20 ans
Voici que, cette semaine, revient le 3 Tamouz, chacun sait que ce jour est différent de tous les autres, qu’il marque notre conscience. C’était il y a 20 ans, le 3 Tamouz devenait le jour du départ de ce monde du Rabbi. Beaucoup a été dit depuis cet événement : la présence de l’enseignement du Rabbi qui ne se dément pas, l’inspiration et l’énergie qui s’en dégagent, chaque jour démultipliées, l’action de ses envoyés aux quatre coins du monde qui poursuivent cette œuvre aux enjeux d’éternité. De fait, de telles idées ne perdent jamais leur actualité et, dans cette optique, le 3 Tamouz est aussi une date comme un point de référence tant sont importantes les choses qui s’y mesurent. Il faut, toutefois, se garder de faire de ce jour un simple anniversaire en se contentant d’égrener les années qui passent. Le 3 Tamouz est d’abord porteur d’une puissance qu’il nous appartient de partager.
Cependant, tout acte essentiel doit avoir une fondation. Ainsi ce 3 Tamouz doit-il être celui du bilan. 20 ans, c’est une longue durée ; le chiffre seul résonne comme une étape. Quels ont donc été les accomplissements depuis 20 ans ? En quoi chacun a-t-il pris part à ce grand mouvement qui nous emmène chaque jour plus près de la venue de Machia’h ? Ce sont ces questions-là qui, à présent, nous sont adressées. En y répondant, nous ne ferons pas que tenter d’apporter une bien inutile justification à un temps écoulé. Nous mettons en perspective ces années et, porteurs de la dynamique qu’ils incarnent, nous pénétrons dans un champ d’action nouveau qui bouleverse la donne. Nous transformons radicalement nous-même et le monde qui nous entoure. Tout à la fois, nous voyons et faisons naître le Bien autour de nous. Et si les ombres semblent parfois grandir, nous savons aussi que la lumière est toujours victorieuse.
C’est cette vision-là que le Rabbi nous a donnée comme un héritage. Depuis 20 ans, chacun en a suivi les développements et les avancées. Aujourd’hui, au jour du 3 Tamouz, chacun peut la regarder prendre un élan nouveau. Chacun, conscient de ce qui a été accompli, pénétré du sens de l’espoir et de l’attente, ressent, de manière concrète, que le temps est venu : celui où la volonté, l’action et la réussite prennent une ampleur que personne ne pouvait jusqu’ici soupçonner. Décidément, c’est bien à un passage que nous nous trouvons. La lumière grandit, chacun en voit le frémissement. Le Rabbi, par son enseignement, nous conduit avec force vers le but ultime de l’effort : la venue de Machia’h. Puisse ce 3 Tamouz des 20 ans être celui qui en verra la concrétisation ultime.
La longueur de l’exil
Le deuxième Temple fut détruit à cause de la haine gratuite existant entre les hommes (Youma 9b).
Les hommes ont tendance à ne pas considérer une telle faute comme particulièrement grave car chacun estime que la haine qu’il porte à l’autre est justifiée.
C’est pourquoi notre exil, qui en constitue la réparation, est si long : effacer l’impureté la plus fine prend plus de temps que pour l’impureté grossière, visible à tous.
(D’après Likoutei Torah Matot 86a)
‘Houkat: Le décret
Et D.ieu parla à Moché et Aharon en ces termes : «Voici le décret (‘Hok) de la Torah… Si une personne meurt dans une tente, tous ceux qui pénètrent dans la tente et tous ceux qui sont dans la tente seront impurs pendant sept jours… Et pour la personne contaminée, ils prendront des cendres (de la Vache Rousse)… » (Nombres 19 :1-2,14-1)
Les lois de la «Vache Rousse», qui indiquent comment purifier une personne ayant été en contact avec un corps mort, sont souvent citées comme le décret supra rationnel par excellence. Le roi Salomon, le «plus sage des hommes», dit de cette Mitsva : «Tous (les commandements de la Torah) je les ai compris. Mais le chapitre de la Vache Rousse, bien que je l’aie sondé, interrogé et étudié avec ce que je croyais être de la sagesse, est resté distant de moi».
Il y a, de fait, de multiples aspects de la loi de la Vache Rousse qui défient toute rationalisation. Tout d’abord, le phénomène d’impureté rituelle est en soi un concept mystique, supra rationnel. Le concept de la purification, obtenue par l’aspersion des cendres de la Vache Rousse sur la personne contaminée, ne suit aucune logique que l’on pourrait saisir. Et puis la loi présente des facettes tout à fait incompréhensibles comme le fait que l’aspersion des cendres purifie la personne contaminée tout en rendant impure celle qui l’effectue.
Cependant, dans la Torah, existent d’autres lois non moins inaccessibles à la raison humaine. Une catégorie entière de Mitsvot appelées ‘Houkim («décrets») sont définies par des critères que ne peut appréhender l’esprit humain. On peut dès lors se demander pourquoi c’est précisément la loi de la Vache Rousse qui constitue l’archétype du «décret», la Mitsva dont la Torah dit : «Voici le ‘Hok de la Torah» ?
Moché pâlit
Le Midrach relate que Moché fut le seul être humain qui fut gratifié de pouvoir comprendre cette loi.
«A toi, lui dit D.ieu, Je vais révéler le sens de la Vache. Pour tous les autres, elle sera un ‘Hok». Et pourtant, Moché lui-même ressentit une grande difficulté à accepter cette loi, comme nous pouvons le voir du récit midrachique : dans tout ce que D.ieu enseignait à Moché, Il lui signifiait d’abord la façon dont on était contaminé et la façon dont on se purifiait. Quand D.ieu en vint aux lois concernant celui qui entre en contact avec un mort, Moché lui dit : «Maître de l’Univers ! Est-ce là une purification ?» D.ieu dit : «Moché, c’est un ‘Hok, un décret que J’ai décrété et aucune créature ne peut comprendre entièrement Mes décrets».
Le mystère de la mort
Le départ d’une âme du corps nous est incompréhensible. Il ne s’agit pas ici de rationalité ; rationnellement, la mort a un sens. Nous comprenons la fragilité de la vie, la nature fugace de tout ce qui est matériel. Mais au fond de notre cœur, nous refusons de l’accepter. Malgré toutes les preuves du contraire, nous persistons à considérer la vie comme éternelle. Malgré toutes les bonnes raisons de l’intellect, nous rejetons le concept même de la mort.
Et il est encore plus difficile d’accepter qu’il puisse y avoir un certain processus, une certaine formule qui permettraient d’assumer, et a fortiori de guérir, le terrible vide laissé par l’absence de vie. Quel antidote peut-il y avoir face à l’angoisse, le vide, la futilité absolue que la mort apporte au cœur humain ?
C’est la raison pour laquelle Moché pâlit quand il entendit les lois rituelles de la mort. Il ne s’agissait pas d’un manque de compréhension pour saisir comment la tache spirituelle de la mort peut être purifiée. Et de fait, Moché était l’unique être humain auquel «le sens de la Vache» fut révélé. Mais il n’en cria pas moins : «Maître de l’univers, est-ce là une purification ?». Tu m’as expliqué comment «opèrent» les cendres de la Vache Rousse. Mon esprit est satisfait mais cela ne calme pas le tumulte de mon cœur. Mon cœur ne peut comprendre comment le mal de la mort peut être amoindri.
Et D.ieu répondit : «Moché, c’est un ‘Hok, un décret que J’ai décrété». Certains aspects de Mes créations sont si écrasants qu’ils ne peuvent être surmontés qu’en se soumettant au commandement absolu émanant de l’autorité absolue. J’ai donc ordonné des lois pour vous instruire de ce qu’il faut faire quand vos vies sont touchées par la mort. Ce sont des lois supra rationnelles, voire irrationnelles, car seules de telles lois peuvent vous aider à vous remettre. Ce n’est que par la force d’un décret divin complètement irrationnel que vous pouvez guérir de la mort.
Les lois du deuil
Aujourd’hui, nous ne possédons pas de cendres de la Vache Rousse. Mais nous avons un rituel qui s’applique à la mort. Les lois de la Torah nous commandent de pleurer la mort d’un être cher et régulent notre deuil. Le concept même de «lois du deuil» est incompréhensible. Peut-on ordonner à quelqu’un d’être en deuil ? Peut-il, à l’opposé, être enjoint de diminuer ou de cesser son deuil ?
C’est précisément ce que fait la Torah. Il existe des lois spécifiques qui gèrent l’intensité du deuil depuis les heures qui suivent la mort jusqu’à l’enterrement (une période appelée Onanout), des lois spécifiques pour les trois premiers jours suivant l’enterrement, pour les sept premiers jours (Chiva), les trente premiers jours (Chelochim), et pour la première année suivant la mort. A chacune de ces jonctions, il nous est demandé de passer à une nouvelle phase du deuil, une phase dans laquelle l’intensité de notre angoisse et de notre sens de la perte se mitige et se sublime.
Nous résistons à ces bornes, avec toutes les fibres de notre être. L’esprit comprend la différence entre la Chiva et les Chelochim et entre les Chelochim et la première année, mais le cœur ne l’accepte pas. Cette résistance intérieure ne doit pas nous décourager : la Torah elle-même nous dit que Moché en personne ne pouvait obliger son cœur à accepter ce que son esprit avait pu comprendre. Même après que D.ieu lui eut expliqué comment la Vache Rousse sublime une rencontre avec la mort, cela resta un ’Hok, distant du plus grand des esprits humains et totalement incompréhensible au cœur de tout un chacun. Et pourtant D.ieu nous ordonne de faire ces transitions et nous donne la force d’accomplir ce commandement.
C’est la puissance du décret divin qui nous permet de continuer à la fois à mener notre propre vie et à travailler avec les autres (car il est sûr que ceux qui dépendent de nous ne peuvent attendre que notre esprit et notre cœur aient complètement intégré ce que nous savons être attendu de notre part). Et la force du décret divin est telle que nous pouvons nous dominer et sublimer toute la négativité de la mort.
Que nous puissions immédiatement mériter le jour où une telle sublimation ne sera plus nécessaire, le jour où le Tout Puissant «enlèvera l’esprit d’impureté de la terre», de sorte que «la mort cessera à tout jamais et D.ieu effacera les larmes de chaque visage» et «ceux qui sont dans la poussière se réveilleront et se réjouiront».
Coutumes liées au jour de la Hilloula du Rabbi 3 Tamouz (cette année mardi 1er juillet 2014).
Le Rabbi avait fixé un certain nombre de coutumes à respecter à l’occasion de la Hilloula du Rabbi précédent. Ce sont ces mêmes coutumes qui ont été reprises pour le 3 Tamouz. En voici quelques-unes :
• On s’efforcera d’être appelé à la Torah le Chabbat précédent (Parchat ‘Houkat cette année samedi 28 juin)
• On allumera une bougie de vingt-quatre heures depuis lundi soir 30 juin.
• Pendant chacune des trois prières du jour, on allumera cinq bougies devant l’officiant.
• Le matin, on donnera de la Tsedaka (charité), au nom de chacun des membres de sa famille, pour une institution du Rabbi.
• On consacrera un moment dans la journée pour parler du Rabbi et de sa grande Ahavat Israël (amour du prochain) à sa famille et son entourage.
• On étudiera les chapitres de Michnayot correspondant aux lettres qui constituent le nom du Rabbi.
• On étudiera les enseignements du Rabbi.
• On participera à un Farbrenguen (réunion ‘hassidique).
• On rédigera un «Pane», « Pidyone Néfech », une lettre de demande de bénédictions (en y précisant bénédictions (en y précisant son prénom hébraïque et le prénom hébraïque de sa mère) qui sera lue sur le Ohel du Rabbi.
N° de fax du Ohel : 00 1718 723 44 44
N° de fax du Beth Loubavitch : 01 45 26 24 37
Adresse du Ohel : 226-20 Francis Lewis Blvd – Cambria Heights, New York 11411
E-mail : Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.
Rêve et demande de bénédiction
A l’occasion du second anniversaire du décès du Rav Raphaël Kahn, sa fille relata le récit suivant :
«Lorsque le Rav Sim’ha Gorodetski était emprisonné en Russie soviétique, ses juges tentèrent, à différentes reprises, de le briser moralement et de lui faire avouer ses ‘fautes’, ses actions de diffusion du Judaïsme. On lui demanda, en particulier, de donner les noms de tous ceux qui lui étaient venus en aide. Pour cela, les juges lui affirmèrent que son épouse avait également été emprisonnée et ils lui remirent une lettre, en yiddish, imitant parfaitement son écriture, dans laquelle elle lui demandait d’avouer, afin que ses enfants ne grandissent pas comme des orphelins.
La falsification était si parfaite qu’il ne remit même pas en cause l’authenticité de cette lettre. Il vécut alors un moment très difficile et il se demanda s’il ne devait pas avouer, comme son épouse le lui demandait. Soudain, il prit la décision de le faire et, aussitôt, il demanda à son gardien de le faire déférer, encore une fois, devant les juges. Par la suite, pour une raison qu’il était incapable d’expliquer, il s’endormit soudain. Il fit alors un rêve, au cours duquel il vit son ami, le Rav Raphaël Kahn, qui lui dit :
‘Sim’ha, tiens bon ! N’avoue pas ! J’ai demandé une bénédiction au Rabbi et, avec l’aide de D.ieu, tu seras bientôt libéré !’
Le Rav Sim’ha Gorodetski se réveilla en sursaut. Il fut conduit devant les juges et, quand il affirma qu’il n’avait rien à leur dire, ceux-ci le frappèrent parce qu’il avait osé les déranger en vain. Peu après, il fut effectivement libéré et il quitta la Russie. Il voulut alors, avant tout autre chose, rencontrer son ami, le Rav Raphaël Kahn, pour le remercier. Quand il lui fit part de ce qui s’était passé, celui-ci lui répondit :
‘Je ne sais pas ce qu’est ce rêve. En revanche, je te confirme qu’à cette période, j’ai effectivement écrit au Rabbi afin de solliciter sa bénédiction pour ta libération.’ »
Changement de comportement
Le Rav Slabatitski, émissaire du Rabbi à Anvers, en Belgique, raconte :
“Lorsque nous étions élèves de la Yechiva, auprès du Rabbi, certains d’entre nous observaient le moindre geste que faisait Rabbi et ils tentaient même de l’interpréter. Ceux-là s’aperçurent, en particulier, que le Rabbi, quand il s’asseyait sur son fauteuil, pendant la prière de Min’ha, lors de la répétition de l’officiant et qu’il observait son Sidour, avait l’habitude de poser la main sur son front, en cachant partiellement ses yeux.
Puis, un certain laps de temps s’écoula et les élèves purent alors s’apercevoir que le Rabbi n’adoptait pas systématiquement cette attitude. Il pouvait lui arriver de placer sa main de cette façon, alors que, d’autres fois, il ne le faisait pas. Leur curiosité s’en trouva aiguisée et l’un d’eux décida de rechercher une explication. Chaque fois que le Rabbi plaçait la main sur le front, il observa donc qui se trouvait alors dans la synagogue. Au bout de quelques jours, il eut l’impression d’avoir trouvé la solution de l’énigme.
A l’époque, il arrivait qu’un grand invalide de guerre assiste à la prière de Min’ha. Cet homme était si gravement mutilé que la plupart des présents avaient du mal à le regarder. L’élève s’aperçut que, lorsque cet homme était présent, même s’il se tenait sur le côté, le Rabbi ne se couvrait pas le visage. En effet, cet infirme aurait pu penser que le Rabbi ne voulait pas le voir !
Cette anecdote montre l’extrême sensibilité du Rabbi et son profond souci de ne vexer personne. On peut ainsi comprendre qu’il soit attentif à ce qui peut advenir à chaque Juif de par le monde, qu’il lui accorde sa bénédiction et qu’il lui insuffle la force.”