Samedi, 13 juillet 2019

  • Houkat
Editorial

 Le 12 Tamouz : la liberté à notre porte

« Le corps suit la tête », énonce le Talmud. Cette phrase va plus loin que le truisme qu’elle paraît incarner. En son sens plus profond, elle indique comme les événements liés à un Sage et, a fortiori, à celui qui, dans sa génération, a guidé le peuple juif, concernent chacun. La Tradition n’enseigne-t-elle pas que les lettres qui, en hébreu, forment le terme « Rabbi » sont les initiales des mots constituant la phrase « Roch Bneï Israël », « tête, ou chef, du peuple juif » ?

Ainsi, lorsque revient la date du 12 Tamouz, nous nous souvenons : ce jour-là, le précédent Rabbi de Loubavitch, Rabbi Yossef Its’hak Schneersohn, fut libéré par le pouvoir stalinien qui l’avait sévèrement condamné en raison de son action incessante pour la vie du judaïsme. Ce n’est pas seulement une victoire historique sur une forme d’oppression que l’histoire a fini par reléguer au rayon « cauchemars en tous genres », que nous célébrons ici. Ce n’est même pas uniquement le salut miraculeux et personnel du précédent Rabbi que nous fêtons. Certes, tout cela est présent dans nos mémoires et mérite solennité. Cependant, l’événement en question va encore plus loin que de telles catégories.

De même que, de la fenêtre du train qui, suite à sa condamnation, allait l’emmener en exil dans une région reculée de l’URSS d’alors, le Rabbi précédent rappelait que « seul notre corps se trouve en exil », que « notre âme est toujours libre », ainsi, après sa libération, il faisait savoir : « ce n’est pas seulement moi qui ai été libéré... mais tous ceux qui chérissent la Torah » jusqu’à « tous ceux pour qui le nom d’Israël n’est qu’un surnom ». C’est en effet-là la vraie grandeur et toute la portée du 12 Tamouz. En ce sens, cette libération est aussi la nôtre et nous confère la force de toutes les libertés.

Car, aujourd’hui, si l’oppression physique a généralement disparu, l’exil, lui, existe encore. Spirituellement, nous en sentons toujours le poids écrasant et l’obscurité du monde paraît même parfois s’épaissir. En ce jour de libération, il appartient à chacun de trouver la voie de l’accomplissement ultime, de la liberté essentielle, celle que Machia’h nous apportera. Cela n’est pas que du domaine du rêve, de l’espoir ou du souhait convenu. C’est, très simplement, l’objet de notre attente, porteur d’une assurance d’éternité. La liberté est à notre porte ; sachons la laisser entrer.

Etincelles de Machiah

 La longueur de l’exil

Le deuxième Temple fut détruit à cause de la haine gratuite existant entre les hommes (Youma 9b).

Les hommes ont tendance à ne pas considérer une telle faute comme particulièrement grave car chacun estime que la haine qu’il porte à l’autre est justifiée.

C’est pourquoi notre exil, qui en constitue la réparation, est si long : effacer l’impureté la plus fine prend plus de temps que pour l’impureté grossière, visible à tous.

(D’après Likoutei Torah Matot 86a)

Vivre avec la Paracha

 ‘Houkat

D.ieu enseigne à Moché les lois de la « Vache Rousse ».

Après quarante ans d’errance dans le désert, le Peuple juif arrive dans le désert de Tsin. Myriam quitte ce monde et le peuple, privé du puits de Miryam, réclame de l’eau. C’est alors que Moché va frapper le rocher pour qu’en jaillisse de l’eau (au lieu de lui parler). L’eau jaillit mais ni Moché ni Aharon ne pourront entrer en Terre Sainte.

Aharon meurt et lui succède son fils Elazar. Le peuple parle encore une fois contre D.ieu et Moché et une épidémie le frappe, enrayée par un serpent d’airain brandi par Moché.

Moché mène des batailles contre les rois Si’hon et Og, conquiert leurs terres, à l’est du Jourdain.

Moché et la Vache Rousse :

une association unique

La Paracha commence par les mots : « Parle au Peuple juif et dis-leur d’apporter une Para Adouma Temima, une vache complètement rousse ».

Nos Sages notent que D.ieu insista pour que la Para Adouma soit apportée à Moché parce que, comme le lui dit D.ieu : « toutes les vaches rousses cesseront, mais la tienne restera éternellement ». Cela devait avoir un grand impact sur toutes les vaches rousses à venir car les prêtres qui prépareraient les vaches rousses futures se sanctifieraient à partir des cendres de celle de Moché. C’est la raison pour laquelle toutes les Para Adouma sont connues par le nom de Moché.

Cette relation unique est également soulignée dans l’explication du commandement de la Para Adouma. Seul à Moché, D.ieu en révéla l’explication.

Pourquoi y a-t-il donc une relation si spéciale entre Moché et la Para Adouma ?

Elle était apportée en demande de pardon pour le péché du Veau d’Or. Les commentateurs expliquent ainsi le lien entre le pardon pour ce péché et la purification de l’impureté qui vient du contact avec la mort (raison d’être de la Para Adouma).

Sans le péché du Veau d’Or, le Peuple juif aurait été libéré de la mort. Car au moment où fut donnée la Torah, les Juifs ne connaissaient plus la mort. Ce n’est qu’à cause de cette faute que la nation y fut à nouveau sujette. Ce péché fut donc la cause de la mort et donc de l’impureté qui en résulte.

Tel est donc le lien entre le pardon de ce péché et la purification de l’impureté qui vient du contact avec la mort.

Selon ce qui précède, nous sommes à même de mieux comprendre le statut du Rambam (Maïmonide) qui déclare que « neuf Para Adouma ont été faites depuis le moment où ils reçurent ce commandement jusqu’à la destruction du second Beth Hamikdach, le second Temple de Jérusalem. La première a été faite par Moché… la dixième le sera par le Roi Machia’h. »

Pourquoi le Rambam juge-t-il nécessaire de dénombrer les vaches rousses offertes au cours des générations ? Plus encore, pourquoi isole-t-il la dernière de toutes les autres offrandes que l’on trouve dans la prophétie de ‘Hezkiyahou (Ezékiel) et indique-t-il qu’elle sera apportée par le Roi Machia’h ?

Le Rambam fait allusion au fait que la complète purification apportée par la Para Adouma ne se produira que par l’intermédiaire du Machia’h. Ce n’est qu’alors que le pardon complet pour le péché du Veau d’Or sera accordé.

A l’Ère messianique, et seulement alors, y aura-t-il une purification complète de l’impureté résultant du contact avec la mort. Car alors, elle cessera à tout jamais, comme l’affirme le verset : « la mort sera avalée pour toujours ».

Et c’est à cela que le Rambam fait allusion quand il déclare que « la dixième sera faite par le Roi Machia’h » car le nombre 10 est un signe d’accomplissement et de complétude. Or l’état d’achèvement total du processus de purification sera apporté par la dixième Para Adouma offerte par le Machia’h.

À la lumière de ce qui précède, nous pouvons également comprendre la relation bien particulière qui unit la Para Adouma et Moché : l’objectif fondamental de la vache rousse ne consiste pas en la négation de l’impureté mais en l’annihilation de sa cause : la mort. Cela requiert la puissance de Moché car nous savons que « le travail de Moché est éternel » et que « Moché n’est pas mort… tout comme il a servi dans le passé, maintenant aussi… »

C’est ainsi que la possibilité de toutes les vaches rousses de purifier dépendait des cendres de celle de Moché, car la force ultime de la purification de la Para Adouma (libération de la mort, ou encore, vie éternelle) est liée à l’éternité de Moché.

Le Coin de la Halacha

 Quelques lois sur l’éducation

On enseigne à un enfant à accomplir les Mitsvot selon son intelligence et sa compréhension. Par exemple, s’il comprend ce qu’est le Chabbat, on l’habituera à écouter le Kiddouch et la Havdala.

On habituera l’enfant à la synagogue à répondre « Amen » et à respecter la sainteté du lieu. On veillera à ce qu’il ne dérange pas les fidèles en courant dans tous les sens ou en criant de façon intempestive.

Parents et éducateurs veilleront à ce que les enfants ne mentent pas, ne jurent pas et ne disent que la vérité, avec des mots propres.

Aucun adulte (ni parent ni professeur) n’a le droit de donner un aliment non-cachère à un enfant ou de lui demander d’accomplir un acte interdit.

Si un enfant trouve un objet ou qu’il reçoit un cadeau, on n’a pas le droit de le lui dérober.

Si un enfant a volé un objet, on doit le rendre s’il est encore en bon état. Sinon, l’enfant n’est pas légalement coupable – même quand plus tard il deviendra Bat ou Bar Mitsva. Cependant, pour être quitte vis-à-vis de D.ieu, il se repentira et remboursera la valeur de l’objet.

On ne menace pas un enfant de le punir plus tard : soit tout de suite, soit jamais.

On n’effrayera pas un enfant avec un animal non-cachère comme un chien.

 (d’après Rav Yossef Kolodny - N’shei Chabad Newsletter)

Le Recit de la Semaine

 (Extrait du Sefer Hasi'hot 5702 (1942)

du Rabbi Yossef Its'hak Schneersohn)

Veille du mardi 9 Chevat, à Chicago

     Il y a douze ans, je me trouvais chez vous, à Chicago et j’ai déclaré que je n’étais pas venu ici uniquement afin de collecter des fonds pour l’Europe, mais également dans le but de donner. Cela a été mon objectif, dans la vie, pendant toutes les années de mon action de diffusion de la Torah pénétrée de crainte de D.ieu et de la bonne éducation, avec l’aide de D.ieu béni soit-Il. C’est ce que j’avais déclaré à l’époque.

     Actuellement, la divine Providence m’a transporté d’un pays à l’autre, jusqu’à parvenir en Amérique. Il est dit(69) que : «l’Eternel prépare les pas de l’homme» et je suis donc venu avec une mission particulière de diffusion de la Torah pénétrée de crainte de D.ieu et de la bonne éducation.

     Un émissaire doit s’acquitter de la mission qui lui est confiée, dans toutes les situations et dans toutes les réunions. Il lui faut, avec abnégation, mener à bien la mission que la Providence divine lui a confiée. Mon arrivée en Amérique et celle des Rabbanim qui y arrivent actuellement n’est pas la conséquence, que D.ieu nous en préserve, des tueries de l’ennemi. En fait, D.ieu nous a envoyés dans ce pays avec une double mission envers le Judaïsme d’Amérique, d’une part, envers les Rabbanim et les responsables communautaires qui les dirigent, d’autre part.

     Ma mission est de faire en sorte que le Judaïsme américain, les Rabbanim et les responsables communautaires qui les dirigent fassent tout ce qui est en leur pouvoir pour subvenir aux besoins des Juifs de l’autre continent, pour les sauver de la destruction. Bien sûr, certaines initiatives ont déjà été prises en la matière et, sur ce point, je félicite ceux qui soutiennent les institutions de Torah de l’autre continent, ceux qui appuient mon action de libération des captifs, mais tout cela reste très peu. Un effort beaucoup plus important est nécessaire.

     Mes terribles expériences de l’inquisition menée par la Yevsektsya, la section juive du parti communiste ne sont, cependant, nullement comparables au sort amer de nos frères, les enfants d’Israël, à l’heure actuelle, sur l’autre continent.

     Là-bas, dans les endroits où la guerre fait rage, ils sont brisés, ont perdu l’espoir et ils travaillent dur. Ils n’ont même plus la force de crier. J’étais avec eux pendant plus de trois mois et j’ai vécu avec eux les affres de la situation, en général, de celle des enfants d’Israël, en particulier. Il est indispensable d’organiser une aide plus soutenue pour qu’ils puissent se nourrir, renforcer et développer, avec le plus grand empressement, les possibilités d’émigrer de ces pays.

     Ma seconde mission, confiée par la divine Providence, est l’action de diffusion de la Torah pénétrée de crainte de D.ieu et de la bonne éducation, dans ce pays. Dès mon arrivée ici, j’ai créé un fonds pour la libération des captifs et une Yechiva dans l’esprit de Tom’heï Temimim, à Loubavitch. Avec l’aide de D.ieu, les réalisations ont été nombreuses, durant cette courte période, aussi bien pour la libération des captifs que pour l’action de cette Yechiva Tom’heï Temimim Loubavitch. L’esprit ‘hassidique de Torah et de crainte de D.ieu de Tom’heï Temimim Loubavitch se reflète désormais, D.ieu merci, également sur les élèves des autres Yechivot.

     Mon voyage à Chicago a été, pour moi, un grand effort et je suis très satisfait de rencontrer les Rabbanim, les personnalités, les membres de la communauté, ses responsables, les présidents des synagogues et, notamment, les dirigeants des institutions religieuses et de Tsedaka, qui sont basées sur la Torah. Je veux savoir ce qui est fait dans le domaine de la pureté familiale, du respect du Chabbat. Je suis particulièrement intéressé par la situation de l’éducation, dans les Talmud Torah.

     Les Rabbanim parlèrent en effet de la pureté familiale, de la Cacherout, du respect du Chabbat et de l’éducation. Le Rabbi dit ensuite :

     « Toutes les propositions et les modifications pour améliorer la situation religieuse de Chicago, qui ont été formulées par les Rabbanim, au cours de notre réunion, aujourd’hui, sont, à n’en pas douter, pleines de sens et efficaces. Il est certain qu’avec l’aide de D.ieu, elles contribueront à améliorer la situation religieuse. »