Semaine 46

  • Vayétsé
Editorial
Retour du Congrès

Est-ce terminé ? Il s’agit, bien sûr, du Congrès international des Chlou’him, des délégués du Rabbi aux quatre coins du monde. D’une certaine manière, la réponse doit être positive. De fait, le congrès s’achève en ce début de semaine et, les uns après les autres, les Chlou’him rentrent chez eux – on a presque envie de dire retournent à leur poste. En ce moment de conclusion, il est encore difficile de décrire toutes les expériences, tous ces sentiments en tempête qui ont soulevé chacun et agitent encore tous les esprits.
Qui saura dire la joie des retrouvailles et de l’amitié ? Qui saura raconter les milliers de discussions, dans les débats organisés et aussi dans toutes ces rencontres informelles dans les couloirs ou au coin d’une rue ? Des vies en ont été changées. Celle du Chalia’h lui-même souvent et celles de la communauté dont il a la charge toujours, comme par un éclairage nouveau, une vision différente jetés sur une question ancienne et qui donnent les contours d’une solution. Qui dira l’attention des plus anciens, toujours disposés à répondre aux questions des nouveaux venus dans ce si pacifique combat ? Qui dira la concentration de tous et la réflexion presque visible sur le visage de chacun ? Qui saura décrire enfin la joie et la fierté des enfants des Chlou’him ? Ils sont parfois bien seuls dans les endroits les plus reculés du monde et, si jeunes, sentent peut-être un peu de lassitude à toujours devoir être des modèles, mieux les exemples à suivre. Ils ont été, dans ce congrès, à l’honneur. Ils en repartent conscients que leur place les attend et que, par un mérite qui les dépasse, nul sort n’est comparable au leur.
Et les images défilent : les milliers de Chlou’him qui se pressent au grand dîner où l’on absorbe plus de forces pour l’année à venir que jamais, où l’aspiration est décidément bien loin du souci gastronomique même si toute est en place pour cela. Tant de choses comptent ici. Et ces milliers-là qui, épaule contre épaule, posent pour une photo qu’on ne peut même plus dire de groupe tant celui-ci est grand et tant il s’anime de mille mouvements.
Aujourd’hui, nous le savons, une nouvelle année d’actions a pris son envol. Elles ne s’arrêteront pas. Elles nous entraîneront dans leur enthousiasme et leur grandeur. Nous nous demandions si tout était terminé ? Nous tenons notre réponse : tout commence et Machia’h est au bout du chemin.
Etincelles de Machiah
Yaacov se réjouira

Quand la Délivrance viendra, Yaacov se réjouira plus que tous les autres Patriarches, comme il est dit : «Yaacov exultera, Israël se réjouira».

Pourquoi Yaacov se réjouira-t-il plus que les autres Patriarches ? Rav dit : «Quand quelqu’un marie sa fille, qui se réjouit plus que le père de la mariée ?» En d’autres termes, quand la Délivrance arrivera au monde, à Israël, Yaacov se réjouira plus que les autres Patriarches. Il est donc écrit : «Yaacov exultera, Israël se réjouira».
(D’après le Midrach Tehillim) H. N.
Vivre avec la Paracha
Vayetsé : S’y étendre

La plupart des gens dotés d‘un cerveau seront d’accord avec l’idée qu’il est un instrument très utile. Mais tout le monde n’est pas unanime quant à la manière de s’en servir.
Certains diront : «j’utilise mon intelligence pour surmonter les défis matériels et physiques de la vie : pour faire marcher mes affaires, écrire une thèse, acheter une maison, construire un bateau… Ce sont des circonstances où la raison et la logique servent de guides sûrs. Mais quand il s’agit de ma vie intérieure, de ma vie spirituelle, de mes convictions religieuses, de mon amour pour ma famille, du temps que je consacre à la méditation et à la prière, tout cela ne peut être rationalisé ou pesé avec les normes de la logique. Ce sont des domaines où je m’abandonne à mon subconscient, à mes intuitions.»
D’autres empruntent une approche opposée : «Au contraire, avancent-ils, l’aspect spirituel de la vie est celui où les directives de la logique sont les plus nécessaires. Précisément à cause de sa spiritualité et de sa subtilité, c’est le domaine le plus apte à être corrompu. En ce qui concerne mes entreprises matérielles, je peux me permettre de laisser agir «le pilote automatique». De plus, elles n’ont pas tant d’importance pour moi. Si tout ne marche pas exactement comme cela se devrait, ce n’est pas la fin du monde. Mais dans ma vie spirituelle, qui est plus importante pour moi, je ne veux pas me tromper. Dans ce domaine, je réfléchis à chaque action, chaque pensée et chaque sentiment et les soumet à l’outil le plus précieux que je possède : mon intellect.»
Qui a raison et qui a tort ? Selon un Midrach fascinant, évoquant les habitudes de sommeil de Yaakov, les deux opinions sont erronées.
Dans le vingt-huitième chapitre de Beréchit, nous lisons comment Yaakov, en voyage de la Terre Sainte vers ‘Haran, passa la nuit sur le Mont Moriah, «le Mont du Temple» :
«Il rencontra l’endroit, il y dormit, car le soleil s’était couché… et il s’étendit sur cet endroit.»
Comme nos Sages ne cessent de le répéter, la Torah ne contient pas un mot ou une lettre supplémentaire. Ainsi quel est donc le sens du passage, apparemment superflu : «et il s’étendit sur cet endroit» ? (la Torah nous a déjà dit : «il y dormit»). Quel message renferment ces mots ?
Le Midrach dit :
Dans cet endroit il s’étendit, mais pendant les quatorze années où il avait été caché dans la maison de Eber, il ne s’était pas couché… Dans cet endroit, il s’étendit mais pendant les vingt années qu’il passa dans la maison de Lavan, il ne se coucha pas.»
«Cette nuit», la nuit que Yaakov passa dans le lieu le plus saint de la terre, était encadrée par la période de sa vie la plus intensément spirituelle et la période la plus intensément matérielle. Pendant les quatorze ans qui précédèrent cette nuit, Yaakov avait été reclus dans la maison de son Maître Eber (l’arrière arrière-petit-fils de Noa’h), dévouant chacun de ses instants à la poursuite de la sagesse divine. Et pendant les vingt années qui suivirent cette nuit, il allait travailler pour son oncle rusé, Lavan, s’occupant de ses troupeaux et amassant une fortune pour lui-même. Selon son propre témoignage, il se consacrait avec tant de dévotion à son travail qu’il affirme : «le sommeil avait fui mes yeux.» (Beréchit 31 :40)
Mais durant la nuit unique qui s’interposa entre ces deux périodes et les unit, Yaakov «s’étendit».
Une personne qui se couche positionne sa tête et le reste de son corps au même niveau. Ainsi, abandonne-t-elle l’avantage suprême que possède l’homme sur tous les animaux, le fait que, chez l’être humain, la tête est située au-dessus du corps.
Parce que, comme l’enseignent les Maîtres de la ‘Hassidout, la position debout de l’homme est bien plus qu’un trait de son anatomie physique. Elle reflète plutôt une vérité plus profonde : dans l’être humain, l’esprit dirige le cœur, la tête est maîtresse du moi physique. Cela, écrit Rabbi Chnéour Zalman de Lyadi dans le Tanya, est «la nature innée» de l’homme. Un individu qui se permet d’être contrôlé par ses émotions ou ses instincts est une personne qui a renoncé aux traits les plus importants de son humanité, à la primauté de l’homme sur l’animal.
Cela, insiste le Rabbi, est la signification profonde du commentaire du Midrach indiquant que Yaakov ne se coucha pas pendant les quatorze ans qu’il passa dans la maison de Eber, ni durant les vingt années où il fut employé par Lavan. Yaakov nous indique que la loi selon laquelle «l’esprit dirige le cœur» s’applique à tous les domaines de la vie, de l’entreprise la plus spirituelle à l’occupation la plus matérielle.
Tous les domaines de la vie, certes, sauf quand vous êtes sur le Mont Moriah.
Parce qu’il existe également une vérité encore plus élevée. Une vérité qui transcende la matérialité et la spiritualité, une vérité qui surpasse à la fois l’esprit et l’instinct.
D.ieu n’est ni spirituel ni matériel. Il a créé les deux royaumes et est présent de la même façon dans les deux. Il nous fournit les moyens de nous relier à Sa vérité suprême dans les deux royaumes. La prière, par exemple, est un accès spirituel pour se lier à D.ieu alors que le don de charité en est un moyen matériel. Et Il nous a donné un guide, notre esprit rationnel, avec lequel nous pouvons naviguer dans ces deux domaines de la vie.
Mais nous avons aussi besoin d’être liés à une vérité divine suprême qui dépasse l’esprit et la matière. En fait, ce n’est que grâce à cette relation que nous sommes capables d’habiter deux mondes si différents et même de les incorporer tous les deux dans notre vie.
C’est la raison pour laquelle Yaakov devait passer cette nuit-là au Mont Moriah, site du Saint Temple, lieu de la Révélation divine à l’homme la plus profonde et de l’engagement ultime de l’homme dans son service divin : le lieu où la Vérité divine essentielle est manifeste. Ce n’est qu’une rencontre avec le «Mont Moriah» qui peut faire un pont entre «nos années chez Eber» et «nos années chez Lavan». Ce n’est qu’une rencontre avec le Mont Moriah qui peut faire coexister nos entreprises spirituelles et nos poursuites matérielles, dans une même vie, qui peut aboutir à ce qu’elles résident ensemble et en harmonie, qu’elles se nourrissent mutuellement et imposent les mêmes exigences d’intégrité.
Mais au Mont Moriah il n’y a ni règles ni outil. Vous ne pouvez comprendre ni sentir, vous ne pouvez raisonner ni expérimenter. Vous ne pouvez que vous y abandonner. Vous ne pouvez que vous y étendre.
Nos expériences du Mont Moriah sont très rares. Pour Yaakov, une seule nuit suffit pour trente-quatre ans. Ce qui est important n’est pas combien de fois cette expérience se produit ni combien de temps elle dure mais plutôt que son influence imprègne tout ce que nous faisons.
Le Coin de la Halacha
Quels ustensiles de cuisine trempe-t-on au Mikvé ?

Tout ustensile de cuisine en verre ou en métal qu’on a acheté à un non-Juif doit être trempé dans un Mikvé (bain rituel spécialement réservé à cet usage).
On ne peut pas s’en servir – même une seule fois – tant qu’il n’a pas été trempé au Mikvé. Cependant l’aliment qui aurait été introduit – par erreur – dans un ustensile non trempé ne devient pas «Taref» (interdit) et peut donc être consommé.
De nombreuses entreprises appartiennent maintenant – du fait de la mondialisation – à différentes personnes. Comme il est possible que des Juifs fassent partie des propriétaires, il conviendrait alors de tremper la vaisselle au Mikvé sans prononcer la bénédiction.
On trempera au Mikvé non seulement la vaisselle de table (assiette, verres, couverts…) mais aussi les marmites, plaques du four et l’électroménager. Bien entendu, on ne trempera pas le bloc moteur et on se renseignera auprès d’une autorité rabbinique pour les cas complexes (friteuse électrique etc…).
Un garçon âgé de plus de treize ans et une fille âgée de plus de douze ans peuvent procéder à la Tevilat Kélim (trempage de la vaisselle dans un Mikvé).
On enlèvera au préalable toutes les étiquettes, traces de colle ou de rouille etc… Tout l’ustensile doit être trempé dans l’eau du Mikvé en une seule fois.
Avant de tremper l’ustensile, on prononce la bénédiction : «Barou’h Ata Ado-naï Elo-hénou Mélè’h Haolam Achère Kidechanou Bémitsvotav Vetsivanou Al Tevilat Kéli (ou Kélim s’il y en a plusieurs)»,.«Béni sois-Tu Eternel notre D.ieu Roi du monde qui nous a sanctifiés par Ses commandements et nous a ordonné de tremper la vaisselle ».
On peut tremper au Mikvé de la vaisselle – cachère – qui a déjà servi à condition qu’elle soit parfaitement propre (ce qui est difficile pour les casseroles qui gardent souvent des traces de graisse ou de rouille).

F. L. (d’après Rav Yossef Ginsburgh)
De Recit de la Semaine
Chabbat dans une station d’essence

C’est arrivé il y a presque quarante ans. Rav ‘Haïm I. Dreizin de San Francisco reçut un appel d’une synagogue libérale de Sacramento : «Nous voulons que les enfants aient l’expérience d’un vrai Chabbat ‘hassidique. Pouvez-vous passer un Chabbat dans notre colonie de vacances ? ” Il accepta à trois conditions : qu’il n’y ait aucune profanation du Chabbat en public, que ce soit lui-même qui s’occupe de la nourriture, qu’on érige une «Me’hitsa», une séparation entre les garçons et les filles durant la prière comme il est de coutume dans toute synagogue traditionnelle.
Tout ceci lui fut accordé et il demanda donc à Rav Avraham Levitansky et moi-même de l’accompagner. L’idée nous plaisait beaucoup : montrer à une centaine d’adolescents comment apprécier un Chabbat authentique !
Le problème était que nous avions d’autres obligations le vendredi matin et la seule solution était de prendre l’avion de Los Angeles à Sacramento à 15h pour arriver à 17h. De là, un chauffeur, Jack, nous conduirait vers le site de la colonie de vacances, à environ quarante minutes de l’aéroport, ce qui nous permettrait d’arriver à temps avant Chabbat.
Mais «l’homme propose et D.ieu rit», affirme le proverbe…
Dès notre arrivée, nous avons demandé à Jack combien de temps prendrait la route jusqu’à la colonie : «Environ deux heures, normalement !»
- Que veut dire «normalement» ?
- Voilà. Nous devons d’abord passer chez moi changer de voiture car celle-ci n’est pas adaptée, ce qui rajoutera une demi-heure…
- Pas question ! s’écria Rav, mieux valait selon lui voyager durant deux heures de façon aussi inconfortable plutôt que de risquer de perdre encore une demi-heure.
Nous avons encouragé Jack à rouler aussi vite que le permettait la législation mais, sous l’emprise du stress, il manqua la bonne sortie d’autoroute puis se retrouva coincé sur un chemin de campagne.
Chabbat serait là dans une demi-heure et il était évident que nous ne pourrions pas arriver à destination dans les temps. Nous avons discuté entre nous : frapper à n’importe quelle porte d’une des maisons disséminées dans la forêt ou carrément dormir dans la forêt et passer Chabbat à côté de la voiture ?
- Non ! Vous n’y pensez pas sérieusement ! s’exclama Jack.
- Mais si ! Il n’est pas question que nous voyagions durant Chabbat !
- Je ne comprends pas ! Une centaine d’enfants vous attendent ! Ils ont envie de passer Chabbat avec vous ! Juste une demi-heure de route et vous pourrez passer vingt-trois heures et demi de Chabbat avec eux ! Mais ainsi, ils n’auront rien !
- Ecoutez Jack : on nous a appelés pour un Chabbat car on sait ce que Chabbat représente pour nous. Si nous le mettions entre parenthèses même pour une demi-heure, tout le message donné aux enfants serait faussé ! Exactement deux minutes avant Chabbat, nous avons enjoint à Jack de s’arrêter à Auburn, derrière une station d’essence. Nous avons sorti de sa voiture trois livres de prières, des ‘Hallot, du vin et nos châles de prière et les responsables de la station nous permirent de laisser la voiture garée sur place pendant vingt-quatre heures.
Jack voulut téléphoner à la colonie pour leur annoncer que nous étions coincés mais nous l’en avons découragé : «C’est déjà Chabbat ! Puisque nous sommes ensemble tous les trois, passons Chabbat comme il convient !»
Et nous avons entamé la prière tous les trois, en chantant et en dansant. Jack était fasciné. Soudain, il pâlit : il avait reconnu la mélodie de «Le’ha Dodi», telle que la chantait son grand-père ! A partir de ce moment, il entra dans le jeu.
Pour Kiddouch, nous disposions de vin mais pas de verres. Et les bouteilles américaines sont de taille impressionnante. Il fallait en boire plus de la moitié ! Ce que nous avons fait à nous trois : boire plus d’un litre de vin puisqu’il faut boire la moitié du «verre» !
Le repas fut royal : ‘Halla et vin, vin et ‘Halla. Rien d’autre, si ce n’est des chants.
Dormir. Pas question de dormir dans la voiture, de toute manière trop petite pour nous trois. Le motel de l’autre côté de la route ne pouvait pas nous accepter car nous ne pouvions pas porter d’argent sur nous.
Au commissariat de police, on nous annonça avec regret qu’il n’y avait pas de place dans les cellules ni même dans la prison… Les policiers nous aidèrent néanmoins à trouver une chambre… au-dessus d’un bar louche. Nous étions épuisés mais Jack avait des tonnes de questions à nous poser sur Chabbat et tant d’autres sujets.
Au milieu de la nuit, un vagabond éméché tambourina à notre porte : «Mon rasoir ! Vous avez volé mon rasoir !»
On peut nous accuser de beaucoup de choses mais je jure (ainsi que Rav Levitansky qui, en racontant cela, caressait sa longue barbe) que nous n’avons jamais volé le rasoir de qui que ce soit !
Bref la nuit ne fut pas de tout repos… Au matin, nous avons quitté la chambre et avons traversé la ville.Mais il s’avéra qu’il n’y avait pas un seul Juif à Auburn.
En arrivant à la station d’essence, nous eûmes un choc : toutes nos affaires avaient disparu, à part un petit morceau de ‘Halla. Passe encore pour la nourriture : mais qui avait pu voler nos livres de prières ? Et c’était le dernier Chabbat du mois, quand il faut lire tout le livre de Psaumes ! Heureusement, à nous deux, nous le connaissions presque entièrement par cœur, ainsi que la prière du Chabbat.
En guise de repas, nous nous sommes partagés à trois le morceau de ‘Halla. Nous avons passé la journée à tenter de trouver d’autres Juifs mais sans succès.
Tard dans la nuit, nous avons enfin atteint la colonie de vacances. Les enfants étaient si heureux de nous voir, sachant à combien de sacrifices nous avions été obligés de consentir ! Nous leur avons raconté l’histoire d’enfants juifs enrôlés dans l’armée tsariste qui avaient refusé de profaner le Chabbat et les adolescents buvaient littéralement nos paroles. Jack remarqua alors : «Moi je leur ai enseigné ce que je savais du judaïsme mais je n’y croyais pas. Mais vous, vous enseignez rien que par l’exemple que vous donnez parce que vous y croyez ! Et quelle différence ! Ils vous écouteraient ainsi toute la nuit !»
Effectivement, ils en redemandaient ! Rav Levitansky se mit alors à chanter à tue-tête une comptine pour les enfants du jardin d’enfants, quelque chose comme : «Tous les animaux que je mange doivent ruminer et avoir le sabot fendu. Tous les autres ne m’intéressent pas. Je suis un Juif et je ne transige pas ! Je ne veux manger que de la viande cachère !» Et les adolescents reprirent le chant en chœur, deux fois, dix fois, quinze fois…
Le lendemain, nous repartîmes, tandis que les ados dormaient encore. A quoi tout cela avait-il servi ? me demandai-je.

* * *

Quinze ans plus tard…
Je passai un Chabbat à Park City, un endroit où il n’y avait pas de magasin cachère. Les jeunes mariés qui nous accompagnaient annoncèrent fièrement qu’ils mangeaient cachère. Comme je leur demandai ce qui les motivait, la jeune femme raconta qu’un jour, elle avait passé des vacances dans une colonie libérale et que des rabbins avaient dû passer tout un Chabbat dans une station service et n’étaient venus que le samedi soir. Ils avaient chanté : «Je ne veux manger que de la viande cachère» et cela l’avait marquée : depuis ce jour, elle avait décidé de ne manger que cachère !
Oui, nous avions peut-être eu plus d’impact sur ces jeunes en passant Chabbat dans une station d’essence que si nous avions passé tout Chabbat avec eux !

Rav Moché Y. Engel, Long Beach Caroline
N’shei Chabad Newsletter
Traduit par Feiga Lubecki