Samedi, 3 août 2024

  • Mattot - Massé

 

 

Vivre avec la Paracha

 

Matot Massé

Matot

Moché transmet les lois concernant l’annulation des vœux.

Une guerre est engagée contre Midian pour son rôle dans la dégradation morale d’Israël.

La Torah procède au compte-rendu du butin et de son partage.

Les tribus de Réouven, Gad et plus tard la moitié de Ménaché demandent des terres à l’est du Jourdain. Moché finit par accepter cette requête à condition qu’ils se joignent d’abord au reste du peuple dans sa conquête d’Israël.

 

Massé

Sont listés les quarante-deux voyages et campements du Peuple juif, depuis son départ d’Egypte.

Sont données les limites de la Terre Promise et sont désignées des villes de refuge.

Les filles de Tsélaf’had se marient dans leur propre tribu pour préserver l’héritage paternel.

 

La Paracha Massé est toujours associée au mois de Mena'hem Av. Elle est toujours lue lors du Chabbat Mevar’him Av, lors du Chabbat Roch 'Hodech Av, ou en Av lui-même (quand Ticha BeAv (le jeûne du 9 Av) tombe un Chabbat). Nous y lisons tous les voyages, symbolisant l'ère de l'exil, jusqu'à yarden Yeri’ho, (la plaine de Jéricho) qui fait référence à la Rédemption future par notre juste Machia'h, lorsque les événements tragiques d'Av seront transformés en joie, en bonheur et en fêtes.

La Paracha Matot, quant à elle, n'est pas toujours associée au mois d'Av. Ainsi, lorsque, comme cette année, Matot et Massé sont lues ensemble, il y a une leçon particulière à en tirer.

« Matot » (tribus), signifie littéralement « bâtons » indiquant la force et la fermeté. Dans le service spirituel de l'homme, cela correspond à un service qui concerne non seulement la manière de « faire le bien » mais également la manière de « s'éloigner du mal ». Ce service doit être fait agréablement et il doit simultanément avoir la force et la fermeté appropriées ce qu’exprime le terme « Matot ».

L'idée de « Matot » est associée à l'idée de « Nédarim », les vœux, dont il est question au début de la Paracha Matot. La 'Hassidout explique que Nédarim renvoie à l'idée de l'abstinence. C'est l'idée de « Se sanctifier dans ce qui vous est permis ». Ce n'est pas le concept de « s'éloigner du mal » mais cela va plus loin : s’abstenir des choses qui sont permises.

Cela nécessite une fermeté particulière (Matot), car le mauvais penchant tente de dissuader la personne en disant qu'elle ne devrait pas se sanctifier dans les choses.

Après le service de Nédarim dans le mode de « Se sanctifier dans ce qui vous est permis », le but ultime est d'atteindre un niveau infiniment élevé : celui des Sages qui permettent le vœu, c’est-à-dire l'idée de conversion des ténèbres en lumière.

C'est là le lien entre la Paracha Matot et le mois d'Av, car les événements tragiques d'Av seront transformés en jours de joie et de bonheur et l’on retrouve la même idée de conversion des ténèbres en lumière.

Bien que nous soyons maintenant en exil et ne puissions pas réciter le Hallel sur la Rédemption future, nous sommes obligés de louer et remercier pour le bien du passé. Nos Sages disent : « D.ieu voulait faire de 'Hizkiyahou le Machia'h » mais ne l'a pas fait car 'Hizkiyahou n'a pas dit de Chira (Chant [de louange]) sur les miracles qui lui sont arrivés. S'il avait dit une Chira, il n'y aurait pas eu de destruction et la Rédemption véritable et complète aurait eu lieu.

La combinaison entre Matot et Massé offre également des perspectives profondes sur la nature de la stabilité et du changement et leur interconnexion dans l'étude de la Torah et la croissance personnelle.

Matot et Massé : Thèmes Contrastés

Matot représente la force et la stabilité. Un synonyme de ce terme : « Chévet » (branche) se réfère à ce bâton quand il est encore souple et connecté à l’arbre. Il est alors sujet aux influences du vent, balançant dans un sens et un autre, alors qu’un « Maté » reste ferme et rien ne peut le courber. En bref, un « Maté » désigne, un bâton inébranlable, ce qui implique l'invulnérabilité et la fermeté inébranlable.

« Massé » dénote l’idée radicalement opposée : ce terme représente le changement constant d'un endroit à un autre, sans aucune stabilité. Si la branche remue au gré du vent, elle reste, pour le moins, constamment attachée à sa source. « Massé » concerne le mouvement et la transition et à l’antipode de « Matot », représente le mouvement constant et total.

 

Étude de la Torah : Discussion et Conclusion

Pourquoi donc ces deux Parachiot sont-elles combinées ?

Et si elles sont liées, on pourrait s'attendre à ce que « Massé » vienne en premier, pour finir par se stabiliser, à l’instar de « Matot ».

Cette difficulté n'est pas du tout diminuée lorsque nous examinons la signification de « Matot » et « Massé » en relation avec l'étude de la Torah. La Torah doit être étudiée avec l'intention claire de mener la discussion à une conclusion hala’hique (législative) pratique. Certes, cela doit être précédé d'arguments et de discussions complexes et approfondies. Mais en fin de compte, les positions doivent être définies et le résultat pratique doit être clair.

« Matot » se réfère donc à la Hala’ha fixe qui ne peut jamais être altérée. « La parole de D.ieu, c'est la Hala’ha. La parole de D.ieu demeure pour toujours ; cette Torah ne sera jamais échangée ». Tout cela implique une stabilité en fer forgé.

D'autre part « Massé », , se réfère aux changements radicaux dans le raisonnement qui peuvent et doivent avoir lieu avant la conclusion. « Massé » ne devrait-il donc pas précéder « Matot » au lieu de l'inverse ?

Le Talmud (Avodah Zorah 19b) critique « un étudiant qui a acquis la capacité de statuer en matière de Hala’ha et ne le fait pas ». Comment la Torah peut-elle être si sûre que l'étudiant a acquis la capacité de décider de la loi ? Un instant avant sa conclusion, il était impliqué dans la discussion la plus animée, avançant des points de vue complètement opposés. Maintenant qu'il a atteint sa conclusion, comment la Torah peut-elle être sûre qu'il a choisi la bonne école de pensée, au point qu'il ne doit pas réserver son opinion ?

En réalité, la discussion (Massé) précède la conclusion (Matot). Mais chaque discussion de la Torah est soutenue par la certitude et la stabilité (Matot) de la Néchama (l’âme) d'un Juif, qui était présent au Mont Sinaï avec toutes les autres âmes, et a entendu chaque loi juive énoncée, y compris celle en discussion.

En d'autres termes : la capacité qu'a cet étudiant d'entreprendre la discussion (Massé) découle de la force préalable que sa Néchama, qui a déjà entendu la Hala’ha dans son intégralité, lui confère.

Cette année, il y a une dimension supplémentaire à ce concept : non seulement Matot précède Massé, mais ils sont en fait combinés.

Le Talmud (Chabbat 138b) explique le verset d'Amos (8:11) : « Voici que des jours viennent... où J’enverrai une famine dans le pays, non pas une famine de pain, ni une soif d'eau, mais d’écouter les paroles de Dieu. »

Le Talmud dit : « La parole de D.ieu, c'est la Hala’ha ; la parole de D.ieu, c'est la fin de l'exil ».

La Hala’ha correspond à Matot, comme ci-dessus. « La fin de l'exil » se réfère à Massé, puisque la dernière étape du voyage (Massé) du Peuple juif était Yarden Yéri’ho. Cela symbolise la Rédemption à venir.

La combinaison de Matot et Massé nous dit : maintenant que nous sommes à la fin de notre exil, il n'y a plus de temps à perdre. Nous étudions la Torah, résolvons les questions de Hala’ha et la fin de l’exil plane sur nous.

La leçon de Matot Massé dans notre service personnel de Dieu

Massé se réfère au voyage de l'homme à travers la vie, s'efforçant constamment d'atteindre de nouveaux niveaux, jusqu'au but ultime, Yarden Yéri’ho, le sommet de la stabilité (Matot).

Mais il doit toujours se rappeler que le pouvoir qu'il a d'entreprendre un tel voyage ardu vient de sa volonté d'être ferme dans ses convictions. Selon les termes de nos Sages : « Sois audacieux comme un léopard, ne sois pas affecté par les moqueurs ».

C'est pourquoi Matot vient avant Massé. Ce n'est qu'avec la fortitude de Matot (comme un léopard) qu'on peut espérer atteindre sa destination finale dans le voyage vers Yarden Yéri’ho.