Samedi 16 août 2014

  • Ekev

 

 

 

 

Vivre avec la Paracha

Ekèv, Voir et entendre :

Les première et deuxième parties du Chéma.
La Paracha Ekèv contient la seconde partie du Chéma (Devarim 11 :13-21) qui comporte de nombreuses et frappantes similitudes avec la première partie que l'on rencontre dans la Paracha précédente, Vaét'hanane.
Cependant, certaines différences les marquent. La première partie nous commande d'aimer D.ieu «de tout ton cœur et de toute ton âme et de toute ta force» alors que la seconde ne nous exhorte qu'à L'aimer «avec ton cœur et avec toute ton âme», omettant «de toute ta force».
En outre, dans Vaét'hanane, le commandement d'étudier la Torah («Tu l'enseigneras à tes enfants...») précède celui de porter les téfiline, alors que dans Ekèv, la mitsva des téfiline précède le commandement d'étudier la Torah.
L'on constate encore une autre dissemblance : la première partie ne fait aucune mention de récompense pour l'accomplissement des commandements alors que la seconde l'évoque.
Il nous faut comprendre la raison de ces différences.
En fait, elles émergent toutes de quelque chose auquel il est fait allusion dans les noms de ces Parachiot respectives.
Le contenu général de Vaét'hanane se réfère à la matanat 'hinam, un don de D.ieu gratuit.
La Paracha Ekèv, terme qui signifie littéralement «talon», la partie la plus basse (c'est-à-dire la moins vivante) du corps humain, évoque une situation dans laquelle aucune lumière Divine n'est attirée d'En Haut vers le bas. Et néanmoins, même dans pareille situation, le Juif accomplit la Torah et ses commandements.
Cela explique également la raison pour laquelle la requête qu'adressa Moché à D.ieu, évoquée dans Vaét'hanane, fut que lui soit permis d'entrer en Erets Israël et de la voir alors que l'expression utilisée au début de Ekèv se réfère au fait d'entendre («parce que tu as entendu»). Car la vision spirituelle résulte d'une intense lumière émanant d'En Haut alors que l'écoute spirituelle n'implique pas une telle lumière.
Néanmoins, entendre possède une qualité qui manque à voir. Le son pénètre réellement dans la personne et fait corps avec elle alors que ce que l'on voit reste extérieur à nous. Nous voyons, pour ainsi dire, «de loin».
Ces principes régissant la vue et l'écoute physiques se retrouvent dans la vision de la Paracha Vaét'hanane et l'écoute dans Ekèv. Bien que l'écoute spirituelle soit inférieure à la vision implorée par Moché, puisqu'elle est rendue possible par le service humain (contrairement à la vision qui vient comme un don gratuit d'En Haut), elle peut pénétrer plus profondément l'individu.
Les différences entre les deux parties du Chéma peuvent se comprendre dans la même perspective. Quand l'illumination vient d'En Haut, comme dans ce qui nous est relaté dans Vaét'hanane, l'individu est alors capable de dépasser ses limites naturelles et d'agir «de toute ta force». Mais lorsque l'on parle de ce que l'homme est capable d'accomplir lui seul, le niveau de la seconde partie du Chéma, son service spirituel se limite à ce qui peut être accompli «de tout ton cœur et de toute ton âme».
Et puisque la Torah est un reflet de la Divinité comme elle se manifeste ici bas, venant d'En Haut sans changement, ce qui constitue le contenu général de la première partie du Chéma, la Torah y précède les mitsvot. Mais par ailleurs, les mitsvot mettent l'accent sur le service accompli par l'homme, ce qui est le thème de la deuxième partie du Chéma. Les mitsvot y précèdent donc la Torah.
Il en va de même pour le besoin de décrire la récompense pour l'accomplissement des mitsvot. C'est seulement au niveau inférieur de Ekèv qu'il est nécessaire de mettre l'accent sur la récompense. Au niveau de Vaét'hanane, l'individu accomplit les mitsvot seulement par amour pour elles.
Pourtant, le mérite du Chéma, comme il est relaté dans Ekèv, reste car, comme cela a été mentionné plus haut, le service apparemment inférieur d' «entendre» n'en possède pas moins une très grande valeur.