Semaine 24

  • Kora’h
Editorial

Une clé d’infini

La vie de l’homme se construit jour après jour. C’est pourquoi chacun des instants qui la compose est précieux et nécessaire. Alors qu’elle se déroule, seconde après seconde, elle ouvre à l’homme le champ de tous les possibles. Elle lui donne toutes ces occasions-là – spirituelles – qui peuvent changer une vision, une existence, donner un sens aux choses qui, autrement, ne seront qu’éphémères et sans portée. Le calendrier ne fait pas exception à ce qui paraît bien être une règle fixée au cœur de la création.
Ainsi, c’est au début de la semaine prochaine que reviendra le 3 Tamouz, le jour du départ de ce monde du Rabbi. Un tel jour est grand et solennel, chargé de puissance aussi. Il sera temps d’y revenir le moment venu. Mais comment pourrait-on vivre une telle journée si on se contentait de laisser filer les heures et d’y arriver comme par accident ? Comment pourrait-on en ressentir le caractère infini sans, au préalable, s’être efforcé de sortir de ses propres limites ? Peut-être une clé est-elle cachée ici ? Peut-être tout tient-il en un mot si facile à comprendre et à dire et si difficile à mettre en œuvre : se préparer ?
La parabole ‘hassidique est connue : dans un petit village vivait un homme qui, toujours fatigué, n’aspirait jamais qu’au sommeil. Arriva Roch Hachana. Sa femme se leva de bon matin pour se rendre à la synagogue et tenta, en vain, de le réveiller. La prière commença, avança et l’homme manquait toujours. Sa femme vint, à plusieurs reprises, pour tenter de le réveiller, sans plus de succès. Ce fut l’heure de la sonnerie du Choffar. Cette fois, la digne épouse courut à la maison avec une énergie décuplée. Elle supplia son mari endormi : «C’est le Choffar, lève-toi !». Les mots se frayèrent leur chemin jusqu’au cerveau et au cœur du dormeur et il se leva d’un bond tandis que sa femme repartait. Affolé à l’idée de manquer la cérémonie, il ne réfléchit à rien et c’est dans son vêtement de nuit, encore ébouriffé, qu’il apparut dans la synagogue, vite et trop tard conscient de son… impréparation.
Le 3 Tamouz approche. Il est déjà présent, juste derrière l’horizon. Il n’en est que temps : s’y préparer est indispensable. Quoi qu’il en soit, la journée sera là et elle sera essentielle. Mais il dépend de nous de nous en saisir. Comment ? L’étude, la charité, le retour à D.ieu ouvrent décidément toutes les portes.

Etincelles de Machiah

Moïse en Cohen Gadol

Lorsque Machia’h viendra, les Léviim deviendront tous des Cohanim, explique le Ari Zal dans son Likoutei Torah. Or nous savons que Moïse était lui-même un Lévi. Il en ressort qu’il assumera alors la fonction de Cohen Gadol.
(d’après Or Hatorah, Chemot, p. 1586) H.N.

Vivre avec la Paracha

Kora’h : Trois miracles naturels

Dans notre Paracha, on relate l’histoire du bâton d’Aharon qui fleurit. Kora’h et sa faction rebelle avaient contesté le droit d’Aharon à la Kéhounah Guedola (Grande Prêtrise). Afin de réitérer Son choix d’Aharon pour Le servir dans le Sanctuaire, en tant que représentant de la nation juive, D.ieu ordonna à Moché :
«Prends… un bâton de chaque chef (de tribu)… chacun écrira son nom sur son bâton… Ecris le nom d’Aharon sur le bâton de Lévi… et l’homme que Je choisirai verra son bâton fleurir…»
Moché plaça chaque bâton devant D.ieu dans le Sanctuaire… Le jour suivant… voici que le bâton d’Aharon était en fleurs : des fleurs surgissaient, produisant des fruits et portant des amandes mûres» (Bamidbar 17 :16-24).

Dans un discours qu’il prononça Chabbat Kora’h, en 1991, le Rabbi cita l’incident décrit ci-dessus comme un exemple classique de ce qu’il appela un «miracle naturel». D.ieu ne fit pas seulement en sorte que des amandes apparaissent sur le bâton d’Aharon. Mais Il stimula tout le processus de l’éclosion, de l’apparition et de la maturation du fruit. Comme l’indique le verset, toutes ces phases se produisirent simultanément sur le bâton d’Aharon. Le bâton d’Aharon défiait les lois de la nature et ses restrictions, tout en se conformant aux phases naturelles par lesquelles passe la croissance de l’amande. Il transcendait la nature mais selon les propres termes de cette nature.
En d’autres termes, dit le Rabbi, il existe deux types de miracles :
a) le miracle qui renverse et déplace les normes naturelles, créant une réalité complètement opposée aux lois de la nature
b) le miracle naturel, pas moins «impossible» selon les normes naturelles, et donc preuve de la main de D.ieu, mais qui a lieu dans le cadre de phénomènes naturels.
Pour comprendre les différences entre ces deux types de miracles, il nous faut tout d’abord examiner le but des miracles, en général.
Le mot hébreu pour miracle, Ness, signifie «spirituel» et «élevé». La régularité et la prédictibilité de la nature créent ce que l’on appelle des «lois». «C’est ainsi», stipule l’ordre naturel, et l’on ne peut que se conformer à cette réalité limitée et définie. Néanmoins, la vérité est toute autre. Le monde et l’homme ont été imprégnés par leur Créateur d’un potentiel pour s’élever et élever leur existence, pour se porter au-delà de ce qu’implique la phrase : «c’est comme ça». Un miracle, avec son déploiement de force divine, peut élever ceux qui l’expérimentent, leur permettant de voir à travers la façade de la nature et les inspirant à s’élever au-delà des limites de leur propre nature et des normes acceptées dans leur société.
A première vue, il peut sembler que le «besoin» du miracle naturel de se servir des processus naturels en fait moins un miracle. En réalité, un miracle qui agit par la nature est encore plus «miraculeux» qu’un miracle qui la dépasse. Un changement soudain, bouleversant ne transforme pas la nature : il la dépasse. Mais un miracle intégré dans les œuvres de la nature, non seulement la dépasse mais élève la nature elle-même. Un miracle surnaturel libère la personne qui le vit de l’ordre naturel. Un miracle naturel libère la substance de la nature elle-même.

Le jour où le soleil s’arrêta
On lit généralement la Paracha de Kora’h la première semaine du mois de Tamouz. Le Chabbat où le Rabbi parla du bâton d’Aharon était le 3 Tamouz et le Rabbi cita deux exemples historiques de «miracles naturels»s qui eurent lieu, tous les deux, en ce jour.
Le 3 Tamouz 2488 depuis la Création (en 1273 avant l’ère commune), Yehochoua conduisait le Peuple Juif dans l’une de ses batailles pour conquérir la terre d’Israël. La victoire était imminente mais l’obscurité allait tomber. «Soleil ! Arrête-toi à Givon, lune, à la vallée d’Ayalon !» s’écria Yehochoua (Yehochoua 10 :12). Les corps célestes acquiescèrent, arrêtant leur progression dans le ciel jusqu’à ce que l’armée d’Israël conclut victorieusement la bataille.
Nos Sages ont dit que D.ieu n’accomplit pas de miracle en vain. Qu’accomplirent donc ces changements drastiques des astres ? N’aurait-il pas suffi d’accomplir un miracle plus limité, comme par exemple une illumination soudaine du champ de bataille de Givon ?
Mais une lumière «artificielle» aurait alors signifié que les lois de la nature étaient simplement ignorées et non transformées. Pour que le peuple d’Israël soit inspiré, non seulement à transcender sa nature mais aussi à la transformer et la sublimer, D.ieu insista pour que la lumière naturelle qui leur était donnée soit une véritable lumière du soleil, même si cela supposait que soit créé un nouvel ordre naturel dans les cieux.

Un miracle par étapes
Le second «miracle naturel» dont il est question se situe 3199 ans plus tard, mais cette fois ci en termes encore plus naturels (et donc plus miraculeux).
Le 3 Tamouz 5687 (1927) fut le jour où le sixième Rabbi de Loubavitch, Rabbi Yossef Its’hak, fut libéré de la prison de Spalerna à Léningrad (aujourd’hui Petersbourg).
Rabbi Yossef Its’hak avait été arrêté par des agents de la GPU (police secrète soviétique, précurseur du KGB) et la Yevsektsia (la section juive du parti communiste) pour les efforts qu’il déployait pour soutenir et promouvoir la vie juive sous le régime communiste. Il avait été condamné à mort . Mais sous les pressions internationales, le régime soviétique avait commué cette peine en sentence de dix ans de travaux forcés en Sibérie puis en en exil de trois ans à Kostroma, ville intérieure de la Russie. Le 3 Tamouz, il fut libéré de prison et envoyé en exil. Neuf jours plus tard, le 12 Tamouz se produisit une nouvelle phase de la libération du Rabbi : un ordre le libérant et lui permettant de regagner son domicile de Leningrad. Quelques mois plus tard, il fut autorisé à quitter le pays. En dehors des frontières de la Russie, le Rabbi continua à diriger ses réseaux souterrains d’émissaires et d’activistes qui apportèrent et continuent d’apporter de l’aide matérielle et spirituelle aux Juifs dans tous les recoins de l’empire soviétique.
Dans une lettre écrite lors du premier anniversaire de sa libération, Rabbi Yossef Its’hak écrit : «Ce n’est pas seulement moi que D.ieu a libéré ce jour, mais également tous ceux qui s’appellent Israël». Rabbi Yossef Its’hak s’en était pris au parti tout puissant et il l’avait emporté. Ceux qui cherchaient à détruire la vie juive en Union Soviétique furent eux-mêmes obligés de concéder qu’ils n’avaient pas le droit d’empêcher un Juif de pratiquer sa foi.
Maintenant, conclut le Rabbi, en 1991, « après plus de six décades, nous avons eu le privilège d’assister à une autre réalisation de la victoire du Rabbi et du judaïsme soviétique. La transformation miraculeuse qui est en route dans ce pays est le développement consécutif au miracle du 3 Tamouz. »
Nous avons ici un «miracle naturel» des plus grands. D’une part, c’est une chaîne d’événements qui transcendent l’ordre et les termes naturels. Suggérer dans les heures les plus noires du stalinisme qu’un individu unique pouvait contrer tous les droits du parti tout puissant pour déraciner le Judaïsme en Union Soviétique et persévérer en affirmant que l’étranglement de millions de personnes cesserait, autrement dit, prévoir 1991 en 1927, était aussi prodigieux que le fait que le soleil change sa course. Toutefois et en même temps, c’était un miracle naturel comme le montrent tout d’abord le fait que le sauvetage du Rabbi put avoir lieu avec le consentement de ceux-là mêmes qui l’avaient condamné (un changement de l’intérieur) et d’autre part le fait que la victoire ne fut ni immédiate ni complète d’emblée, mais qu’elle survint par phases et continua à se déployer durant de nombreuses années.


Supplément 3 Tamouz
L’enfance du Rabbi

Le Rabbi de Loubavitch, Rabbi Mena’hem Mendel Schneerson, est né Vendredi 18 Avril 1902, 11 Nissan, dans la ville de Nikolaïev. Son père, Rav Lévi Yits’hak, était à la fois un kabbaliste de renom et grand talmudiste. Sa mère, la Rebbetsen ‘Hanna, venait d’une famille aristocratique et de lignée rabbinique prestigieuse.
A l’âge de 7 ans, le Rabbi déménagea avec ses parents dans la ville de Yakaterinoslav (Dnepropetrovsk) où son père fut nommé Grand Rabbin de la ville.
Durant ces années-là, les Juifs furent la proie de nombreux pogroms et persécutions. La Rebbetsen ‘Hanna raconta qu’en 1905, des dizaines de familles juives se réfugièrent dans un bunker pour échapper à un pogrom. Les bébés et les enfants pleuraient de peur. Les efforts des parents qui s’efforçaient de les calmer ne faisaient qu’augmenter leur panique, et dès lors, le risque d’être découverts était imminent. Ce fut le jeune Mendel qui réussit à les calmer en les consolant par des caresses et des mots gentils.
Des années plus tard, le Rabbi avoua que ces années de jeunesse avaient bel et bien forgé son optique du monde et ses objectifs dans la vie. Le Rabbi avait une idée très singulière de l’enfance dont il a exposé les grandes lignes dans ses enseignements et mis en pratique dans ses programmes. Le Rabbi ne considérait pas l’enfant uniquement comme un adulte potentiel mais aussi comme une personne possédant des qualités intrinsèques : la foi, la confiance, l’intégrité, l’énergie, l’enthousiasme, la soif de connaissances, son ardeur au travail, la conscience de réaliser une mission importante, ce sont toutes des qualités inhérentes à l’enfant et que l’adulte essaie d’émuler. Le but de l’éducation n’est pas seulement de préparer l’enfant à son statut d’adulte mais aussi d’exploiter et de préserver ses qualités en lui permettant d’exprimer son potentiel positif.
Cette attitude n’est pas restée théorique. En 1980, le Rabbi fonda Tsivot Hachem, « l’Armée des Enfants » pour amener la Rédemption au monde. Dès les premières années de sa direction du mouvement Loubavitch, le Rabbi associa les enfants à son travail, et eux à leur tour, se sont montrés des troupes enthousiastes. Plusieurs fois par an, le Rabbi s’adressait à des rallyes d’enfants ; il parlait leur langage et leur donnait les « ordres du jour » qui faisaient d’eux des participants à part entière pour mettre en pratique chaque jour leur mission.



Le Rabbi et les soldats israéliens victimes des guerres

Le 4 Octobre 1977, soir de la fête de Sim’hat Torah, alors que les danses des ‘hassidim battaient leur plein dans la synagogue du Rabbi, celui-ci subit une crise cardiaque très sérieuse. Le Rabbi fut alors hospitalisé, dans son bureau. Ce ne fut que cinq semaines plus tard, le 1er Kislev, qu’il put rejoindre son domicile. C’est ainsi qu’en ce jour, les ‘hassidim adoptèrent la coutume de célébrer cette guérison et d’en remercier D-ieu.

Lors de l’été 1976, le Ministère Israélien de la Défense organisa un voyage aux Etats-Unis pour un groupe de ses soldats handicapés, victimes des différentes guerres qu’avait connues le pays.
Ils rendirent alors visite au Rabbi de Loubavitch: dix grands bus les transportèrent dans leurs chaises roulantes depuis leur hôtel à New York, jusqu’au 770 Eastern Parkway, où se trouvait la synagogue.

Le Rabbi s’en trouva particulièrement ému. Le sourire aux lèvres, il les accueillit chaleureusement, serrant les mains de chacun pendant plusieurs minutes et distillant ici et là quelques encouragements.

Puis il s’adressa publiquement à eux en ces termes :
« Si quelqu’un a été privé d’un de ses membres ou d’une de ses facultés, cela signifie que D-ieu lui a donné des forces spéciales pour pouvoir surmonter ces restrictions et lui permettre ainsi d’accomplir des exploits qu’un homme « normal » ne peut pas accomplir. Vous n’êtes ni handicapés, ni infirmes, vous êtes des hommes spéciaux et uniques, dans la mesure où vous détenez des potentialités que nul autre être ne possède. Je suggère par conséquent que l’on ne vous désigne plus tels que des « infirmes » ou des « handicapés », mais plutôt en tant qu’« individus spéciaux », ce qui soulignerait votre singularité. »

Rappelons qu’à cette époque-là, une telle approche n’était pas des plus courantes, même dans les milieux médicaux qui usaient eux aussi de termes à connotation négative. Pourtant, le Rabbi appliquait là le vieil adage ‘hassidique : « Pense bien et tout ira bien » !

À ces hommes, qui avaient perdu l’usage de leurs membres pour la défense de leur peuple, le Rabbi transmit des paroles réconfortantes, chaleureuses et optimistes. Nombre d’entre deux avouèrent qu’il s’agissait bien de la première fois depuis leur infirmité, qu’ils percevaient un langage positif, sans ressentir une attitude de pitié, de culpabilité ou même de répulsion.

Lorsque le Rabbi retourna dans son bureau, son secrétaire révéla qu’il lui fallut une semaine pour se remettre de ces rencontres…


Rubrique : Lettre du Rabbi

Une conversation positive

La lettre dont la traduction française est présentée ici a été écrite par le Rabbi en 1944. Rappelons que le Rabbi est arrivé aux Etats-Unis en 1940 et que c’est son beau-père et prédécesseur, Rabbi Yossef Its’hak Schneersohn, qui présidait alors aux destinées du mouvement loubavitch.

Il existe plusieurs approches quant à la démarche de celui qui s’efforce d’influencer son prochain et de le rapprocher de la Torah et de l’observance de ses commandements. De manière générale, nous distinguons deux procédés de base :

Le premier consiste à décrire la solitude de l’homme, l’abjection et la bassesse du mal, les punitions du purgatoire, etc. En d’autres termes, on insiste sur tout ce qu’il faut éviter. Il s’agit fondamentalement de l’approche du Moussar (réprimande).

La seconde méthode porte sur l’explication et la description de la grandeur de notre Créateur, l’immensité de Son œuvre ou encore l’incommensurable étendue de la Torah et des Mitsvot. Ainsi, l’accent est porté sur ce vers quoi nous devons tendre. Ceci résume la vision de base du ‘hassidisme.

L’une des principales différences entre ces deux formules est la suivante:
Un individu s’investit pour influencer son prochain en se concentrant sur des sujets tels que décrits au début, à savoir, combien amer et redoutable est le lot du pécheur ou bien la solitude à laquelle est en proie celui qui recherche les plaisirs de ce monde matériel, etc, Le seul aspect positif d’une telle discussion sera l’espoir que tout ceci l’incitera à renouer avec le droit chemin ! Cette espérance mise à part, aborder tous ces sujets n’est pas considéré comme un acte positif en soi.

En revanche, des discussions sur les concepts propres à la seconde catégorie – s’approfondir sur le processus de la création, l’injonction « Connais le D-ieu de tes pères », reconnaître l’unité de D-ieu – ceci consiste en soi un acte positif, indépendamment de l’influence potentielle engendrée.

Rav Mena’hem Schneersohn

Pourim 5704 (1944)

Le Coin de la Halacha

Coutumes liées au jour de la Hilloula du Rabbi 3 Tamouz
(cette année mardi 19 juin 2007)

Le Rabbi avait fixé un certain nombre de coutumes à respecter à l’occasion de la Hilloula du Rabbi précédent. Ce sont ces mêmes coutumes qui ont été reprises pour le 3 Tamouz. En voici quelques-unes :
• On allumera une bougie de 24 heures depuis lundi soir 18 juin.
• Pendant chacune des trois prières du jour, on allumera cinq bougies devant l’officiant.
• Le matin, on donnera de la Tsedaka (charité), au nom de chacun des membres de sa famille, pour une institution du Rabbi.
• On consacrera un moment dans la journée pour parler du Rabbi et de sa grande Ahavat Israël (amour du prochain) à sa famille et son entourage.
• On étudiera les chapitres de Michnayot correspondant aux lettres qui constituent le nom du Rabbi.
• On étudiera les enseignements du Rabbi.
• On rédigera un «Pan», «Pidyon Néfech», une lettre de demande de bénédictions, en y précisant son prénom et le prénom de sa mère, qui sera lue sur le Ohel du Rabbi.
N° de fax du Ohel : (00 1718) 723 44 44
N° de fax du Beth Loubavitch : 01 45 26 24 37
Adresse du Ohel : 226-20 Francis Lewis Blvd – Cambria Heights, New York 11411
E-mail : Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.

De Recit de la Semaine

Laissez mes sacs ?

Alors qu’il n’était encore connu que comme «le gendre du Rabbi (Yossef Its’hak Schneersohn de Loubavitch)», celui qui allait devenir le Rabbi dirigeait, un Chabbat, une réunion ‘hassidique. Il évoquait l’importance de «Ahavat Israël», l’amour gratuit pour un autre Juif, quel que soit son niveau d’adhérence à la Torah et à la pratique religieuse : «Quoi qu’il fasse, qu’il dise ou qu’il pense, chaque Juif est un Beth Hamikdach, un sanctuaire miniature qui possède la capacité de révéler le Créateur et le désir d’accomplir la Torah. C’est notre responsabilité d’aborder chaque Juif dans la rue pour le démontrer !»
Ces mots impressionnèrent les ‘Hassidim qui, jusqu’alors, avaient adopté une attitude défensive au sein du monde environnant plutôt que de songer à la diffusion de la ‘Hassidout. C’est pourquoi l’un des participants osa demander ce que chacun pensait en son for-intérieur : «Vous voulez dire que nous devons aborder les Juifs dans la rue, ici à New York, leur demander s’ils sont Juifs et les convaincre de pratiquer les commandements de D.ieu ? Ils nous prendront pour des fous et se moqueront de nous ! Qu’aurons-nous gagné ?»
Calmement, le Rabbi répondit : «Venez ! Je vais vous montrer comment agir !»
Il sortit de la synagogue et les ‘Hassidim le suivirent. La grande avenue de Eastern Parkway connaissait un trafic dense et les piétons se dépêchaient. Le Rabbi remarqua alors une dame qui traversait la rue tout en portant des sacs remplis de ses courses à l’épicerie. Il lui sourit et la salua d’un cordial «Bonjour !». Elle répondit poliment et il s’excusa alors d’être très direct mais il voulait savoir si elle était juive. «Bien sûr !» dit-elle ; il lui demanda si elle savait que, selon la loi juive, il n’est pas permis de porter des sacs Chabbat.
Elle répondit qu’elle avait effectivement entendu cela mais qu’elle n’était pas, qu’elle n’avait jamais été pratiquante ou même intéressée par ces «traditions». Cependant, elle ne semblait pas dérangée par cette conversation impromptue et était même contente qu’on s’adresse à elle uniquement pour son bien et sans motif ultérieur.
Le Rabbi lui expliqua alors combien l’observance du Chabbat était bénéfique pour chaque Juif : c’est un cadeau offert au peuple juif pour le rattacher au but de la création, c’est un jour de repos qui permet de renouveler ses forces : «Les Juifs ont gardé et respecté le Chabbat à travers les générations et c’est le Chabbat qui les garde !»
La femme l’écoutait attentivement, mais finit par répliquer en souriant : «C’est très intéressant ! Mais que dois-je faire avec mes sacs de commissions ?»
- Ne vous inquiétez pas ! Vous pouvez laisser vos sacs et votre argent ici, nous les garderons avec soin. A la sortie du Chabbat, dans quelques heures, vous pourrez venir les récupérer !»
- Oh non, Monsieur le rabbin ! Je ne peux pas faire cela ! Je ne veux pas vous déranger ! De plus, je ne vous connais pas ! Mais je vous remercie sincèrement de vous soucier de mon bien-être ! Chabbat Chalom !» ajouta-t-elle en se remettant en marche.
- Excusez-moi, Madame, reprit le Rabbi. Quand j’affirme que le Chabbat nous protège, cela inclut non seulement la personne qui respecte le Chabbat mais aussi sa famille !
La femme réfléchit et, les yeux soudain embués de larmes, regarda intensément le Rabbi.
- Rabbi ! J’ai un fils dans l’armée américaine qui combat en Allemagne. Je suis terriblement inquiète à son sujet. Ce que vous venez de dire me touche profondément. Prétendez-vous que si j’observe le Chabbat, D.ieu le protégera ?
- Je suis sûr que D.ieu le protègera, que vous observiez le Chabbat ou non. Mais je suis également sûr qu’une Mitsva de votre part y contribuera !
- Et vous me promettez de surveiller mes sacs ?
- Tout à fait ! Vous n’avez pas à vous inquiéter. Après le Chabbat, entrez dans le bureau de cette synagogue et vous retrouverez toutes vos affaires.
La femme le remercia, posa ses sacs, lui souhaita Chabbat Chalom et partit. Quelques heures plus tard, après Chabbat, elle vint récupérer ses affaires dans le bureau.
Mais l’histoire ne s’arrête pas là, bien qu’elle ait déjà suffi à démontrer aux ‘Hassidim qu’avec sincérité on parvenait à persuader n’importe quel Juif – même dans la rue – à accomplir une Mitsva.
Quelques semaines plus tard, la femme revint et demanda à parler au rabbin qui l’avait abordée un Chabbat dans la rue. En le revoyant, elle fut très impressionnée et raconta : «Ce que vous avez accompli ce fameux Chabbat est absolument incroyable. Un vrai miracle !»
Elle sortit de son sac une lettre : Mon fils m’a écrit le lendemain de ce Chabbat, depuis l’Allemagne où il combat les Nazis : «Ma chère Maman. Tu ne peux pas t’imaginer le miracle qui m’est arrivé. Je suis vivant et je tremble encore en t’écrivant. Hier, samedi, vingt d’entre nous ont été envoyés pour une expédition de routine, j’en faisais partie. L’endroit était supposé être nettoyé de tout ennemi mais, alors que nous avions déjà roulé depuis une heure, nous avons été encerclés par tout un régiment de Nazis : les balles fusaient contre nous de toutes parts. Ils disposaient d’armement lourd et nous ne pouvions nous cacher : nous étions des cibles idéales. J’ai vu mes camarades Joe, Sam, Mickey et tous les autres criblés de balles, blessés à mort et hurlant de douleur. Je croyais vraiment ma dernière heure arrivée et j’ai même crié «Chema Israël». J’ai caché ma tête dans mes genoux en attendant la balle fatale, j’ai prié et soudain les renforts sont arrivés. J’ai été sauvé !
Maman ! Tous mes camarades ont été tués. Tous sauf moi ! C’est un miracle ! Je remercie D.ieu d’être vivant et je prie pour que cette guerre se termine bientôt afin que je puisse rentrer à la maison !»
Le Rabbi sourit simplement et conclut : «Je suis heureux d’entendre que votre fils va bien et j’espère que tous les deux, vous continuerez à respecter le Chabbat, car, ce que j’ai omis de préciser la dernière fois, c’est que le Chabbat vous protège vous, votre famille mais aussi tout le peuple juif !»

Rav Tuvia Bolton
www.ohrtmimim.org/torah
Traduit par Feiga Lubecki

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