Le message des siècles
Depuis plus de deux semaines, après les grandes fêtes de Tichri, nous avons repris le cycle annuel de lecture de la Torah. Habituellement, cette phrase n’est qu’une constatation banale, presque anodine. Mais cette année n’est pas comme les autres. La tragédie qui a frappé Israël touche chacun et nous ne pouvons pas entendre la Torah sans en entendre les échos. Et voici qu’y retentit l’éternel appel de D.ieu. Voici qu’Il ordonne à Abraham, le premier de nos ancêtres : « Va, quitte ta terre… et va vers le lieu que Je te montrerai. » En une phrase tout est dit et le cadre de l’histoire à venir se met en place : D.ieu donne à Abraham et à sa descendance la terre qui, des générations plus tard, portera le nom de Terre d’Israël.
Et, dans ces paroles majeures, il y a comme une fondation. Car ce monde est parfois bien tumultueux et son tumulte peut même parvenir à étouffer les vérités essentielles, à l’instar d’un rideau de fumée qui dissimulerait aux yeux du plus grand nombre la réalité et la beauté d’un paysage de vérité. Revivons donc l’épopée d’Abraham. Le pays qu’il quitte est un haut lieu de la civilisation de son temps. Sans autre certitude que les mots qu’il a entendus, il abandonne ce qui fait alors l’existence des hommes, il s’avance dans le désert sans véritablement savoir ce qui l’attend au bout du chemin. D’où peut donc venir une telle force d’âme chez un être humain ? Qu’aurions-nous fait nous-mêmes dans une telle situation ? C’est qu’Abraham a une conscience et une vision. En d’autres termes, il sait voir ce que tant d’autres choisissent de ne pas regarder.
Aujourd’hui, nous nous trouvons, en quelque sorte, devant un enjeu du même type : voir ou ne pas voir. Il revient à chacun de choisir le côté où il ira. L’un est celui de l’éternité, du don de D.ieu, et donc de la vérité et de la paix. L’autre est celui du refus, de la haine, et leurs conséquences se sont manifestées aux yeux de tous quand la barbarie a frappé. Il nous appartient de poursuivre notre chemin, autant avec constance qu’avec confiance. Car la vision d’Abraham et la conscience Divine ne nous trahissent pas plus aujourd’hui que par le passé. Les temps obscurs se termineront rapidement aussi parce que nous serons avec toujours plus de force les porteurs et les acteurs de ce message.
L’occupation du monde
Décrivant le temps de Machia’h, Maïmonide souligne (Michné Torah, Hil’hot Mela’him 12:5) : « L’occupation du monde entier ne sera que de connaître D.ieu ». Le terme « occupation » a, en hébreu, des connotations très fortes, permanentes. Une illustration permet d’en comprendre la portée.
Un homme d’affaire se préoccupe de son entreprise toute la journée. Même ses moments de repos ou de loisirs sont consacrés à récupérer l’énergie nécessaire à la poursuite de son activité. Même quand il rêve, il pense à ses affaires.
C’est à ce degré d’occupation que l’étude de la Torah accèdera lorsque le Machia’h viendra.
(d’après un commentaire du Rabbi de Loubavitch – Veille de Sim’hat Torah 5745)
Lé’h Le’ha
D.ieu s’adresse à Avram lui ordonnant : « Pars pour toi de ta terre, de ton lieu de naissance et de la maison de ton père vers la terre que Je te montrerai ». Là, poursuit D.ieu, il deviendra une grande nation. Avram et sa femme Saraï, accompagnés de son neveu Loth, se rendent en Terre de Canaan où Avram construit un autel et continue à disséminer le message d’un D.ieu unique.
Une famine force le premier Juif à partir pour l’Egypte, où la belle Saraï est enlevée et conduite au palais du Pharaon. Avram échappe à la mort parce qu’ils se présentent comme frère et sœur. Une plaie empêche le monarque égyptien de la toucher et le convainc de la rendre à Avram, en attribuant au frère, qui s’est révélé être le mari, de l‘or, de l’argent et du bétail.
De retour au pays de Canaan, Loth se sépare d’Avram et s’installe dans la ville impie de Sodome où il est fait captif quand les puissantes armées de Kédorlaomère et ses trois alliés conquièrent les cinq villes de la vallée de Sodome. Avram se met en route avec une petite troupe pour secourir son neveu, vainc les quatre rois et est béni par Malkitsédèk, le roi de Salem (Jérusalem).
D.ieu scelle « l’Alliance en les parties » avec Avram, dans laquelle l’exil et la persécution (Galout) du Peuple d’Israël sont prévus et la Terre Sainte leur est attribuée comme héritage éternel.
Toujours sans enfant, dix ans après leur arrivée dans le pays, Saraï dit à Avram d’épouser sa servante Hagar. Hagar conçoit et en devient insolente avec sa maîtresse puis fuit quand Saraï la traite durement. Un ange la convainc de revenir et lui dit que son fils engendrera une nation peuplée. Ichmaël naît alors qu’Avram est âgé de quatre-vingt-six ans.
Treize ans plus tard, D.ieu change le nom d’Avram en Avraham (« père de multitudes ») et celui de Saraï en Sarah (« princesse ») et promet qu’un fils leur naîtra. De ce fils, qu’ils appelleront Its’hak (« rira »), émergera une grande nation avec laquelle D.ieu établira un lien tout particulier. Avraham reçoit le commandement de se circoncire ainsi que ses descendants, « en signe d’alliance entre Moi et toi ». Avraham obtempère immédiatement, faisant la circoncision à sa propre personne et à tous les hommes de sa maisonnée.
Qu’y a-t-il dans un nom ?
Dans la Torah, les noms ne sont pas donnés par hasard. En de nombreuses occurrences, nous observons que le nom d’une personne ou d’un objet nous indique sa qualité profonde. Et il en va de même avec les Sidrot. Les noms qu’elles portent offrent une clé pour comprendre leur contenu bien qu’apparemment ils ne paraissent qu’être tirés de leurs premiers mots et semblent donc bien être, quelque peu, les objets du hasard. Rien n’est moins vrai : puisque tout arrive par la Providence Divine, a fortiori pour ce qui concerne la Torah.
Nous pourrions penser que les noms des Sidrot sont issus de conventions relativement tardives, puisque nous ne sommes pas sûrs qu’ils aient été mentionnés dans le Talmud alors que les noms des Livres de la Torah et des divisions de la Michna y sont détaillés. Mais il existe une loi concernant les documents légaux qui veut qu’un nom qui y a été mentionné devient un nom reconnu par la Torah s’il est resté incontesté pendant trente jours. Il est donc sûr que les noms des Sidrot qui sont restés incontestés pendant plus de mille ans et sont mentionnés par nos Sages (Rachi, par exemple) sont reconnus comme tels par la Torah.
Lé’h le’ha : va vers toi-même
L’on traduit généralement ces mots par « pars (de ton pays, de ta terre natale, et de la maison de ton père) ». Mais ces mots signifient littéralement : « va vers toi-même ». Dans la Torah, le verbe « aller » connote un mouvement vers le but ultime, le service du Créateur. Et cela est très fortement sous-entendu par la phrase : « va vers toi-même » signifiant : en direction de l’essence de ton âme et de ton but ultime, celui pour lequel tu as été créé.
C’est là le commandement qui fut donné à Avraham et ce qu’évoque la première partie du récit de la Paracha. Car il lui avait été enjoint de quitter son environnement idolâtre et de se rendre en Israël. Et à l’intérieur même d’Israël, il allait « se diriger et voyager vers le sud » c’est-à-dire en direction de Jérusalem. Il progressait sans cesse vers un niveau de spiritualité toujours plus élevé. Et puis, tout à coup, nous lisons : « et il y eut une famine dans le pays et Avram descendit en Egypte ». Pourquoi ce soudain retournement dans son voyage spirituel ? Question rendue d’autant plus aiguë par le fait que toute la Paracha est sensée ne raconter que les progrès d’Avraham vers son accomplissement intérieur et spirituel !
Montée ou descente ?
Qu’il y eut un retournement semble indéniable. Aller en Egypte constituait en soi une descente spirituelle, comme le dit explicitement le verset : « Et Avram descendit en Egypte ». Et la cause de son voyage - « et il y eut une famine dans le pays » - semble également impliquer une dissimulation de la bénédiction divine. D’autant plus que D.ieu avait promis à Avraham : « Et Je ferai de toi une grande nation et Je te bénirai et te ferai un grand nom ». Ne paraît-il pas étrange que lorsqu’enfin il atteignit la terre que D.ieu lui avait donnée, une famine le força à la quitter ?
Une réponse possible serait de dire que c’était là une des épreuves qu’Avraham devait surmonter pour prouver qu’il méritait sa mission (et le Midrach nous dit que lorsqu’il fut confronté à cette difficulté inexplicable, Avraham « ne fut pas en colère et ne se plaignit pas »).
Mais cela ne suffit pas. Car la mission d’Avraham n’était pas simplement personnelle. Sa tâche consistait à disséminer le Nom de D.ieu et à rassembler des adeptes à Sa Foi. Le Midrach compare ses nombreux voyages à la façon dont une boîte à épices doit être secouée pour qu’en émane son arôme aux quatre coins d’une pièce. Ainsi donc une explication de sa descente en termes de pèlerinage personnel ne saurait éclaircir cette difficulté. Et tout particulièrement si l’on s’attarde sur le fait que son effet immédiat fut de mettre en danger la mission d’Avraham. Le fait de l’arrivée d’un homme de D.ieu, suivie d’une famine dans le pays, ne pouvait aider au travail de dissémination du Nom de D.ieu et être d’un bon présage.
Et le pire était à venir puisque lorsqu’Avraham pénétra en Egypte, Sarah, sa femme, fut enlevée par le pharaon. Et bien qu’il ne la touchât pas, c’était une descente évidente dans la course spirituelle qui semblait leur être tracée.
Comment donc, face à tant d’indications contraires, peut-on affirmer que toute l’histoire de Lé’h le’ha est, comme son nom devrait l’impliquer, celle de l’ascension spirituelle incessante d’Avraham vers sa destinée ?
Un présage de l’Histoire
Nous pouvons progresser vers la résolution de ces difficultés en comprenant le sens profond du fameux adage : « les actes des Pères sont un signe pour les enfants ». Cela ne signifie pas simplement le fait que le destin des Pères est reflété dans celui de leurs enfants, mais, de façon plus forte, que ce que les Pères font permet ce qui arrive aux enfants. Leurs mérites donnent aux enfants la force de suivre leur exemple. Et dans les tribulations d’Avraham, l’histoire des Enfants d’Israël qui allait suivre était déjà annoncée et rendue possible.
Le voyage d’Avraham en Egypte annonce le futur exil égyptien. « Et Avram sortit d’Egypte » présage l’Exode des Israélites. Et tout comme Avraham s’en alla « chargé de bétail, d’argent et d’or » ainsi les Juifs quittèrent-ils l’Egypte « avec de grandes richesses ».
Et le mérite par lequel les Juifs furent sauvés d’Egypte, ils le doivent à Sarah : car si leurs femmes se préservèrent de tout péché avec les Egyptiens, c’est parce que Sarah s’était protégée des avances du pharaon.
La fin est implicite dans le commencement
A cette lumière, nous pouvons voir que la fin du voyage d’Avraham en Egypte était présente dans son commencement. Car le but en était son départ futur : « chargé de bétail, d’argent et d’or », exprimant la façon dont il allait transformer les choses les plus matérielles, voire idolâtres, pour le service de D.ieu. Et c’était bien là également le but de l’exil du Peuple juif en Egypte : pour que la Présence Divine soit ressentie dans le lieu qui en était le plus éloigné.
Dans l’enseignement juif, une image incarne cette démarche oblique. Le Talmud de Babylone, contrairement au Talmud de Jérusalem, n’atteint jamais directement ses décisions mais y parvient à travers des digressions et des dialectiques qui apportent, dans leur parcours apparemment sinueux, plus de lumière que ne l’aurait fait un raisonnement direct. En fait, quand les deux livres sont en désaccord, l’on suit toujours la décision du Talmud de Babylone.
Ainsi, ces apparentes digressions de l’histoire juive ne représentent pas un détour du chemin de la destinée mais un chemin qui apporte la lumière de D.ieu dans des coins du monde non encore pénétrés et les préparent à leur rédemption.
Le passage d’Avraham en Egypte n’était donc pas une interruption mais une partie intégrante du commandement « Lé’h le’ha », de voyager vers un accomplissement qui constitue le service de D.ieu.
Et puisque la destinée d’Avraham devait être celle des enfants d’Israël, elle est aussi la nôtre. Notre exil, tout comme le sien, est une préparation pour la Rédemption (et fait donc partie de son processus). Et la Rédemption qui suit nous conduit toujours à un niveau plus élevé que celui que nous aurions pu atteindre sans cet exil.
L’exil est donc une partie intégrante du progrès spirituel, il nous permet de sanctifier le monde entier par nos actions.
L’on pourrait peut-être rétorquer : « Où apparaît ce progrès ? Le monde ne semble pas devenir plus saint, il semble même en être tout le contraire ! »
Mais ce n’est qu’un jugement superficiel. Le monde n’évolue pas de son propre chef. Il est façonné par la Providence Divine.
Ce qui apparaît superficiellement comme un déclin est en fait une part cachée d’un continuel processus de transformation où nous travaillons sur le monde chaque fois que nous dévouons nos actions à la Torah et à la Volonté divine. En d’autres termes, le monde s’élève et se raffine constamment. Rien ne peut l’illustrer plus clairement que l’histoire des périples d’Avraham, vus d’abord extérieurement, puis dans leur véritable perspective. Quelle que soit la situation d’un Juif, quand il se tourne vers son réel accomplissement, suivant l’injonction de « Lé’h le’ha », il place sa vie et ses actions dans la perspective de la Torah et joue son propre rôle dans l’avènement de la Rédemption future.
Que faire de son passé peu glorieux ?
Comment le considérer ?
Quand on se souvient d’un passé dont on n’est pas fier, on risque de tomber dans la mélancolie ou pire, la tristesse.
Cependant, en vérité, du fait que l’individu s’est détaché de tout ce qui a pu entacher sa personnalité, a réparé ce qui pouvait l’être et s’est promis de ne plus recommencer, on peut présumer que la Techouva (repentir) a été acceptée. Comme l’écrit le Rambam (Maïmonide – Hil’hot Techouva 7 : 4) : celui qui se repent ne doit pas s’imaginer qu’il est éloigné du niveau des Tsadikim (Justes qui n’ont jamais commis de faute) à cause de ses péchés. Non, ce n’est pas ainsi. Il est (maintenant) aimé de D.ieu comme s’il n’avait jamais fauté ».
De plus, puisque malgré ses fautes, l’individu s’est efforcé de réparer ce qui devait l’être et a amélioré sa conduite, cela le place à un niveau encore plus élevé que celui qui n’a jamais commis d’erreur. « Non seulement ainsi, poursuit le Rambam, mais sa récompense sera grande car il a goûté à la faute, s’en est détourné et a vaincu son mauvais penchant. Nos Sages affirment : Là où se tiennent les « maîtres du repentir », les Tsadikim parfaits ne peuvent se tenir ».
C’est pourquoi il ne faut pas s’enfoncer dans la tristesse à cause des fautes passées mais plutôt se renforcer et se concentrer sur le présent et l’avenir en s’impliquant encore davantage dans l’étude de la Torah et l’accomplissement de ses lois. Bien entendu, il est nécessaire de solliciter le pardon de ceux qu’on aurait lésés (entre autres : financièrement - en leur remboursant les dommages causés).
Cependant, ce passé peu glorieux doit nous influencer, en particulier en nous rappelant à l’humilité - à condition que cela ne mène pas au désespoir et à la dépression - et en nous encourageant à avancer sur des voies positives.
(d’après Rav Baruch Kaplan – Si’hat Hachavoua N° 1913)
Rescapé du festival…
A Eilat, Rav Mendy Klein rendait visite à des patients hospitalisés quand un homme qu’il reconnaissait vaguement se précipita vers lui et l’embrassa avec effusion :
- Rav Mendy ! Mon fils doit réciter la bénédiction « Hagomel », celle qu’on prononce quand on a échappé à un grave danger !
Le jeune homme venait d’arriver à Eilat (au sud d’Israël) directement depuis le festival Supernova qui s’était tenu vendredi soir dans la forêt de Re’im, à la bordure de Gaza. Il avait assisté impuissant à l’odieux massacre, avait passé des heures à se cacher, tapi au sol, sous les corps de ses amis et d’autres participants à la fête. Il avait miraculeusement survécu au carnage et éprouvait maintenant le besoin de manifester sa gratitude envers D.ieu.
Bien entendu, Rav Klein l’accueillit chaleureusement et l’invita dans la synagogue de l’hôpital alors qu’on allait procéder à la lecture de la Torah. Le jeune homme accepta avec empressement de mettre les Téfilines et de réciter le Chema puis désigna timidement tout un groupe de jeunes, dans la vingtaine, qui avaient eux aussi survécu.
- Il est impossible de décrire leurs visages marqués par l’épreuve qu’ils venaient de subir. Ils avaient assisté aux pires horreurs, celles qu’aucune civilisation ne peut admettre ni même envisager. Ils étaient pâles, encore terrifiés et murés dans leur sidération.
Ce fut un moment incroyablement émouvant. Le groupe entra silencieusement dans la synagogue, chacun s’empara d’un livre de prières en le serrant très fort puis, devant le rouleau de la Torah ouvert, récita avec ferveur la bénédiction traditionnelle :
« Béni sois-Tu Éternel notre D.ieu, Maître du monde, qui récompense ceux qui ne le méritent pas, avec bienveillance et qui a déversé sur moi tout le bien ».
Aucun œil ne resta sec dans l’assemblée, tous pleuraient et répondirent d’une voix forte : Amen.
Puis Rav Klein se dirigea vers la Me’hitsa, la cloison qui séparait les hommes des dames et souleva un peu le rideau pour que les jeunes filles présentes, et elles aussi rescapées, puissent prononcer la bénédiction.
Après l’office, alors qu’un petit déjeuner était offert, tous s’assirent autour de Rav Klein et, en essuyant les larmes, racontèrent ce qu’ils avaient vécu en évoquant, entre deux sanglots, les camarades assassinés ou disparus mais aussi les miracles qui leur avaient permis de se relever et de s’enfuir.
Ce fut un moment de réconfort au milieu de l’obscurité, un moment d’espoir pour un monde débarrassé de l’horreur et empli de confiance en D.ieu.
Bruria Efune - Chabad.org
De Brooklyn à Gaza en 48 heures
Le sergent ‘Haïm Pinson (31 ans) passait les fêtes de Tichri à New York, plus précisément à Crown Heights, dans la grande synagogue du mouvement Loubavitch.
« Ce vendredi soir 6 octobre, j’ai rencontré des amis que je n’avais pas vus depuis des années, j’ai échangé des souvenirs avec un camarade, je suis rentré après les Hakafot, les danses avec les rouleaux de la Torah et je me suis couché, épuisé physiquement mais dans un état d’élévation spirituelle intense.
Au matin, un de mes amis, parti à ma recherche, me localisa et me réveilla vigoureusement pour m’annoncer ce qui se passait en Israël. Je ne parvenais pas à le croire, j’étais choqué, horrifié, assommé. J’espérai que c’était un cauchemar mais c’était la réalité !
Comme je suis réserviste de l’armée d’Israël, j’ai allumé mon téléphone - ce qui est normalement interdit Chabbat - et j’ai vu qu’un « Tsav Chemoné », l’ordre de me mettre immédiatement à la disposition de l’armée, clignotait avec insistance. J’étais appelé à combattre avec l’unité Golani, les camarades avec lesquels j’avais effectué mon service militaire de 2010 à 2012. Je me précipitai chez mes parents, les embrassai avec émotion puis attrapai mon sac de voyage ».
Non loin de là, un autre Israélien, Shai Glazer, habitant de Kfar ‘Habad, avait par erreur, par habitude, laissé son téléphone allumé car il est membre de la Police israélienne. Son téléphone n’avait pas arrêté de bipper et d’envoyer des messages : il comprit bien vite que quelque chose de très grave se passait en ce moment en Israël. Au matin, à la synagogue du 770, il apprit d’autres rumeurs, les ‘Hassidim avaient demandé des renseignements aux policiers qui tournaient dans le quartier. Bien que ce fût Chabbat et fête, avec plusieurs autres Israéliens Shai tenta d’acheter un billet mais en vain. Ils firent alors intervenir Rav Chlomi Peles, responsable de la sécurité du mouvement Loubavitch et coordinateur des opérations en Israël : celui-ci leur donna les coordonnées d’un agent de voyage qui leur débloqua des billets. Glazer prit néanmoins le temps de contacter un Rav à la synagogue qui lui confirma qu’il agissait comme il convient puisque « si vous étiez en Israël, vous iriez immédiatement au front, là où votre présence est indispensable ; il faut donc y aller au plus vite ».
Encore habillés de leurs vêtements de Chabbat, des dizaines de ‘Hassidim se retrouvèrent à l’aéroport JFK, firent jouer leurs cartes de crédit alors que la panique régnait au comptoir d’EL AL. Le long voyage fut aussi l’occasion de s’encourager mutuellement, d’affirmer la détermination d’en découdre jusqu’au bout sans aucune crainte de ce que diraient les nations.
A la sortie de l’aéroport, chacun se rendit directement à la base qui lui était affectée, prêt à défendre son pays et son peuple contre la violence, la cruauté et la barbarie. Comme eux, tous les soldats, quelles que soient leurs opinions politiques et leur niveau de pratique religieuse, sont déterminés à venir à bout des forces du mal – même au prix de leur vie.
Nous pouvons les aider, matériellement et spirituellement. Intensifions nos actes de bienveillance, notre pratique des Mitsvot et nos prières (en particulier les psaumes 20, 22, 69 et 150) : certainement D.ieu enverra de grands miracles, encore davantage que dans les guerres précédentes !
Am Israël ‘Hay, le peuple juif vit et vivra !
Mendel Super - Chabad.org
Traduit par Feiga Lubecki