Samedi, 31 décembre 2022

  • Vayigach
Editorial

 Une fête pour des livres

Le peuple juif est souvent dénommé « peuple du Livre ». C’est là un noble titre qu’il a certes mérité tout au long de son histoire tumultueuse dont les méandres ne l’empêchèrent jamais de rester attaché aux textes porteurs de son éternelle sagesse. Il est vrai que, sans les livres qui ont modelé sa conscience et son rapport au monde, il perdrait une partie de son âme. Ses ennemis ne s’y sont d’ailleurs jamais trompés qui, lorsqu’ils ont voulu l’atteindre ou mettre sa survie en péril, ont commencé par s’en prendre justement à ses livres, les détruisant, les confisquant ou interdisant leur étude.

Chacun pensait que des actes de ce type appartenaient à une histoire ancienne et révolue. Chacun voulait croire qu’en nos siècles, plus personne n’oserait porter la main sur cette richesse commune et inestimable que des livres transmis avec amour, génération après génération, contiennent. Pourtant, il y a un peu plus d’une trentaine d’années, l’impensable se produisit. Certains s’autorisèrent à détourner des éléments de ce trésor, prélevant dans la bibliothèque du Rabbi des ouvrages sans prix afin de les vendre et d’en tirer un bénéfice personnel. Le fait qu’ainsi ils privaient la communauté d’une immense lumière ne les préoccupait guère.

L’enjeu était grave et, dès que le larcin fut découvert, tout fut entrepris pour que les livres retournent à leur lieu naturel, la bibliothèque, et qu’ils puissent servir ainsi à tous. Après des semaines, des mois d’effort, le 5 Tévet fut le jour de la victoire. Ce jour-là, chacun sut que le danger était écarté, que la sagesse ne serait jamais confisquée au bénéfice d’un individu, qu’elle resterait l’apanage de tous.

Il n’est guère étonnant que la joie qui éclata alors fut sans limites, qu’elle établit une véritable fête, profonde et sincère. L’allégresse déborda d’autant plus que l’étude connut ainsi une vigueur renouvelée accompagnée par la diffusion de textes nouveaux. Depuis lors, le 5 Tévet est célébré d’année en année et la joie y est toujours au rendez-vous. Ce jour est porteur de toute la puissance de notre temps qui sait affronter l’obscurité spirituelle et lui donner la seule réponse qui vaille : la lumière.

Etincelles de Machiah

 Une contradiction absolue !

Quand un Juif se trouve en exil, même quand il accomplit le service de D.ieu qui lui incombe de « faire pour D.ieu une demeure ici-bas », il ne peut pas être satisfait car il est en exil !

« Juif » et « exil » sont deux notions radicalement contradictoires ! Il s’ensuit que, quand un Juif est en exil, il est dans un état où « il languit la maison de son père ».

(D’après un commentaire du Rabbi de Loubavitch –

Chabbat Parchat Vayétsé 5746)

Vivre avec la Paracha

 Vayigach

Yehouda s’approche de Yossef pour le supplier de libérer Binyamine, offrant sa propre personne comme esclave à la place de son jeune frère. Devant la loyauté qui anime ses frères les uns à l’égard des autres, Yossef leur révèle son identité. « Je suis Yossef, déclare-t-il. Mon père est-il toujours vivant ? ».

Les frères sont envahis de honte et de remords mais Yossef les console. « Ce n’est pas vous qui m’avez envoyé ici, leur dit-il, mais D.ieu. Tout a été ordonné d’En-Haut pour nous sauver de la famine ainsi que toute la région ».

Les frères se précipitent à Canaan avec les nouvelles. Yaakov vient en Égypte avec ses fils et leurs familles, soixante-dix âmes en tout, et retrouve son fils bien-aimé après vingt-deux ans de séparation. En chemin, il reçoit la promesse divine : « Ne crains pas de descendre en Égypte ; car Je ferai de toi une grande nation. Je descendrai avec toi en Égypte et il est sûr que Je vous ferai remonter ».

Yossef amasse de la richesse pour l’Égypte en vendant de la nourriture et des grains de blé durant la famine. Le Pharaon donne à la famille de Yaakov la fertile région de Gochen pour qu’elle s’y installe et les Enfants d’Israël prospèrent dans leur exil égyptien.

Yossef méconnaissable ?

Arrêtons-nous sur le passage où Yossef révèle son identité à ses frères et leur demande de faire venir en Égypte leur père Yaakov.

Une question évidente se soulève à propos de toute l’histoire de Yossef et de ses frères. Yossef avait dix-sept ans quand il avait été vendu comme esclave. Il est vrai qu’il avait déjà passé treize ans en Égypte. Mais dix-sept-ans représentent une longue période. Comment est-il possible que ses frères ne reconnaissent pas Yossef alors qu’ils avaient vécu un si long moment avec lui ? Comme le commente Rachi, en Égypte, il avait mûri, il était devenu un homme et il avait une barbe. Cependant, tout cela ne semble pas représenter des facteurs suffisants pour expliquer qu’ils ne le reconnaissent pas.

Pour résoudre cette question, nous devons comprendre la différence entre la disposition spirituelle de Yossef et celle de ses frères. Les frères de Yossef étaient des bergers, tout comme l’avaient été avant eux Avraham, Its’hak et Yaakov. Pourquoi avaient-ils choisi cette profession ? Parce que le fait de s’occuper de moutons ne demande pas une activité constante et une relation personnelle, source de tension. On reste longtemps dans les champs et on a tout le temps nécessaire pour se plonger dans la contemplation. Dans une telle situation, on peut rester en contact avec la spiritualité.

Ses frères savaient que Yossef était tourné vers la spiritualité, en fait plus encore qu’eux-mêmes. Ce n’était pas pour rien que Yaakov l’avait choisi, lui, pour qu’il soit personnellement à son service. Aussi, quand ils virent un homme qui s’occupait activement à diriger toute l’économie de l’Égypte, ils conclurent que ce ne pouvait être Yossef. Yossef qui était tellement impliqué dans des activités concrètes comme acheter et vendre… Cela leur paraissait impossible !

Yossef avait-il sacrifié sa conscience spirituelle quand il était devenu vice-roi d’Égypte ?

La pensée ‘hassidique repousse cette idée. Bien au contraire, c’est précisément grâce à sa conscience spirituelle, particulièrement élevée, qu’il pouvait agir ainsi.

Expliquons-nous. Certains choisissent le spirituel plutôt que le matériel. Ils constatent que ce sont deux directions contraires et optent pour le spirituel. Il existe, néanmoins, une élite de certains individus dont la conscience spirituelle est si grande qu’elle leur permet de comprendre comment la Divinité englobe également la matérialité et comment aucune entité n’existe en dehors de Lui.

Tel est le sens des mots « D.ieu est Un », dans la prière du Chéma. Non seulement n’y a-t-il qu’un D.ieu mais tout forme Un avec Lui.

Et telle était la nature de la conscience de Yossef. Il n’éprouvait pas le besoin de se retirer de son engagement dans la matérialité pour s'impliquer dans le spirituel. Sa dévotion exclusivement orientée vers D.ieu lui permettait de ne pas s’en séparer quand bien même il était absorbé dans sa tâche matérielle. Le fait d'empoigner très activement le monde de la matérialité ne l’éloignait aucunement de sa spiritualité.

Quand pleurer ?

« [Yossef] tomba sur le cou de son frère Binyamine et il pleura, et Binyamine pleura sur son cou. » (Beréchit 45: 14)

L’histoire de Yossef et de ses frères à laquelle la Torah consacre plus d’une douzaine de chapitres détaillés n’est pas un simple drame familial. Les douze fils de Yaakov sont les membres fondateurs des douze tribus d’Israël et leurs actes et leurs expériences, leurs conflits et leurs réconciliations esquissent bien des traits du plan de l’Histoire Juive.

L’un de ces événements est la réunion pathétique entre Yossef et Binyamine décrite dans le verset cité ci-dessus. Le Talmud interprète leurs pleurs, l’un sur le cou de l’autre, comme l’expression de la souffrance et du chagrin devant les tragédies dans leur futur respectif.

« [Yossef] pleura pour les deux Sanctuaires qui se tiendraient sur le territoire de Binyamine et qui étaient destinés à être détruits… et Binyamine pleura sur le Sanctuaire de Chilo qui se tiendrait sur le territoire de Yossef et était destiné à être détruit. » (Talmud Meguila 16b)

Pourquoi Yossef se lamente-t-il sur le sort des Temples situés sur le territoire de Binyamine et pourquoi Binyamine se lamente-t-il sur la destinée du Tabernacle dans le territoire de Yossef ? N’aurait-il pas été plus approprié que chacun pleure sur la destruction de ses propres Temples ou de son Tabernacle ? Après tout, un individu s’aime plus lui-même que tous les autres !

En outre, la vie d’une personne est prioritaire sur la vie d’autrui. C’est la raison pour laquelle si un homme possède assez d’eau que pour la survie d’un seul, au point que la donner ou la partager avec son compagnon de voyage aura pour conséquence sa propre mort, il doit la garder pour lui-même car « ta propre vie prend la préséance sur la vie de ton ami » (Baba Metsia 62a)

Le Zohar commente le verset : « Et [Yossef] tomba sur le cou de [Yaakov] et pleura (Beréchit 46 :29) en expliquant que Yossef pleura sur la destruction des saints Temples et sur l’exil final. Pourquoi Yossef fut-il le seul à pleurer et ne fut pas accompagné par Yaakov ?

Nos Sages notent que Yaakov ne pleura pas parce qu’il était au beau milieu de la récitation du Chéma. Mais comment Yaakov put-il être tellement indifférent à la destruction des Temples et à l’exil final qu’il était capable de réciter le Chéma avec une telle dévotion ?

En général, une personne pleure pour se soulager. Nous remarquons ainsi que si quelqu’un pleure parce quelque chose le trouble, ses pleurs ne changent en rien sa situation. Mais en revanche, il se sent mieux après une bonne crise de pleurs.

L’on peut aisément comprendre que si une personne est capable de résoudre le problème qui lui cause tant de peine, il convient qu’elle agisse afin de s’extirper de ces circonstances difficiles, plutôt que de se laisser aller à des sanglots : « Une action unique est préférable à des milliers de soupirs » (Hayom Yom page 35).

Quand l’on assiste à la destruction spirituelle d’un proche, une destruction de son Saint Temple, puisque chaque Juif est un Temple pour D.ieu, on a de l’empathie pour lui et on pleure. En tant qu’ami, on peut tenter de l’aider en le sermonnant gentiment et en priant pour son bien-être. Mais en fin de compte, la reconstruction de sa situation spirituelle ne dépend que de l’ami lui-même.

Quand on a fait tout ce qui est en notre pouvoir pour l’aider et que l’on réalise que rien n’y fait, on pleure alors pour lui.

En revanche, quand une personne voit son propre Beth Hamikdach dévasté, elle ne peut se contenter de soupirer et de verser des larmes. Elle doit se mettre à le reconstruire grâce à la repentance et au service spirituel.

Et plus encore, parfois, le fait de pleurer peut, en réalité, faire obstacle à la reconstruction de son statut spirituel puisqu’elle peut en venir à penser qu’elle a déjà accompli quelque chose en pleurant à ce sujet.

Yossef et Binyamine pleurèrent tous deux sur la destruction de leurs Temples et de leur Tabernacle respectifs. Mais en ce qui concernait leur propre édifice, ils firent tout ce qu’ils pouvaient pour éviter la tragédie. Car en effet, même après qu’un décret divin a été arrêté, il est possible de l’annuler par un profond service spirituel.

Yaakov ne pleura pas non plus sur la destruction du Tabernacle et des Temples car, en tant que Père de tout le Peuple juif, le Tabernacle tout comme les deux Temples étaient sur son territoire. Il s’absorba donc dans la tâche de tenter de les préserver par la récitation du Chéma Israël.

Le Coin de la Halacha

 Qu’est-ce que le jeûne du 10 Tévet (cette année mardi 3 janvier 2023) ?

En ce jour funeste commença le siège de la ville sainte de Jérusalem par l’armée babylonienne, sous les ordres du cruel Nabuchodonosor en 3336 (425 ans avant le début de l’ère commune).

A cause de sa gravité – puisqu’il marque le début de la destruction et de l’exil – il ne peut être repoussé à une date ultérieure (contrairement aux jeûnes du 17 Tamouz et du 9 Av) ou avancé à une date précédente (comme le jeûne d’Esther). C’est le seul jeûne qui puisse tomber un vendredi – donc veille de Chabbat. Du fait de sa gravité, il aura d’ailleurs une place de choix quand les jours de jeûne seront transformés en jours de joie (avec la venue de Machia’h).

Le but du jeûne est que même le corps physique ressente « la diminution de la graisse et du sang ». On ne mange pas et on ne boit pas. On ne se rince pas la bouche. Mais on peut se laver sans restriction.

Les enfants qui n’ont pas encore atteint l’âge de la Bar ou Bat Mitsva (les filles dès 12 ans et les garçons dès 13 ans) ne jeûnent pas. Les personnes fragiles, les femmes enceintes ou qui viennent d’accoucher ou qui allaitent ne jeûnent pas. Cependant, ceux qui ont la permission de manger s’abstiendront de manger des friandises.

Le jeûne commence à l’aube, mardi 3 janvier 2023 (7h 01 en Ile-de-France) et se termine à la tombée de la nuit (17h 51 en Ile-de-France).

Dans la prière du matin, on récite les Seli’hot spéciales de ce jour après le Ta’hanoun ainsi que « le grand Avinou Malkénou ». Puis on lit dans la Torah le passage Vaye’hal (Chemot - Exode 32 : 11 jusqu’à 34 : 1). Seul celui qui a jeûné peut être appelé à la Torah.

Durant la prière de Min’ha (l’après-midi), on lit dans le rouleau de la Torah le chapitre Vaye’hal. Dans la Amida, on ajoute le passage Anénou (« Réponds-nous, Éternel au jour de notre jeûne car nous sommes dans une grande peine… »).

Comme tous les jours de jeûne, on procédera à un examen de conscience approfondi et on évitera de se mettre en colère. On augmentera les dons à la Tsedaka (charité). Rabbi Chnéor Zalman explique qu’un jour de jeûne est aussi un jour de bienveillance divine. Comme ce jeûne du 10 Tévet est particulièrement important, on comprend que la Techouva (retour à D.ieu) procurée par ce jeûne est aussi d’un niveau plus élevé.

Dans de nombreuses communautés, ce jeûne est associé au souvenir des martyrs de la Shoa et est appelé le jour du Kaddich mondial.

(d’après Rav Yossef Ginsburgh)

Le Recit de la Semaine

 Un bienfait remboursé

Cela avait été une journée particulièrement remplie pour David Kakon, un homme d’affaires Loubavitch de Montréal, au Canada. Il avait récemment offert un mixer de taille commerciale pour la communauté MADA qui se chargeait de distribuer des milliers de ‘Hallot à des familles nécessiteuses.

Le centre MADA, situé dans le quartier Côte-des-Neiges de Montréal, avait commencé modestement mais était devenu une adresse incontournable pour combattre la pauvreté des familles juives dans la ville. Dirigés par le Chalia’h (émissaire du Rabbi de Loubavitch) Rav Chlomo ‘Haïm Cohen, les volontaires livraient à domicile des paquets de nourriture à des milliers de personnes dans le besoin.

David Kakon avait demandé à son ami électricien Solomon Moryosef de l’aider à installer la machine pour qu’elle soit prête à être utilisée pour le Chabbat suivant.

Pendant qu’il déballait l’énorme machine, quelqu’un téléphona et demanda à parler de toute urgence à Rav Cohen. Mais celui-ci n’était pas là et David Kakon proposa de lui transmettre la requête. Au bout du fil, l’homme - appelons-le Lior - expliqua qu’il voulait offrir 13 000 dollars pour le nouveau Mikvé (bain rituel) que Rav Cohen était en train de construire - à la condition qu’il porte le nom de son défunt frère. David Kakon téléphona à Rav Cohen qui refusa l’offre car, pour une telle dédicace, 13 000 dollars ne suffiraient pas.

David Kakon reprit le téléphone et demanda poliment pourquoi Lior voulait donner spécifiquement 13 000 dollars et pourquoi au nom de son frère. Et voici ce que Lior raconta : « Nous habitions à Montpellier. Peu après sa naissance en 1972, mon petit frère contracta une forme rare de cancer et décéda à l’âge de six mois. Brisés par le chagrin, mes parents demandèrent conseil à un voisin qui leur suggéra de l’enterrer dans un cimetière local et d’oublier toute l’histoire. Malheureusement, mes parents suivirent ce conseil.

Des années plus tard, en 2010, mon grand frère Ron se mit à avoir de terribles cauchemars, nuit après nuit : il entendait les cris d’un bébé pleurant de façon hystérique. Ne sachant ce que cela signifiait, il demanda conseil à un Kabbaliste à Paris qui, en apprenant ce qui était arrivé près de 40 ans auparavant, lui conseilla de se renseigner où ce bébé avait été enterré et s’il avait bénéficié d’une cérémonie juive.

Ne sachant pas par où commencer, Ron téléphona à plusieurs cimetières dans le sud de la France mais nul n’était intéressé à effectuer des recherches pour une tombe si ancienne.

Finalement, quelqu’un lui suggéra de contacter le rabbin local qui pourrait peut-être l’aider. Ron téléphona au Chalia’h qui était sympathique et qui offrit d’effectuer lui-même les recherches. Avec son fils, ce Chalia’h se rendit de cimetière en cimetière mais en vain. Finalement, ils arrivèrent à un vieux cimetière et expliquèrent la situation aux ouvriers sur place qui, étonnés, lui demandèrent pourquoi il venait spécifiquement ce jour. En regardant autour d’eux, le Chalia’h et son fils de douze ans découvrirent avec effarement que des employés municipaux dans des bulldozers s’apprêtaient à labourer et effacer toute trace de la tombe du bébé qu’ils cherchaient depuis plusieurs jours. En effet, la loi en France permettait, si certaines taxes n’étaient pas payées tous les douze ans, à la direction du cimetière de dégager ces tombes et d’incinérer les restes.

Le rabbin paya immédiatement la somme exigée afin de retarder la destruction de la tombe. Puis il téléphona à Ron pour l’informer qu’il avait trouvé la tombe de son frère.

Ron prit immédiatement l’avion depuis Paris et se rendit au cimetière avec le rabbin et un Minyan de dix hommes afin de réciter le Kaddich et quelques Tehilim à la mémoire de ce petit frère qu’il n’avait pas connu. Nombre des hommes présents à cette cérémonie s’essuyaient les yeux tant leur émotion était grande. Ron remercia tous ceux qui avaient pris part à cet événement : ses terribles cauchemars cessèrent.

Lior expliqua que la famille ne disposait pas de grands moyens mais se mit à épargner sou après sou afin de dédier un Séfer Torah à la mémoire de ce bébé : « Il y avait 13 000 dollars qui restaient et nous voulions les donner également pour une œuvre juive ».

En entendant cette histoire au téléphone, David Kakon suggéra que Lior confie cette somme pour un projet moins coûteux que leur Mikvé. Comme Lior habitait lui aussi à Montréal, David Kakon mentionna qu’un nouveau Chalia’h s’était installé dans la ville, Rav Shimon Partouche ; il avait ouvert un Beth ‘Habad pour les malades juifs de McGill University Health Center : « Ce serait une très bonne idée que de consacrer cet argent à un centre qui aide les familles avec des enfants malades, pour honorer la mémoire de votre frère qui est, lui aussi, tombé malade trop jeune. D’ailleurs Rav Partouche ramasse des fonds pour construire une petite synagogue dans ce centre et je suis sûr que votre don lui serait très utile ! »

Un grand silence accueillit ses paroles.

Lior n’appréciait peut-être pas cette idée, pensa David Kakon mais Lior finit par répondre :

- Vous avez dit… Comment s’appelle ce Rabbin ?

- Partouche. Shimon Partouche. Vous le connaissez ?

- Le rabbin qui m’a aidé à Montpellier s’appelait Partouche !

David Kakon téléphona alors à Rav Shimon Partouche pour lui demander s’il connaissait cette histoire. Non seulement il la connaissait mais il était le jeune garçon de douze ans qui avait accompagné son père, Rav Perets Partouche, Chalia’h de Montpellier pour faire le tour de tous les cimetières de la région !

Cette histoire se conclut avec Lior qui offrit un Arone Kodech et d’autres fournitures pour la nouvelle synagogue destinée aux parents d’enfants malades de Montréal. Ron et Lior avaient remboursé la famille Partouche pour son incroyable dévouement pour permettre à leur frère de ne pas être oublié.

Mendel Levy - COLlive

Traduit par Feiga Lubecki