Samedi, 30 janvier 2021

  • Bechala’h
Editorial

 Regain

Le calendrier juif présente parfois des dates en résonnance si parfaite avec les temps que l’on vit qu’on ne peut y voir qu’une sorte de message. C’est ainsi que Tou biChevat – le 15 Chevat – apparaît cette semaine. Le sens du jour est connu : le nouvel an des arbres. Et on sait que c’est à ce moment qu’avant le début du printemps, la vie commence à revenir dans la nature encore profondément endormie par l’hiver. Au-delà de la pure célébration végétale, un tel jour est aussi porteur de symboles qui en font un moment majeur pour tous les hommes. Car, lorsqu’on considère l’arbre, on ne peut que relever la nécessité des racines qui lui apportent les éléments de sa vie, admirer la croissance et la solidité du tronc, l’élancement des branches et la beauté des fruits. Tout cela évoque immanquablement l’être humain qui, lui aussi, ne peut vivre sans racines qui le portent et donnent sens à ses actions. C’est seulement en elles qu’il trouve la vigueur qui lui permettra de grandir jour après jour jusqu’à donner les meilleurs des fruits, sa descendance qui sera, pour lui, une forme d’éternité.

Tout commence donc par les racines. Car chacun est littéralement porté par une histoire qui l’a fait naître et grandir tel qu’il est. Chacun est, bien sûr, un individu avec toute la richesse de potentiels que ce mot implique mais il est aussi le maillon d’une chaine qui traverse le temps. Etre conscient de ses racines, c’est ainsi ne pas perdre la conscience de soi, ne pas rendre inaudible la grande symphonie de l’humanité à force d’uniformisation. Nous vivons dans un monde où, pour certains, la différence est insupportable et, au moins, suspecte. Pour d’autres, elle constitue un poids écrasant qu’on souhaiterait rejeter aussi vite et aussi loin que possible. Pourtant, le 15 Chevat vient nous dire comme elle est belle et enrichissante et aussi comme, sans elle, la vie aurait perdu son sens.

A l’heure où certains entreprennent toujours de nous déraciner, sachons montrer à tous que la noblesse de l’arbre l’emporte toujours et qu’il sait vivre au-delà de toutes les tempêtes. Fier, solidement planté en terre, son sommet atteint parfois le ciel. Et sa présence est de cette façon aussi précieuse à la première qu’au second. C’est donc le nouvel an des arbres ; il nous appartient de faire en sorte qu’il soit, cette année, celui du renouveau de l’humain. Pour un monde de bien.

Etincelles de Machiah

 Un petit instant

Quand le Machia’h viendra, il apparaîtra comme si toute la longue période d’exil aura été, en fait, très courte. C’est à ce sujet que le prophète Isaïe (54:7) dit : « Un petit instant, Je t’ai abandonné et avec une grande miséricorde Je te rassemblerai. »

Lorsque la « grande miséricorde » de la Délivrance se révèlera, chacun verra que l’exil n’aura finalement constitué qu’un « petit instant ».

(D’après Séfer Hamaamarim 5700 p. 10)

Vivre avec la Paracha

 Bechala’h

A peine a-t-il permis aux Enfants d’Israël de quitter l’Egypte que le Pharaon se lance à leur poursuite pour les obliger à revenir. Le peuple hébreu se trouve pris au piège, entre les armées égyptiennes et la mer. D.ieu dit à Moché de lever son bâton au-dessus de l’eau et la mer s’ouvre pour permettre au Peuple juif de passer puis elle se referme sur les assaillants égyptiens. Les Enfants d’Israël entonnent un chant de louange et de gratitude à l’égard de D.ieu.

Dans le désert, le peuple souffre de faim et de soif et se plaint sans cesse à Moché et Aharon. D.ieu adoucit miraculeusement les eaux amères de Mara et par la suite, Moché fait jaillir de l’eau d’un rocher, en le frappant de son bâton. Grâce à son mérite, la Manne tombe des Cieux, chaque matin avant l’aube, et des cailles apparaissent, chaque soir, dans le camp d’Israël.

Les Enfants d’Israël reçoivent l’instruction de ramasser, chaque vendredi, une double portion de la Manne, puisqu’elle ne tombera pas le Chabbat, décrété par D.ieu comme jour de repos. Certains désobéissent, veulent en ramasser le septième jour mais n’en trouvent pas. Aharon préserve une petite quantité de Manne dans une fiole, comme témoignage pour les générations futures.

A Refidim, le peuple est attaqué par Amalek qui est vaincu grâce aux prières de Moché et une armée levée par Yehochoua.

La raison, le doute, la foi et la mémoire

Le Peuple juif venait de vivre l’une des plus extraordinaires manifestations, dans l’histoire, de la puissance divine. Dix plaies surnaturelles avaient obligé la nation la plus puissante du monde à les libérer de leur esclavage. La mer s’était ouverte devant eux et la Manne tombait du ciel pour les nourrir.

Ils campent à Refidim et le Texte nous indique : « [Moché] nomma ce lieu [Refidim qui signifie] « défi et conflit » à cause des conflits des Enfants d’Israël et de leur défiance à l’égard de D.ieu : « D.ieu est-Il parmi nous ou non ? » Puis vint Amalek qui attaqua les Enfants d’Israël à Refidim ».

Comment purent-ils avoir l’audace de poser cette question ?

Telle est la nature du doute. Il se peut que le doute s’appuie sur une quête de rationalité. Parfois, il naît des désirs et objectifs personnels de l’individu. Mais il existe aussi un doute dans sa plus simple expression, un doute irrationnel, un doute plus puissant que la raison. Ce doute neutralise les arguments les plus convaincants, les expériences les plus inspirantes avec rien de plus qu’un cynique haussement d’épaules.

Et c’est cette sorte de doute qui fit du Peuple juif la cible de l’attaque d’Amalek.

« Amalek » dans sa représentation spirituelle, est l’essence de l’indifférence irrationnelle et gratuite.

La vérité peut réfuter les arguments logiques qu’on lui oppose. La vérité peut l’emporter sur les tendances et les désirs égoïstes car la nature intrinsèque de l’homme se définit par l’axiome : « l’esprit domine le cœur ». Cela signifie qu’un homme a l’aptitude de reconnaître la vérité au point qu’elle s’imprègne dans son caractère et s’implante dans son comportement. Mais nos facultés rationnelles sont impuissantes face au défi d’un Amalek qui brave sans vergogne la vérité et qui refroidit nos moments les plus inspirés, avec rien de plus qu’un méprisant : « Et alors ? »

C’est la raison pour laquelle Amalek, et ce qu’il représente, constitue l’archétype de l’ennemi du Peuple juif et de notre mission dans le monde. Comme le proclama Moché : « D.ieu a juré par Son trône ; D.ieu est en guerre contre Amalek dans toutes les générations. »

La Torah établit trois mitsvot consacrées à se souvenir des actes d’Amalek, d’éradiquer sa mémoire et de ne pas oublier les défis qu’il lance.

Amalek nous attaqua « sur la route, sur notre chemin qui nous faisait sortir d’Égypte », alors que nous nous dirigions vers le Mont Sinaï pour recevoir la Torah et notre mandat en tant que Peuple de D.ieu. Là encore, l’histoire reflète le fonctionnement intérieur de l’âme.

La période de l’attaque historique d’Amalek décrit les circonstances intérieures lors desquelles la corruption d’un doute infondé peut surgir dans l’esprit.

L’Exode personnel

Dans la Haggada de Pessa’h, nous disons : « Dans chaque génération, un Juif doit se considérer comme s’il sortait lui-même d’Egypte (Mitsrayim). »

Mitsrayim, le mot hébreu pour « Égypte », signifie : « limites ». Au niveau personnel, cela se réfère à ce que l’enseignement de la ‘Hassidout dénomme « le canal étroit du cou » qui fait la jonction entre l’esprit et le cœur. Car tout comme notre tête et notre cœur sont physiquement rattachés par le passage étroit du cou, la même morphologie se retrouve au sens spirituel et psychologique.

L’esprit, comme nous l’avons mentionné, possède une supériorité inhérente sur le cœur. Et pourtant, c’est une tâche extrêmement difficile et exigeante que d’exercer cette supériorité. Il n’est pas facile de conformer nos sentiments et nos désirs à ce que nous savons être raisonnable. C’est cet effort constituant « l’Exode d’Égypte » qui revient à chacun de nous : négocier avec le canal étroit de notre « cou » intérieur pour surmonter les attirances matérielles, la subjectivité émotionnelle et l’égocentrisme qui discréditent l’autorité de l’esprit sur le cœur et l’empêchent d’influencer notre caractère et notre comportement.

Le dernier défi

Une fois que l’on est parvenu à cet Exode personnel, reste un dernier défi à surmonter : celui d’Amalek. Tant que nous sommes toujours emprisonnés dans notre Égypte personnelle, notre intégrité doit affronter de nombreux obstacles. Tant que nous n’avons pas réussi à faire de notre esprit l’axe central autour duquel tout tourne, nos instincts primaires, comme la gourmandise, la colère, la quête de puissance, le plaisir immédiat, peuvent dominer en nous. Mais une fois que nous sommes parvenus à cet Exode personnel, que nous avons établi notre connaissance et notre compréhension de la vérité comme déterminantes dans notre vie, la bataille n’est pas encore gagnée. Il se peut que nous soyons confrontés à des idées et des rationalisations négatives mais libérés des mensonges de l’égocentrisme, la vérité triomphe en nous. Nous pouvons être tentés par des désirs et des tendances néfastes mais dans notre vie, l’esprit domine le cœur, et nous réussirons donc à les faire céder et même à les transformer.

Mais il reste un ennemi qui menace encore l’individu sorti d’Égypte : Amalek.

Amalek « connaît son Maître et se rebelle délibérément contre Lui ». Il ne confronte pas la vérité avec des arguments ou même des motivations égocentristes. Il ne fait que la dédaigner. A l’axiome : « Conforme-toi à la vérité parce que c’est la vérité », il dit : « Et alors ? » Uniquement armé de son arrogance, Amalek conteste l’incontestable.

Mémoire de l’âme

Comment lui répondre ? Comment faire face à l’apathie, au cynisme, au doute intérieur sans raison ? Amalek est irrationnel et totalement indifférent à la raison. La réponse à Amalek doit, elle aussi, être irrationnelle.

Dans le Tanya, Rabbi Chnéor Zalman de Lyadi discute de la foi en D.ieu qui fait partie intégrante de l’âme juive. La foi n’est pas un but à atteindre. Il suffit de la dévoiler parce qu’elle est le tissu-même de l’âme juive. La foi, transcende la raison. Par la foi, la personne se lie à l’infinie vérité de D.ieu, dans sa totalité, contrairement à la perception à laquelle parvient la raison, qui, elle, se définit et se limite selon la nature finie de l’esprit humain.

Rabbi Chnéor Zalman explique ainsi un phénomène étonnant : tout au long de l’histoire juive, des milliers de Juifs ont sacrifié leur vie plutôt que de renoncer à leur foi et à leur lien avec le Tout-Puissant. Cela inclut également ceux qui ne connaissaient que très peu de choses du Judaïsme, ne l’appréciaient pas et ne le pratiquaient pas dans leur vie quotidienne. Mais au moment de vérité, quand ils sentirent que leur identité juive elle-même était en danger, leur foi intrinsèque, une foi qui ne connaît ni limites ni faux fuyants, jaillit et domina toutes choses.

Notre réponse à Amalek est de nous souvenir, de faire appel aux réserves de notre âme et à notre foi supra rationnelle, une foi qui peut être enfouie et oubliée sous un amas d’implications et d’enchevêtrements matérialistes, mais une foi qui, quand elle est rappelée, peut affronter tous les défis qu’ils soient moraux, rationnels ou non.

Le Coin de la Halacha

 Annoncer une mauvaise nouvelle ?

« Celui qui colporte des racontars est un sot » (Michlé – Proverbes 10 : 18). De là, la Guemara déduit qu’il est préférable de ne pas annoncer de mauvaises nouvelles, en particulier les décès.

Certains préconisent de n’annoncer à une personne le décès de ses parents que par allusion et non expressément.

Si les enfants ont la possibilité de se déplacer au chevet de leurs parents, il est recommandé de leur annoncer l’aggravation de leur état de santé afin qu’ils puissent les assister moralement dans leurs derniers instants.

Comme les fils ont la Mitsva de réciter le Kaddich pendant un an à la mémoire de leurs parents, l’usage veut qu’on leur annonce la nouvelle le plus tôt possible. On l’annonce également aux filles de façon à ce qu’elles puissent respecter les lois du deuil. Ceci permet aussi de prendre toutes les dispositions pour l’enterrement.

De nos jours, ce genre de nouvelles circule très vite et il est pratiquement impossible de les cacher ou même de les annoncer par allusion. La personne risque de l’apprendre par des tiers et d’en ressentir une grande peine : il est donc préférable de parler directement. Cependant, si la personne est hospitalisée ou confinée dans une maison de retraite, on attendra si possible la fin des « trente jours » ou même on s’abstiendra de lui annoncer le décès d’un proche.

Puissions-nous toujours annoncer de bonnes nouvelles !

(d’après Rav Yossef Ginsburgh – Si’hat Hachavoua N° 1774)

Le Recit de la Semaine

 J’ai trouvé les mots…

Chabbat dernier, un de mes amis qui fréquente régulièrement notre synagogue m’avertit avec peine que c’était son dernier Chabbat à la synagogue :

- Je suis désolé, Monsieur le rabbin, mais on m’a proposé un poste où je serai obligé de travailler Chabbat.

J’ai été très surpris. Nous nous tenions à bonne distance l’un de l’autre et nous portions tous les deux un masque à cause de la distanciation sanitaire. Mais, malgré le fait que nous ne pouvions pas distinguer nos visages entièrement, nos regards exprimaient la peine et la déception.

Pour moi, il était un fidèle exemplaire (c’est-à-dire que c’était un de ces rares personnages qui ne s’endormait pas pendant mon discours). J’avais fait sa connaissance plus approfondie quelques jours auparavant et nous avions sympathisé.

Qu’étais-je supposé lui répondre ? Que j’aurais été heureux de le revoir chaque fois qu’il pourrait se libérer pour venir à la synagogue ? Qu’il pouvait accomplir bien d’autres Mitsvot pour faire venir Machia’h ? Le coronavirus a impacté financièrement tant de gens de façon négative, la Parnassa devient de plus en plus difficile pour tous et là, on lui offrait un salaire attractif. Avais-je le droit d’interférer dans la vie d’un homme et de sa famille qui étaient durement affectés par la crise sanitaire ?

Ceux qui me connaissent savent que je hais les conflits et que j’ai tendance à me plier en quatre pour faire plaisir à tout le monde et ne pas me créer d’ennemis. Mais là, il ne s’agissait pas d’un quelconque débat sur Facebook ! Il s’agissait de la sainteté du Chabbat ! « Qu’est-ce que le Rabbi aurait dit dans un cas pareil ? » me suis-je demandé. Et cette pensée fulgurante ne quittait pas mon esprit. Ses yeux cherchaient les miens. Je pris une profonde inspiration.

- Mon cher ami ! Il est impossible que le Créateur du Ciel et de la Terre présente à Son enfant un défi qui ne peut pas être relevé. Le grand poète juif qui se faisait appeler A’had Haam a remarqué une fois que plus que les Juifs ont gardé le Chabbat, c’est le Chabbat qui a gardé les Juifs ! Vous devez avertir ce patron que vous ne pouvez pas travailler le Chabbat. Et si vous avez besoin d’une lettre attestant de cette exigence religieuse, je suis prêt à l’écrire pour vous ! ».

Durant toute la semaine, je n’ai pas reçu de ses nouvelles. J’étais un peu inquiet : peut-être refuserait-il de me parler à nouveau ? Peut-être avais-je été un peu trop dur, trop fanatique pour lui ?

Ce Chabbat, après que j’ai terminé de prier la Amida, je me suis retourné vers l’assemblée et quelle ne fut ma surprise : il était là, comme toujours, assis à la deuxième rangée ! Il me sourit et me fit un grand signe de victoire !

Je me suis précipité vers lui :

- Je suis si content de vous souhaiter Chabbat Chalom aujourd’hui ! Comment cela s’est-il passé ?

- J’ai refusé le poste, murmura-t-il en se penchant vers moi. Tous mes amis, toute ma famille m’encourageaient à l’accepter ! Vous avez été le seul à me donner une réponse catégorique. Et j’ai réfléchi : s’il y a dans cette synagogue des gens qui ont survécu à la Shoah comme ce Monsieur ‘Haïm Grossman qui vient de temps en temps à la synagogue, combien plus je devrais être prêt à commettre des sacrifices pour mon judaïsme ! Quand mon ancien patron a entendu ce qui s’était passé, il m’a offert une augmentation pour que je reste à mon ancien poste ! Et plus encore : il a été stipulé dans mon nouveau contrat que je n’aurais jamais besoin de travailler le Chabbat !

Je ne pouvais pas en croire mes oreilles. Il continua :

- Je veux que vous sachiez que si vous ne m’aviez pas répondu aussi directement, j’aurais moi-même hésité et je ne serais pas devant vous ici aujourd’hui à la synagogue !

Je sentais les larmes couler de mes yeux. Depuis seize ans que j’officie comme rabbin, je vivais là le summum de ma carrière. Je parvins à ouvrir la bouche et l’informai que, dans le Talmud (Avoda Zarah 17 a), il est écrit qu’il y a des personnes qui acquièrent leur Monde Futur en un instant…

L’office allait continuer mais je ne pouvais plus me retenir : je me levais devant toute la congrégation et, avec sa permission, je racontai ce qui s’était passé. Je citai encore une fois le Talmud (Bra’hot 6 a) comme quoi D.ieu porte les Téfilines de même que Ses enfants portent les Téfilines. Dans nos Téfilines, il est écrit : « Ecoute Israël, l’Éternel est notre D.ieu, l’Éternel est UN » (Deutéronome 6 : 4). Mais dans les Téfilines de D.ieu, il est écrit : « Qui est comme Ton peuple Israël, une nation unique sur terre ? (Samuel 2 - 7 : 23).

Cet homme inspira toute notre congrégation de Lincoln Park Jewish Center. Cet homme m’a inspiré. Il est facile pour moi de venir à la synagogue Chabbat : après tout, je suis même payé pour cela, c’est mon job. Mais pour lui… effectuer ce choix… Tout ce que je peux ajouter, c’est que nous lisons en ce moment dans la Sidra de la Semaine les récits de la Torah concernant les grands miracles et les merveilles que D.ieu a accomplis pour nos ancêtres en les faisant sortir d’Égypte.

Mais là, ce fut un grand miracle qu’un homme a accompli pour D.ieu !

Rav Lévi Welton

Traduit par Feiga Lubecki