De l’air, de l’air !
Il existe, analyse la réflexion de la mystique juive, des biens indispensables à la vie. Et plus leur nécessité est incontournable, plus ils sont – ou à tout le moins doivent être – accessibles au plus grand nombre. C’est ainsi que l’or, les pierres précieuses sont rares alors que l’eau est présente sur de larges étendues de territoire. Quant à l’air, il est le bien le plus répandu car, sans lui, nul ne peut vivre. Mais voici que nous vivons un temps où il peut arriver que l’air ne soit plus disponible de façon fiable. Voici que des jours peuvent venir où, pour avoir de l’air pur, il vaut mieux laisser ses fenêtres fermées ! Il y a ici comme une véritable bizarrerie. Alors apparaît l’urgence de l’effort pour assurer la qualité de l’air, sa pureté. Chacun se rend ainsi compte que, sans une telle démarche, et sans sa pérennité, c’est tout l’avenir de l’homme qui est remis en cause. Cette prise de conscience en elle-même est sans doute un des éléments de la solution globale.
Mais il faut aussi se souvenir que l’homme ne vit pas que de la matérialité nécessaire à soutenir sa vie. Son existence dépend aussi des éléments spirituels qui le nourrissent profondément. Dans ce contexte, l’atmosphère qui règne autour de nous a une importance première. C’est d’un véritable « air spirituel » qu’il s’agit, qui conditionne la vie et en définit la richesse et la qualité. Les solutions qui permettent de purifier l’air matériel sont connues, celles qui président à la qualité de l’air spirituel également, et avec peut-être plus de certitude. L’étude de la Torah, enseignent nos Sages, n’est pas simplement une acquisition de connaissances nouvelles. Elle modifie le lieu même où elle se déroule. Les mots de la Torah prononcés – parce qu’ils sont sagesse de D.ieu – pénètrent l’air où ils retentissent. De façon subtile, ils le transforment. L’atmosphère qui nous donne à vivre devient ainsi différente. Ce n’est certes pas visible à l’œil nu mais l’essentiel de ce que nous sommes, notre âme, en ressent toute la puissance.
Ce combat, bien pacifique, de la pureté est celui de chacun. L’étude et la connaissance sont des clés. Il nous appartient de nous en servir pour que, peu à peu, le monde grandisse harmonieux et meilleur.
D.ieu sera Un
Parlant du temps de Machia’h, le prophète (Zacharie 14 :9) annonce : “En ce jour, D.ieu sera Un et Son Nom sera Un”. Il convient de préciser ce qu’une telle idée apporte à la grandeur de la nouvelle ère.
En fait, aujourd’hui, l’unité de D.ieu et son Omniprésence ne sont pas manifestes. Ainsi l’univers peut sembler être une entité indépendante de la Divinité et autonome par rapport à Elle. En revanche, lorsque le Machia’h viendra, chacun verra que l’univers s’efface devant la Lumière Divine qui le pénètre et le fait vivre constamment. A ce moment, la réalité profonde du concept d’Unité Divine apparaîtra à tous.
(d’après Torah Or, Vaéra, p. 55c) H.N.
Tazrya : la naissance
La naissance et la renaissance sont les thèmes de ce Chabbat, à la fois par le contenu de la lecture hebdomadaire et la date dans le calendrier juif.
La naissance spirituelle
Chaque détail appartenant à notre monde humain a son parallèle au niveau spirituel. L’apogée des relations humaines se trouve dans celle qui unit l’homme et la femme dans le mariage. Avec l’aide de D.ieu, le mariage conduit à la naissance des enfants, garçons et filles.
Dans divers passages de la Torah, l’image du mariage est utilisée pour décrire la relation qui unit le Peuple Juif à D.ieu. La plus célèbre d’entre elles se lit dans le Cantique des Cantiques du roi Salomon. La « bien aimée » qu’on y trouve est le Peuple Juif qui entretient une relation complexe avec D.ieu : parfois, il s’éloigne de Lui, parfois il s’en rapproche. Le prophète Yichayahou utilise également une métaphore similaire :
Notre Paracha s’ouvre sur un passage évoquant la femme qui donne naissance à un enfant : «Quand une femme conçoit et porte un fils». On explique habituellement ce passage par son sens littéral. Si c’est un garçon, l’enfant doit être circoncis, et garçon ou fille, la mère se doit d’apporter une offrande au Temple, en général deux colombes. Elle apporte son don quarante jours après la naissance, si c’est un garçon et quatre-vingt jours plus tard, si c’est une fille. Ces colombes constituaient les offrandes les plus populaires apportées au Temple de Jérusalem.
Le Rabbi cite le grand Sage marocain, Rabbi ‘Haïm ben Attar (auteur du commentaire Or Ha’haïm sur la Torah, 1696-1743) qui suggère une autre manière de lire ce texte. Tout comme dans le Cantique des Cantiques ou dans Yichayahou, la femme représente le Peuple Juif : à travers une relation accomplie entre le Peuple Juif et D.ieu naît un enfant.
Rabbi ‘Haïm explique que la naissance symbolise la Rédemption. Le sens de plénitude et d’accomplissement que ressent un couple lorsqu’ils ont un enfant reflète la très grande réalité spirituelle dont un Peuple Juif libre et indépendant fait l’expérience lorsqu’il est enfin capable de servir D.ieu d’une façon complète.
Notre histoire nous présente un certain nombre d’exemples de rédemptions. Il y a plus de 3300 ans, il y eut la rédemption d’Egypte. Alors que nous vivions en Terre d’Israël, nous avons souvent subi les attaques et les persécutions de nos voisins et D.ieu nous en délivrait. Nous avons miraculeusement échappé à une menace d’extermination, à l’époque de Pourim. Nous avons été libérés de Babylone et sommes revenus en Terre d’Israël où nous avons construit le Second Temple. Quelques siècles plus tard, nous avons été sauvés de l’oppression grecque, à l’époque de ‘Hanoucca, etc.
Le problème, à chacun de ces moments de rédemption, était qu’ils étaient suivis d’une nouvelle phase d’exil. Notre espoir et notre foi sont dans la Rédemption ultime, qui sera permanente et totale. Cela mettra fin à tout conflit, pour nous, le Peuple Juif, mais aussi à l’échelle du monde entier. Rabbi ‘Haïm explique que cette Rédemption permanente est symbolisée par la naissance d’un garçon décrite au début de la Paracha. Le mâle est physiquement plus fort et cette force dénote la permanence de la Rédemption.
Comment y parvenir ? Quand la femme, le Peuple Juif, «conçoit». La graine est semée dans le sol et cet ensemencement représente notre service de D.ieu dans notre monde matériel. En fait, il existe des idées merveilleuses, des sentiments et des états de conscience auxquels nous devrions aspirer, mais la base réelle de toute chose est la réalité pratique de l’observance des commandements de la Torah dans notre vie quotidienne, comme manger des aliments cachers, donner la charité ou observer le Chabbat.
Ces réalités concrètes créent le lien tangible avec D.ieu qui mène à la naissance et comme conséquence de la naissance, à l’expérience merveilleuse d’apporter des offrandes au Temple, et pour l’humanité dans son ensemble, à l’accomplissement du but de la Création.
La naissance et la renaissance
Les cérémonies qui entourent le grand moment de la naissance et l’idée de la Brith Milah, l’Alliance de la Circoncision, qui crée un lien particulier entre D.ieu et l’enfant mâle, nous sont expliquées. Les Sages nous disent qu’une fille est considérée comme née avec la circoncision. C’est pourquoi chaque Juif entre dans le monde avec un lien tout particulier avec D.ieu.
La joie de la naissance est, nous l’avons vu, exprimée par l’offrande qu’apporte la mère, des deux colombes, au Temple.
Il est courant que cette Paracha soit lue pendant le mois de Nissan, un mois joyeux, inextricablement lié avec Pessa’h et la Rédemption d’Egypte. Cet événement constitua en fait, la naissance du Peuple Juif. L’Exode est décrit en ces termes par le Prophète Yé’hezkel. Il utilise l’allégorie de la naissance pour décrire toute l’expérience du Peuple Juif quittant l’Egypte, errant dans le désert tout en mettant sa foi exclusivement en D.ieu, et finalement son développement en une nation mûre servant D.ieu par la Torah et ses commandements.
Nous trouvons également des enseignements comparant notre expérience ultérieure d’exil à un état de grossesse. L’enfant pas encore né, est entièrement formé mais il ne fonctionne pas comme un être humain normal. Il possède des yeux et des oreilles mais il ne peut ni voir ni entendre. De la même façon, nous, le Peuple Juif, ne pouvons fonctionner convenablement, en utilisant pleinement notre stature et notre sensibilité spirituelles. Alors que nous sommes toujours en exil, nous accomplissons les Mitsvot mais nous ne sommes pas véritablement conscients de leur importance. C’est pour cette raison que de nombreuses personnes n’ont pas encore pris la mesure de l’importance de les observer. Si nous avions la conscience d’une personne mûre, c’est avec allégresse que chacun d’entre nous s’y livrerait de plein cœur !
Comme dans le cas d’une mère qui attend un bébé devant naître de façon imminente, nous aussi attendons avec impatience la renaissance et le renouvellement du Peuple Juif et du monde, avec la venue de Machia’h. L’attitude adéquate pendant ces derniers instants est l’accomplissement des Mitsvot, l’étude de la Torah et tout particulièrement l’amour de chacun. C’est ainsi que nous parviendrons à la naissance et la renaissance, pour le bien de l’humanité toute entière.
Comment fête-t-on un anniversaire ?
On a l’habitude de fêter son anniversaire juif en organisant une réunion avec ses amis et connaissances. Chacun aura à cœur de souhaiter Mazal Tov à cette occasion et ainsi on augmentera l’unité du peuple juif dans une ambiance chaleureuse.
Le jour de l’anniversaire, on s’isolera un peu, on évoquera ses souvenirs et on veillera à réparer ce qui doit être réparé (Hayom Yom 11 Nissan).
On prendra de bonnes résolutions, aussi bien dans le domaine culturel que dans ses relations avec les autres.
On étudiera davantage et on récitera éventuellement un Maamar (discours ‘hassidique) ou, en tous cas, on prononcera des paroles de Torah. De même on donnera davantage de Tsedaka (charité).
Un homme essaiera d’être appelé à la Torah le Chabbat avant son anniversaire ou le jour même.
A partir du jour de la naissance, on récite le Psaume n°1 pour un nourrisson. Quand il atteint l’âge d’un an, on récite pour lui le chapitre 2. Ainsi, à chaque anniversaire, on récite le Psaume suivant. On le récitera chaque jour. Le jour de son anniversaire, on récitera si possible les cinq livres des Tehilim (Psaumes) ou au moins un de ces cinq livres – en plus des Psaumes qu’on récite chaque jour.
On s’efforce de manger un fruit nouveau le jour de son anniversaire afin de réciter la bénédiction Chéhé’héyanou : « Barou’h Ata Ado-naï Elo-hénou Mélè’h Haolam Chéhé’héyanou Vékiyemanou Véhigianou Lizmane Hazé. « Béni sois-Tu, Eternel notre D.ieu Qui nous a fait vivre, exister et parvenir à ce jour-ci ».
Pour son troisième anniversaire, on offrira à une petite fille son bougeoir et à un petit garçon un Talit Katane.
Des ‘Hassidim dans l’armée
Il existe des gens qui n’aiment pas évoquer leurs actions méritantes, qui se cachent et ne racontent pas leur vie devant les autres, qui préfèrent écouter plutôt que parler. Et parfois, emportés par l’émotion, ils se laissent aller à des confidences sans toutefois dévoiler même leurs noms et les détails qui permettent de les reconnaître. Ce fut le cas d’un Chalia’h (émissaire du Rabbi) qui raconta son histoire au cours d’une réunion ‘hassidique qui se tenait au 770 Eastern Parkway en Tichri.
«Quand j’effectuai mon service militaire en Israël, je fus sélectionné avec d’autres soldats pour participer à une mission dangereuse et secrète à l’intérieur du territoire égyptien : pour des raisons évidentes de sécurité, je ne peux en dévoiler – même ici et maintenant- les tenants et aboutissants. Vu l’importance de cette mission, un chef très haut gradé de Tsahal (l’armée de défense d’Israël) se déplaça pour nous donner les dernières instructions et nous souhaiter bonne chance. D.ieu merci, tout se passa pour le mieux et les soldats revinrent tous à la base, en bonne santé, heureux d’avoir pu servir leur pays et d’avoir ainsi contribué à la sécurité de millions d’hommes et de femmes.
Alors que le chef d’état-major venait nous féliciter, je m’approchai de lui et me présentai : un ‘Hassid de Loubavitch. Je profitai de cet instant euphorique pour m’enhardir et déclarer : «Jusqu’à présent, c’était toi (en Israël, il n’existe pas le «vous» de politesse et tout le monde se tutoie) qui commandait tout le monde ici mais maintenant un ordre est arrivé, émanant d’un commandant encore supérieur : D.ieu qui ordonne que chaque Juif mette les Téfilines !».
Encore sous l’emprise de notre succès, je réalisai pourtant que ce n’était peut-être pas le bon moment ou le bon endroit pour une telle proposition. Et je fus quelque peu surpris, je l’avoue, quand le chef d’état-major, lui-même un peu déstabilisé par ma requête, répondit que, bien entendu, il allait mettre les Téfilines puis qu’il m’expliquerait ensuite la raison de sa bonne volonté soudaine.
Je l’aidai à poser les boîtiers contenant les parchemins sacrés et à enrouler les lanières noires autour de son bras gauche puis de sa tête ; il récita les bénédictions et le Chema Israël avec ferveur et remit les Téfilines à leur place, dans le sac en velours brodé dont je ne me séparais pas, surtout à l’armée.
Voici ce qu’il nous raconta :
«Ce matin, alors que nous préparions l’opération, j’étais en réunion à la Kiria (le QG de l’armée) à Tel-Aviv avec d’autres généraux dont je tairai le nom par mesure de sécurité. Des ‘Hassidim de Loubavitch arrivèrent alors et nous proposèrent de mettre les Téfilines. Agacé, je leur posai «la question qui tue», celle à laquelle j’étais persuadé qu’ils ne sauraient pas répondre : pourquoi le Rabbi de Loubavitch restait-il à New York et ne s’installait-il pas en Israël ? Pas gênés du tout, ils répondirent que le Rabbi avait envoyé des émissaires en Israël et que l’émissaire est considéré comme étant celui qui l’envoie. Donc grâce à ses émissaires, fidèles à leur mission, c’était comme si le Rabbi lui-même se trouvait en Israël. J’argumentai un peu et, pour me débarrasser d’eux, je leur annonçai que j’allais me rendre dans le Sinaï, à l’intérieur du territoire égyptien : si là-bas aussi, des ‘Hassidim me demandaient de mettre les Téfilines parce que le Rabbi leur avait demandé d’encourager tous les Juifs à le faire, je serais obligé d’admettre que le Rabbi se trouvait vraiment en Eretz Israël !
Et me voici ici, dans le Sinaï ! A ton retour de cette mission périlleuse, je t’ai immédiatement repéré avec ta barbe ! Je me suis dit : «Si c’est un Loubavitch, je serais curieux de voir s’il me demande de mettre les Téfilines !». Effectivement, à peine étais-tu rentré, épuisé par le stress de cette aventure, tu n’as pas perdu une minute et toi, fidèle soldat du Rabbi, tu m’as suggéré de mettre les Téfilines ! Maintenant je suis bien obligé d’admettre que les émissaires du Rabbi se trouvent partout et que le Rabbi est donc là lui aussi !»
Traduit par Feiga Lubecki