Editorial
3 Tamouz : d’élévation en élévationUn Tsadik, un Juste, qui quitte ce monde n’en disparaît pas, il s’y trouve avec une intensité encore plus grande, nous enseigne le Zohar. Lorsque, en ce début de semaine, revient le 3 Tamouz, jour où le Rabbi quitta matériellement ce monde, cette phrase, immanquablement, résonne dans l’esprit et dans l’âme de chacun. De fait, ce 3 Tamouz est le 17ème anniversaire de l’événement et chacun constate à quel point la présence du Rabbi semble être encore plus sensible avec les années. Par ses enseignements, par les actions croissantes qu’il suscite aux quatre coins du monde, le Rabbi continue de guider, conduire, vivifier des centaines de milliers de personnes, diverses tant par leur origine que par leur mode de vie, leurs opinions ou leur situation géographique.
Certains pourraient penser que la grandeur du 3 Tamouz se limite à ces considérations. Certes, ces idées expriment une actualité indéniable – et, en cela, elles sont essentielles. Toutefois, si cette date se contentait d’incarner cela, les années qui passent ne verraient rien se rajouter aux acquis antérieurs. On dirait alors que ce jour n’est qu’une commémoration, même importante, parmi toutes les autres. Or il représente bien autre chose et sans doute est-ce en cela qu’il révèle sa profondeur et son urgence pour chacun, car il est un jour d’élévation. Cela signifie que, lorsqu’il revient, d’année en année, il ne réapparaît pas au même niveau. Il entraîne toujours dans un degré plus haut et ce progrès est infini. C’est ainsi que le Rabbi lui-même s’élève également de degré en degré. Il ouvre un chemin toujours nouveau et chacun peut le suivre. Plus encore, il importe pour chacun de s’élever avec lui.
Le propre d’une voie qui monte, c’est d’exister et d’offrir le passage. Mais il appartient à l’homme de s’y engager et d’en suivre les avancées. Cette route-là est spirituelle, c’est spirituellement qu’il faut savoir l’emprunter. C’est dire que le 3 Tamouz n’est pas qu’une journée qu’il faut marquer, c’est un moment rare qu’il faut vivre par l’action et par l’étude, par le cœur et par l’esprit. Ce jour tombe en début de semaine, a-t-on dit, comme pour souligner qu’il est un signe de commencement. Parce que c’’est une période nouvelle qui s’ouvre et que notre âme sait y trouver les ressources du renouveau. Afin que l’ombre recule pour faire place à la Lumière, celle du temps de Machi’ah.
Etincelles de Machiah
Tout est entre nos mainsLe Tanya (chap. 37) enseigne : “Cet accomplissement ultime du temps de Machia’h et de la résurrection des morts, qui est la révélation de la Lumière Divine infinie dans ce monde, dépend de nos actions et de notre travail pendant tout le temps de l’exil”.
La période actuelle est celle des “talons de Machia’h”, au sens où elle précède immédiatement sa venue. Ainsi chacun doit ressentir cette idée constamment, dans son service de D.ieu quotidien. Lorsqu’on ressent profondément et sincèrement que l’effort que l’on fait, la Torah que l’on étudie hâtent la venue de la Délivrance et entraînent le monde à son parachèvement en faisant la “résidence de D.ieu ici-bas”, alors il est bien clair que l’on ne peut que redoubler d’enthousiasme afin de mener le processus à son terme aussi vite que possible
(d’après Likouteï Si’hot, vol. XXI, p.18)
Vivre avec la Paracha
Balak : Mais que pensait donc Zimri ?Un jour, d’éminents érudits de Mézibotz rendirent visite au Baal Chem Tov, dans sa Souccah.
Après avoir examiné scrupuleusement la structure de la Souccah, ils la déclarèrent invalide.
Le Baal Chem Tov leur apporta des preuves diverses émanant de sources traditionnelles pour démontrer que sa Souccah remplissait les conditions requises par la Torah. Les débats durèrent longtemps, le Baal Chem Tov prouvait maintenant la validité de sa Souccah, les érudits, quant à eux, restant sur leur position.
Finalement, le Baal Chem Tov ouvrit sa main. Il y tenait un petit morceau de parchemin. Les érudits prirent le parchemin et découvrirent qu’il s’agissait d’un petit mot venant du ciel. «La Souccah de Reb Israël [Baal Chem Tov] est cachère», purent-ils lire. La note était signée par l’Archange Mattatron, gardien des «sphères intérieures».
En 1967, à Souccot, le Rabbi raconta ce récit extraordinaire et posa une question évidente : il est vrai que l’histoire démontre la force spirituelle unique du Baal Chem Tov, c'est-à-dire son aptitude à tirer des ficelles célestes pour prouver qu’il avait raison, mais nous nous demandons comment ce dirigeant juif si saint a pu construire une Souccah qui puisse susciter des interrogations.
Le Rabbi expliqua alors que ce qui avait motivé le Baal Chem Tov pour ériger sa Souccah d’une telle façon, répondant aux critères minimum des exigences de la Torah, était le désir de trouver du mérite au plus grand nombre. Conscient que de très nombreux Juifs ignoraient comment construire correctement leur Souccah, il avait construit la sienne selon les exigences les plus souples pour rendre adéquate toute Souccah qui présenterait le même genre de problème et pouvoir ainsi déclarer que la pratique de Juifs plus ignorants restait dans le cadre de l’observance juive.
La morale de cette histoire concerne moins le statut d’une Souccah que le rôle d’un dirigeant juif. Le Baal Chem Tov essayait d’enseigner aux érudits de Mézibotz qu’un véritable dirigeant juif a le devoir d’être prêt à faire non seulement des sacrifices matériels mais aussi des sacrifices spirituels pour son peuple. Il doit être prêt à faire des compromis par rapport à ses critères spirituels pour relever ceux dont il a la charge. C’est cette qualité de sacrifice de soi qui a toujours défini les dirigeants juifs, tout au long de notre histoire.
Zimri
C’est l’un des épisodes de notre histoire les plus horribles.
Israël s’installa à Chittim et le peuple commença à se prostituer avec les filles des Moabites. Elles invitèrent le peuple aux sacrifices pour leurs dieux et le peuple mangea et se prosterna devant leurs dieux. Israël s’attacha à Baal Péor, et la colère de l’Eternel s’embrasa contre Israël.
L’Eternel dit à Moché : «Prends tous les dirigeants du peuple et amène-les devant l’Eternel, face au soleil et alors la colère enflammée de l’Eternel partira d’Israël». Moché dit aux Juges d’Israël : «Chacun de vous devra tuer les hommes qui se sont attachés à Baal Péor».
« Et un homme israélite vint et amena la femme midianite à ses frères, devant les yeux de Moché et devant les yeux de l’entière congrégation des Enfants d’Israël, alors qu’ils pleuraient devant l’entrée de la tente d’Assignation. »
« Pin’has, le fils d’Elazar, fils d’Aharon le Cohen, vit cela, se leva de la congrégation et prit un glaive entre ses mains. Il suivit l’homme israélite dans la chambre et il le planta [à travers] tous les deux (l’homme israélite et la femme), à travers son estomac, et la plaie cessa de s’abattre sur les enfants d’Israël. Ceux qui étaient morts dans la plaie furent au nombre de vint-quatre mille. »
Pour comprendre le fond de cette sombre histoire, quelques observations sont nécessaires.
Tout d’abord, un verset ultérieur met un nom et un visage à cet anonyme «homme israélite» qui afficha sa compagne midianite «devant les yeux de Moché et devant les yeux de l’entière congrégation». Son nom était Zimri fils de Salou et il n’était pas un vulgaire pécheur mais un prince d’Israël, le dirigeant de la tribu de Chimone.
Il est aussi intéressant de relever le récit de la confrontation publique entre Zimri et Moché, telle qu’elle est rappelée dans le Talmud.
Zimri attrapa Kozbi [la Midianite] par ses cheveux nattés et l’amena à Moché : «Fils d’Amram, cette femme m’est-elle interdite ou permise ? Et si tu dis qu’elle est interdite, qui t’a permis, à toi, la fille de Yitro [qui est également une femme midianite] ? A ce moment-là, la loi qui préconise que celui qui a du zèle peut tuer celui qui cohabite avec une idolâtre échappa à Moché, et tout le peuple pleura bruyamment ; et c’est là le sens de ce qui est écrit : «Et ils pleuraient à l’entrée de la Tente d’Assignation».
Il n’y a rien de terriblement inhabituel dans la première partie de cette malheureuse histoire de promiscuité, d’idolâtrie, de colère Divine et de punition. Nous avons déjà rencontré ces thèmes, dans la Bible, à une ou deux occasions. Ce n’est qu’au milieu du récit que les faits prennent une nouvelle tournure.
Le comportement de Zimri est sans précédent. Jamais un prince d’Israël ne s’est comporté de façon pécheresse, défendant publiquement le mariage mixte et par extension la destruction de la cellule familiale juive !
Cette profanation spectaculaire du Nom de D.ieu et de Sa loi, et l’attaque personnelle contre l’intégrité religieuse de Moché, tout particulièrement perpétuée par un serviteur public et un modèle, est choquante et demande à être expliquée. Le moment d’amnésie peu habituel de Moché ne fait qu’intensifier le sens mystérieux qui domine ce drame.
Un pécheur bien intentionné
La clé pour comprendre les actions de Zimri réside dans le récit talmudique des événements qui ont conduit à la confrontation entre Moché et Zimri.
Quand des membres de la tribu de Chimone virent que la punition capitale s’abattait sur ceux de leur tribu qui s’étaient adonnés au culte idolâtre de Baal Péor, ils se rendirent chez Zimri, fils de Salou: «Ils prononcent la peine capitale contre des membres de notre tribu et toi, notre chef, tu restes assis et silencieux !» Que fit alors Zimri ? Il se leva, rassembla vingt-quatre mille Israélites et ils se rendirent chez Kozbi, une femme midianite. Il lui dit : «Cohabite avec moi…»
Le comportement odieux et sacrilège de Zimri n’était pas motivé par le goût du lucre ou de la rébellion mais par son profond engagement à l’égard du peuple qu’il représentait. Il décida de démontrer que même un homme honorable comme lui, choisi par D.ieu pour être un prince d’Israël, n’était pas insensible au plaisir charnel et à la séduction. S’il pouvait succomber à la tentation, les membres de sa tribu, plus matérialistes, ne devraient-ils pas être traités moins sévèrement et ne pas subir la peine capitale ? Bien plus encore, le serviteur privilégié de D.ieu, Moché lui-même, n’avait-il pas épousé l’une de ces femmes «interdites» ?
Cette lecture du Talmud, plus bienveillante à l’égard de Zimri, n’est pas une tentative pour le blanchir mais émerge du récit de la Torah elle-même. Un regard plus attentif au moment de l’escapade de Zimri révèle qu’il fut lent à imiter les siens. Ce n’est qu’après que D.ieu les eut condamnés qu’il s’approcha de Kozbi. Il n’était pas possible que sa passion l’ait dévoré après qu’il fut au courant de la sentence de peine de mort encourue ?
C’est par cette confrontation publique déshonorante et infamante avec Moché que Zimri vint représenter l’idéal du dirigeant juif qui veut sacrifier son bien-être personnel et son statut spirituel jusqu’à commettre ici une faute, pour protéger son peuple.
Ce sont les profondeurs de cette image et de cet héritage dépravés qui mettent en lumière la force de son engagement à l’égard du peuple qu’il aime.
En quoi cela me concerne-t-il ?
Nous vivons une période d’ignorance et d’indifférence croissantes de la jeunesse à l’égard de son héritage. Il est facile de considérer comme acquis nos connaissances et notre héritage et d’ignorer l’éloignement et le désintéressement qui gagnent la communauté.
De Zimri, nous devons apprendre à sacrifier quelques-uns de nos luxes spirituels, l’attention portée exclusivement à notre propre développement spirituel et nous tourner vers ceux, dans notre peuple, qui ont besoin de notre aide.
Même si nous ne sommes pas très savants, nous connaissons tous au moins une personne qui l’est encore moins.
Et encore plus, pour moi
Le grand érudit, Rabbi Akiva Eiger, invita chez lui, un vendredi soir, un homme pauvre. Au repas, une belle nappe blanche couvrait la table du Chabbat. Quand le pauvre leva son verre de vin, il le laissa échapper et le liquide rouge se répandit sur la nappe blanche lumineuse, laissant une laide tache. A la vue de la gêne de l’homme, Rabbi Eiger leva immédiatement son propre verre et en répandit également et «accidentellement» son contenu sur la nappe. Quand le pauvre homme contempla la scène, avec soulagement, Rabbi Eiger remarqua : «On dirait que la table ou le sol tremble, non ?»
Le véritable sacrifice implique que l’on soit prêt à renoncer à ce qui nous est le plus précieux et pour beaucoup d’entre nous, c’est notre image et notre réputation qui comptent le plus.
Il est naturel de faire en sorte que les gens se sentent à l’aise et de les aider à se sortir de situations humiliantes ou désagréables. Il est moins naturel de le faire aux dépens de notre apparence. Nous aimons nous sentir magnanimes et agir de la sorte et être généreux avec ceux qui ont moins de chance que nous. Mais nous n’aimons pas le faire si nous pouvons paraître être l’un d’entre eux.
De Zimri, nous pouvons apprendre à ne pas craindre de paraître être un perdant car c’est cela qui fait un véritable gagnant.
Le Coin de la Halacha
La synagogue est-elle indispensable à la vie juive ?Les synagogues ont été construites au départ pour faciliter la prière en communauté : certaines prières comme le Kaddich ou la Kedoucha ainsi que la lecture publique du rouleau de la Torah ne peuvent s’effectuer qu’en présence d’un Minyane (au moins dix Juifs âgés de plus de treize ans). La prière en communauté est toujours acceptée par D.ieu, affirment nos Sages ; c’est pourquoi il est préférable de prier avec un Minyane même si on a du mal à se concentrer dans sa prière plutôt que seul chez soi, avec toute la ferveur requise.
Néanmoins, la vie de la famille juive est encore plus fondamentale que celle de la communauté. C’est pourquoi la première institution à établir est un Mikvé (bain rituel) pour dames afin de pérenniser la sainteté et la pureté du couple juif.
Ensuite, les responsables communautaires prépareront les structures nécessaires à l’éducation des enfants.
Puis ils établiront une caisse de charité ainsi qu’une caisse de prêt sans intérêt.
La construction d’une synagogue ne vient qu’après tout cela, puisqu’on peut prier en communauté chez n’importe quel particulier.
F. L. (d’après Rav Chlomo Yaffe – New York – www.chabad.org)
De Recit de la Semaine
«Et vous marcherez dans ses voies…»Le directeur de la Yechiva ‘Hayé Olam souffrit pendant plusieurs années de ses jambes au point qu’il finit par être condamné à rester au lit ; les médecins envisageaient de l’amputer d’une jambe et peut-être même de la seconde, que D.ieu préserve !
En 1954, son fils se maria et de nombreuses personnalités du monde rabbinique assistèrent au mariage.
Le directeur de la Yechiva demanda qu’on le transporte dans son lit jusqu’à la salle du mariage et insista pour prendre la parole. Comme il était très faible, un silence impressionnant régnait dans l’assistance.
«Quand j’étais jeune, dit-il, j’ai étudié à la Yechiva de Stoutchine. Nous étions une trentaine de jeunes gens à étudier dans la synagogue. Sur un banc dormait celui que toute la communauté surnommait «Itché le saoûlard» : dès qu’il se réveillait, il buvait une rasade de vodka et se rendormait aussitôt. Nul ne savait où il résidait et, d’ailleurs, personne ne s’intéressait à lui outre mesure. Les enfants se moquaient de lui mais il n’en avait cure.
Un soir d’hiver, alors que nous étudiions assidûment, un cocher entra en coup de vent dans la synagogue en s’écriant : «Venez m’aider ! Ma charrette chargée de marchandises s’est retournée et mon cheval est prisonnier sous la charge. Il faut absolument le dégager sinon il va mourir et j’aurais perdu l’unique moyen de gagner ma vie ! Tout seul, je ne parviens pas à le dégager, il faut que vous m’aidiez !»
Entre nous, nous avons discuté : avions-nous le droit d’abandonner notre étude de la Torah pour un cheval ? Nous avons conclu que l’étude était plus importante et nous ne l’avons pas aidé.
Horriblement déçu, le cocher quitta la synagogue et nous avons repris notre étude. Soudain, Itché le saoulard se réveilla : «Jeunes gens ! Vous devez l’aider ! Son cheval va s’étrangler avec les lanières qui retiennent la charrette et son chargement ! Et si vous n’y allez pas, vous ne pourrez plus marcher sur vos jambes, que D.ieu préserve !»
Je fus pris d’un fou rire : «Itché ! Depuis quand un saoûlard est-il devenu un décisionnaire ?»
Il ne répondit pas.
Une demi-heure plus tard, le cocher revint, nous suppliant à nouveau de l’aider. Nous avons de nouveau discuté entre nous et finalement en sommes venus à la conclusion qu’il fallait l’aider. Mais quand nous sommes arrivés sur place, il était trop tard, le cheval était mort.
Le lendemain Itché m’appela : «‘Haïm ‘Haykel ! J’ai quelque chose à te demander ! Ce soir, je vais mourir et je veux que tu restes à mes côtés au moment où mon âme quittera mon corps !»
J’éclatai de rire mais il insista. Je lui demandai où il habitait : «Au bout de la ville, dans une maison en ruine».
Le soir je réfléchis et décidai d’y aller : «De toute manière, je dois étudier. Que ce soit ici ou chez Itché…»
Quand j’arrivai chez Itché, il dormait sur un assemblage de planches. J’ouvris mon livre de Guemara et me mis à étudier, sur une caisse branlante qui me servit de chaise. Au bout de quelques heures, je voulus partir mais Itché m’appela : «Reste ! C’est exactement à 4 heures du matin que je vais mourir ! Tu préviendras la ‘Hevra Kadicha (la société des derniers devoirs) car je veux être enterré à côté du Gaone (il me dit le nom d’un des grands rabbins de la ville) dans le vieux cimetière !»
- De quoi parles-tu, Itché ? Toi qui ne mets même pas les Téfilines chaque jour, tu désires être enterré à côté du Gaone ?
- Comment peux-tu prétendre cela ? Regarde dans la caisse là-bas…
J’ouvris la caisse et, à ma grande surprise, y trouvai de très beaux Téfilines. J’étais vraiment stupéfait. Mais je continuai d’argumenter :
- Jamais la ‘Hevra Kadicha n’acceptera !
- Sous la caisse, continua Itché imperturbable, il y a une petite caisse dans laquelle se trouvent mes manuscrits. Montre-les aux gens de la ‘Hevra Kadicha et ils agiront comme je le désire ! Je feuilletai les pages écrites finement et compris qu’il s’agissait de notes sur des livres de Kabbala et des sujets de Torah dont je n’avais aucune notion. Je compris alors enfin que l’homme qui gisait sur ces planches était un «Tsadik» caché, un juste parfait et qui avait dissimulé sa grandeur jusqu’au dernier moment.
Effectivement, à quatre heures pile, son âme quitta son corps. Je courus avertir le Rav de la ville ainsi que les hommes de la ‘Hevra Kadicha et leur montrai les manuscrits. Néanmoins, ils hochèrent la tête : il n’y avait plus de place à côté du Gaone et, de toute manière, cela faisait des années qu’il n’y avait plus de place dans le vieux cimetière. Nous sommes partis vérifier et avons, à notre grande surprise, trouvé un endroit libre juste à côté du Gaone ! L’enterrement fut suivi par toute la communauté !
«Itché le saoûlard était donc un Tsadik et je suis certain que les problèmes liés à mes jambes sont un résultat de sa malédiction !» conclut le directeur de la Yechiva en pleurant.
En entendant cette histoire, je n’ai pu me retenir et en écrivis tous les détails dans une lettre au Rabbi de Loubavitch. Quelques temps plus tard, je méritai de recevoir la réponse suivante : «Transmettez au directeur de la Yechiva qu’il prenne sur lui d’étudier chaque jour «‘Hitat» (une portion de la Paracha de la semaine avec Rachi, une portion de Tehilim (Psaumes) et une portion de Tanya, le livre de Hassidout de Rabbi Chneour Zalman) ainsi que l’a institué mon beau-père, le regretté Rabbi Yossef Its’hak de Loubavitch ! De plus, il doit influencer toutes les personnes qui suivent son enseignement (puisqu’il a de nombreux disciples depuis toutes ces années qu’il enseigne la Torah) ; du fait qu’il marchera dans cette voie, dans la voie du Rabbi (précédent), D.ieu lui permettra par ce mérite de marcher physiquement sur ses deux jambes !»
Je montrai la lettre du Rabbi au directeur de la Yechiva. Il en fut si heureux qu’il embrassa la lettre. Je lui demandai de me rendre la lettre – qui m’était adressée – mais il demanda à la garder quelques temps.
Six mois plus tard, je lui rendis visite : déjà il pouvait rester assis à table ; les docteurs me parlaient plus d’amputation mais déjà comment l’aider à mieux marcher ! Sa situation s’améliorait de jour en jour !
Et chaque personne avec qui il entrait en contact d’une manière ou d’une autre se voyait proposer d’étudier chaque jour ‘Hitat : «Faites cela pour moi, suppliait-il, cela contribuera à ma guérison !»
Rav Leib Friedman
Kovetz Sipourim
traduit par Feiga Lubecki
(Le 12 et le 13 Tamouz – 14 et 15 juillet 2011 – commémorent la libération de Rabbi Yossef Yts’hak, le précédent Rabbi de Loubavitch, des prisons soviétiques en 1927).