Semaine 39

  • Ki Tavo
Editorial
Vivre plus fort

Ce mois est d’une surprenante richesse. Digne introduction à la période des fêtes, dont la grandeur n’a guère besoin d’explication, il déploie ses merveilles en chaque instant qu’il donne à vivre. Et c’est justement de vie qu’il s’agit. De fait, les préoccupations du monde, son tumulte avaient pu étouffer la musique de l’essentiel, voici qu’Elloul lui rend sa pleine place et cette musique est décidément bien majestueuse. Sa nature la fait souveraine, cependant son pouvoir n’est absolu que si l’homme le désire ou, mieux encore, s’il lui donne la force nécessaire. Tout se passe comme si une vitalité nouvelle était indispensable pour parvenir à une vie plus grande. C’est ainsi qu’apparaît le véritable enjeu du temps qui passe. Malgré tout ce dont il est porteur, il faut que l’homme intervienne et déchire le voile. Il faut qu’il agisse pour que la lumière s’élève.

Alors se présente le 18 Elloul. Ce nom seul est en soi un programme. En hébreu, cela se dit «‘Haï Elloul» ou «Elloul vivant». La date, qui arrive cette semaine, est loin d’être anodine. Elle est celle, à la fois, de la naissance du Baal Chem Tov, fondateur du ‘hassidisme, et de l’Admour Hazakène, fondateur du ‘hassidisme ‘Habad. Il n’est donc pas étonnant qu’elle brille de façon particulière et qu’elle éclaire tout ce qu’elle touche. «‘Haï Elloul» donne ainsi de la vie au mois ; cette date l’anime, faisant ses couleurs plus fortes et ses pulsations plus sensibles. Ce n’est certes pas un hasard si, entre le 18 Elloul et Roch Hachana, il reste juste douze jours, autant que de mois de l’année. C’est que chaque jour qui passe à présent nous donne la force et le pouvoir de rectifier, à son tour, chacun des mois de l’année écoulée. Car le retour à D.ieu est à ce prix : réparer le passé pour engager l’avenir.

Plus proche de Ses créatures que jamais, D.ieu entend leurs demandes. Il sait leurs efforts et leur donne la capacité de mener à bien l’œuvre spirituelle entreprise. Alors que Roch Hachana est maintenant à l’horizon de nos jours, cette pensée nous est une aide précieuse. Elle s’exprime avec éclat dans le 18 Elloul. Tandis que la préparation à la fête connaît une intensité nouvelle, il faut savoir ne pas l’oublier. Tout peut être réalisé. Tous les buts rêvés, tous les lendemains espérés sont à la portée de chacun, d’un mot, d’un geste, d’une pensée, peut-être simplement d’une vie à retrouver. «‘Haï Elloul», c’est elle qui flamboie, embrase cœur et âme pour la plus belle des années.
Etincelles de Machiah
Quand la pierre parlera

Quand Machia’h viendra, la pierre commencera à parler. Elle racontera des histoires. La terre réclamera : «Pourquoi m’ont-ils piétinée alors qu’ils n’étaient pas occupés à penser ou à dire des mots de Torah ?»
(D’après les Iguerot Kodech du précédent Rabbi de Loubavitch vol. IV, p. 151)
Vivre avec la Paracha
La renaissance de l’anniversaire

Le 18 Elloul marque l’anniversaire de deux grands luminaires de l’histoire du ‘hassidisme. Tous deux, le fondateur du mouvement ‘hassidique, Rabbi Israël Baal Chem Tov (1698-1760) et le fondateur de la branche ‘hassidique ‘Habad, Rabbi Chéour Zalman de Lyadi (1745-1812), naquirent en ce jour.
Il est intéressant de noter que ce n’est que dans les générations récentes, et par le biais de l’influence du ‘hassidisme ‘Habad qu’on a commencé à marquer le jour de l’anniversaire comme une occasion spirituelle significative dans la vie juive. Bien que la Torah accorde une signification particulière à la date de naissance, les Juifs ne lui ont pas, dans les derniers siècles, accordé une grande importance. Les dates de décès des grands Sages et Leaders du Peuple Juif sont soulignées dans le calendrier juif mais leurs dates anniversaires restent le plus souvent inconnues. Les Rabbis de ‘Habad, cependant, ont redonné son importance à l’anniversaire, en commençant par établir la date du 18 Elloul comme une fête ‘hassidique. Ils ont mis l’accent sur le fait que le jour anniversaire d’un Sage est un jour particulièrement adéquat pour suivre son exemple et poursuivre l’œuvre de sa vie. Ils ont également enseigné que notre propre jour d’anniversaire est un jour où nous avons une force accrue et où se présente une occasion unique pour que nous mettions en place de nouveaux projets et nous attelions à de nouveaux accomplissements. Le 18 Elloul peut donc être considéré comme l’anniversaire de l’anniversaire juif.
Mais pourquoi la date de naissance devrait-elle être considérée comme plus significative que n’importe quelle autre date ? En réalité, la société en tant qu’entité célèbre les anniversaires. Mais y a-t-il une véritable base pour de telles célébrations ? La date du décès, et tout particulièrement celle de quelqu’un qui a mené une vie pleine et productive, peut être considérée comme le moment suprême de son impact sur le monde. En ce jour, les effets accumulés de tout ce qu’il a produit atteignent le point culminant de sa vie.
Mais que se passe-t-il le jour de la naissance ? Bien avant que le fœtus ne quitte le giron maternel, il est un organe vivant, avec un cerveau qui fonctionne, un cœur, des membres renfermant déjà le potentiel de tous les développements et accomplissements qui vont suivre. Et si la réalisation du potentiel est ce qui nous intéresse, alors le moment de la naissance est loin d’être une marque de maturité et de perfection. En fait, l’enfant d’un jour est, par bien des aspects, bien plus vulnérable que lorsqu’il était protégé dans l’environnement du giron maternel. Il faudra attendre un bon nombre d’années pour que cet enfant soit en position d’actualiser son potentiel à quelque niveau significatif que ce soit.
Ainsi, encore une fois, pourquoi la naissance devrait-elle considérée comme un événement que l’on doit commémorer ou célébrer ?

Vivant ou une vie

Pour comprendre la signification du jour de l’anniversaire, il nous faut explorer la manière dont la Hala’ha (la loi de la Torah) considère l’événement de la naissance. Au premier abord, la Hala’ha est un code de lois et de comportements qui traite d’abord des aspects pratiques de la vie. Mais un regard plus profond révèle une philosophie et une perspective qui donnent les réponses idéologiques et spirituelles aux questions qui se posent à l’âme humaine.
Selon la loi de la Torah, un enfant qui n’est pas encore né est considéré comme «un membre de sa mère». C’est pourquoi si le fœtus venait à mettre en danger la vie de sa mère, la grossesse devrait être interrompue puisque «tant qu’il n’a pas immergé dans le monde (en dehors du giron maternel), il n’est pas considéré comme une âme».
En d’autres termes, un fœtus ne constitue pas une vie indépendante mais une extension, bien que vivante, de l’être de sa mère, animée par l’âme de sa mère. Contrairement à un corps avec son âme propre qui assume la qualité de vie comme un état intrinsèque, le fœtus ne fait que réagir à la force extérieure de vitalité, un peu comme une machine réagit au flot d’énergie qui lui est insufflé. Une machine peut être fabriquée pour montrer des caractéristiques de la vie: la chaleur, le mouvement, la croissance; elle peut même être programmée pour accomplir des fonctions d’intelligence et d’émotion. Mais la machine n’est pas chaude, elle est chauffée; elle ne bouge pas, on la fait bouger. Son corps reste intrinsèquement inanimé, il résiste au mouvement (et à d’autres stimulations analogues) qui lui est imposé. De la même façon, le fœtus, n’ayant pas encore cimenté sa fusion avec sa propre âme, réagit à l’énergie vitale générée par l’âme de sa mère, mais n’est pas, de façon autonome, pleinement vivant.
Le moment de la naissance marque le point où un corps animé mais par essence sans vie autonome, devient un être vivant. Un «membre» de la mère devient un être à part entière, une «âme».

Le fœtus spirituel
La vie humaine, si elle doit être distinguée de la vie animale, comprend une dimension spirituelle, un ensemble de valeurs morales et d’aspirations transcendantes. C’est pourquoi le Talmud enseigne : «Les méchants, même durant leur vie, sont considérés comme morts». Une âme n’est pleinement en vie que si elle est reliée à sa source, attachée à son dessein et fidèle à sa mission dans la vie.
Mais la vie, comme on l’a dit, peut être soit un état intrinsèque soit un phénomène simplement surimposé. Il en va de même pour la vie spirituelle : un individu peut mener une existence morale et sainte et cependant rester un fœtus spirituel, un être dont la vie spirituelle ne fait pas partie intégrante de lui-même mais lui est imposée par une source extérieure.
Une vie spirituelle, dans son sens ultime, est la vie de celui dont la spiritualité émerge de son identité même et de sa propre définition, d’une appréciation que dans son lien avec D.ieu résident l’essence et le but de son existence. Une personne peut toutefois mener une existence juste et une vie spirituelle, mais seulement par habitude, par pression, par peur de la punition divine ou par expectation de la récompense, par sens du devoir, pour sa «contribution» en bon citoyen du monde de D.ieu. Le facteur commun de tous ces scénarios est que la personne et son entité spirituelle sont deux entités distinctes : l’être de la personne n’est pas défini par ses aspirations spirituelles mais par ses besoins et ses désirs matériels, en dehors desquels il «possède» également une vie spirituelle, imposée sur l’être physique par les réalités et les forces qui sont hors de sa portée.
Un tel individu n’a pas d’anniversaire car il ne possède la vie qu’au niveau fœtal. Il est vivant spirituellement, il sert le but pour lequel il a été créé, mais sa vie spirituelle lui est «fournie» par une source extérieure. Il n’a pas assez grandi pour atteindre l’état de vie intrinsèque accomplie en dehors du giron maternel.

Un avant-goût du futur
C’est pourquoi nos Sages comparent l’état du Galout (exil) présent à celui de la grossesse et la venue de Machia’h au moment de notre «naissance» et émergence dans une vie pleine.
Car le Galout est plus que l’exil d’un peuple de sa terre. C’est un état de déplacement spirituel, une obstruction de la vérité, un déplacement des priorités, une aliénation de son essence et de sa source. Dans le Galout, nous ne pouvons pas voir D.ieu et sommes donc étrangers à notre véritable être.
Dans le Galout, nous ne pouvons expérimenter la véritable vie, la véritable identification à notre moi le plus profond et notre but essentiel. Nous ne pouvons, au meilleur des cas, qu’atteindre un lien fœtal à la source de vitalité, en nous soumettant à une vie plus grande que nous-mêmes, une vie où nous aspirons à actualiser notre comportement quotidien mais ne pouvons espérer intérioriser et intégrer notre propre existence.
C’est la raison pour laquelle la célébration des anniversaires ne fut pas une priorité de la vie juive pendant bien des générations. Au cours des siècles de notre exil, la signification spirituelle de l’anniversaire, le passage d’une vie imposée extérieurement d’une âme pas encore née à l’état post natal d’une vie pleinement endossée, pleinement assumée n’était l’apanage que d’un nombre sélectionné de géants spirituels.

Et puis le 18 Elloul l’anniversaire renaquit
Les enseignements du ‘hassidisme révélés dans les dernières heures de l’exil comme un avant goût de l’ère de Machia’h pénétrèrent le voile du Galout et nous réunirent à notre propre essence. Ils vinrent transformer notre vie spirituelle la faisant passer d’une «religion» (c’est-à-dire une soumission et une réaction à quelque chose de plus grand et d’au-delà du moi) à quelque chose qui est appréhendé, expérimenté et intériorisé comme l’essence même de ce que nous sommes.
Notre véritable et ultime naissance attend la venue de Machia’h quand «la terre sera remplie de la connaissance de D.ieu comme les eaux couvrent la mer» et quand «l’étincelle de Divinité» qui est au cœur de l’âme humaine s’affirmera comme le siège de notre identité et l’essence de notre vie. Mais les premiers mouvements de la naissance ont déjà commencé, enclenchés par deux grands Maîtres, nés le 18 Elloul, dont les enseignements nous donnent un aperçu de la vie en dehors du giron maternel.
Le Coin de la Halacha
En quoi consiste l’interdiction de la médisance ?

Il est écrit (Lévitique 19.16) : «Tu n’iras pas en colportant la médisance dans ton peuple». Parler de ce qui se passe chez l’un et chez l’autre est interdit, même si c’est vrai et même si ce n’est pas péjoratif. De même, on ne dévoilera pas des secrets, en informant par exemple une personne de ce que quelqu’un d’autre a dit sur elle.
Celui qui écoute la médisance est plus coupable que celui qui la colporte.
On ne colportera pas une médisance même «minime» ni une médisance qui permettrait de s’exonérer soi-même.
On ne racontera pas sur son prochain des paroles qui risquent de lui nuire physiquement ou financièrement, de lui causer de la peine ou de lui faire peur.
On ne désignera pas un autre Juif avec un surnom ridicule ou méchant, même en-dehors de sa présence.
On ne médira pas non plus de soi-même !
Demander : «Ne parlez pas d’untel, je ne veux pas évoquer ce qu’il a fait !» ou «Il vaut mieux ne pas parler d’untel» est considéré comme de la «poussière de médisance» et est interdit.
Parler en bien de quelqu’un devant celui qui ne l’apprécie pas équivaut à de la médisance car il se produira l’effet inverse : la personne ne manquera pas d’exprimer des faits désobligeants.
On ne prononcera pas non plus trop de compliments, même à propos d’une personne appréciée par tous car on en viendra aussi à énumérer ses défauts !
On ne prononcera pas de médisance sur les personnes disparues.
Quand on récite les mots : «Lehodot – Le’ha» avant le Chema, on se souviendra que la bouche n’a été créée que pour louer D.ieu et non pour prononcer des paroles indésirables. C’est pourquoi il convient de rappeler chaque jour le souvenir de ce que D.ieu a fait à Myriam (Nombres 12).
Un ‘Hassid – personne particulièrement pieuse – s’efforcera de pardonner à la personne qui a répandu des paroles indélicates sur son compte.

F. L. (d’après Rav Avraham Alashvili – Michpa’ha Hassidit)
De Recit de la Semaine
Cocorico !

En ce qui me concerne, je suis prêt pour Roch Hachana. J’y suis même prêt depuis avant Pessa’h… Laissez-moi vous expliquer :
Avant Pessa’h, j’ai eu la chance de trouver ‘Haïm, un peintre qui accepte de repeindre mon appartement, un garçon particulièrement efficace et consciencieux mais néanmoins joyeux.
Alors qu’il était perché sur son échelle pour repeindre le plafond, la main serrant sa brosse, il chantait des versets des Psaumes mais aussi des chansons traditionnelles et des mélodies sans paroles. Soudain il se tourna vers moi : «Je t’en prie, aide-moi à terminer le travail dans les délais fixés, je voudrais que le propriétaire soit satisfait de mon travail… !» Interloqué, je ne comprenais pas vraiment son intervention : «Pardon ? De quoi parles-tu ?» lui demandai-je.
Etonné, il se retourna, faillit tomber de l’échelle, et s’excusa : «Oui, j’ai demandé – mais pas à toi, rassures-toi ! Je demandais simplement au Maître du monde de m’aider à mieux achever le travail pour lequel je me suis engagé !»
Ah bon ? J’avais donc affaire à un «Tsadik» caché, un Juste ? Voilà qui méritait une explication ! Il me la donna bien volontiers lors d’une pause café :
«J’ai toujours veillé à remplir mes obligations envers mes clients et, D.ieu merci, chaque client me recommande à ses amis. C’est ainsi que j’ai même été engagé dans une école. On avait prévu que je travaille surtout pendant les vacances scolaires et le soir mais le dernier jour, cela n’a pas été possible et j’ai dû repeindre les murs d’une classe pendant un cours.
Vous pouvez facilement imaginer combien cela perturbait la concentration des élèves mais le professeur, par contre, a très bien su faire face à la situation. Voici ce qu’il a dit : «Les enfants ! Fermez les livres, je vais vous raconter une histoire !» Et il a commencé à raconter l’histoire archi-connue du jeune villageois qui s’était rendu dans la synagogue du Baal Chem Tov un jour de Roch Hachana. Alors que tous les fidèles pleuraient pendant la prière, le jeune homme qui ne savait pas prier cria de toutes ses forces la seule supplication qu’il connaissait : «Cocorico ! Maître du monde, aie pitié de nous !»
«Combien de fois ai-je entendu ce récit ! Et même les enfants l’avaient apparemment entendue des centaines de fois, sous différentes versions. Mais le professeur eut l’art de les captiver. Même moi, avec ma brosse et mon seau de peinture, j’écoutais bouche bée, incapable de bouger car comme les enfants je m’imaginais à Medziboz la ville du Baal Chem Tov, il y a plus de 200 ans.
«Dites-moi, les enfants, pourquoi pensez-vous que le Baal Chem Tov a demandé aux fidèles de ne pas renvoyer le villageois de la synagogue ?»
«Plusieurs doigts s’élevèrent : le petit Avraham estimait que le Baal Chem Tov avait eu pitié de ce jeune garçon ; Yossi pensait que le Baal Chem Tov savait qu’il n’avait pas eu l’intention de créer un scandale et Yts’hak expliqua que le Baal Chem Tov désirait que D.ieu se conduise «mesure pour mesure» avec le peuple juif : de même que les Juifs pardonnaient l’insolence du villageois, de même D.ieu leur pardonnerait leurs fautes. «Vous avez très bien répondu, remarqua le professeur». Et d’un geste théâtral, il réclama le silence : «Maintenant c’est à moi de vous donner mon opinion. Corrigez-moi si je me trompe mais moi je pense que le Baal Chem Tov a compris que le seul qui priait vraiment dans cette synagogue, c’était le villageois qui avait imité le cri du coq !»
«C’est alors qu’il développa devant les enfants le sens du mot «prière». Et je me souviens avoir à ce moment remercié D.ieu : «Rien que pour entendre ce cours, je suis heureux d’avoir choisi la profession de peintre !»
«Les enfants ! Prier, c’est demander à D.ieu ce dont nous avons besoin ! Mais quand on a une requête à présenter au roi, il faut respecter certains principes : d’abord on salue le roi, puis on le loue et on le remercie pour tout ce qu’il a fait jusqu’à présent. Ce n’est qu’après cela qu’on peut exposer sa demande puis on remercie. Tel est le protocole. Remarquez, même quand on demande un service à un ami, on ne saute pas dans la conversation pour parler n’importe comment. Si par exemple je demande l’heure à quelqu’un, d’abord je m’excuse de le déranger, je salue puis je remercie. Quand il s’agit de demander un prêt, on est encore plus respectueux et on ne présente pas directement sa requête. Maintenant imaginez que vous demandiez un cadeau : de l’argent, de la santé, de la réussite dans les études, de l’air pour respirer tout simplement ! Bien sûr qu’on ne demande pas n’importe comment ! Là il faut bien se préparer ! C’est pourquoi nos Sages, les «Hommes de la Grande Assemblée» ont préparé pour nous le texte exact à prononcer, avec l’introduction qui convient, avec les gestes qui correspondent et une façon absolument unique de terminer la prière ! »
«Vint le moment de l’exercice : les enfants se virent demander par le professeur d’écrire sur leurs cahiers ce dont ils avaient besoin de leur Créateur. Puis le professeur leur dit d’ouvrir leur livre de prière et de trouver dans le texte les bénédictions mentionnant justement ces besoins qu’ils avaient notés…
«Que puis-je ajouter ?» conclut ‘Haïm. Tu peux me croire : ces enfants ont appris en un instant ce que d’autres – et même des adultes – n’ont pas appris au cours de toute une vie !
«N’importe quel père dont l’enfant était présent à ce cours n’aura plus besoin de reprendre son enfant durant la prière, de lui demander de se concentrer davantage, de ne pas jouer pendant la prière ! Et comment puis-je affirmer cela ? Tout simplement par ma propre expérience ! Ce cours très concentré m’a ouvert des portes qui auparavant étaient pour moi fermées durant des années ! Jusqu’à ce jour, j’ignorais le sens de la prière. Bien sûr, je savais qu’il vaut mieux prier avec un Minyane (quorum de dix hommes), qu’il ne faut pas parler après «Barou’h Chéamar» etc… Mais maintenant je vis avec chaque mot de la prière. Et je me permets même d’adresser des demandes à D.ieu ici et là, tout au long de la journée et même pendant mes heures de travail comme tu t’en es rendu compte… »

* * *

C’est grâce à cette conversation avec ‘Haïm, le peintre en bâtiment, que maintenant j’ai compris ce que prier signifie et que je peux affirmer que je suis prêt pour Roch Hachana !

Ch. Schneider
Kfar Chabad
Traduit par Feiga Lubecki