Samedi, 30 juin 2018

  • Balak
Editorial

 Choisir son avenir

Certaines dates claquent au vent comme les drapeaux les jours de victoire. Les 12 et 13 Tamouz que nous célébrons cette semaine sont de celles-là. Contraindre un empire sans pitié – l’URSS de Staline – à relâcher sa proie – Rabbi Yossef Its’hak, le précédent Rabbi de Loubavitch – est incontestablement un événement à fêter, d’abord pour lui-même et aussi pour toutes les conséquences dont il fut porteur. Sans doute est-ce cela qui rend le contraste encore plus difficile à vivre. Moins d’une semaine plus tard, le calendrier indique la date du 17 Tamouz, jour de jeûne, et c’est de sentiments bien différents qu’il s’agit. Journée d’infortune est-on tenté de dire. De fait, au cours de l’histoire, les malheurs se succédèrent en ce jour, cinq rapportent les textes : depuis les Tables de la Loi brisées par Moïse au pied du mont Sinaï à la suite de la faute du veau d’or jusqu’à la première brèche pratiquée dans la muraille de Jérusalem par l’envahisseur, ce qui devait déboucher – nous le savons aujourd’hui – sur la destruction du Temple. Que faut-il alors en dire ? Que, de cette date, s’élève la triste complainte des combats perdus, le sinistre murmure des abandons forcés ? Juste après la victoire, le désastre ? La vie peut-elle être faite de si brusques revirements ?

Toutes les armées du monde le savent : la profondeur d’une défaite tient bien souvent à la manière dont on la regarde. Devant l’adversité, la voie la plus facile, et donc la plus tentante, est toujours le renoncement. C’est ainsi que l’échec conduit à un autre échec et enferme sa victime dans une spirale du désespoir. Il y a pourtant un autre chemin : celui du redressement. C’est ainsi que, si le 17 Tamouz marque bien la chute de la muraille protectrice de la Ville Sainte et du Temple, il peut également devenir le jour d’une prise de conscience renouvelée. La brèche dans la muraille devient ainsi une invitation à la reconstruction. Dans la période de trois semaines qui s’ouvre après ce jour pour s’étendre jusqu’au 9 Av, date anniversaire de  la destruction du premier et du second Temple de Jérusalem, les Sages nous enseignent un chemin de vie : celui de l’étude des lois concernant l’édifice. C’est bien plus qu’un symbole, c’est un acte d’avenir. Etudiant ces règles qui décrivent le Temple dans la prophétie d’Ezéchiel, dans le traité du Talmud Midot ou dans le Michné Torah de Maïmonide, nous ne rêvons pas à un monde meilleur, nous en posons les bases. Entre l’acceptation désespérée d’une fatalité aveugle et le combat sans faillir pour un avenir de bonheur, de liberté et de paix, le choix est facile. Il appartient à chacun.

Etincelles de Machiah

 Concrètement, l’attente

Dans son Michné Torah, Maïmonide (Hil’hot Mela’him, chap. 11) expose les lois relatives à Machia’h. Il y souligne notamment une double nécessité : « Crois en lui…, attend sa venue ». Il a déjà été indiqué qu’il ne s’agit pas là d’une simple répétition ayant valeur d’insistance mais que, au contraire, de nombreux sens peuvent y être trouvés. Ainsi, « attendre sa venue » implique une attitude active qui va au-delà de la simple foi en la réalité des prophéties le concernant. Il en résulte qu’apparaît ici une obligation spécifique : celle d’étudier les lois qui portent sur Machia’h.

(d’après un commentaire du Rabbi de Loubavitch)

Vivre avec la Paracha

Balak

Balak, roi de Moav, engage le prophète Bilaam pour maudire le Peuple juif. Incapable d’y parvenir, ce sont des paroles de bénédictions qui sortent de sa bouche ainsi que la prédiction de la venue de Machia’h.

Le peuple faute avec les filles de Moav qui les poussent à pratiquer l’idolâtrie. L’un des princes de tribu conduit publiquement une princesse Midianite dans sa tente. Pin’has les tue alors tous deux, ce qui met immédiatement fin à la plaie qui s’était abattue sur le peuple.

La Paracha de cette semaine décrit la coalition entre Balak et Bilaam pour maudire le Peuple juif. D.ieu les protège ne permettant pas l’aboutissement de cette malédiction qui se transforme en bénédiction. La suite de la bénédiction évoque la venue de Machia’h. La Paracha s’achève sur un épisode d’indécence et d’impudeur et sur le service du faux dieu de Baal Péor.

Chaque semaine, nous lisons la Haftara, une partie du Na’h, les Prophètes et les Hagiographes, dont le thème est lié à celui de la Paracha.

Cette semaine, les paroles de la Haftara renvoient directement à la Paracha : « Rappelle-toi de ce que Balak, roi de Moav, a conseillé et ce que Bilaam lui a répondu… ». Mais cela ne constitue qu’une partie d’une perspective plus large.

Quels sont les thèmes essentiels de la Paracha rapportés par la Haftara ? Qu’y a-t-il de particulier dans cette Paracha qui ne comporte pas de Mitsvot et que la Haftara nous demande de faire ?

Dans la Haftara, nous lisons que le prophète Mi’ha prophétise sur des événements qui se produiront avant la venue de Machia’h : « les restes de Yaakov résideront parmi de nombreuses nations » et ils n’accorderont pas leur confiance à l’homme mais seulement à D.ieu, « comme de la rosée envoyée par D.ieu, comme une pluie drue sur la végétation, qui ne croit pas en l’homme et n’attend pas les fils des hommes… comme un lion parmi les animaux de la forêt, comme un lionceau parmi les troupeaux de moutons… »

Puis, il rapporte une plainte qu’adresse D.ieu à Son peuple : « Qu’ai-Je fait pour vous… Je vous ai sortis d’Egypte… d’une maison d’esclavage Je vous ai libérés… J’ai envoyé devant vous Moché, Aharon et Myriam… Rappelez-vous s’il vous plaît ce que Balak a conseillé et ce que lui a répondu Bilaam… Ainsi pourrez-vous connaître les justes actes de D.ieu… »

Elle se conclut par les paroles de Mi’ha affirmant que D.ieu ne demande pas de gestes grandioses mais plutôt : « Il vous a dit… ce qui est bon et ce que vous demande D.ieu, uniquement : pratiquer la justice, aimer la bonté et accompagner D.ieu avec humilité. »

Les premiers versets de la Haftara sont liés à la fin de la Paracha où l’on voit certains membres du Peuple juif s’adonner au culte de Baal. En quoi consistait ce culte ? Les gens s’y livraient à leurs besoins naturels les plus ordinaires et vulgaires. Au fond, il s’agissait d’affirmer qu’ils donnaient la préséance à la nature, comme si la nature n’était pas entre les mains de D.ieu.

Le Peuple juif était sur le point d’entrer en Terre d’Israël. Pendant les quarante années du désert, leur vie avait été clairement entre les mains de D.ieu. Leur nourriture était constituée de la manne qui tombait quotidiennement du ciel. L’eau leur était miraculeusement fournie par un rocher qui voyageait avec eux. Une nuée les protégeait des insectes, des flèches ennemies, etc. Il n’y avait aucune possibilité de nier que tout cela avait une provenance divine directe. Mais dès lors qu’ils allaient pénétrer dans la Terre d’Israël, ils devraient se contenter des lois de la nature : ils devraient semer, planter et récolter, s’ils voulaient manger.

La question subsiste : la nature est-elle un système que D.ieu créa mais qui continue à exister par lui même ou est-ce une façade derrière laquelle D.ieu contrôle tout ?

Bien que nous vivions dans la nature et que nous nous adonnions à l’agriculture, aux affaires, à la santé et à bien d’autres domaines, nous devons comprendre que D.ieu est derrière tout cela.

Les implications de cette idée sont multiples. Si l’on met les lois naturelles sur un piédestal, on peut arriver à accomplir des actes qui vont à l’encontre de la Volonté divine, dans la mesure où nous nous appuyons sur la conception erronée que c’est la nature qui nous permet d’atteindre nos objectifs.

Par exemple, selon la logique naturelle, travailler sept jours par semaine, plutôt que six, devrait rapporter plus d’argent. Il serait donc impératif de travailler le
Chabbat.

Mais si nous prenons conscience que D.ieu contrôle tout, y compris la nature et ses bienfaits, nous verrons l’erreur de ce raisonnement. Les lois naturelles n’ont rien à voir avec nos revenus : elles ne constituent que l’outil qu’utilise D.ieu pour accomplir Sa volonté. Bien sûr, il est impératif que la personne fasse un réceptacle pour recevoir la bénédiction de D.ieu lorsqu’elle s’engage dans un commerce, par exemple. Mais penser que tout faire à l’encontre de la Volonté divine est une garantie d’obtenir davantage constitue une méprise drastique.

Telle est la leçon que put tirer le Peuple juif de l’épisode de Baal, juste avant d’entrer en Terre Sainte. Ils purent réaliser que bien que la nature parût les satisfaire, tout vient en réalité de D.ieu.

Quand Machia’h viendra, nous verrons ouvertement le contrôle qu’exerce D.ieu sur la nature et nous nous tournerons directement vers Lui. Nous ne mettrons pas notre espoir dans les lois naturelles et nous n’aurons besoin de compter sur personne.

La Haftara évoque la période, juste avant l’Ere messianique, où nous rentrerons à nouveau dans notre terre. D.ieu dit que ce sera « comme de la rosée envoyée par D.ieu, comme une pluie drue sur la végétation, qui ne croit pas en l’homme et n’attend pas les fils des hommes… »

Ce sera notre confiance inébranlable en D.ieu, dans cette plus grande obscurité de l’exil, qui fera venir Machia’h.

Maintenant que nous sommes si prêts de la Rédemption, nous devons renforcer notre confiance et notre espoir en D.ieu, quand bien même nous n’avons pas confiance en l’homme : un avant-goût de l’époque de Machia’h.

La Paracha et la Haftara partagent un autre point commun.

Elles ont, toutes deux, deux thèmes : les dons qui sont entrecroisés et la clé pour les recevoir tous deux.

Tout d’abord, D.ieu nous sauve et nous protège de ceux qui nous veulent du mal. Il nous a sortis d’Egypte et nous a sauvés de Balak et de Bilaam.

Le second est le fait de la venue de Machia’h.

Ils sont entrecroisés parce que la venue de Machia’h constitue la Rédemption finale, la protection et le sauvetage du Peuple juif. Puisque la présence de D.ieu sera évidente pour tous, l’existence du mal cessera. Ainsi le sauvetage, la rédemption et la protection ne seront-ils plus nécessaires.

C’est à la fin de la Paracha et de la Haftara que l’on trouve la clé.

Dans la Paracha, nous voyons que c’est notre échec dans le respect des lois et de la pudeur qui nous fit perdre notre protection.

La Haftara l’affirme d’une manière positive. Elle nous donne trois règles à suivre : pratiquer la justice (cela signifie : respecter les lois de D.ieu, les Misvot), aimer la bonté (dans le langage de la Torah, l’amour n’est pas un sentiment mais un acte : faire des actes de bienfaisance) et accompagner D.ieu avec humilité (c’est-à-dire : être conscient de Sa présence constante). »

Quand nous sommes conscients de la présence de D.ieu, c’est bien plus qu’une croyance. Notre relation avec Lui atteint un point où nous savons qu’Il est là, Il est bien réel pour nous. Cela change notre perspective de la vie. La façon dont nous marchons, dont nous agissons, dont nous nous habillons et même dont nous pensons, se raffine parce que D.ieu fait partie de notre réalité.

Ces trois domaines nous définissent, définissent notre être juif et sont la clé pour faire venir Machia’h, comme cela est prophétisé dans notre Paracha. Puisse Dieu faire qu’il vienne immédiatement.

Le Coin de la Halacha

 Qu’est-ce que le 17 Tamouz ?

Cette année, le jeûne du 17 Tamouz tombe Chabbat et il est donc repoussé au dimanche 1er juillet 2018.

On ne mange ni ne boit depuis le matin (à 3h 09, heure de Paris) jusqu’à la tombée de la nuit (22h 50 à Paris).

C’est en ce jour que Moché Rabbénou (Moïse notre Maître) brisa les premières Tables de la Loi à la suite du péché du veau d’or. Bien plus tard, le sacrifice quotidien fut interrompu lors du siège de Jérusalem. Une première brèche apparut ce jour-là dans les murailles de la ville sainte. Enfin, Apostomos installa une idole dans le Temple et brûla un rouleau de la Torah, toujours un
17 Tamouz.

Durant les trois semaines suivantes, jusqu’au 9 Av (dimanche 21 juillet 2018), on augmente les dons à la Tsedaka. On évite d’acheter de nouveaux vêtements et on ne prononce pas la bénédiction « Chéhé’héyanou » (par exemple pour un fruit nouveau). On ne se coupe pas les cheveux et on ne célèbre pas de mariage. On évite de passer en jugement.

Suite à l’appel du Rabbi, à partir du 17 Tamouz, nous intensifions l’étude des lois de la construction du Temple (dans le livre d’Ezékiel, le traité Talmudique Midot et le Rambam – Maïmonide).

Durant les neuf jours qui précèdent le 9 Av (à partir du samedi soir 14 juillet 2018), on ne mange pas de viande et on ne boit pas de vin. Par contre, on assistera à un Siyoum (ou on l’écoutera à la radio), ce qui est une joie permise durant cette période.

Le Recit de la Semaine

 Etait-ce vraiment un espion 

A la mort de mon père, notre famille habitait à Samarkand. Au début mon frère et moi réunissions un Minyane chez nous, à la maison afin de pouvoir réciter le Kaddich à sa mémoire. Mais des amis nous ont convaincu que cela pourrait être dangereux : les hommes du KGB (la police secrète soviétique) guettaient tout mouvement suspect et pourraient « s’intéresser » à notre appartement si des gens s’y rassemblaient régulièrement. On nous conseilla donc de nous rendre plutôt à la synagogue, dans la vieille ville de cette capitale de l’Ouzbékistan.

Un Chabbat de l’hiver 1960, nous sommes venus à la synagogue pour la prière de Min’ha puis de la sortie de Chabbat. Quelqu’un s’est assis à côté de moi. Ce n’était pas un Juif de Samarkand : il avait les cheveux relativement longs et portait un chapeau qu’il n’avait certainement pas acheté sur place, ni chez les Juifs de Boukhara ni chez les Juifs de la communauté ashkénaze. Et, à ma grande surprise, cet homme s’est mis à me parler en yiddish, ce qui m’incita tout de suite à baisser la garde et à me sentir en confiance.

Il commença à me demander si j’acceptais de servir de dixième homme dans le Minyane. C’était des mots que je connaissais et dont je comprenais la signification. Ensuite il me posa différentes questions, justement sur les sujets dont je ne devais pas parler. Encore aujourd’hui, je m’en veux de ne pas m’être méfié ! Sans doute était-ce le fait qu’il m’ait parlé en yiddish. Bref, dans ma naïveté, j’ai répondu à ses questions. Par exemple, il me demanda avec quel bus j’étais venu et je protestai que, Chabbat, je ne prends bien sûr pas l’autobus. Puis il me demanda quelle était la Paracha de cette semaine, question à laquelle un enfant élevé dans le système soviétique ne sait pas répondre mais qui n’est pas compliquée pour un garçon de Yechiva. « Y avait-il un Ethrog pour Souccot à Samarkand ? » continua-t-il et ma réponse positive prouvait que j’étais parfaitement au courant de la vie juive clandestine dans la ville et que j’y participais activement. Et, mine de rien, il rassembla ainsi beaucoup de détails que je n’aurais jamais dû révéler à qui que ce soit.

Pendant le « troisième repas de Chabbat », un des fidèles distribua des verres de thé chaud et les gens se mirent à parler entre eux. A ma grande surprise, je m’aperçus que mon voisin de la synagogue parlait non seulement le yiddish mais aussi la langue des habitants de Boukhara. Avec effroi, je constatais que j’étais tombé dans le piège, l’homme était certainement un espion du KGB ! Surtout qu’au cours de la conversation, il annonça qu’il venait de Moscou : le doute n’était plus permis ! Un ashkénaze de Moscou qui parle yiddish et Boukharien et qui, de plus, s’intéresse ouvertement à la vie juive de la ville… Je m’éloignai de lui autant que possible mais le mal était fait ! J’en parlais à mon frère et lui aussi s’angoissa terriblement : qui sait ce qui allait nous arriver à cause de ma candeur et de ma stupidité ? Pendant un certain temps, nous avons vécu dans la peur du moindre coup frappé à la porte, des ombres qui nous suivaient dans la rue… Mais rien de fâcheux n’est arrivé.

Bien plus tard, j’ai réussi à sortir d’URSS et à monter en Eretz Israël. Là-bas, je me suis beaucoup investi dans les activités au service des Juifs sortis de Russie. En 1975, l’Agence Juive organisa une conférence à Bruxelles en faveur des Juifs de derrière le Rideau de Fer, comme on disait. Inutile de décrire les discussions passionnées qui se déroulèrent dans notre petite communauté ‘hassidique quant à l’utilité de telles conférences. Je devais représenter notre organisation « Chamir » (Chomré Mitsvot Yotsé Roussia, les Juifs pratiquants originaires de Russie) qui avait été fondée par le Rabbi et que je dirigeais.

J’étais un peu plus jeune que maintenant et sans doute encore naïf. J’étais persuadé que je pourrais avoir une influence quelconque sur les décisions finales. Ce n’est que bien plus tard que je compris que, dans ce genre de conférence internationale, les conclusions sont rédigées avant même le commencement de la réunion…

Dans l’avion qui m’amenait d’Israël vers la Belgique, il y avait aussi les dirigeants de l’Agence Juive, des Refusniks célèbres, M. Mena’hem Begin et Mme Golda Meir… Durant le vol, je bavardai avec l’homme assis à côté de moi. Je me suis présenté et j’ai expliqué ce qu’était Chamir. Lui se présenta comme Professeur Michael Zend de Moscou.

Je me suis immédiatement souvenu de ce que j’avais entendu à son propos dans le passé : en 1969 environ, les pays occidentaux avaient effectué de fortes pressions sur l’Union Soviétique pour permettre la liberté de culte pour les Juifs. Les Soviétiques avaient décidé de riposter en invitant de soi-disant responsables des synagogues de toute l’Union Soviétique pour une conférence de presse où ils raconteraient que tout allait bien dans leurs villes : celui-ci dirait que sa synagogue était remplie de jeunes, un autre prétendrait que les enfants étudiaient la Torah ouvertement et que la vie juive était foisonnante… Soudain le professeur Zend s’était levé (il avait une carte de journaliste qui lui avait permis de s’introduire dans la conférence) et il avait protesté que tout ceci n’était que mensonges : ici il n’y avait pas de synagogue et là, les jeunes gens se cachaient pour apprendre à peine à déchiffrer l’hébreu et qu’il n’y avait aucun club de jeunes ! Il avait osé affirmer cela devant tous les officiels du Parti Communiste et les journalistes du monde entier !

Quand je lui racontai au cours de ce voyage que, dans ma jeunesse, j’avais habité à Samarkand, il m’a dit qu’il s’était aussi rendu à Samarkand, qu’il y avait rencontré des ‘Hassidim de Loubavitch qui agissaient en cachette pour maintenir la vie juive. Il se souvenait en particulier d’un jeune garçon qui venait réciter le Kaddich… C’est alors que je me suis souvenu de la frayeur qui nous avait saisi mon frère et moi ce Chabbat-là et les jours suivants. C’était donc lui, cet homme qui m’avait arraché avec finesse tout ce que je savais de la vie juive dans ma ville mais, de fait, c’était pour assembler des arguments contre le gouvernement soviétique !

Nous nous sommes reconnus et embrassés chaleureusement et je lui ai raconté notre première rencontre de mon point de vue…

C’était donc bien un espion, mais pas du tout pour le KGB !

Rav Betsalel Schiff

Kfar Chabad N° 1758

Traduit par Feiga Lubecki