Editorial
Pour regarder Lag Baomer«Mais qu’est-ce donc que Lag Baomer ?» Ainsi la clameur pourrait retentir alors que ce rendez-vous éclaire toute la semaine. C’est que voilà un jour qui, détaché des images sympathiquement folkloriques qui l’accompagnent souvent, reste à découvrir. Lag Baomer : le 33ème jour de cette période qui s’étend entre les fêtes de Pessa’h et de Chavouot, un jour de joie, l’occasion de sorties dans les bois, de jeux d’enfants, de célébrations traditionnelles et de retrouvailles communautaires… Tout cela est bien sûr parfaitement juste et légitime. Et après ? Serait-ce un jour qui se limiterait à l’aspect chatoyant qu’il nous présente ? Chacun en a en tête une autre connaissance et celle-ci porte un nom : Rabbi Chimon Bar Yo’haï, dont c’est l’anniversaire du départ de ce monde.
Rabbi Chimon vécut un temps terrible : l’occupation romaine d’Israël. Il dut ainsi fuir la colère de l’ennemi qui l’avait condamné à mort. Caché dans une grotte pendant treize ans, il se consacra à l’étude de la Torah et au lien absolu avec D.ieu. Il fut celui qui donna au monde le Zohar, la sagesse profonde de la Torah, apportant une nouvelle lumière qui allait éclairer l’univers pour toujours. Le jour de Lag Baomer, que Rabbi Chimon désigna, pour tous les siècles à venir, comme celui de sa joie car il s’y unit avec D.ieu, est celui où toutes ses actions s’élèvent. Elles sont ainsi, d’une certaine manière, les guides de cette journée différente, porteuses d’une puissance dont chacun est en position de se saisir. C’est justement en cela que Lag Baomer nous est précieux.
Qui n’a jamais été séduit par ces deux syllabes, si simples et si intérieures : le Zohar ? Qui n’a jamais pensé la mystique juive dont cette œuvre est la base, comme un domaine séduisant de mystères ? En un temps où la spiritualité n’est parfois plus qu’une marchandise offerte au consommateur hâtif sur le marché ouvert des pensées toutes faites, il peut sembler difficile de regarder le Zohar comme il doit l’être : longuement, sincèrement, attentivement et humblement. Car cette sagesse est bien celle qui nous est nécessaire. Mais elle est aussi terre de découverte : de D.ieu, de soi, du sens des choses et, sans doute, de sa propre place et de son propre rôle dans la création. C’est tout cet héritage qui, de sage en sage et de génération en génération, parvint jusqu’au Baal Chem Tov. Et c’est tout cela qu’il nous transmit dans son enseignement afin que nous puissions le recevoir et en tirer toutes les ressources de la vie.
Lag Baomer ? Une lumière dont la beauté est éternellement à découvrir. Une sagesse dont la ‘Hassidout donne les clés en notre temps, en notre monde. Pour que ce temps et ce monde deviennent enfin ceux de toute sagesse : ceux de Machia’h.
Etincelles de Machiah
Le statut de MoïseLe Ari Zal nous enseigne (Likoutei Torah) qu’au temps de Machia’h, les Léviim deviendront des Cohanim. Il en résulte que Moïse, lui-même un Lévi, connaîtra alors une élévation similaire et sera le Cohen Gadol.
(d’après Or Hatorah, Chemot, p. 1586) H.N.
Vivre avec la Paracha
Be’houkotaï : Le sens et le chaosQuelle relation existe-t-il entre la bonté, la gentillesse, l’altruisme… et la réussite matérielle ? La bonté conduit-elle à la santé et à la prospérité ? Cette question, au cœur de la quête du sens que mène l’humanité toute entière se discute souvent dans les enseignements du Judaïsme.
Notre Paracha nous présente une affirmation claire sur le sujet : «si vous allez selon Mes statuts, Je vous donnerai la pluie au moment adéquat et la terre donnera ses récoltes et les arbres donneront des fruits… vous vivrez en sécurité dans le pays… Mais si vous ne M’écoutez pas et ne gardez pas ces lois… vous planterez vos récoltes en vain, parce que vos ennemis les mangeront… vous fuirez même quand personne ne vous chassera…»
En quelques traits, pour ainsi dire, ces passages montrent deux images : l’une d’une «Rédemption», c'est-à-dire d’une entité nationale et individuelle et l’autre d’un «Galout» (exil, fragmentation et conflit).
La première image, celle de la Rédemption, dépeint une union entre les aspects spirituel et physique de la vie. Une bonne action produit un bon effet dans le monde matériel. Le corps et l’âme sont en harmonie à chaque niveau de l’être humain. Les gens servent D.ieu et c’est pourquoi les semailles poussent et la paix règne. La vie a un sens.
La seconde image, celle du Galout, apparaît comme une punition. Et pourtant, elle n’apparaît pas simplement comme une punition et de la souffrance mais comme celle du chaos. Le Galout est la séparation de l’esprit et de la matière.
Dans la situation du Galout, la bonté de l’individu ou de la communauté peut ne pas être récompensée dans des termes matériels immédiats. Parfois, les semailles pousseront, parfois non. Et parfois même, quand elles pousseront, l’ennemi sen emparera. L’incertitude est constante. Le Galout est la dislocation entre l’esprit et la matière, entre le corps et l’esprit. Les gens bons peuvent être frappés de maladies et de douleurs horribles ; les méchants semblent souvent jouir de la paix et de la prospérité.
A un niveau plus profond, même dans l’état de Galout, il existe une relation entre les actions et les événements qui vont suivre. Et pourtant, ils sont gouvernés par une logique divine infinie qui n’est pas complètement accessible à nos esprits. Pour la comprendre, nous devrions être capables de prendre en compte les royaumes spirituels, le monde des âmes. Nous devrions être capables d’apprécier certains processus dans l’existence qui doivent encore se dévoiler. Si le panorama spirituel entier nous était accessible, nous verrions précisément la récompense pour chaque action individuelle. Mais ce n’est pas apparent dans le monde physique que nous voyons devant nos yeux.
Mais pourtant, le fait que nous sachions qu’il existe une réalité plus profonde est un pas en avant. Bien que nous vivions dans le monde du Galout si sombrement peint comme une «réprimande» dans la Paracha de Be’houkotaï, un monde le mal peut exister, nous pouvons être conscients qu’attendre à l’ombre est une autre manière de vivre le monde de la Rédemption. Et dans les versets qui ferment cette «réprimande», la Torah promet que la Rédemption est l’état dans lequel nous devrions être et celui vers lequel nous allons parvenir.
C’est pourquoi, nous devrions faire ce qui nous est possible pour aider ce monde que nous fréquentons quotidiennement à atteindre cet état dans lequel l’âme et le corps, l’esprit et la matière sont uns et unifiés. Chaque pas dans l’observance de la Torah rapproche encore le royaume de la Rédemption.
Comment trouver du plaisir dans le Judaïsme ?
Si nous reprenons les premiers mots de la Paracha «si vous allez…» ils semblent impliquer une condition imposée par D.ieu : si vous, le Peuple juif, gardez les lois de D.ieu, alors Il vous récompensera. Le terme essentiel à relever est «si». Si vous faites le bien, alors tout ira bien.
C’est la manière usuelle, littérale de traduire le texte. Toutefois, nos Sages du Talmud (Avoda Zara 5a) ajoutent une nouvelle perspective. Le mot que nous traduisons par «si» devrait être rendu différemment par : «s’il vous plaît». Les Sages enseignent que, par ces mots, D.ieu demande, voire même engage vivement le peuple juif à étudier Sa Torah et à garder Ses lois : «S’il vous plaît ! Allez selon Mes statuts, alors Je vous donnerai la pluie au temps adéquat…»
Quand D.ieu demande de nous quelque chose, en disant : «s’il vous plaît», qu’est-ce que cela veut dire ? Le Rabbi de Loubavitch explique que cela signifie que D.ieu nous aide à le faire. L’injonction de D.ieu nous apporte le plaisir de l’accomplir. Ce plaisir n’est pas tiré des détails de l’action, quels qu’ils soient, mais du sentiment de contact avec D.ieu qu’elle apporte. Ce peut être quelque chose que nous ne pouvons pas du tout comprendre, cela peut même nous demander des efforts et être difficile. Néanmoins, le fait que cela émane de la requête de D.ieu donne à la personne un sentiment chaleureux. Elle éprouve du plaisir à accomplir le commandement même s’il la fait, à d’autres niveaux, soupirer et se plaindre.
Alors, quel est le secret ? Comment ressentons-nous ce contact ? Comment y trouvons-nous du plaisir ? La réponse se trouve dans le mot «statuts». Le concept juif de «statut» (‘hok) est un décret divin qui ne possède aucune raison apparente. La législation juive concernant le monde du travail est logique, la fête de Pessa’h est elle aussi compréhensible puisqu’elle célèbre la naissance du peuple juif. Mais il existe nombre de lois ne possédant aucune explication évidente.
La Paracha nous dit ici que, si nous considérons toutes les lois juives, y compris les ‘Houkim, comme quelque chose qui vient directement de D.ieu et que D.ieu nous enjoint de les observer, alors nous y trouverons vraiment du plaisir. Nous «marcherons», nous avancerons en gardant les lois, en les appréciant réellement. Alors la pluie viendra aussi en son temps, ce qui signifie que D.ieu pourvoira à tout ce dont nous avons besoin pour les observer confortablement.
En d’autres termes, regardez dans une perspective plus vaste. Le Judaïsme vous connecte avec D.ieu. Et appréciez !
Le Coin de la Halacha
Qu’est-ce que Lag Baomer (cette année vendredi 23 mai 2008) ?Nous comptons quarante-neuf jours entre Pessa’h et Chavouot. Le 33ème jour s’appelle Lag Baomer. Ce jour-là cessa une terrible épidémie qui avait frappé mortellement les 24.000 élèves de Rabbi Akiva : il n’en survécut que cinq !
Par ailleurs, ce jour-là marque aussi la «Hilloula» (anniversaire du décès du juste) de Rabbi Chimone Bar Yo’haï, un des plus prestigieux élèves de Rabbi Akiva. Celui-ci avait demandé que ce jour devienne un jour de fête en son honneur, car c’est ce jour-là qu’il délivra son enseignement ultime : le Zohar, le livre de la Splendeur, œuvre fondamentale de la Kabbala.
Ce jour-là, on fait sortir les enfants dans les forêts, ils allument de grands feux et jouent à l’arc (en souvenir de l’arc-en-ciel qui n’apparut pas du vivant de Rabbi Chimone grâce à son grand mérite).
On coupe les cheveux des petits garçons qui ont eu trois ans depuis Pessa’h. On a la coutume de manger des caroubes, qui furent la seule nourriture de Rabbi Chimone et de son fils lorsqu’ils se cachaient des Romains dans une caverne.
On ne dit pas les prières de supplication («Ta’hanoun»).
F. L.
De Recit de la Semaine
Prières exaucées«Je ne suis pas un ‘Hassid de Loubavitch, affirme M. David Feldstein. Je suis ce qu’on appelle un ami de Loubavitch».
Avocat à Miami, M. Feldstein est né à Cuba dans une famille juive traditionaliste. Il aime à raconter que «plus tard dans la vie», lui et son épouse ont commencé à respecter davantage de Mitsvot (commandements divins).
M. Feldstein ressent une proximité particulière avec le Rabbi de Loubavitch : «Je tente de me rendre auprès du Ohel (dans le cimetière Montefiore de Queens) quatre ou cinq fois par an». Il attend avec impatience sa prochaine visite là-bas, à New York, quand il pourra enfin remercier comme il convient le Rabbi pour «l’aide» que celui-ci lui a apportée l’année dernière.
«Fin juillet de l’année dernière, je me trouvai à Tempa ; là, je suis tombé. Je me suis fait une mauvaise entaille sur le visage, près des sourcils. A l’hôpital, on m’a recousu la plaie et, par mesure de précaution, on m’a fait un électro encéphalogramme qui n’a rien détecté d’anormal.
Quelques semaines plus tard, je me suis rendu avec Rav Yossi Smierc à New York, au Ohel. Je demandai au Rabbi sa bénédiction dans les trois domaines essentiels : Chalom Bayit (la sérénité de notre vie familiale), la santé pour moi et ma famille et la «Parnassa», gagner assez d’argent pour pouvoir distribuer encore davantage de Tsedaka, pour les causes charitables. Je demande toujours ces trois bénédictions essentielles.
A mon retour de New York, tandis que j’aidais mon épouse dans la cuisine, je me sentis soudain fatigué : «Je vais me reposer cinq minutes !» annonçai-je à Rose. Alors que j’approchai de ma chambre à coucher, je tombai et cognait mon épaule. Je me rendis à l’hôpital où on m’annonça qu’elle était fracturée.
La semaine suivante, tandis que je marchais devant notre maison, je tombais une fois de plus : «Assez ! déclara Rose. Tu tombes tout le temps ! Il faut aller consulter un docteur et procéder à un check-up !»
Le neurologue m’envoya à l’hôpital pour y passer un scanner : celui-ci mit en évidence de légères pertes de sang dans le cerveau. C’était déjà vendredi après-midi et le médecin insista pour me garder en observation mais moi, je désirai rentrer à la maison pour y célébrer Chabbat avec mon épouse. Le médecin accepta mais insista pour que je me présente à l’hôpital le lundi matin pour des examens complémentaires.
Le Chabbat se déroula paisiblement, ainsi que le dimanche. Tôt le lundi matin, je me rendis au bureau afin de régler quelques détails. Sans que je m’en aperçoive, on était déjà lundi après-midi quand je me rendis à l’hôpital pour un nouveau scanner. Celui-ci révéla que l’hémorragie avait augmenté. Le médecin décida de procéder à une opération du cerveau le lendemain même ! Je lui rappelai que je portai un pacemaker : on me fit alors subir immédiatement des tests pour contrôler ma situation cardiaque.
Ceux-ci révélèrent l’existence d’un caillot justement à l’endroit où le pacemaker était connecté au cœur. On m’informa alors que je devrais d’abord passer par une opération du cœur, le mardi, pour résorber le caillot tandis que l’opération du cerveau serait repoussée au mercredi. Quand on entreprit de m’enlever le caillot, on en découvrit un second qui fut ôté lui aussi. L’opération cardiaque fut un succès et on me posa un pacemaker provisoire qui serait remplacé le lundi suivant par un définitif. L’opération du cerveau se déroula également comme prévu, D.ieu soit loué.
Mercredi soir, mon épouse rentra à la maison, épuisée par une longue journée passée à l’hôpital. Une fois au lit, elle se remémora les événements des semaines précédentes et se mit à tenir une «conversation» avec le Rabbi à peu près en ces termes : «Mon mari s’est rendu au Ohel pour demander une bénédiction pour sa santé, entre autres. De retour à la maison, il se fracture l’épaule ! Une semaine plus tard, il tombe encore une fois. Et avant qu’on ait pu réaliser quoi que ce soit, il se retrouve à l’hôpital avec deux opérations : cardiaque et cérébrale ! Tout ceci alors qu’il revient d’un long voyage à New York, auprès de votre tombe, où il a prié pour sa santé !» Ma femme continua encore un certain temps à argumenter dans ce sens puis s’endormit.
Durant la nuit, elle rêva. Le Rabbi lui disait dans son rêve : «Ne comprenez-vous pas que j’étais obligé de le faire tomber sinon on n’aurait pas découvert le caillot proche de son cœur et, en moins d’un mois, le pire serait arrivé ?»
Jeudi matin, mon cardiologue, Dr Penia entra dans ma chambre d’hôpital pour m’examiner : «J’ignore si vous êtes croyant ou non, mais le fait est là : si vous n’étiez pas venu passer un scanner parce que vous étiez tombé, nous n’aurions jamais pu soupçonner l’existence de ces caillots et vous auriez pu décéder en moins d’un mois !»
Quand mon épouse arriva à l’hôpital plus tard dans la matinée, elle me raconta la «conversation» qu’elle avait eue avec le Rabbi et le rêve qui avait suivi. Je lui répétai alors l’affirmation de Dr Penia : tous deux nous avons réalisé que mes prières avaient bien été exaucées et que la bénédiction du Rabbi pour une bonne santé s’était concrétisée.
Au fait, conclut M. Feldstein, le neurologue m’a précisé que ce n’est pas l’hémorragie dans le cerveau qui était la cause de mes chutes. On ignore d’ailleurs quelle en était la cause mais une chose est sûre : je ne suis plus retombé depuis !»
Yehoudit Cohen - L’Chaim
traduite par Feiga Lubecki