Semaine 45

  • Hayé Sarah
Editorial
Un congrès pour vivre et faire vivre

Il y a congrès et congrès. Il en existe qui ont pour but essentiel de commémorer des actions anciennes ou des événements qui font aujourd’hui partie de l’histoire. Ceux-là ont le doux parfum des objets d’une autre époque, que l’on retrouve avec émotion et dont on regarde les couleurs fanées avec nostalgie. Il en est d’autres qui, telles de grandes machines orgueilleuses, brillent de tous leurs ors mais servent surtout à masquer un vide si vertigineux que seule l’ivresse des célébrations rituelles parvient à le masquer. Il en est encore qui affichent les certitudes et les entreprises mais dont les résolutions s’arrêtent au seuil de la salle qui les accueille. Il en est enfin, et sans doute sont-ils les moins nombreux, qui sont des lieux de vie, des rendez-vous que l’habitude ne parvient pas à user et qui donnent force et vigueur à des actions innombrables tout au long de l’année. C’est à cette dernière catégorie qu’appartient ce qu’il est convenu d’appeler le Kinous Hachlou’him, le Congrès international des émissaires du Rabbi. Il a lieu ce Chabbat.
Chacun le sait : c’est une rencontre impressionnante. Ils sont là, venus de partout dans le monde. Ils font parfois, pour ce rendez-vous de quelques jours, des milliers de kilomètres. Rien ne les arrête, ni les préparatifs locaux pour le temps d’absence, ni les responsabilités, ni la fatigue prévisible. Ils viennent comme pour des retrouvailles essentielles. Bien sûr, certains ne pourront pas se déplacer mais ceux-là seront dans tous les esprits, ceux que leurs fonctions auront retenu au loin. Ils viennent pourtant déjà nombreux, plusieurs milliers, et chaque année davantage. D’Australie comme d’Europe, d’Afrique comme d’Asie ou d’Amérique, ils viennent, portés par le même enthousiasme. Tous savent dire leurs expériences, en Israël d’abord et aussi dans tous ces endroits que bien peu visiteront un jour mais où des Juifs vivent, dans tous ces pays où les temps semblent parfois si difficiles – matériellement ou spirituellement – mais où la volonté d’agir rend la vie plus belle.
Toutefois, au-delà des rencontres et des souhaits échangés, au-delà du travail et des réflexions pendant ces quelques jours, ce Congrès est aussi un moment privilégié. Celui où, conscients de la portée de leurs actes même s’ils n’y accordent pas plus d’importance qu’à un travail quotidien, les émissaires du Rabbi montrent de façon éclatante que l’œuvre est en marche. Par leur présence et les résolutions prises, ils proclament que l’enseignement du Rabbi les conduit sans faillir et que le bout de la route est désormais en vue. Voici que, du cœur de l’obscurité, monte enfin la lumière.
Etincelles de Machiah
Sans exception

Lorsque Machia’h viendra, aucun Juif ne restera en exil comme le souligne Rachi (Parchat Nitsavim 30:2) : «Il (D.ieu) prend par la main chacun…». En effet, le sens profond de la Délivrance est l’expression du lien essentiel entre les Juifs et D.ieu. Or, si un seul Juif restait en exil, ce lien ne s’exprimant pas totalement, la Délivrance ne serait pas authentique.

La Délivrance est qualifiée de «véritable et complète» car elle sera celle de tous.
(d’après Séfer HaSi’hot 5742, vol. II, p.514)
Vivre avec la Paracha
‘Hayé Sarah : Vieillir avec grâce

«VeAvraham veSarah zekénim baïm bayamim - Voilà qu’Avraham et Sarah étaient vieux, avancés en âge» (Beréchit 18 :11).
S’il est vrai qu’Avraham et Sarah étaient vieux, n’est-il pas évident qu’ils étaient «avancés en âge» ?
Cependant le mot hébreu baïm signifie littéralement «entraient» et le sens littéral de bayamim est «dans les jours».
Si bien que, en traduction plus fidèle, ce verset donne : «et Avraham et Sarah étaient vieux, ils entraient dans les jours…»
Ils entraient dans chaque jour comme l’on entre dans sa maison, totalement et sans retenue. Ils se liaient à chaque moment et l’étreignaient de toute leur force. Ils s’attachaient au temps et se laissaient attacher par le temps. Ils étaient totalement là où ils étaient, dans quelque lieu que ce fut et à quelque moment que ce fut.
C’est la raison pour laquelle la moitié du verset se réfère au nombre d’années, abondantes, vécues par Avraham et Sarah alors que la seconde partie indique la manière dont ils les vécurent.
Ils avaient connu des difficultés. Ils y avaient souvent été confrontés mais n’avaient jamais cherché à fuir. Ils ne s’étaient pas cachés devant les vicissitudes de la vie, ils les avaient affrontées du mieux possible. Ignorer l’appel du moment, estimaient-ils, c’est ignorer Celui qui appelle. Ils croyaient véritablement en «l’ici et le maintenant».

Sans rides
On a l’habitude de dire que l’âge ne s’évalue pas d’après la carte d’identité.
Il n’est pas rare de rencontrer deux êtres qui ont le même âge, qui sont peut-être nés le même jour, ont même mené une vie similaire et pourtant l’un n’a pas de rides et le visage de l’autre est parcheminé !
Le premier a construit autour de lui une forteresse inaccessible, effrayé à l’idée de faire la guerre.
Le visage de l’autre est sillonné, porte les cicatrices de ses combats.
Le premier possède un système de défense complexe, des mécanismes pour conjurer les souffrances, le second a décidé de ne jamais en édifier, considérant que ce sont ces murs, et non la souffrance elle-même, qui représentent l’ennemi. Pour lui, aller à l’encontre de la vie, de quelque manière que ce soit, est équivalent de la mort.
La raison en est que les murs de sécurité impénétrables ne font pas la distinction entre la haine et l’amour. Ils font leur travail de façon indiscriminée, éloignant de la même façon l’ami et l’ennemi.
Les rides sont souvent le signe de difficultés et d’épreuves mais elles racontent également une histoire de rires et de joies.

Rester jeune
VeAvraham zaken ba bayamim. «Et voilà qu’Avraham était vieux, avancé en âge»(Beréchit 24 :1).
Ce verset apparaît quarante et un ans après le premier qui décrivait l’âge d’Avraham (et de Sarah).
Pourquoi ce nouveau constat ? N’est-il pas évident que quelqu’un, qui était déjà vieux bien des années auparavant, ne fait que vieillir davantage et continuer à avancer en âge, le temps passant ?
La question serait opportune si ce nouveau verset se référait au nombre d’années d’Avraham. Mais ce n’est pas le cas. Elle concerne, une fois encore, la qualité de vie d’Avraham.
Il appartient à la nature de l’homme de devenir moins enthousiaste, plus calme, avec les années. Car il est un fait que l’excitation et la nouveauté vont de pair. Puisque peu de choses lui sont nouvelles, il a tout vu, en bien et en mal, il se trouve donc bien souvent moins affecté par ce qui se passe. Son mode de vie, ses idées et ses réactions sont presque inscrits dans la pierre.
Mais Avraham était différent. En ce sens, il ne vieillit jamais. Il se peut qu’il ait accumulé les années mais il était resté jeune d’esprit. Il était prêt à apprendre, à changer, tout comme un jeune enfant lors de son premier jour d’école.
C’est ce que veut souligner la Torah en énonçant, à deux reprises, le même verset.
Quarante et un ans avaient passé, des années remplies de joies et de souffrances. Et pourtant, Avraham avait toujours un cœur jeune.
Dans cette période de quatre décennies, toute la région de Sodome avait été détruite. Sarah avait été enlevée par Avimélè’h puis libérée. Après une période de stérilité, elle avait mis un fils au monde. Avraham avait été obligé de renvoyer de sa maison Hagar et Ichmaël. Il y avait eu la dispute avec Avimélè’h, à propos de sa propriété. Puis l’accord. Entre-temps, il avait ouvert une auberge et s’était jeté dans une campagne révolutionnaire pour diffuser le monothéisme. Il avait été réuni avec son fils repentant, Ichmaël. Il avait subi de la part de D.ieu de nombreuses épreuves, culminant avec le sacrifice d’Its’hak. Et plus récemment, sa compagne de vie, son roc, son épouse bien aimée, Sarah, avait quitté ce monde.
Tant d’épreuves, tant d’étapes, tant de changements… Et pourtant Avraham n’avait toujours pas vieilli. Chargé de plus d’années, certes, mais pas vieilli dans son caractère.
Il avait tous les droits maintenant d’arrêter d’ «entrer» dans ses jours. Mais il ne considérait pas ce droit opportun. Il avait toutes les excuses au monde pour se retirer d’une vie trépidante. Mais se retirer aurait signifié expirer. Jusqu’à son dernier jour, il n’allait cesser de recevoir les messages de la vie. Il portait sa barbe blanche et ses cheveux blancs comme une médaille. Il considérait les rides, encerclant ses yeux et révélant d’innombrables sourires, comme des marques de beauté.

Et nous ?
Nous sommes parfois si occupés que nous oublions de vivre. Nous sommes parfois si occupés à faire que nous oublions d’être.
Nous sommes parfois si occupés à esquiver les aléas de la vie que nous oublions de nous en détourner quand ils frappent. Du temps passé ne signifie pas du temps vécu. Du temps géré ne signifie pas du temps bien passé.
Il nous faut donc toujours rester ouverts, par l’esprit, le cœur et l’âme car l’on ne cesse jamais d’apprendre. Chaque jour a sa chanson. Chaque heure nous appelle. Chaque seconde offre quelque chose d’unique et d’évanescent. A chaque moment, le Ciel frappe à notre porte.
Il est sûr que les blessures de la vie sont parfois intolérables et nécessitent, à juste titre, du répit mais les clés de la forteresse que l’on a érigée doivent toujours rester à notre portée. Sinon notre château-fort risque de devenir notre prison.
Le Coin de la Halacha
Pourquoi allume-t-on les bougies de Chabbat ?

Les Sages ont institué d’allumer des bougies avant Chabbat pour deux raisons principales :
- C’est une façon d’honorer le Chabbat. Le Chabbat apporte à la maison juive le repos, la lumière et la joie. Ce jour, le Juif reçoit une «âme supplémentaire» ; or, l’âme ressemble à la bougie comme il est dit : «La lumière de D.ieu est l’âme de l’homme» (Proverbes 20 : 27). Comme la flamme de la bougie, l’âme aspire à s’élever vers le haut. La bougie éclaire la maison et l’âme.
- C’est une façon d’apprécier le Chabbat («Onèg Chabbat»). On ne peut apprécier le repas de Chabbat que si l’on est éclairé comme il convient.
- C’est une façon d’augmenter la paix dans le foyer : le fait de demeurer dans le noir rend triste. De plus, l’obscurité peut faire trébucher et tomber, ce qui causerait évidemment de la peine, contraire à la sérénité que devrait apporter le Chabbat. Le sens mystique de cette explication est que les bougies de Chabbat apportent dans la maison la lumière de la Torah qui évite au Juif de trébucher sur les embûches d’un monde souvent obscur.
L’essentiel de la Mitsva (commandement) consiste à allumer à l’endroit du repas, si possible sur la table où l’on mange vendredi soir.
Les femmes, jeunes filles et petites filles ont l’habitude de mettre quelques pièces à la Tsedaka (charité) avant d’allumer les bougies : elles veilleront à ne pas déplacer la boîte de Tsedaka après avoir allumé puisque c’est déjà Chabbat et qu’il est alors interdit de déplacer de l’argent.
A l’instar de Rivka (Rébecca, qui n’avait que trois ans quand elle alluma les bougies à la place de Sarah), les petites filles et les jeunes filles allument une bougie, avant leur maman, sur leur propre bougeoir. Les femmes mariées allument au moins deux bougies (certaines allument encore une bougie supplémentaire par enfant afin d’éclairer leur Mazal).
Le mérite des bougies de Chabbat assure une longue vie aux membres de la famille, éclaire leur Mazal, protège le peuple juif tout entier et annulera l’obscurité de l’exil avec la venue de Machia’h.

F. L. (d’après Rav Shmuel Bistritzky – Hamitsvaïm Kehala’ha)
De Recit de la Semaine
Ecris au Rabbi que ce n’est pas la peine d’y aller…

Avant un de ses voyages en Afrique australe, Rav Yossef Wineberg entra en Ye’hidout (entrevue privée) auprès du Rabbi qui lui suggéra soudain de s’intéresser à la présence éventuelle de Juifs à Madagascar (l’actuelle République Malgache).
Rav Wineberg profita de quelques jours libres pour enquêter dans différents endroits à ce sujet. Personne ne put lui répondre. Il espéra qu’en Afrique, il obtiendrait davantage de renseignements mais là aussi, personne n’en savait rien.
«J’écrivis au Rabbi que j’avais procédé à une enquête à New York puis en Afrique mais que personne ne savait s’il se trouvait des Juifs à Madagascar. J’achevais ma mission et retournais à Brooklyn sans être allé à Madagascar.
Avant mon voyage suivant en Afrique du sud, j’entrai comme de coutume dans le bureau du Rabbi qui me demanda alors explicitement de me rendre à Madagascar pour un ou deux jours. Je tentai d’expliquer pourquoi je ne l’avais pas fait la fois précédente puisque le Rabbi n’avait que suggéré de m’intéresser à la présence éventuelle de Juifs sur cette île. Le Rabbi sourit : «Il y avait sans doute déjà à ce moment des Juifs à Madagascar !»
A mon arrivée à Johannesburg, Rav Rabinovitch, le grand-rabbin d’Afrique du sud, affirma que dernièrement avait été établi un consulat israélien à Tananarive, la capitale de Madagascar. Il réussit à trouver le nom et l’adresse du consul, lui écrivit pour lui demander de lui envoyer la liste des Juifs de l’île. Nous avons attendu plusieurs semaines mais n’avons reçu aucune réponse (il s’avéra par la suite que, justement à cette époque, le président de l’île s’était rendu en visite officielle en Israël et le consul l’avait accompagné). Je décidai alors de me rendre par moi-même à Madagascar, obtins le visa nécessaire et entrepris de réserver un billet d’avion. Mais on m’informa qu’il n’y avait pas de ligne directe jusqu’à Madagascar, il fallait passer par Nairobi au Kenya. De plus, il n’y avait que deux avions par semaine et l’un de ces trajets se faisait le Chabbat. Je n’avais plus qu’à m’inscrire sur une liste d’attente. Je reçus à ce moment un appel d’un Chalia’h (émissaire) du Rabbi à Johannesburg, Rav Elai : il venait de rencontrer le docteur Chachkess qui revenait justement de Madagascar. Là, il avait rencontré un médecin juif, originaire de Vitebsk mais complètement assimilé. Quand le Dr Chachkess avait entendu que je m’apprêtais à me rendre à Madagascar, il déclara que cela n’en valait pas la peine : on pouvait d’ailleurs en aviser le Rabbi en son nom. (Le docteur Chachkess avait lui-même déjà accompli certaines missions pour le Rabbi).
Malgré sa réticence bien compréhensible, j’insistai pour qu’il me donne l’adresse de ce médecin afin que j’aie au moins un point de chute à mon arrivée. Entre-temps, je dus me rendre au Cap et, quand je revins le jeudi à Johannesburg, Rav Elai m’annonça qu’on avait pu me réserver une place pour l’avion de Nairobi, même si on n’avait pas encore pu assurer une place pour l’avion de Nairobi à Madagascar. Par contre, une lettre était parvenue au Rabbinat de Johannesburg de la part d’un Juif de Madagascar qui se trouvait sur l’île depuis six mois avec sa femme et son fils et n’avait pu obtenir de la viande cachère. Rav Elai lui avait immédiatement envoyé un télégramme l’avertissant de la venue le dimanche suivant d’un Rav qui lui apporterait à manger cachère ; effectivement, j’arrivai à Nairobi et on m’annonça qu’il restait une place pour Madagascar ; on ne pouvait pas m’assurer d’une place pour le retour. Roch Hachana approchait mais j’avais confiance dans la parole du Rabbi qui avait évoqué la possibilité de rester «un jour ou deux à Madagascar». A l’aéroport de Tananarive, je fus accosté par un homme qui se présenta comme L., celui qui avait écrit pour obtenir de la viande cachère. Il m’avait bien sûr reconnu par mon apparence vestimentaire. Dans la voiture, il me raconta qu’il était en mission pour le compte d’une entreprise française d’agriculture. Lui aussi, comme le personnel du Consulat israélien, n’avait pas réussi à trouver d’autres Juifs sur l’île.
Je le rassurai : j’en savais déjà plus que lui puisque je savais qu’il existait un autre Juif, le fameux médecin. Je l’avisai que sa présence sur l’île devait être considérée comme une mission pour trouver et aider d’autres Juifs à pratiquer le judaïsme. Il m’écouta avec beaucoup d’attention et d’intérêt. Nous sommes allés ensemble au consulat israélien : le consul était revenu, l’endroit était très animé. Je fis remarquer avec étonnement au vice-consul qu’il manquait des Mezouzot aux portes du bâtiment : «Elles ne sont pas encore arrivées !» se désola-t-il. J’en sortis une de ma serviette et, devant le personnel ravi, je la fixai à la porte avec la bénédiction.
Il s’avéra que le consul connaissait encore trois autres familles juives. Nous avons décidé d’organiser une réunion de toutes ces personnes le soir même. Pour commencer la réunion, je fixai une Mezouza à la porte de la maison de notre hôte. Tous les participants étaient très émus, heureux aussi de se rencontrer. Deux de ces familles étaient originaires d’Irak. Monsieur L. se proposa d’enseigner aux enfants à lire l’hébreu ; d’autre part, il connaissait un peu le ‘Houmach et la Michna et même un peu les lois de l’abattage rituel. Dans cette île où il ne se trouvait en principe pas de Juifs, nous avions soudain une communauté avec une petite école juive et un apprenti Cho’hèt !
Les fêtes de Tichri approchaient et je devais rentrer aux États-Unis. J’enseignais à l’un des Juifs présents les lois de base du Chofar et lui confiai un Chofar dans lequel il sonnerait pour tous les Juifs de l’île.
Je retournai à l’hôtel ; je remarquai qu’un des résidents de l’hôtel n’arrêtait pas de me regarder. Mon habit ’hassidique devait l’intriguer. Je lui souris, il s’approcha et nous avons bavardé, en allemand. Lui aussi était juif et il fut très heureux d’apprendre que «la communauté» se réunirait pour les fêtes.
La suite de l’histoire appartient au secrétariat du Rabbi qui garda le contact : maintenant les Juifs de Madagascar savaient que «quelqu’un pensait à eux» et qu’ils ne seraient plus seuls.

Aharon Dov Halperin - Kfar Chabad n°1469
Traduit par Feiga Lubecki