Semaine 34

  • Ki Tavo

 

 

Vivre avec la Paracha

 Ki Tavo
Comment renforcer une relation

Un étrange verset
De nombreux versets de la Torah sont difficiles à traduire mais les paroles qui suivent, et qui furent adressées par Moché au Peuple d'Israël comme partie de son testament, constituent un véritable mystère :
« Tu as dit en ce jour : que l'Eternel soit ton D.ieu... Et D.ieu a dit en ce jour : que tu sois Son peuple » (Devarim 26 : 17-18)
Que veut dire ce verset ? De nombreux Sages se sont interrogés à son propos.

 

Quatre traductions

Nous allons jeter un regard sur quatre des nombreuses traductions proposées à ces mots et observer que si la Torah est difficile à déchiffrer, c'est parce que son sens va au-delà de la simple signification des mots.

Rabbi Yehouda Halévi traduit ce verset dans son sens le plus littéral : D.ieu nous traita merveilleusement bien, ce qui nous incita à «dire», à proclamer, qu'Il est notre D.ieu. Et nous nous sommes comportés de manière digne de louanges, ce qui donna à D.ieu une raison de «dire», de proclamer, que nous sommes Sa nation.
Rachi, le célèbre commentateur, suggère que le mot rendu par «dire» signifie, en réalité, «choisir». En ce jour, nous avons choisi D.ieu parmi les idoles et D.ieu nous a choisis parmi toutes les nations.
Puis Rachi suggère une seconde interprétation qui encadre le verset dans un contexte de glorification. Nous avons glorifié D.ieu en acceptant d'être Sa nation et D.ieu nous a glorifiés en faisant de nous Son précieux peuple.
Onkelos suggère que ce mot signifie 'hatav, «couper ou tailler» un bloc de bois. Cela peut se comprendre dans l'esprit du dicton du Talmud : «Tu as fait de moi un bloc unique... et j'ai fait de Toi un bloc unique...». Par l'intermédiaire de la Torah, un lien se forge avec D.ieu qui Le fait former avec nous une unité complète.

Apparemment le lien entre ces quatre interprétations semble inexistant. Comment le mot «dire» peut-il signifier «choisir», «glorifier» ou «lier» ? Y a-t-il une relation entre ces trois sens apparemment différents ?
En les analysant, nous y découvrons un trait commun qui trace l'historique de notre relation avec D.ieu et nous offre la perspective du progrès dans une relation réussie.
On peut dire des relations qu'elles progressent dans un cheminement en quatre étapes : la proclamation, le choix, la gloire et l'unification.

Dans le mariage

Cette évolution peut se retrouver dans tout l'éventail des relations humaines. Elle se rencontre également dans le mariage.
Nous commençons le processus du mariage en recherchant un alter égo conforme à une liste de qualités que nous avons en tête.
Si le candidat est conforme à nos attentes, nous faisons connaissance et si la personne correspond plus ou moins à ce que nous recherchons, nous lui proposons le mariage. Il s'agit ici de la seconde étape : le choix que fait l'un de l'autre.
La troisième étape consiste dans le mariage. La relation se développe pendant que nous apprenons à nous connaître et à apprécier et aimer notre conjoint. Nous nous complétons et nous améliorons mutuellement. Nous glorifions notre conjoint et notre conjoint nous glorifie.
Après plusieurs décades de mariage, la relation atteint un point de fusion où le mari et la femme deviennent uns. Si l'on demandait aux deux partenaires pourquoi ils se sont mariés, la réponse qui viendrait, peu de temps après le mariage, pourrait contenir une liste de compliments et de qualités admirables. Mais après deux ou trois décades, la réponse est beaucoup plus simple. Pourquoi sommes-nous ensemble ? Parce qu'elle est mon épouse, parce qu'il est mon époux. Pourquoi le sont-ils ? Parce que c'est ainsi et qu'il ne peut en être autrement.

Avec D.ieu

Notre relation avec D.ieu progresse selon les mêmes quatre étapes. La première commença lorsque notre nation n'était constituée que d'un jeune couple : Avraham et Sarah. D.ieu aimait notre sens moral et notre saint comportement. Nous aimions qu'Il nous protège et subvienne à nos besoins. Nous avons proclamé notre intérêt mutuel et avons ainsi conclu la première étape. Cela correspond à la première version de notre verset.
La seconde étape eut lieu au Sinaï, lorsque nous avons choisi l'Eternel pour être notre D.ieu et qu'Il nous choisit pour être Son peuple. C'était la seconde étape, la seconde version du verset.
La troisième étape courut sur un millénaire. Nous avons construit pour D.ieu un Temple majestueux où nous Le glorifiions et Lui nous glorifia en faisant de nous une nation puissante sur une terre où coulaient le lait et le miel. C'était la troisième étape, la troisième version.
La dernière étape est celle que nous vivons avec D.ieu aujourd'hui. Si quelqu'un venait à nous demander : «pourquoi êtes-vous Juif ?», il est fort peu probable que vous lui expliqueriez l'Exode et la Révélation sinaïtique. Vous lui diriez très certainement que vous êtes Juif parce que vous êtes né d'une mère juive. Vous avez grandi dans le Judaïsme et telle est votre identité.
Nous ne pouvons pas plus cesser d'être juifs que de cesser d'être nous-mêmes. C'est la quatrième étape qui correspond à la quatrième version du verset. Et c'est la plus puissante forme de relation à laquelle nous pouvons aspirer.
Il y a trois mille ans, nos ancêtres, sur le point de pénétrer en Terre Sainte, apprirent comment renforcer leur relation avec D.ieu. C'était une seule phrase, mais ô combien riche et profonde. En un seul mot, D.ieu nous enseigne comment créer un lien éternel.

 

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