Samedi, 24 août 2024

  • Ekev
Vivre avec la Paracha

 Ekev

Dans la Paracha Ekev (« parce que… ») Moché poursuit son dernier discours au Peuple d’Israël, leur promettant que s’ils accomplissent les commandements (Mitsvot) de la Torah, ils prospéreront sur la terre qu’ils sont sur le point de conquérir et où ils vont s’installer, selon la promesse faite à leurs patriarches.

Moché leur adresse également des reproches pour les manquements dans la première génération en tant que nation, rappelant la faute du Veau d’Or, la révolte de Kora’h, l’erreur des Explorateurs, le fait qu’ils aient mis D.ieu en colère à Tavéra, Massa et Kivrot Hataava (« les tombes de la luxure »). « Vous vous êtes rebellés contre D.ieu, leur dit-il, depuis le jour où je vous ai connu ».

Mais il évoque également le pardon accordé par D.ieu à leurs péchés et les secondes Tables de la Loi, écrites par D.ieu et données après leur repentance.

Leurs quarante années dans le désert, dit Moché au peuple, durant lesquelles D.ieu les a nourris avec la manne quotidienne, venue du ciel, avaient pour but de leur enseigner que « l’homme ne vit pas seulement de pain, mais c’est par la parole de D.ieu que l’homme vit ».

Moché décrit la terre où ils sont sur le point de pénétrer comme celle où « coule le lait et le miel », bénie des « sept espèces » (blé, orge, raisins, figues, grenades, huile d’olive et dattes) et comme un lieu où se concentre, le plus au monde, la Providence Divine. Il leur commande de détruire les idoles des précédents habitants de la terre et de veiller à ne pas devenir orgueilleux et commencer à s’imaginer que « ma force et la puissance de ma main m’ont permis d’obtenir cette richesse ».

Un passage clé de cette Paracha est le second chapitre du Chema qui réitère les Mitsvot essentielles, formulées dans le premier chapitre du Chema, et décrit les récompenses de l’accomplissement des commandements de D.ieu et les conséquences néfastes (famine et exil) de leur non observance. C’est également la source du précepte de la prière et il comprend une référence à la résurrection des morts à l’Ere messianique.

L’intimité des petites choses

« Et ce sera, parce que vous écouterez ces lois, vous les observerez et les exécuterez, alors, en récompense, l’Eternel ton D.ieu te gardera l’alliance et l’affection qu’il a jurées à tes ancêtres. Il t’aimera, te bénira et te multipliera… » (Devarim 7 :12-13)

Rachi : « Et ce sera parce que vous écouterez ». Ekèv, le mot hébreu pour « parce que » signifie littéralement « talon ». Si vous écoutez les commandements moins importants qu’ [habituellement] on foule avec les talons [c’est-à-dire qu’une personne les considère comme étant de moindre importance].

La Torah vient ici nous dire d’être également attentifs à tous les commandements de D.ieu, même à l’égard de ceux qui paraissent moins significatifs à notre esprit et que l’on pourrait facilement négliger. Il s’agit d’un avertissement contre l’état d’esprit qui consiste à dire qu’il faut veiller aux « grandes » Mitsvot mais que les « petites » Mitsvot peuvent être laissées pour compte.

Dans notre relation avec D.ieu, considérée comme celle d’un mariage, nous trouvons le temps pour les grandes et importantes occasions, les jours de fête de l’année, les saints moments de prière ou d’étude. Ces Mitsvot « têtes » nous assurent un sens de fierté ou d’identité juives et nous permettent de nous sentir comme un partenaire éminent dans cette relation. Mais qu’en est-il des Mitsvot « talons », mineures, celles qui concernent la routine quotidienne de notre vie ? Ces petites choses insignifiantes peuvent-elles avoir le moindre effet ?

La base de notre relation avec D.ieu, dit la Torah, est le fait que chaque Mitsva nous lie avec notre Epoux Suprême. Les Mitsvot, dont le sens signifie « connections », sont les centaines de petits liens qui tissent l’intimité. Chaque Mitsva nous unit avec D.ieu, quelle que soit la différence que nous percevons dans son importance.

Le mot « Ekev », disent nos Sages, fait également allusion à « Ikvata démechi’ha », la génération des « talons du Machia’h ». Il s’agit ici d’une référence à la dernière génération de l’exil qui est appelée « les talons du Machia’h » parce que tout comme le talon, nous sommes spirituellement la plus basse des générations, dans laquelle l’obscurité de l’exil est la plus intense et nous sommes les plus éloignés de la spiritualité et de la sainteté. Mais c’est dans cette génération également que les pas, les talons du Machia’h peuvent déjà être entendus.

C’est la génération qui « écoutera ces lois ». Durant les temps obscurs, il est particulièrement important de veiller tout particulièrement à ces petits actes, à ces petits gestes.

Notre relation avec D.ieu a commencé comme une cour dynamique, avec une attirance magnétique et une attraction vers Lui. Nous, le Peuple juif, nous sommes « épris » de D.ieu, de Sa force et de Sa puissance quand Il nous a délivrés de l’exil égyptien et de Sa sainteté impressionnante quand Il nous a présenté Sa Torah.

Mais ensuite, comme dans un mariage, avec l’habitude, nous avons baissé la garde. La relation est devenue moins idyllique. Peut-être sommes-nous devenus moins sensibles à Ses désirs et Ses vœux que par le passé et notre comportement n’a plus reflété les mêmes soucis de bien faire que dans les générations précédentes.

Mais c’est tout particulièrement dans l’obscurité de notre exil, en un temps où la relation est tendue et que nos prouesses spirituelles sont en déclin, que nous devons nous efforcer de mettre l’accent sur nos liens intimes par les gestes quotidiens de la vie de notre mariage.

Quand les Mitsvot sont accomplies parce que l’on désire travailler à garder l’intimité de notre relation avec D.ieu, parce que nous comprenons que tels sont les souhaits de D.ieu, alors nous ne négligeons pas ces Mitsvot « talons » mais au contraire, les accomplissons avec le même enthousiasme que les Mitsvot « têtes », parce qu’en dernier ressort, elles expriment toutes le Désir divin.

Parce que, tout comme une épouse ou un époux veillent à se concentrer sur les petits gestes dans leur relation, nous envoyons un message fort. Nous disons : « je prendrai le temps pour me consacrer à tes ‘petits’ désirs parce qu’en fin de compte, cette relation est la chose la plus importante dans ma vie ».

Et D.ieu à son tour répondra : « Il t’aimera, te bénira et te multipliera ».