Une Loi pour l’univers
Alors que la fête de Chavouot est à notre porte, il est important d’en prendre une nouvelle fois la pleine mesure. Certes, toutes les fêtes célébrées au fil de l’année présentent leurs caractères propres. Chacune porte un message, et aussi une force, qui lui donne sa coloration spécifique. Cela apparaît du reste dans les rites différents qui les marquent, depuis les Matsot de Pessa’h jusqu’au Chofar de Roch Hachana. Pourtant, voici venir Chavouot qui semble n’être relevé par aucun acte particulier. C’est bien sûr un jour de fête et, à ce titre, les lois des fêtes, telle que l’interdiction de travailler, s’y appliquent. Il est vrai également que nombreuses sont les coutumes qui lui sont liées dans les différentes communautés. Mais, n’apparaît aucun accomplissement de la grandeur, par exemple, du loulav à Souccot.
Il faut se garder d’y voir un relatif abaissement de Chavouot par rapport aux autres rendez-vous du calendrier. Peut-être est-ce même le contraire. En effet, si chaque fête a sa marque distincte, c’est aussi parce que son sens est délimité par cet acte. En revanche, Chavouot est au fondement de tout. C’est le jour où la Loi fut donnée au monde, ce moment si essentiel où D.ieu établit le lien avec Ses créatures par le don de Sa sagesse revêtue dans les lettres de la Torah. Aucune action spécifique ne peut rendre compte de l’événement tant sa nature et ses conséquences sont infinies. A présent, plus rien ne sera jamais pareil. Les hommes vont cesser de tâtonner dans l’obscurité et le monde matériel ne sera plus séparé du spirituel. Toutes les avancées sont possibles. L’univers assume ainsi tout son sens.
Lorsque les Dix Commandements retentissent dans les synagogues au premier matin de la fête, cette lecture de la Torah n’est pas un simple impératif liturgique. Elle est l’événement lui-même vécu une nouvelle fois par tous ceux qui y assistent. Une fois de plus, la Loi pénètre l’univers et le transforme profondément. Pour cette raison, chacun s’efforce d’être là en cet instant, si rare et précieux. Hommes, femmes et enfants se lient encore plus puissamment avec D.ieu. La Sagesse pénètre le monde et ses habitants. A l’horizon, c’est une nouvelle lumière qui monte. Elle nous indique le chemin et, dans le même temps, nous donne le moyen de le suivre. Soyons présents, c’est au-devant de nous que s’ouvre la route !
Elie l’annonciateur
Les prophètes ont annoncé que la venue de Machia’h sera précédée de celle du prophète Elie. C’est ainsi que nous lisons (Malachie 3:23) : « Voici que Je vous envoie Elie le prophète avant que vienne le jour de D.ieu grand et redoutable ». Une question se pose : quel est le rapport particulier entre Elie et cet événement ? Pourquoi est-ce précisément lui qui a été chargé de ce rôle d’annonciateur ?
On sait que le prophète Elie, selon le texte biblique, lorsque vint le moment de sa mort, quitta ce monde avec son corps. Les commentateurs expliquent ce prodige : Elie s’était tant spiritualisé au cours de sa vie physique que son corps pouvait entrer avec lui dans le domaine du spirituel. C’est précisément là le lien avec le temps de Machia’h. Dans cette nouvelle époque, le monde sera parvenu au plus haut de la spiritualisation et du raffinement au point que (Isaïe 40 :5) « toute chair verra que la bouche de D.ieu a parlé ». C’est ce niveau infini qu’Elie incarnait déjà en son temps.
(d’après Likouteï Si’hot, vol. II, p.610)
Bamidbar - Chavouot
Dans le désert du Sinaï, D.ieu demande que soit fait le recensement des douze tribus d’Israël. Moché compte 603 550 hommes en âge d’être enrôlés (de 20 à 60 ans) ; la tribu de Lévi au nombre de 22 300 hommes, d’un mois et plus, est comptée séparément. Les Lévites doivent servir dans le Sanctuaire, à la place des premiers-nés, dont le nombre était à peu près semblable au leur, qui avaient été disqualifiés par leur participation au veau d’or. Les 273 premiers-nés qu’un Lévite ne put remplacer durent payer une « rançon de cinq Chékèl » pour se racheter.
Quand le peuple levait le camp, les trois clans de Lévites démontaient et transportaient le Sanctuaire et le réassemblaient au centre du prochain campement. Puis ils érigeaient autour leurs propres tentes. Les Cohanim qui transportaient les ustensiles du Sanctuaire (l’Arche, la Menorah, etc.) dans les couvertures conçues à cet effet sur leurs épaules, campaient au Sud ; les Gerchonites, en charge des tapisseries et des couvertures du toit, à l’ouest ; et les familles de Merari qui transportaient murs, panneaux et piliers, au nord. Devant l’entrée du Sanctuaire, à son est, étaient disposées les tentes de Moché, Aharon et des fils d’Aharon.
Au-delà du cercle des Lévites, campaient les douze tribus, en quatre groupes de trois tribus chacun. A l’est était Yehouda, Issa’har et Zevouloun. Au sud, il y avait Reouven, Chimon et Gad. A l’ouest, se trouvaient Ephraïm, Menaché et Binyamin. Enfin au nord, étaient installés Dan, Acher et Naphtali. Cette disposition était également conservée pendant qu’ils voyageaient. Chaque tribu avait son propre Nassi (chef) et son propre drapeau, portant la couleur et l’emblème de la tribu.
Le contexte
Dans l’art de la communication, le choix du décor joue un rôle important. En fait, le décor lui-même constitue une part importante du message et ne peut être dissocié de son contenu. Choisir un environnement adéquat ne facilite pas seulement la compréhension du concept mais peut également souligner et amorcer concrètement son application.
De telles considérations s’appliquent au choix de D.ieu pour le lieu du Don de la Torah. Nos Sages s’interrogent : « Pourquoi la Torah fut-elle donnée dans le désert ? D.ieu n’étant pas obligé de la donner dans un lieu donné, Son choix nous livre donc des perspectives profondes » (Bamidbar Rabba 19: 26).
Et plus que cela, la signification de cet état de fait ne concerne pas seulement le peuple juif au moment du Don de la Torah mais chaque homme, dans chaque génération. Car dans notre liturgie, nous prononçons les mots Notène haTorah, « Qui donne la Torah », en utilisant le présent. Il convient donc de comprendre, en tout temps et en tous lieux, les enseignements que nous donne le choix du lieu du Don de la Torah.
Là où n’existe aucun propriétaire
La première explication qu’avancent nos Sages en réponse à cette question est que le désert n’appartient à aucun individu. Il en va de même pour la Torah. Elle ne constitue pas la possession exclusive d’un individu particulier, d’une tribu ou d’un type de personnalité. Bien au contraire, « la couronne de la Torah est mise de côté, attendant et prête pour chaque Juif… Celui qui en a le désir peut venir et se l’approprier » (Sifrei).
La nature du désert sans propriétaire nous donne également une clé pour comprendre comment appliquer l’enseignement que l’on vient de citer quand il s’agit d’acquérir la Torah.
Nos Sages poursuivent en déclarant qu’un individu « doit faire de lui-même un désert, se débarrassant de toutes ses préoccupations », c’est-à-dire qu’il doit se libérer de tout ce qui le retient dans son engagement pour la Torah.
La Torah représente la volonté de D.ieu et Sa sagesse. Elle est donc infinie et illimitée, tout comme l’est D.ieu Lui-même. C’est pour cela que s’approcher de la Torah requiert de notre part de se dépasser d’un pas et d’accepter un cadre de compréhension différent.
C’est cette approche qui imprégnait nos ancêtres lorsqu’ils déclarèrent : « Naassé Venichma », « nous ferons puis nous écouterons ». L’ordre des termes de cette déclaration est significatif. Au lieu d’écouter au préalable les commandements de D.ieu puis de décider de les accepter ou non, ils promirent de Lui obéir, quoi que cela puisse impliquer. Plutôt que de permettre à leur compréhension de modeler leur engagement, ils s’engagèrent à ce que ce soit leur engagement qui modèle leur compréhension.
Une déclaration de dépendance
Quand quelqu’un prend un tel engagement, D.ieu fait en sorte que l’environnement en permette l’expression.
Cela est également mis en lumière par le choix du désert, comme le soulignent les Commentateurs : « Dans le désert, nos ancêtres dépendaient de D.ieu pour chaque élément de leur existence. Il n’y avait aucune ressource naturelle sur lesquelles ils auraient pu compter. »
Et pourtant, cela ne suscita en eux ni anxiété ni inquiétude. Bien au contraire, malgré l’aridité et la désolation du désert, le peuple juif y pénétra empli d’une confiance tendre comme le déclare le prophète : « J’ai rappelé pour toi la bonté de ta jeunesse, l’amour des jours de tes noces, où tu Me suivis dans le désert, dans une terre inculte » (Yirmiyahou 2 :2).
Et D.ieu répondit avec une tendre affection. Leurs aliments, leur eau, et même leurs vêtements leur étaient miraculeusement attribués. D.ieu subvint à tous leurs besoins, leur donnant l’opportunité de se consacrer exclusivement à la Torah.
Mais tout cela n’est pas une histoire du passé. Même lorsque nous semblons posséder les moyens naturels de gagner notre vie, la vérité est que la nature elle-même est une série de miracles. Parce qu’ils se reproduisent sans cesse, nous ne les voyons plus comme tels mais cela ne devrait pas obscurcir la vérité selon laquelle c’est en tout temps et en tous lieux que nous nous appuyons sur D.ieu.
Cette prise de conscience doit nous motiver pour mettre de l’ordre dans nos priorités. Au lieu d’accorder la primauté à nos préoccupations matérielles, il faut la donner à la Torah. Et en agissant ainsi, nous pouvons être confiants que D.ieu subviendra à tous nos besoins comme Il l’a fait pour nos ancêtres. Même lorsque, tout comme nos pères, nous ne voyons aucun moyen naturel qui puisse nous venir en aide, nous devons persévérer dans notre engagement dans la Torah et nous en remettre à Lui.
Pour que le désert fleurisse
L’aridité du désert peut également servir d’analogie pour l’état spirituel de l’homme. Bien qu’il puisse se sentir vide et dans un état de dénuement, et peut-être avec de bonnes raisons parce qu’il vit dans un désert spirituel, il ne doit pas désespérer. D.ieu descendit dans le désert pour donner à l’homme sa possession la plus précieuse, la Torah.
Et il en va de même aujourd’hui : quel que soit son statut spirituel, D.ieu offre à chacun l’occasion d’établir une relation avec Lui par l’intermédiaire de la Torah.
La floraison ultime
La Paracha Bamidbar, « dans le désert », est toujours lue avant la fête de Chavouot. Les fêtes juives ne font pas que commémorer des événements du passé mais nous donnent également l’opportunité de les revivre. Pour revivre l’expérience du Sinaï, il nous faut d’abord passer par le désert et ses leçons, du moins au sens spirituel. Tel est le message que nous communique la lecture de la Torah de cette semaine.
Que fait-on à Chavouot ?
On a coutume de se couper les cheveux la veille de Chavouot, donc cette année le vendredi 18 mai 2018.
Vendredi 18 mai, veille de Chabbat Bamidbar, on allumera avant 21h11 – en plus des bougies normales de Chabbat – une bougie de quarante-huit (ou : mieux : 72) heures pour pouvoir allumer les bougies des deux soirs de Chavouot.
Samedi soir 19 mai (à Paris après 22h31) et dimanche soir 20 mai (après 22h28), les femmes allumeront les deux bougies de la fête (les jeunes filles et les petites filles allumeront une bougie), avec les bénédictions :
1) « Barou’h Ata Ado-naï Elo-hénou Mélè’h Haolam Achère Kidéchanou Bémitsvotav Vetsivanou Lehadlik Nèr Chèl Yom Tov ».
2) « Barou’h Ata Ado-naï Elo-hénou Mélè’h Haolam Chéhé’héyanou Vekiyemanou Vehigianou Lizmane Hazé ».
Dans nombre de communautés, on a la coutume de décorer la synagogue et sa maison de fleurs, en souvenir du don de la Torah.
Il est de coutume de veiller toute la première nuit de Chavouot, donc la nuit de samedi 19 mai à dimanche 20 mai.
Tous, hommes, femmes et enfants, même les nourrissons, se rendront à la synagogue dimanche matin 20 mai pour écouter la lecture des Dix Commandements. On marque ainsi l’unité du peuple juif autour de la Torah, et on renouvelle l’engagement d’observer ses préceptes.
On a l’habitude de prendre un repas lacté avant le vrai repas de viande dimanche midi.
Lundi 21 mai, on récite, pendant l’office du matin, la prière de Yizkor en souvenir des parents disparus : on donnera de l’argent à la Tsedaka pour leur mérite après la fête.
La fête se termine lundi soir 21 mai après 22h34 (heure de Paris) avec la prière de la Havdala (sans les bénédictions sur les aromates et la bougie).
Rappelons qu’on ne récite pas la prière de Tahanoun (supplications) depuis Roch Hodech Sivan (mardi 15 mai) jusqu’au Chabbat 12 Sivan (26 mai).
Le Séfer Torah de Slavita
Au début du 19ème siècle, les frères Chmouel Abba et Pin’has Shapiro furent faussement accusés de la mort d’un certain Lazer : celui-ci aurait soi-disant découvert que les deux frères publiaient de façon clandestine des livres suspects. Malgré le manque de preuves, les deux frères furent jetés en prison et soumis à de terribles tortures pour leur faire avouer leur crime. Le Tsar Nicolas lui-même s’intéressa à cette affaire. Cependant, les deux frères avaient décidé d’accepter tout ce qui leur arrivait comme la Volonté de D.ieu et restèrent fermes dans leur volonté de continuer à prier, étudier et garder confiance en D.ieu.
Le vendredi 29 Av 1839, les deux frères qui avaient déjà été affaiblis par trois années de détention furent condamnés à recevoir 1500 coups de fouet ! Pour cela, ils devaient marcher trois fois entre deux rangées de 250 soldats vigoureux et sans pitié qui leur assénaient ces coups de fouet ; s’ils survivaient, ils seraient envoyés en Sibérie. Les deux frères entonnèrent un chant exprimant leur fierté d’être juifs et leur complète confiance en D.ieu. Malgré la violence des coups, les deux hommes menottés continuèrent leur marche comme si des anges les protégeaient jusqu’à ce que Chmouel s’arrête : non, il ne tomba pas mais refusa de continuer à avancer tandis que les soldats, eux, continuaient de lui infliger des coups : c’est que sa Kippa venait de tomber et il n’était pas question pour lui de marcher sans Kippa, sans ressentir la Présence de D.ieu au-dessus de lui ! Impressionné, un officier la ramassa, la remit sur sa tête et la marche avec les coups reprit ! Évanouis mais miraculeusement vivants, les deux prisonniers souffraient de multiples blessures et fractures ; le récit de leur incroyable confiance en D.ieu et leur esprit de sacrifice inspira des générations de Juifs russes.
Après quelques mois de convalescence, les deux frères furent incarcérés dans diverses institutions à Moscou ; là ils purent inspirer par leur courage les Cantonistes, ces Juifs qui avaient été enrôlés depuis l’âge de douze ans (et même huit ans !) dans l’armée du Tsar où certains avaient résisté, au prix d’énormes souffrances, aux tentatives de les convertir. Au bout de 22 ans, à la mort du Tsar, les deux frères furent finalement libérés.
Durant cette incarcération, ils avaient été autorisés à détenir une coupe de Kiddouch et une boîte d’épices pour la Havdala. Mais ils auraient tant souhaité posséder un Séfer Torah ! Comment leur faire parvenir un tel objet ? Les Juifs de Moscou décidèrent alors de faire écrire des parchemins d’à peine 20 centimètres de haut en les faisant passer pour de longues lettres écrites par la famille. Chacun des feuillets avait 7 à 8 colonnes écrites sur 42 lignes ; on les fit parvenir un à un aux deux prisonniers. Les descendants de Rabbi Chmouel Schmelke de Nikolsbourg avaient fourni pour cela une encre spéciale, remarquable pour sa solidité puisque l’écriture de ce Séfer Torah est encore très lisible aujourd’hui. Au bout de quelques mois, les deux frères furent ainsi en possession de tous les parchemins et purent s’en inspirer pour étudier. A leur libération, ils les firent coudre de la manière traditionnelle pour constituer un véritable Séfer Torah connu comme « le Séfer Torah de Messirout Néfech », du dévouement ultime pour le Nom de D.ieu. Il manquait encore les Etz ‘Haïm, les deux bâtons en bois sur lesquels les parchemins sont cousus : ils reçurent alors deux Etz ‘Haïm qui provenaient de Rabbi Ye’hiel Michel de Zlotchov qui, sous inspiration divine des années auparavant, les avaient destinés à être offerts à de grands Tsadikim pour un Séfer Torah absolument unique.
Ce Séfer Torah demeura la possession des descendants du frère aîné, Rabbi Chmouel Abba Shapiro. Après bien des tribulations, un des arrières petits-fils, nommé lui aussi Chmouel Abba réussit à sortir de Russie soviétique en 1946 avec le Séfer Torah : d’après certains témoins, il l’aurait enveloppé autour de lui pendant le long voyage vers la Terre d’Israël. Il aurait voulu le remettre au précédent Rabbi de Loubavitch qui était un de ses lointains cousins et qui, lui aussi, avait énormément souffert des autorités russes mais ceci ne put se concrétiser.
S’il avait été vendu aux enchères, ce Séfer Torah aurait atteint un prix astronomique mais n’importe quel prix était trop faible par rapport à sa véritable valeur. Finalement, des ‘Hassidim décidèrent qu’il devait être offert au Rabbi de Loubavitch. Après bien des discussions (et le versement d’une forte somme destinée à dédommager Rav Chmouel Abba pour ses efforts), le Séfer Torah fut acheminé en 1954 jusqu’à New York, avec les autres objets des frères Shapiro : une Mezouza, l’assiette du verre de Kiddouch et la boîte d’épices en argent. Quand le ‘Hassid Rav Pin’has Althaus les disposa sur la table du Rabbi et annonça qu’ils avaient appartenu à ces deux Tsadikim, le Rabbi se leva et murmura : « Par quel mérite ai-je mérité de les recevoir ? ». Deux ans et demi plus tard, Rav Chmouel Abba offrit aussi au Rabbi une canne ayant appartenu à son ancêtre ainsi qu’un volume du ‘Hok LeIsraël dans lequel les deux frères avaient étudié.
Le Rabbi utilisa ce Séfer Torah pour la première fois le second jour de Roch Hachana. C’est avec ce Séfer Torah que le Rabbi dansait à Chemini Atséret et Sim’hat Torah, le Séfer Torah de Messirout Néfech !
Rav Sholom Dov Ber Avtzon – The Brothers of Slavita
Traduit par Feiga Lubecki