Au seuil de l’hiver
Le monde s’enfonce doucement dans la grisaille hivernale. C’est justement à présent, à l’évidence, que chaleur et lumière sont plus que jamais nécessaires. Où les trouver quand, à l’extérieur, rien ne semble y encourager ? Nulle part ailleurs que dans son propre cœur. Etres humains, couronnement de la création, gardiens du présent et responsables de l’avenir, nous sommes dotés de forces insoupçonnées. Nous possédons ainsi des qualités d’esprit, de cœur et d’âme parfois si profondément enfouies que nous pouvons en oublier l’existence. C’est là sans doute aussi la fonction du monde : nous donner à exprimer ce que nous sommes véritablement.
De fait, lorsqu’on vit des périodes où le quotidien s’efface – les fêtes, les solennités diverses etc. – être au sommet de la conscience n’est guère difficile ni audacieux. C’est quand tout cela s’estompe, quand la pesanteur des choses s’accentue, que des acquis élémentaires comme la joie et, précisément, la chaleur et la lumière peuvent paraître remis en question. Que faire alors ? Abandonner, laisser aller les jours et les espoirs avec eux ? La vision du peuple juif a toujours été bien différente de cette espèce de fatalisme subi. Il faut se souvenir de nos ancêtres affrontant bien plus que les changements de saison ou de climat, se heurtant à la dureté réelle de temps impitoyables et qui continuèrent leur longue avancée, sans jamais céder à la tentation du repli ou du renoncement. Ils surent toujours garder un certain sens du bonheur, celui de la judaïté et de la conscience.
Alors, quand l’éclat du jour vient à manquer, il nous appartient de le faire surgir de nous-mêmes. Le lien avec D.ieu est la clé, l’étude en est le chemin. Et nous détenons un secret : celui qui nous a été donné pendant tout le mois de Tichri où les expériences spirituelles ont été si nombreuses et diverses qu’elles nous ont permis d’accumuler les forces indispensables. Soyons conscients qu’au devant de nous la route s’élance et que nous en sommes les voyageurs attendus. Soyons certains que nul obstacle ne s’opposera durablement à notre marche. Et cette conviction même en écartera la simple possibilité. « Rien ne résiste à la joie » dit-on. Le moment est venu d’en administrer la preuve. Avec bonheur.
La plainte d’une figue
Le Midrach Tehilim (fin du chapitre 73), parlant du temps de Machia’h, annonce : “Dans le temps futur, quand un homme sera sur le point de cueillir une figue pendant le Chabbat (ce qui est alors interdit – ndt), celle-ci criera : “C’est Chabbat !”
La réaction de la figue n’est pas seulement un prodige qui traduit le fait qu’une nouvelle ère a commencé. Elle est la marque qu’en ce temps, le monde lui-même ressentira et témoignera que rien d’autre n’existe dans le monde que le D.ieu Un.
(D’après Likouteï Si’hot, vol. XI, p. 69)
Vayéra
D.ieu Se révèle à Avraham trois jours après la circoncision de ce premier Juif, à l’âge de quatre-vingt-dix-neuf ans. Mais Avraham se précipite pour préparer un repas pour trois invités qui ont apparu, dans la chaleur du désert. L’un des trois, ce sont en réalité trois anges déguisés en humains, annonce que dans exactement un an, Sarah, toujours stérile, mettra un fils au monde. Sarah rit.
Avraham plaide auprès de D.ieu pour qu’Il épargne la ville impie de Sodome. Deux des trois anges déguisés arrivent dans la ville condamnée, où le neveu d’Avraham. Loth leur offre son hospitalité et les protège contre les mauvaises intentions des gens de Sodome. Les deux anges révèlent qu’ils sont venus détruire la ville et le sauver, lui Loth et sa famille. Alors qu’ils fuient, la femme de Loth est transformée en statue de sel pour avoir désobéi à l’interdiction de se retourner vers la ville en feu.
Abritées dans une cave, les deux filles de Loth (pensant qu’elles et leur père sont les seuls survivants dans le monde entier) le saoulent et l’une d’entre elle sera enceinte. Les deux fils qui naîtront de cet épisode seront les ancêtres des nations de Moav et d’Amone.
Avraham se dirige vers Guerar, où le roi des Philistins, Avimélè’h, prend en otage, dans son palais, Sarah (présentée comme la sœur d’Avraham). Dans un rêve, D.ieu l’avertit qu’il mourra à moins qu’il ne rende la femme à son époux. Avraham explique qu’il a craint être tué pour la belle Sarah.
D.ieu Se rappelle de la promesse faite à Sarah et lui donne, à elle et à Avraham, un fils qui est nommé Its’hak (ce qui signifie : « il rira »). Its’hak est circoncis à l’âge de huit jours. Avraham a alors cent ans et Sarah quatre-vingt-dix ans.
Hagar et Ichmaël sont bannis de chez Avraham et errent dans le désert. D.ieu entend le cri du jeune garçon mourant et lui sauve la vie en montrant un puits à sa mère.
Avimélè’h contracte un traité avec Avraham à Beerchéva où Avraham lui donne sept moutons, en signe de pacte.
D.ieu teste le dévouement d’Avraham en lui commandant de sacrifier son fils sur le Mont Moriah (le Mont du temple), à Jérusalem. Its’hak est lié et placé sur l’autel et Avraham lève son couteau. Une voix se fait alors entendre du Ciel et lui ordonne d’arrêter. Un bouc, emprisonné par ses cornes dans des buissons, est offert à la place.
Avraham apprend la naissance d’une fille, Rivkah, chez son neveu Bethouël.
La lecture de la Paracha de cette semaine décrit l’hospitalité de notre Patriarche Avraham qui donnait aux voyageurs à boire, à se manger et à se loger, dans une région désertique. Mais il ne se satisfaisait pas de pourvoir à leurs besoins, il le faisait de manière gracieuse et amicale. Cette gentillesse se manifestait de façon analogue à l’égard de tout le monde.
Comme cela est manifeste dans le début du récit de la lecture de la Torah, il pensait que les trois visiteurs étaient des voyageurs arabes qui se prosternaient devant la poussière de leurs pieds. Et pourtant, cela ne l’empêcha pas de les traiter royalement. En fait, les Sages de la Cabbale nous disent que l’un des attributs divins de la bonté s’exclama lui-même : « Depuis le moment où Avraham a existé sur terre, Je n’ai plus rien à faire. Avraham agit à ma place. »
Et pourtant, il ne s’agissait pas d’une simple expression spontanée de bonté. Après leur avoir offert l’hospitalité, Avraham demandait à ses invités de bénir D.ieu. S’ils en venaient à refuser, il devenait extrêmement sévère et leur demandait de s’acquitter du paiement de la nourriture et de la boisson qu’il leur avait offertes. Et quand ils avaient une manifestation de surprise, il leur expliquait : « Quel prix vous attendiez-vous à payer pour des aliments dans le désert ? Ou vous bénissez D.ieu ou vous payez. »
Pourquoi pouvait-il passer de la plus affable des gentillesses à la sévérité la plus dure ? Parce que sa bonté n’était pas simplement l’expression d’une tendance naturelle mais un acte réfléchi. S’il était bon, c’est parce que cette approche permettait aux autres de prendre conscience de la Divinité. La vie d’Avraham était dévouée à faire connaître la présence de D.ieu dans le monde. Tout ce qu’il faisait était destiné à ce but. Au lieu de se laisser aller à ses tendances naturelles, il les maîtrisait pour parvenir à son dessein.
L’on pourrait alors demander : « Lorsque quelqu’un est confronté au choix de bénir D.ieu ou de payer, ce qu’il va faire n’est-il pas évident ? » Pourquoi Avraham estimait-il qu’il était important qu’une personne fasse apparemment une déclaration tout à fait superficielle et intéressée ?
Avraham observait les profondeurs du cœur de l’homme. A ce niveau, existe une reconnaissance innée, naturelle de D.ieu. Un homme croit, non parce que c’est logique ou rationnel, mais parce que son essence profonde est divine.
Bien souvent, pourtant, cette essence profonde ne se révèle pas à la surface. Notre conscience est souvent impliquée dans d’autres sujets, certains triviaux, certains apparemment extrêmement importants, mais en tout état de cause, notre esprit est absorbé par notre propre vie et non par notre essence divine.
Avraham désirait réveiller ses invités et il y réussissait. Pour certains, un léger rappel était suffisant. Dès qu’ils étaient sollicités pour remercier D.ieu, ils le faisaient joyeusement.
Mais d’autres étaient bien plus plongés dans leurs préoccupations personnelles, au point qu’ils n’étaient pas d’accord avec la requête d’Avraham. Ces individus avaient besoin d’être choqués et secoués. Pour permettre à leur reconnaissance de D.ieu de percer, Avraham se devait de briser l’épaisse écorce qui enveloppait leur processus intellectuel. Et cela ne pouvait se faire avec de la gentillesse. Il se devait d’être fort, voire brutal, demandant inexorablement un paiement.
Perspectives
Evoquant l’hospitalité d’Avraham à l’égard de ses invités, la Torah déclare : « Et il faisait jaillir le Nom de l’Eternel D.ieu. » Les Sages commentent : « Ne lisez pas : ‘il faisait jaillir’ mais : ‘ils faisaient (chez) les autres jaillir’ ». Comme cela vient d’être expliqué, il motivait les autres à invoquer D.ieu.
Ils expliquent également que le terme hébreu que l’on traduit par : « l’Eternel D.ieu » (kèl olam) peut aussi se comprendre comme : « D.ieu du monde ». Cependant, aucune lettre dans cette expression n’indique le « du » (monde). Mais c’est exactement l’enseignement qu’Avraham propageait : D.ieu n’est pas le « D.ieu du monde » mais D.ieu et le monde font UN. Chaque entité dans le monde est une expression de D.ieu.
A l’ère présente, cependant, il s’agit d’un élément de la foi. Nous y croyons mais nous ne le voyons pas et cela ne constitue pas non plus la manière dont nous considérons le monde naturel. A l’époque de Machia’h, cela changera. L’unité de D.ieu sera perçue clairement dans toute la création. Comme l’enseigne le prophète : « Et la terre sera remplie de la connaissance de D.ieu, tout comme l’eau couvre le lit de l’océan ». En imitant l’exemple d’Avraham et en permettant aux autres de prendre conscience de la Divinité, nous créons le cadre qui va permettre à ces vérités de se révéler.
Quelques lois et coutumes liées à la Brit Mila (circoncision) (suite)
- Quiconque assiste à une Brit Mila « accueille la Présence Divine, reçoit une âme supplémentaire et est considéré comme s’il avait accompli toutes les Mitsvot de la Torah ». On annule l’étude de la Torah pour assister à la cérémonie. Il est écrit que le prophète Élie assiste à chaque Brit Mila.
- Une femme apporte le bébé, le confie à son mari qui le dépose sur les genoux du Sandak (qui a l’honneur de tenir le bébé pendant la Brit Mila). On s’efforce de donner à un couple qui n’a pas encore d’enfants le mérite d’amener le bébé.
- Le Sandak est considéré comme s’il apportait de l’encens sur l’autel du Temple de Jérusalem. Etre Sandak est une Segoula (mérite) pour devenir riche et vivre longtemps. Si possible, on choisit pour cet honneur un homme respecté et remarquable pour sa crainte de D.ieu. La coutume est d’honorer pour le premier enfant le père du père (ou même le grand-père du père) et pour le second, le père de la mère. Le père de l’enfant peut aussi être Sandak. La coutume est de ne pas donner cet honneur à la même personne pour deux frères.
- Le Mohel et le Sandak se trempent préalablement au Mikvé et se coupent les cheveux par respect pour la Mitsva ; ils revêtent les vêtements de Chabbat.
(d’après Chéva’h Habrit - Rav Shmuel Hurwitz)
Changement radical
Même si je n’ai jamais eu la chance de rencontrer personnellement le Rabbi, je peux affirmer qu’il a eu une forte influence sur ma vie professionnelle - à travers plusieurs de mes patients.
Par ma famille, j’avais déjà entendu beaucoup d’histoires sur le Rabbi, entre autres par mon beau-père, Rav Meir Schochetman qui avait étudié avec le Rabbi à la Sorbonne à Paris dans les années trente.
En 1985, alors que je n’étais qu’un médecin inexpérimenté à l’Hôpital Hadassah de Jérusalem, je reçus un coup de téléphone désespéré d’un jeune homme dont la femme – mère de deux enfants – était atteinte de leucémie. Elle avait été traitée dans un hôpital du nord d’Israël mais sans succès. La maladie ne cessait de s’étendre et de devenir plus menaçante. Ses médecins avaient abandonné tout espoir puisqu’ils avaient tenté tous les remèdes conventionnels. Le mari était bien sûr bouleversé de cette situation ; il avait rencontré des ‘Hassidim de Loubavitch et ceux-ci lui avaient suggéré d’écrire au Rabbi à New York, ce qu’il avait fait. Dans sa réponse, le Rabbi insistait pour qu’il aille consulter dans un autre hôpital, assurant qu’il existait certainement d’autres remèdes.
C’est ainsi que ce jeune homme nous avait contactés et, par l’effet de la Providence Divine, c’était moi qui avait répondu au téléphone. Il m’avait décrit longuement les symptômes de son épouse et avait ajouté qu’il me téléphonait sur le conseil du Rabbi. Ceci m’obligea à réfléchir à la situation et je décidai que, malgré les efforts des médecins précédemment consultés, je devais trouver une autre façon d’agir à laquelle personne n’avait pensé jusque-là. J’en discutai avec mon équipe et tous acceptèrent mon idée : essayer sur la patiente un protocole de soins qui avait passé avec succès les tests en laboratoire mais n’avait jamais été expérimenté sur des êtres humains.
Une fois que cette information fut transmise au Rabbi, il répondit : « Puissent-ils avoir beaucoup de succès et puisse-t-elle connaitre une guérison complète ! ». Malgré le peu de chances statistiques qui entourait cette méthode, je me sentis grandement encouragé par la bénédiction du Rabbi et je vis en cela une occasion de sanctifier le Nom de D.ieu : comment une personne qui était dans un état désespéré pouvait retrouver la santé grâce à une bénédiction.
Nous avons donc mis en route le processus et, à la surprise générale, au bout de trois ou quatre semaines, nous avons remarqué une nette amélioration. De plus, la santé de la jeune femme se renforçait et cela nous permit de continuer avec cette méthode encore inconnue.
Nous avons même réussi à procéder à une greffe de moelle osseuse : ce fut long et très compliqué mais, D.ieu merci, au bout de six mois de traitement, elle put quitter l’hôpital, complètement guérie.
Pour nous, ce fut un immense soulagement et tout le personnel impliqué reconnut qu’il s’agissait là d’un véritable miracle. Ce qui avait débuté par une situation désespérée s’était achevé comme une réussite médicale inattendue et complète. Il était clair aux yeux de tous que D.ieu avait agi pour la guérison de cette jeune femme qui est, aujourd’hui, une grand-mère active : je suis encore en contact avec la famille.
J’appris de ce cas que nous ne devons jamais perdre espoir. Nous devons persévérer et chercher continuellement de nouveaux moyens – même s’ils ne sont pas conventionnels – jusqu’à ce que nous réussissions.
C’est ainsi que l’intervention du Rabbi a marqué un tournant du tout au tout dans ma carrière médicale. Elle a changé ma façon de traiter les malades, d’enseigner aux étudiants et d’orienter la recherche médicale. Je peux affirmer avec certitude que les succès que j’ai rencontrés avec de nombreux patients depuis lors sont dus à ce tournant radical que le Rabbi m’avait inspiré.
Quelques années plus tard, le Rabbi m’enseigna une autre leçon. Le fils d’un rabbin israélien connu arriva dans nos services, avec une infection de la moelle osseuse. Nous avons réussi à contenir l’infection mais nous craignions qu’elle ne récidive. Le personnel médical était divisé quant à la façon d’agir. Une partie de l’équipe estimait qu’il fallait procéder à une transplantation de moelle osseuse et ainsi éliminer toute menace. L’autre partie craignait qu’une telle opération soit bien trop dangereuse par rapport à la santé générale du patient. Aucune des deux parties ne parvenait à convaincre l’autre et les médecins les plus expérimentés ne savaient pas estimer quelle procédure serait la moins dangereuse.
A la fin, la famille nous dégagea de la responsabilité et écrivit au Rabbi qui répondit qu’aucune greffe n’était nécessaire et que le jeune homme se rétablirait. Effectivement, la suite des événements lui donna raison.
Ceci me servit de rappel : nous autres médecins ne sommes que des instruments dans la Main de D.ieu – ce qui m’a servi tout au long de ma carrière. Très souvent, j’ai dû faire face à des situations dans lesquelles toutes mes connaissances et toute mon expérience ne me servaient à rien et j’ignorais comment procéder. Mais en me souvenant des bénédictions du Rabbi, je réalisais qu’il suffisait que j’agisse aussi bien que je le pouvais car, en vérité, l’avenir du malade dépend de D.ieu.
Professeur Reouven Or – Hôpital Hadassah Jérusalem - JEM
Traduit par Feiga Lubecki