Semaine 14

  • Tazria
Editorial

Ouvrons la porte à la liberté !

A l’orée d’un nouveau mois, on a toujours l’impression qu’il y a comme une porte à pousser. Et sans doute n’y a-t-il pas d’impression plus légitime. C’est que le déroulement des mois n’est pas simplement une manière commode de scander le temps qui passe ; c’est d’abord d’avancée spirituelle qu’il s’agit. L’entrée dans une nouvelle période est, de ce fait, un événement qui, par nature, change les perspectives. Tout se passe comme si l’on allait de la chambre au trésor d’un palais merveilleux à celle d’un palais nouveau dont la splendeur, fondamentalement différente de celle du précédent, n’en est pas moins profondément bouleversante. Ainsi va-t-on du mois de Adar à celui de Nissan, d’allégresse infinie en délivrance émergeante.
En effet, l’ouverture du mois, à présent, révèle un horizon nouveau. Certes, Nissan est le temps de Pessa’h et la perspective de la liberté naissante – sortie d’Egypte oblige – emplit déjà notre conscience. Cela seul suffirait à expliquer la grandeur particulière de la période. Cependant, si on se limitait à de telles considérations, le risque existerait que cette liberté-là ne soit bien vite plus que la trace d’un souvenir historique précieux. Or, la liberté ne peut se limiter à la mémoire. Pour être réelle, elle doit rester vivante. Pour trouver expression en notre temps, elle doit d’abord apparaître en chacun. Quel défi ! Comment vivre libre dans un monde matériel aux contraintes étroites ? Comment y vivre en portant sa liberté en bandoulière sans souci du regard de ceux que la différence dérange ? Le mois de Nissan apporte une réponse essentielle : c’est en chacun que la liberté commence et c’est par l’action de tous qu’elle s’épanouit.
Nous sommes ainsi au seuil d’une ère que nous pouvons faire nouvelle. La libération n’est pas qu’une espérance, elle est le résultat concret de nos efforts. Nous sommes capables de la construire pour nous et, de cette façon, d’établir celle du monde. Car qu’est-ce que la liberté de tous sinon la somme des libertés de chacun ? Dès lors, l’enjeu est d’importance. Le rêve éternel de liberté est à notre portée, dans sa forme la plus pure. Par lui, les obstacles disparaissent. Ce n’est pas d’un hypothétique avenir radieux qu’il s’agit mais bien d’un présent resplendissant. Ouvrons donc la porte et sachons faire apparaître ce bien le plus précieux, sachons aller de libération en libération jusqu’à celle, ultime, de Machia’h.

Etincelles de Machiah

Tout est entre nos mains

Le Tanya (chap. 37) enseigne : “Cet accomplissement ultime du temps de Machia’h et de la résurrection des morts, qui est la révélation de la Lumière Divine infinie dans ce monde, dépend de nos actions et de notre travail pendant tout le temps de l’exil”.
La période actuelle est celle des “talons de Machia’h”, au sens où elle précède immédiatement sa venue. Ainsi chacun doit ressentir cette idée constamment, dans son service de D.ieu quotidien. Lorsqu’on ressent profondément et sincèrement que l’effort que l’on fait, la Torah que l’on étudie hâtent la venue de la Délivrance et entraînent le monde à son parachèvement en faisant la “résidence de D.ieu ici-bas”, alors il est bien clair que l’on ne peut que redoubler d’enthousiasme afin de mener le processus à son terme aussi vite que possible

(d’après Likouteï Si’hot, vol. XXI, p.18) H.N.

Vivre avec la Paracha

Tazrya : Votre propre choix

Est-ce votre choix ou bien avez-vous été forcé ?
Nous évoquons ici votre Judaïsme, le fait d’être un Juif dans le monde d’aujourd’hui et de porter toutes ces lois et ces traditions. Est-ce quelque chose que vous avez choisi ? En avez-vous réellement le choix ?
Comme à de nombreuses questions, les enseignements du Judaïsme apportent au moins deux réponses. Tout d’abord, une réponse affirmative, c’est votre choix. Puis une seconde réponse, différente celle-là : en effet vous êtes né dans votre Judaïsme, c’est ce que vous êtes et vous ne pouvez y échapper… Comment ces deux réponses peuvent-elles être toutes deux justes ? Pour pouvoir répondre à cette interrogation, observons la Paracha de cette semaine ainsi que les Pirké Avot (Maximes de nos Pères).
La Torah nous parle d’ « une femme qui conçoit et donne naissance à un fils ». Il est intéressant d’observer que le texte commence avec la femme plutôt qu’avec un homme et une femme qui se marient. Il n’est pas dit : « un homme qui épouse une femme et elle donne naissance à un garçon ». L’accent est donc mis ici sur la femme elle-même. La ‘Hassidout enseigne que cette femme de notre Paracha représente le Peuple Juif ou l’individu juif que nos prophètes décrivent comme « la femme » ou « la promise » de D.ieu. La Torah parle donc d’une personne qui progresse d’un pas dans sa vie juive, de son propre gré. Le choix a été fait et cela a pour résultat positif la naissance d’un fils, ce qui, ici, fait allusion à l’accomplissement et au succès.
Selon cette optique, ce qui est vraiment important est notre propre choix. Si l’on prend comme option d’exprimer son Judaïsme de son propre chef plutôt que d’y être forcé, l’effet en sera positif et durable.
Les Pirké Avot évoquent la même idée. Le premier chapitre commence par « Moché reçut la Torah sur le mont Sinaï… » Le deuxième chapitre débute en posant la question : « quel chemin l’homme devrait-il choisir ? ». Le Rabbi souligne que le premier chapitre commence par quelque chose qui a été imposé d’En Haut : Moché reçut la Torah de D.ieu au Sinaï et la transmit aux générations futures de Sages et de dirigeants. Le résultat en est que si quelqu’un est élevé dans un environnement juif traditionnel, il mémorise une bonne quantité de pratiques et d’enseignements juifs pour sa vie quotidienne. Cela vient « d’En Haut », il ne les a pas choisis lui-même.
Par contre, poursuit le Rabbi, le second chapitre commence par l’idée du choix. Les hommes choisissent d’eux-mêmes et cela leur donne une relation plus profonde avec leur identité juive.
En fait, nous avons besoin de ces deux aspects. Nous avons besoin d’être enrichis le plus possible par la chaîne de traditions, par l’environnement juif, l’ambiance familiale et l’éducation qui font de nous un modèle juif. Puis vient la seconde étape, celle de notre propre choix, de la reconnaissance personnelle de notre identité et de notre relation avec la Torah.
On peut se demander si cette prise de conscience survient toujours. Chaque Juif trouve-t-il obligatoirement sa véritable identité dans le Judaïsme ? Le commentaire du Talmud sur l’ouverture de notre Paracha, à propos de la grossesse et de la naissance, nous éclaire sur ce point.
Le Talmud affirme que lorsqu’une femme est enceinte, l’enfant à naître étudie toute la Torah. Quand il naît, « un ange frappe l’enfant sur sa lèvre supérieure » afin qu’il oublie tout. Cela signifie que très loin dans les profondeurs de sa conscience, l’enfant garde enfouie en lui toute la Torah.
Chaque Juif, homme ou femme, possède ce niveau profond de connaissance et de reconnaissance. La vie est un processus de « souvenir » et les modèles imposés d’En haut, nous « forçant » à pénétrer dans le mode de vie juive suscitent en fait notre reconnaissance profonde et notre propre choix d’être un Juif vivant.

La naissance et la renaissance
Les deux thèmes de la Paracha, la naissance et la renaissance correspondent également à la période de notre calendrier juif.
Nous l’avons vu, la Paracha commence par les lois concernant une femme qui a conçu et donné naissance à un enfant. Les cérémonies entourant cet événement important et l’idée que la brit milah, l’Alliance de la Circoncision, conduit l’enfant dans son lien particulier avec D.ieu, y sont ici expliquées. Nos Sages nous disent qu’une fille est considérée comme étant née circoncise. Ainsi chaque Juif apparaît-il au monde avec une responsabilité et un lien particulier avec D.ieu.
La joie d’une naissance s’exprime par le fait qu’à l’époque du Temple, l’heureuse mère apportait une offrande en guise de remerciement pour D.ieu.
Cette lecture de la Torah convient particulièrement à la période dans laquelle nous sommes, à proximité du mois de Nissan, un mois joyeux, inextricablement lié à Pessa’h et la rédemption d’Egypte. Cet événement constitue la véritable naissance du Peuple Juif. L’Exode est d’ailleurs décrit en ces termes par le Prophète Yé’hézkiel. Il utilise la métaphore de la naissance pour décrire l’expérience du Peuple Juif quittant l’Egypte, errant dans le désert, tout en mettant toute sa confiance en D.ieu, et le développement qui en suivit pour en faire une nation mûrie, servant D.ieu par la Torah et les Mitsvot.
Des enseignements de la Torah comparent également notre expérience de l’exil présent à un état de grossesse. L’enfant à naître est complètement formé mais il ne fonctionne pas encore comme un être humain autonome. Il possède des yeux et des oreilles mais il ne peut ni voir ni entendre réellement. De la même façon, nous, le Peuple Juif, ne pouvons fonctionner correctement, dans toute notre force et notre sensibilité spirituelles. Encore en Egypte, nous accomplissons avec espoir les Mitsvot mais nous ne sommes pas entièrement conscients de leur importance. C’est pour cette raison, que bon nombre d’entre nous ne s’acquitte pas encore des Mitsvot comme ils le devraient. Si nous possédions la pleine conscience d’un être complètement mûri, nous nous y attèlerions avec empressement !
Comme dans le cas d’une mère qui attend incessamment la naissance de son bébé, nous attendons avec impatience la renaissance ultime du Peuple Juif et du monde avec la venue de Machia’h. Le chemin qui nous y mène est celui des Mitsvot, de l’étude de la Torah et tout particulièrement de l’amour pour nos prochains. C’est ainsi que nous parviendrons à la fois à la naissance et à la renaissance, pour le bien de toute l’humanité.

Le Coin de la Halacha

Qu’est-ce que la Matsa Chmourah ?

En hébreu, «Chmourah» signifie «gardée» et ce terme décrit parfaitement ce qu’est cette Matsa. La farine utilisée pour sa fabrication est gardée, protégée de tout contact avec de l’eau, depuis le moment où le blé a été moissonné. En effet, si elle venait à être mouillée, elle pourrait lever et devenir impropre à la consommation pendant Pessa’h.
Ces Matsot sont rondes, pétries à la main et ressemblent à celles que les enfants d’Israël consommèrent lorsqu’ils quittèrent l’Egypte. Elles sont cuites en moins de dix-huit minutes sous stricte surveillance rabbinique, afin de s’assurer qu’elles ne puissent en aucune façon augmenter de volume et devenir levain pendant la fabrication. La Matsa Chmourah doit être utilisée pendant les deux nuit du Séder, c’est-à-dire lundi soir 18 avril et mardi soir 19 avril 2011, en particulier pour les trois Matsot posées sur le plateau. Certains ont la coutume d’en consommer pendant toute la fête.
Il n’est pas nécessaire d’avoir terminé son ménage de Pessa’h pour acheter les Matsot ; il suffira de les stocker à l’abri de tout ‘Hamets et de toute humidité.

F. L.

De Recit de la Semaine

Le bon D.ieu vous aidera

Que de malheurs ! Isser était absolument le seul survivant de son village : il avait survécu aux souffrances du ghetto de Kovno puis aux différents camps dans lesquels il avait été déporté. A la fin de la guerre, il ne put retrouver ni amis ni famille et partit s’installer en Terre Sainte.
Seul, il parvint difficilement à s’habituer à cette nouvelle vie et l’obtention de papiers nécessaires pour faire reconnaître ses droits à d’éventuelles indemnisations se heurtait à un «manque de preuves».
Un jour, il rencontra dans un autobus le Rav de Re’hovot, le regretté Rav Elimele’h Bar Chaoul. Il lui confia son problème et le Rav lui conseilla d’écrire au Rabbi de Loubavitch à New York.
Isser était un Juif simple, il n’était pas pratiquant mais décida néanmoins d’écrire au Rabbi et de lui raconter sa vie et ses soucis.
Deux semaines plus tard, Isser reçut une réponse du Rabbi qui posait des questions quant à sa vie présente et passée. Le Rabbi lui promettait qu’à partir de maintenant, D.ieu l’aiderait ; lui-même devait s’efforcer d’aider d’autres Juifs autant que possible. Quant aux compensations financières qu’on lui refusait, le Rabbi assurait qu’il en recevrait encore bien davantage que tout ce qu’il avait demandé. La lettre du Rabbi était accompagnée d’un chèque de cinq dollars.
Que faire d’un chèque de cinq dollars ? Certains racontent qu’Isser se rendit à la banque afin d’obtenir l’argent à la place : l’employé de la banque lui aurait alors suggéré de contacter des ‘Hassidim de Loubavitch qui ne seraient que trop heureux de lui racheter le chèque et de lui en donner même cent fois sa valeur. D’autres tiennent qu’Isser rencontra à nouveau le Rav Bar Chaoul qui lui affirma que si le Rabbi avait conseillé d’aider d’autres Juifs, cela avait certainement un rapport avec le chèque. Il avait donc tout intérêt à le garder. D’une manière ou d’une autre, à partir de ce moment, Isser mit tout en œuvre pour aider d’autres Juifs par l’intermédiaire du chèque du Rabbi.
Un jour il fut invité à témoigner en Allemagne au procès de deux criminels de guerre, anciens gardiens nazis de camps d’extermination. Grâce à son témoignage particulièrement circonstancié et émouvant, ces deux monstres furent condamnés. Or, il se trouvait que le juge qui avait été très impressionné par ses paroles était justement celui qui lui avait refusé les indemnisations demandées des années auparavant. De lui-même, le juge ressortit son dossier et décida d’accorder à Isser des dommages et intérêts bien plus conséquents que ce qu’il avait espéré, exactement comme le Rabbi lui avait promis.

Michpa’ha Hassidit n°1413
traduit par Feiga Lubecki

Histoire
Le bon D.ieu vous aidera

Que de malheurs ! Isser était absolument le seul survivant de son village : il avait survécu aux souffrances du ghetto de Kovno puis aux différents camps dans lesquels il avait été déporté. A la fin de la guerre, il ne put retrouver ni amis ni famille et partit s’installer en Terre Sainte.
Seul, il parvint difficilement à s’habituer à cette nouvelle vie et l’obtention de papiers nécessaires pour faire reconnaître ses droits à d’éventuelles indemnisations se heurtait à un «manque de preuves».
Un jour, il rencontra dans un autobus le Rav de Re’hovot, le regretté Rav Elimele’h Bar Chaoul. Il lui confia son problème et le Rav lui conseilla d’écrire au Rabbi de Loubavitch à New York.
Isser était un Juif simple, il n’était pas pratiquant mais décida néanmoins d’écrire au Rabbi et de lui raconter sa vie et ses soucis.
Deux semaines plus tard, Isser reçut une réponse du Rabbi qui posait des questions quant à sa vie présente et passée. Le Rabbi lui promettait qu’à partir de maintenant, D.ieu l’aiderait ; lui-même devait s’efforcer d’aider d’autres Juifs autant que possible. Quant aux compensations financières qu’on lui refusait, le Rabbi assurait qu’il en recevrait encore bien davantage que tout ce qu’il avait demandé. La lettre du Rabbi était accompagnée d’un chèque de cinq dollars.
Que faire d’un chèque de cinq dollars ? Certains racontent qu’Isser se rendit à la banque afin d’obtenir l’argent à la place : l’employé de la banque lui aurait alors suggéré de contacter des ‘Hassidim de Loubavitch qui ne seraient que trop heureux de lui racheter le chèque et de lui en donner même cent fois sa valeur. D’autres tiennent qu’Isser rencontra à nouveau le Rav Bar Chaoul qui lui affirma que si le Rabbi avait conseillé d’aider d’autres Juifs, cela avait certainement un rapport avec le chèque. Il avait donc tout intérêt à le garder. D’une manière ou d’une autre, à partir de ce moment, Isser mit tout en œuvre pour aider d’autres Juifs par l’intermédiaire du chèque du Rabbi.
Un jour il fut invité à témoigner en Allemagne au procès de deux criminels de guerre, anciens gardiens nazis de camps d’extermination. Grâce à son témoignage particulièrement circonstancié et émouvant, ces deux monstres furent condamnés. Or, il se trouvait que le juge qui avait été très impressionné par ses paroles était justement celui qui lui avait refusé les indemnisations demandées des années auparavant. De lui-même, le juge ressortit son dossier et décida d’accorder à Isser des dommages et intérêts bien plus conséquents que ce qu’il avait espéré, exactement comme le Rabbi lui avait promis.

Michpa’ha Hassidit n°1413
traduit par Feiga Lubecki