Semaine 43

  • Vayéra
Editorial
La conscience en héritage

Comme chaque année, le cycle de lecture de la Torah a repris avec sa majestueuse régularité. Comme chaque année, avec la fin des fêtes, s’est élevé, dans les synagogues, le récit de la création puis le drame des hommes qui s’écartent de la volonté divine à l’exclusion d’un seul, Noé, et enfin la terrible conclusion : le déluge. C’est alors que tout a commencé à changer. De cette impression d’une obscurité montante, nous sommes passés à celle d’une lumière qui point : Abraham est né. Depuis, c’est avec ce premier des Patriarches que nous vivons et, au rythme du texte, c’est lui que, jour après jour, nous suivons. En cet encore début d’année, Abraham est bien plus qu’un héros biblique ou le commencement d’une grande histoire. Il est «Abraham l’hébreu».
C’est là une dénomination étonnante. Ainsi annoncée, elle en devient presque un titre de gloire. Peut-être justement va-t-elle bien plus loin qu’une simple manière d’affirmer une origine géographique en un temps où l’idée de nation n’existe pas encore. «Hébreu», précisent les commentateurs, renvoie étymologiquement au mot «Evèr – l’autre côté». Voilà une définition qui s’impose d’elle-même : Abraham venait, en effet, de Mésopotamie, l’autre côté du fleuve, l’Euphrate. Il le traversa sur l’ordre de D.ieu pour se rendre sur cette terre qui, des siècles plus tard, deviendrait celle d’Israël. Si cette constatation est, sans aucun doute, parfaitement juste et légitime, suffit-elle à fonder une identité éternelle et, finalement, un peuple ?
La réponse tient dans la notion de «autre côté». Abraham, en son temps, ne fait pas que franchir un fleuve. Par ce passage, il ouvre une nouvelle époque. Il est l’homme qui, seul dans un monde idolâtre, sait découvrir l’existence du Créateur. Il est celui qui, après cette «traversée» spirituelle, est, pour toujours, de «l’autre côté». Il est, peut-être surtout, celui qui, seul encore, choisit de rester de cet «autre côté». D’une certaine manière, le monde entier est d’un côté et lui de l’autre, superbe et conscient. Abraham, le premier de nos pères, ouvre ici un chemin au peuple juif, ses descendants. Alors que, mondialisation oblige, les hommes sont bien souvent invités à se conformer à un modèle unique, quitte à se couler dans un moule dont la vocation première est d’effacer la richesse de la diversité, Abraham nous rappelle le sens des choses. Il sait se tenir «de l’autre côté». Dans les mots d’aujourd’hui, il sait rester lui-même. C’est un héritage qu’il nous a transmis.
Etincelles de Machiah
Ma Délivrance est proche

D.ieu dit à Israël : «Mes enfants, par votre vie, par le mérite de votre respect des lois, Je suis élevé… Et, par le fait que vous M’éleviez par la loi, Moi aussi, Je ferai un acte de justice et Je ferai résider Ma sainteté parmi vous. Et, si vous respectez la justice et la loi, Je vous délivrerai immédiatement par une Délivrance complète.» Quelle est la source de ceci ? Le verset dit : «Ainsi parle D.ieu : ‘Respectez les lois et pratiquez la justice car Mon salut arrive bientôt et Ma justice sera révélée.’»
(D’après le Midrach Rabba) H.N.
Vivre avec la Paracha
Vayéra : le sacrifice de Its’hak

Le fondateur du mouvement ‘hassidique, Rabbi Chnéour Zalman, raconta un jour:
«A Mézéritch il était extrêmement difficile d’être accepté comme disciple de notre Maître, Rabbi Dov Ber. Il y avait un groupe de ‘Hassidim qui n’ayant pu avoir le mérite d’étudier directement auprès de notre Maître, désiraient toutefois servir ses élèves: leur apporter de l’eau pour qu’ils se lavent les mains à leur réveil, balayer le sol de la salle d’étude, allumer les fourneaux au cours des mois d’hiver, etc. Ils étaient connus sous le nom d’ «approvisionneurs de fourneaux».
Une nuit d’hiver, alors que j’étais étendu sur un banc dans la salle d’étude, j’entendis une conversation entre trois de ces jeunes gens. «En quoi l’épreuve de la Akédah (sacrifice) de Its’hak était-elle particulière?», demanda le premier. «Si D.ieu s’était révélé à moi et m’avait demandé de sacrifier mon fils unique, n’aurais-je pas obéi?»
Répondant à sa propre question, il ajouta: «Si D.ieu me demandait de sacrifier mon fils unique, je repousserai mon geste pendant un moment, pour le garder auprès de moi encore quelques jours. La grandeur d’Avraham réside dans le fait qu’il se leva de bon matin, pour accomplir immédiatement la volonté de D.ieu».
Le second jeune homme déclara quant à lui: «Si D.ieu me demandait de sacrifier mon fils unique, moi non plus je ne perdrais pas un instant pour accomplir Son commandement. Mais je le ferais avec un cœur lourd. La grandeur d’Avraham réside dans le fait qu’il se rendit vers le lieu de sacrifice avec le cœur joyeux d’avoir l’occasion d’accomplir la volonté de D.ieu».
Le troisième s’exprima alors: «Moi aussi j’aurais accompli la volonté de D.ieu avec joie. Je pense que la particularité d’Avraham réside dans sa réaction quand il découvrit que tout cela n’était qu’une épreuve. Quand D.ieu lui demanda: “Ne touche pas à l’enfant, ne lui fais rien”, Avraham fut envahi par la joie, non parce que son fils unique n’allait pas mourir mais parce qu’il lui était donné l’occasion d’accomplir un nouveau commandement de D.ieu».
Rabbi Chnéour Zalman conclut: «Pensez-vous que cela n’était qu’une simple conversation ? Chacun d’entre eux décrivait le degré de sacrifice que lui-même avait atteint dans son service de D.ieu».
Cette question particulière, ce qui différencie le sacrifice de Its’hak des innombrables autres exemples de martyrs humains et de sacrifices de soi, est soulevée par la plupart des commentateurs et exégètes de la Torah.
Ce “sacrifice de Its’hak” en est venu à représenter le summum de la dévotion envers D.ieu. Chaque matin, avant nos prières, nous lisons le récit que fait la Torah de la Akédah et puis nous disons: «Maître de l’univers! Tout comme Avraham, notre père, supprima sa compassion pour son fils unique pour faire Ta volonté d’un cœur entier, que Ta compassion supprime Ta colère contre nous et que Ta Miséricorde l’emporte sur Tes attributs de stricte justice».
Et lors de Roch Hachana, quand le monde tremble dans le jugement devant D.ieu, nous évoquons le sacrifice de Its’hak en faisant résonner la corne de bélier (qui nous rappelle le bélier qui remplaça Its’hak comme offrande) comme pour dire: «si nous n’avons d’autres mérites, rappelle-Toi des actions d’Avraham. Rappelle-toi comment le premier Juif attacha toutes les générations à venir dans une alliance de sacrifice de soi avec Toi».
Apparemment, l’épreuve suprême pour la foi d’une personne est sa volonté à sacrifier sa vie même. Mais qu’y avait-il de si spécial dans le sacrifice d’Avraham? N’y a-t-il pas eu d’innombrables milliers de Juifs qui ont donné leur vie plutôt que de renoncer à leur alliance avec le Tout Puissant?
On peut peut-être expliquer qu’accepter de sacrifier son enfant est une plus grande démonstration de foi que donner sa propre vie. Mais en cela également, Avraham ne fut pas le seul. A de nombreuses occasions, les Juifs, à travers les générations, ont encouragé leurs enfants à aller vers la mort plutôt que de violer leur foi. L’histoire de ‘Hanna et ses sept fils est caractéristique. Les regardant être torturés à mort plutôt que d’accepter de s’incliner devant une idole grecque, elle proclama: «Mes enfants! Rendez-vous chez Avraham votre père et dites-lui qu’il a offert une offrande sur l’autel et que moi j’en ai offertes sept…»
Plus encore, alors qu’Avraham fut préparé à sacrifier son fils, dans les milliers d’Akédot (sacrifices) de notre histoire, des Juifs ont renoncé à leur vie et à la vie de leur famille tout entière. Et contrairement à ce qu’Il avait fait pour Avraham, D.ieu ne s’était pas adressé directement à eux pour demander leur sacrifice ; leur acte était basé sur leur propre conviction et la force de leur engagement pour un D.ieu invisible et souvent insaisissable. Et bon nombre donnèrent leur vie plutôt que de transgresser même un aspect mineur de leur foi, même dans des cas où la Torah ne demandait pas de le faire.
Néanmoins, comme l’écrit Abrabanel dans son commentaire sur la Genèse, c’est le sacrifice de Its’hak «qui est pour toujours sur nos lèvres dans nos prières… Car en lui réside toute la force d’Israël et son mérite devant Son Père Céleste…» Pourquoi? Et qu’en est-il de tous les autres qui ont fait le sacrifice ultime pour montrer leur loyauté à D.ieu ?
Les maîtres ‘hassidiques expliquent ce sacrifice par une métaphore.
Un jour, il existait un désert inexploré. Pas un homme, pas un véhicule ne l’avaient pénétré, pas une carte ne décrivait son terrain inculte. Mais un jour un homme accomplit l’impossible, il traça une voie dans cette terre imprenable.
Et beaucoup suivirent son chemin. C’était encore un voyage des plus difficiles mais ils pouvaient consulter ses plans et suivre ses traces. Au fil des années, d’autres firent le voyage sous des conditions encore plus difficiles que ceux qui avaient imité le pionnier. Alors qu’il avait cheminé en plein jour, ils trébuchèrent dans le noir de la nuit ; alors qu’il n’avait que sa détermination pour compagnon, ils firent le voyage sous le poids de charges pesantes. Mais tous lui étaient redevables. Tous savaient que c’était à lui, le premier qu’ils devaient leur force et la capacité d’accomplir ce périple.
Avraham fut le pionnier du sacrifice de soi et il s’agit là du premier exemple dans toute l’histoire. Il avait une mission pour laquelle il sacrifia tout.
Pendant de nombreuses années, il avait souffert du fait qu’il n’y avait aucun héritier à sa mission, que son travail d’apporter au monde le monothéisme s’arrêterait avec lui. Et vint la promesse divine et miraculeusement à l’âge de cent ans, il eut un fils qui devait être le relais de la mission divine. Et puis D.ieu lui demanda de détruire tout cela.
Quand il le lia sur l’autel, il ne servait pas alors une certaine cause (contrairement à tous les martyrs de l’histoire universelle). En fait, cela allait même à l’encontre de tout ce qu’il avait fait et enseigné, tout ce pourquoi il avait sacrifié sa vie. Il ne pouvait voir de raison, de but à cet acte. Il ne le faisait que pour une seule et unique raison: D.ieu le lui avait ordonné. Il fit l’impossible. Il se sacrifia pour quelque chose dont il ne saisissait rien. Et s’il ne l’avait pas fait, aucun acte de sacrifice (avant ou après celui-là) n’aurait pu être envisageable. Mais quand il lia son fils unique sur l’autel, une voix divine proclama: «Maintenant Je sais que la volonté de D.ieu domine même tes instincts premiers. Maintenant Je sais que toutes tes actions sont par essence conduites par le désir de servir ton Créateur».
Ainsi, lorsque nous parlons de la Akédah, nous parlons également des centaines de milliers de martyrs qui moururent en suivant la voie tracée par Avraham. Leurs sacrifices, grands ou insignifiants, extraordinaires ou quotidiens peuvent sembler émerger de leurs croyances et aspirations personnelles mais c’est plus que cela.
Car Avraham transmit à ses descendants l’essence de leur judaïsme: au cœur de chaque être humain ne réside pas seulement le moi mais l’engagement pour le Créateur. Et finalement chacun de nos choix n’est que l’expression de cette «étincelle de divinité» qui réside en chacun de nous.
Le Coin de la Halacha
Qu’est-ce que le «Sandak» ?

La coutume juive, lors d’une Brit Mila (circoncision), est que le père tienne l’enfant sur ses genoux lors de la cérémonie. Il peut déléguer cet honneur à un homme respectable qui est appelé le «Sandak», (parrain, protecteur). Celui-ci a alors le mérite de siéger à côté d’Eliahou Hanavi, le prophète Elie présent lors de chaque Brit Mila.
Certains sont prêts à payer pour obtenir ce mérite. En effet, le Sandak est semblable au Cohen Gadol qui offrait l’encens sur l’autel dans le Temple de Jérusalem. Il est aussi considéré comme l’autel sur lequel on offrait les sacrifices. Etre «Sandak» assure un mérite qui permet de vivre longtemps.
S’il y a lecture de la Torah ce jour-là, le «Sandak» a priorité sur le «Mohel» (qui pratique la Brit Mila).
Il est d’usage que le «Sandak» ainsi que le père et le Mohel, se coupent les cheveux et se trempent au Mikvé (bain rituel) avant la cérémonie ; le Sandak revêt un Talit et, bien entendu, mettra les Téfilines pour ajouter au mérite de l’enfant. Le Sandak offre un cadeau à l’enfant.
Dans le cas d’une Brit Mila effectuée sur un adulte, on donne l’honneur d’être «Sandak» au donateur qui s’engage à couvrir les frais de l’opération ; c’est lui qui prononce la bénédiction «Leha’hnisso Bivrito Chel Avraham Avinou» («Qui nous a ordonné de le faire entrer dans l’alliance d’Avraham notre père»). Nos Sages affirment que Mamré, personnage cité par la Torah, était le Sandak de notre père Avraham.

F. L. (d’après Rav Yossef Ginsburgh)

Erratum

Notre rubrique «Qu’est-ce qu’un Sandak» a appelé certaines remarques. Entre autres, citons les précisions suivantes : 1) le fait d’être Sandak assure, entre autres mérites, la richesse (et pas seulement une longue vie)
2) le Sandak se coupe (éventuellement) les cheveux, en l’honneur de la Brit Mila.
3) le Sandak (et tous les hommes présents) auront mis les Téfilines et récité au moins les bénédictions et le Chema – Avant la Brit Mila pour ajouter au mérite de l’enfant.
La «Sidra de la Semaine» remercie le Dr et Mohel Aharon Altabé pour sa vigilance.

F. L.
De Recit de la Semaine
Enfin, à trente ans…

Du saumon, des harengs marinés sur un lit de salade verte, des petits pains au chocolat, des croissants et des œufs durs puis des gâteaux à la crème… un repas typique pour une Brit Mila, une circoncision. Puis, selon la taille de la réception, quelques bouteilles de vodka et de vin… Mais que servir quand il s’agit de votre propre Brit Mila ?
Lors de cet étouffant été 1976, un bébé naquit à Paris, d’une mère juive américaine et d’un père français. A cause d’une maladie et d’un manque de liens avec toute communauté juive, il n’y eut ni saumon ni petits pains au chocolat le huitième jour de sa vie. Ni Brit Mila.
Maintenant que j’ai trente ans, j’ai eu tout le temps nécessaire pour réfléchir et entendre les arguments – laïcs et religieux – pour ou contre la circoncision. Traditionnellement, la Brit Mila est effectuée à la maison ou à la synagogue, par un «Mohel», quand le bébé est âgé de huit jours et qu’il est tendrement tenu dans les bras de son grand-père, ému et honoré. Ce lien indélébile est particulier au peuple juif et cette pratique est somme toute irrationnelle en bien des aspects : couper une partie de sa chair ? Et à un âge si tendre ? Tenter de l’expliquer à quelqu’un ou même à soi-même est difficile. Certains prétendent que ceci fut effectué pour des raisons d’hygiène, lors du long périple de quarante ans de notre peuple dans le désert. La médecine moderne affirme que c’est bénéfique pour éviter la propagation de maladies infectieuses. Mais de fait, comme beaucoup d’autres lois du judaïsme, nous n’en connaissons pas la véritable raison. Et nous, les Juifs, nous agissons d’abord selon la volonté de D.ieu puis nous posons des questions.
Alors que j’écris ces lignes, je me suis complètement remis de l’opération qui m’a fait entrer dans l’alliance d’Avraham, D.ieu merci. En comparaison avec Avraham – qui s’est opéré lui-même à l’âge de quatre-vingt dix-neuf ans avec seulement l’aide de D.ieu – je peux déclarer que j’ai été bien entouré. Le Mohel, Rav Shohet était calme, c’est un excellent praticien qui a su me réconforter avant et après. Rav Loschak et Rav Kudan m’ont enseigné les principes fondamentaux du judaïsme et m’ont accompagné tout au long de cette expérience. Je suis certain que, sans leur présence, j’aurais fait demi-tour sur la route m’emmenant vers le Mohel.
J’étais prêt. Je savais que plus j’attendais, plus j’allais retarder ma Brit Mila, moins il y avait de chances que je l’effectue. Alors nous avons fixé la date : le dimanche avant Pourim. Puis nous avons remarqué que c’était un jour très favorable : l’anniversaire de la naissance mais aussi de la mort de Moché Rabbenou, Moïse notre maître. Je décidai alors d’honorer pleinement Moché en choisissant Moché comme mon nouveau prénom hébraïque.
Mon Mohel avait été invité à m’opérer dans la luxueuse maison d’un entrepreneur d’origine russe, M. Kruper.
Sa salle à manger était de style classique européen et, au mur, pendaient un tableau figurant la Volga en hiver mais aussi un poster aux couleurs un peu fanées, représentant le propriétaire des lieux face au Rabbi de Loubavitch. Le cadre était élégant mais abritait une véritable maison juive, ouverte et chaleureuse. Tandis que nous nous installions, Mme Kruper se trouvait dans la cuisine et épluchait une montagne de pommes de terre.
Sans entrer dans des détails inutiles, disons que nous avons mis les Téfilines, prié, chanté et raconté des histoires. En quelques minutes, tout fut terminé et, grâce à D.ieu, je fais maintenant partie intégrante de la communauté. Un grand poids a été ôté de mes épaules car j’ai enfin accompli cette Mitsva qui m’attendait depuis trente ans. Une Mitsva, ce n’est pas juste une bonne action mais c’est une obligation qui permet au Juif de se rapprocher sans cesse davantage de D.ieu aussi bien spirituellement que physiquement. Peut-être ma prochaine Mitsva me conduira-t-elle sous la ‘Houppa, le dais nuptial ?
Alors pourquoi ai-je choisi de me faire enfin circoncire ? Au niveau intellectuel, disons que je l’ai effectuée pour aider à la libération des trois soldats israéliens kidnappés, pour faire réfléchir mes amis qui ont contracté des mariages mixtes et qui prévoient des repas d’anniversaire pour le saint jour de Yom Kippour, pour mes grands-parents qui se parlaient en yiddish quand ils ne voulaient pas que les enfants les comprennent, pour mon grand-oncle français et non-juif qui survécut à dix-huit mois de déportation à Auschwitz, pour la mémoire du reporter juif américain Daniel Pearl, pour ma mère qui déplore le fait que j’adhère à une secte, pour les émissaires du Rabbi qui répandent le message et la joie de la Torah, pour le dément dictateur iranien qui nie la Shoah, pour des siècles de tradition, pour les autres Français et Russes qui devraient aussi fixer un rendez-vous avec le Mohel, pour la venue du Machia’h (puisse-t-il se révéler encore aujourd’hui), pour ma future femme qui allumera les bougies de Chabbat, pour le D.ieu de nos ancêtres Avraham, Its’hak et Yaakov…
Mais une telle décision entraînant une expérience aussi cruciale ne peut se comprendre qu’au niveau spirituel. Croyez-moi ! Je suis passé par là !
Je vous en prie, venez ce Chabbat à la synagogue ! C’est moi qui offrirai le Kiddouch, le petit repas qui suit l’office. Et il y aura plein de petits-fours, de saumon et de champagne !

Elie Fouere – capitaine dans l’US Army
Traduit par Feiga Lubecki