Ce Chabbat, Nasso, suit la fête de Chavouot et entretient donc un lien très particulier avec « le Temps du Don de notre Torah ». Cela est particulièrement vrai puisque les concepts du Chabbat et de la Torah sont liés, comme le souligne le Talmud : « Tous tombent d’accord pour dire que la Torah fut donnée un Chabbat ». La fonction du Chabbat et de la Torah est d’élever chaque Juif à la place qui lui revient. Une âme descend de sa position spirituelle En Haut et les concepts du Chabbat et de la Torah élèvent l’âme vers sa véritable position élevée.

Quand un Juif est dans ce monde, l’existence-même du monde ne lui permet pas de voir la vérité. « Monde » se dit en hébreu Olam, qui partage l’étymologie de Elèm, signifiant « caché ». En effet, le monde cache la vérité. La véritable existence du monde est la Divinité. Il a été créé ex nihilo par D.ieu. C’est pourquoi, un Juif doit, d’abord et avant tout, pouvoir contempler D.ieu dans le monde. Cela est d’autant plus vrai que la création du monde n’est pas un événement ponctuel mais se renouvelle à chaque instant : D.ieu « renouvelle, dans Sa bonté, chaque jour l’acte de la création ». Un Juif doit donc certainement pouvoir voir D.ieu dans le monde. Ou du moins, il devrait pouvoir constater qu’ « il y a un Maître dans ce lieu de résidence », niveau cependant moindre de révélation que la reconnaissance de la création de chaque instant. Car le titre de « Maître » ne signifie pas nécessairement qu’il a construit la résidence. Même si quelqu’un d’autre l’a bâtie et qu’il l’a achetée, il n’en est pas moins le « Maître ». Alors que lorsqu’il s’agit de la création du monde, D.ieu l’a créé Lui-même, ex nihilo.

Cependant, non seulement ne voit-on pas la création ex nihilo de chaque instant, mais il n’y a pas même une révélation ouverte du fait qu’ « il y a un Maître dans cette résidence », tellement le monde cache ces vérités.

Cela provient du fait que les peuples du monde peuvent avoir des idées erronées et enseigner que le monde a toujours existé. Cela donne également la possibilité à l’idolâtrie d’exister. C’est pour la même raison que le service général de l’homme consiste en un libre-arbitre. « J’ai placé devant toi la vie et le bien, le mal et la mort et tu choisiras la vie. »

Ce qui différencie le Chabbat est qu’en ce jour, les voilements du monde se lèvent et se révèle la véritable existence : la Divinité. Le Chabbat s’applique le concept de « et Il se reposa ». Cela signifie que toutes les restrictions, y compris celles de la parole (par laquelle le monde fut créé) sont levées et l’existence s’élève au niveau de la pensée. Puisque le monde a été élevé, le Juif peut percevoir que le monde est la Divinité et atteint donc sa véritable place.

Cependant, cette élévation du Chabbat ne suffit pas car un Juif doit aussi être à sa place durant les jours de la semaine. La Torah, appelée « Torah de vérité » et « Torah de lumière » révèle et illumine la vérité de tout, y compris de la véritable nature de l’existence du monde dans lequel règne la Divinité. La Torah est également la « Torah de vie ». Elle illumine le cheminement du Juif, lui enseignant comment se conduire dans tous les domaines de sa vie (y compris pendant la semaine), selon la volonté de D.ieu. C’est pourquoi, au cours de la semaine, un Juif se trouve à sa place réelle (puisqu’il voit la vérité dans l’existence du monde) et il est en état de sainteté, quand bien même il est engagé dans des activités hebdomadaires séculières.

Tel est le lien entre la Torah et le Chabbat. Tout comme la fonction du Chabbat est d’élever le Juif afin qu’il trouve sa juste place, qu’il voit le véritable sens du monde, la Torah accomplit la même fonction les jours de la semaine. En révélant la vérité dans tout, le Juif se trouve dans un état de sainteté, similaire à celui du Chabbat, « le saint Chabbat ».

Ce que l’on vient de dire est encore davantage souligné le Chabbat qui suit le « temps du Don de notre Torah » car alors, tous ses sujets se révèlent dans la perfection.

Plus encore, ce Chabbat, nous lisons la Paracha Nasso qui signifie « élever » : élever chaque Juif vers la perfection. Et puisque l’on étudie Nasso, il est sûr que l’on peut en accomplir l’enseignement qui en découle : « élever » tous les Juifs.

Puisque « l’action est l’essentiel », tout ce qui précède doit se traduire en action. En fait, le concept de « l’action est l’essentiel » n’implique pas seulement le commandement de tout traduire en action mais c’est également une promesse et une garantie que toutes ces choses se manifesteront par des actions.

Rabbi Chnéor Zalman explique que le commandement : « tu aimeras l’Éternel ton D.ieu » est également une assurance qu’un Juif aimera très certainement D.ieu, ces mots dénotant à la fois le commandement et la garantie.

De la même façon, les mots « élève la tête des enfants d’Israël », qui entament notre Paracha, sont à la fois un commandement et une assurance de leur accomplissement.

En termes concrets : chaque Juif doit augmenter son investissement dans l’étude de la Torah et en conséquence « grande est l’étude car elle mène à l’action » – on doit également persévérer dans un accomplissement correct des Mitsvot. Et dans l’écho du commandement : « tu aimeras ton prochain comme toi-même », nous devons également œuvrer pour voir les autres agir de même.

Grâce à tout ce qui précède, nous méritons d’être à une place où « pour tous les enfants d’Israël il y avait de la lumière dans leur demeure », où, bien que nous soyons toujours dans les derniers jours de l’exil, le service du Juif a pour effet de transformer l’obscurité en lumière. Et très bientôt, nous mériterons l’accomplissement de la promesse : « Maison de Yaakov, viens, marchons dans la lumière de l’Éternel ! », grâce à la véritable lumière, la lumière de la Torah qui s’étend jusqu’à la plus grande des lumières : la véritable et complète Délivrance par Machia’h.