Samedi, 12 août 2017

  • Ekev

 

 

Vivre avec la Paracha

 Ékèv

Moché poursuit son discours d’adieu en promettant aux Enfants d’Israël la prospérité en Terre sainte, s’ils suivent la voie de D.ieu.

Il leur fait également des reproches pour leurs erreurs passées. Mais Il leur adresse des paroles soulignant le pardon de D.ieu.

Il leur rappelle la Manne qui leur enseigna que l’on vit exclusivement grâce à D.ieu.

Il décrit l’abondance de la Terre d’Israël et insiste sur la Providence Divine.

Il leur ordonne de détruire les idoles.

On lit également ici le second paragraphe du Chema. C’est également la source du précepte de la prière et on y trouve une référence à l’ère messianique.

Récompense ?

L’une des distinctions essentielles entre le premier paragraphe du Chema (rappelé dans la Paracha de la semaine dernière) et le second paragraphe (qu’on lit cette semaine) est la référence faite, dans le second, à la récompense pour l’observance des Mitsvot.

Quel est le rôle des récompenses dans la vie juive ? Il semble que la réponse ne soit pas univoque.

D’une part, la croyance que D.ieu récompense un comportement juste et punit une transgression est l’un des 13 principes fondamentaux de notre foi.

Mais par ailleurs, on nous enjoint d’être « comme un serviteur qui sert son maître non dans l’espoir d’une récompense » (Maximes de nos Pères 1 :3).

De nombreux passages nous promettent les bienfaits de l’obéissance aux préceptes divins. Ils sont contrebalancés par une abondance d’écrits éthiques (tout particulièrement accentués dans les enseignements ‘hassidiques) décriant la récompense et la qualifiant de creuse et superficielle.

Ainsi, si D.ieu désire que nous « accomplissions un service sincère tout simplement parce qu’il s’agit de la vérité » (selon les termes de Maïmonide), pourquoi nous distrait-Il avec des promesses de récompense ? Est-il cohérent de donner à quelqu’un un avantage quand ce n’est pas essentiellement dans son intérêt le plus absolu ?

Mais peut-être n’envisageons-nous pas la question dans la bonne perspective.

Nous avons tendance à percevoir la récompense comme une motivation pour servir D.ieu ou comme la reconnaissance d’un accomplissement. Mais peut-être que l’objectif premier n’est en aucun cas notre propre bénéfice. Peut-être nous récompenser est-il gratifiant pour D.ieu Lui-même !

Les enseignements de la ‘Hassidout mettent l’accent sur le fait que toute la création, y compris notre service divin, est conçue pour servir les intérêts de D.ieu. Nous récompenser sert à D.ieu, c’est ce qu’Il veut.

Un parent aspire à donner à son enfant. Le désir d’un mari à faire pleuvoir des cadeaux sur son épouse est encore plus fort que l’enthousiasme de sa femme devant ces cadeaux. Car un objet matériel ne peut certainement pas capturer l’intensité de leur relation. C’est l’expression de son estime, et le plaisir qu’elle ressent en recevant ces présents, et en les appréciant, est bien plus grand que le bénéfice qu’elle tire de leur utilisation concrète.

Il peut être difficile d’accepter des cadeaux, parfois même quand ils récompensent des efforts. Et pourtant les refuser peut être ressenti comme une insulte. Comme c’est étrange ! Celui qui les reçoit suggère que le donateur garde son cadeau et le donateur en est blessé voire offensé. En acceptant le cadeau, l’on permet au bienfaiteur de s’exprimer, d’actualiser son besoin.

D.ieu est l’essence du Bien et l’instinct du bien est de faire le bien. Récompenser fait partie de la nature de D.ieu (bien que ce soit une nature qu’Il ait choisi d’assumer). Récompenser est la manière dont D.ieu S’exprime. Si nous nous fermons à cet aspect de D.ieu c’est (pour ainsi dire) comme si nous L’asphyxions !

Alors faites le bien car c’est votre devoir et acceptez la récompense avec la même obéissance. Recevoir fait également partie de votre service divin.