nom devait dépendre de l’ordre d’apparition dans la Torah, c’est elle qui aurait dû s’appeler Toledot et notre Paracha : Its’hak.
Force nous est donc de conclure que quelque chose dans les descendances d’Its’hak les rend plus appropriées pour donner leur nom à la Paracha Toledot.
Le début et la fin
Toledot n’est pas un simple mot. C’est un mot qui embrasse l’univers, se déroule sur le cours entier de l’histoire et décrit notre but dans la vie.
Après avoir relaté la création du monde par D.ieu, en six jours et la désignation du septième comme « jour de repos », la Torah entame l’histoire de l’humanité par les mots : « Voici les Toledot du ciel et de la terre lors de leur création… » (Beréchit 2 : 24)
Dix-huit livres bibliques et trois mille ans plus tard, la Torah ferme le Livre de Ruth par les versets suivants :
« Et voici les Toledot de Perets : Perets engendra Hezron, Hezron engendra Ram, Ram engendra Aminadav, Aminadav engendra Na’hchon, Na’hchon engendra Salmah, Salmah engendra Boaz, Boaz engendra Oved, Oved engendra Jesse, et Jesse engendra David. »
Le Midrach commente :
Le mot Toledot apparaît partout dans la Torah avec une orthographe déficiente (c’est-à-dire qu’il manque la lettre Vav) sauf à deux occasions : « Voici les Toledot de Perets » et « voici les Toledot du ciel et de la terre lors de leur création ». Pourquoi la lettre Vav manque-t-elle ?...
(En hébreu, l’équivalence numérique de la lettre Vav est 6).
A cause des six choses qui furent prises à Adam : sa radiance, sa vie, sa stature, le fruit de la terre, le fruit des arbres et les luminaires… Car bien que le monde fût créé parfait, cela fut ruiné par le péché d’Adam et ne sera restitué que par la venue du (Machia’h) descendant de Perets. (Midrach Rabbah, Beréchit 12 : 5).
« Les Toledot des Justes sont leurs bonnes actions ». A l’échelle cosmique, l’histoire humaine constitue le voyage de Toledot à Toledot, du monde parfait qu’avait créé D.ieu, à la restauration de cette perfection à l’Ère Messianique.
Noa’h et Its’hak
Les accomplissements des hommes surviennent sous deux formes : « les Toledot de Noa’h » et « les Toledot d’Its’hak ».
Le nom Noa’h signifie « tranquillité ». Its’hak a pour sens « rire ».
Bon nombre d’entre nous rêvons de tranquillité et consacrons notre vie à la tentative de créer un monde tranquille dans le chaos et le combat qui définissent son existence présente. Et c’est un fait que « la Torah a été donnée pour établir la paix dans le monde » (Rambam : Michné Torah, Lois de ‘Hanouka 4 : 14), pour réunir ses forces et ses aspirations divergentes et les unifier en un miroir harmonieux de l’harmonie parfaite de son Créateur.
Mais l’on pourrait rétorquer que la plus tranquille des existences n’est pas une existence : si le but de la création était la tranquillité, il aurait été pareillement (voire mieux) atteint en ne créant a priori pas de monde du tout. Dès lors, rien d’étonnant à ce que bien peu d’entre nous ne tirons de la tranquillité une satisfaction durable. Nous demandons plus de la vie que l’absence de désaccord. Nous voulons de la joie, nous voulons du rire dans notre vie.
Et c’est là que réside le but ultime de la création : faire du monde une source de joie pour D.ieu et pour l’homme.
Ainsi s’il est une section dans la Torah appelée Toledot c’est plutôt celle d’Its’hak que celle de Noa’h. S’il existe une chronique qui trace l’histoire et une descendance qui résume le fruit de notre labeur, c’est une chronique de joie et une descendance de rire.
Quelles sont les responsabilités des parents dans l’éducation ?
Les parents doivent être constamment conscients que leur conduite – dans tous les domaines – influence leurs enfants, dès leur plus jeune âge, bien davantage que ce qu’ils s’imaginent. Une grande partie de l’éducation passe par ce que l’enfant voit ou entend autour de lui.
Le parent doit réaliser qu’il donne l’exemple, que l’enfant imite son comportement. S’il voit le parent soucieux de ne pas perdre de temps, étudier la Torah à tout instant libre, scrupuleux pour prier en communauté, se conduire avec respect vis-à-vis des autres membres de la famille ou de son entourage – cela aura un retentissement positif sur son développement.
Certains ont tendance à se glorifier de leurs illustres ascendants : ils devraient aussi s’assurer que leurs enfants seront fiers d’eux. Ce mérite
- ne peut pas s’acheter par l’argent
- seuls les parents peuvent l’offrir à leurs enfants
- aucun enfant ne peut l’acquérir par lui-même…
Les parents doivent offrir à leurs enfants une ambiance agréable à la maison, conforme aux standards de l’école, une ambiance chaleureuse, propre, pure de toute influence extérieure négative.
Les parents respecteront les professeurs de leurs enfants – même s’ils ont des questions ou des remarques justifiées à formuler.
A suivre
(d’après Rav ‘Haïm Morde’haï Eizik Hodakov)
Creusez, creusez…
C’est ma ‘Havrouta, mon compagnon d’étude du mercredi. Il ne peut pas venir chez moi, alors je viens chez lui. C’était un Israélien, traditionnaliste. Il avait même étudié en Yechiva et était passé devant le Rabbi qui lui avait donné un dollar à remettre à la Tsedaka (charité). C’est un golden-boy, il a joué à la Bourse. Depuis vingt ans, il habite en Russie et s’occupe de pétrole. Il avait occupé une position élevée dans la compagnie nationale Gazprom puis avait monté sa propre affaire, florissante. Mais maintenant – soyez-en épargné – il purge une troisième année (sur six) en prison à Tioumen : on l’a dénoncé et, de plus, on lui a confisqué tous ses biens.
Dernièrement, il m’a donné une conférence enflammée, rien que pour moi, à propos de la recherche pétrolifère. C’est très intéressant, si, si, je vous assure ! Et j’en ai retiré de grandes leçons de vie, de vie ‘hassidique. Si, si…
La première étape pour toute recherche de ce genre, m’a-t-il doctement expliqué, c’est d’obtenir l’avis d’un géologue compétent qui sera capable de vous indiquer où creuser. Sinon, on peut creuser durant de longs mois et dépenser un argent fou pour rien : toutes ses instructions doivent être suivies à la lettre.
Ensuite il faut creuser. Selon lui, partout dans la terre, il y a du pétrole, le tout est de savoir à quelle profondeur et il est donc préférable de choisir là où le gisement est le plus proche de la surface. Dans le temps, on ne pouvait creuser que deux kilomètres mais maintenant, on dispose d’engins plus sophistiqués qui peuvent creuser jusqu’à cinq kilomètres ! Bien évidemment, ceci élargit considérablement la possibilité de trouver du pétrole.
Cette étape dure plusieurs mois et il est impossible de prévoir combien de temps cela prendra pour arriver au gisement de pétrole tant convoité. Cela peut prendre des mois et c’est parfois désespérant. Il est donc nécessaire d’avoir une confiance absolue dans le géologue qui est responsable de tous les efforts et de tout l’argent investi dans cette entreprise. Quand vous êtes sûr de votre « pro », vous êtes tranquille ; même les longs mois qui semblent ne servir à rien augmentent au contraire votre excitation, chaque mètre creusé rapproche du but, du véritable trésor.
Son discours enflammé m’a fait réfléchir…
« Vous serez pour moi une terre précieuse, parole de D.ieu ! », proclame le verset de la Torah. De même que les plus grands spécialistes ne seront jamais capables – par leur seule intelligence – de découvrir tous les trésors que D.ieu a disséminés sous la terre, de même personne ne sera capable de déceler tous les trésors enfouis dans l’âme juive.
C’est ainsi, avec cet exemple merveilleux, que le Baal Chem Tov, considérait le peuple juif : si seulement nous cherchions sérieusement, si nous investissions toutes nos forces, nous pourrions découvrir des trésors infinis dans chaque membre de ce peuple !
Quand, il y a quelques années, nous nous sommes installés, mon épouse, mes enfants et moi-même à Tioumen, en Sibérie, nous ignorions ce que nous allions y découvrir et surtout quand. Nous avons investi toute notre énergie, toutes nos forces dans cette entreprise : sans la bénédiction du Rabbi, nous aurions pu douter de la réussite mais, D.ieu merci, nous avions une réponse claire et une confiance absolue que l’endroit où le Rabbi nous envoyait, l’endroit que le « spécialiste » nous indiquait était celui où nous avions toutes les chances de dévoiler des trésors inattendus. L’élément qui nous incita à continuer durant des semaines et même des mois – alors que nous ne constations apparemment aucun progrès visible – c’était la confiance absolue qu’avec chaque jour qui passait, nous creusions encore une couche et encore une couche de terre épaisse qui, finalement, livrerait ses trésors spirituels.
Oui, D.ieu merci, nous avons creusé et nous avons vu des réussites ! Durant ces quelques années, nous avons trouvé des trésors plus précieux que l’or, des âmes pures qui se sont épanouies de toutes leurs forces vives. Si, la première fois que nous avons « creusé », quand nous sommes arrivés, nous ne connaissions personne, aujourd’hui notre cercle d’amis s’élargit de jour en jour et de plus en plus de Juifs se joignent par centaines à nos divers programmes d’étude, de prières et de bonnes actions.
C’est cet exemple et son explication que j’ai racontés lors de la fête d’anniversaire d’un Juif de Moscou, Rav Barou’h BenTsion Gurevitch qui nous a énormément aidés au début de notre Chli’hout, quand nous sommes arrivés à Tioumen. Et, à la fin de mon discours, je lui ai offert deux souvenirs de notre ville. Le premier, en allusion à l’exemple donné par le Baal Chem Tov, était un avant-goût de ce qu’on trouve à profusion dans notre région : une fiole enchâssée dans un bloc de marbre et qui contient un liquide plus précieux que l’argent : de l’or noir ! Du pétrole !
Mais ceci n’était qu’un « exemple » des véritables trésors que l’on trouve dans notre région. J’en avais amené un autre, plus réel et indépendant des cours de la Bourse : une âme pure qui s’est révélée après plus d’un an de recherches passionnées, un jeune homme qui, il y a à peine un an, ignorait qu’il était juif, ignorait ce que cela pouvait signifier et qui, maintenant, D.ieu merci, respecte le Chabbat, mange cachère, met les Téfilines tous les jours de semaine et avance pas à pas dans l’étude de la Torah.
C’est cela le véritable trésor qu’on peut trouver chez nous et que les Chlou’him du monde entier dévoilent jour après jour, là où ils se sont installés, avec la bénédiction du spécialiste qui les a envoyés, le Rabbi.
De l’or noir ? Non, de l’or pur !
Rav Yerachmiel Gorelik – Chatz Lelo Minyane
Traduit par Feiga Lubecki