Chavouot 2025

  • Bamidbar
Editorial

 Vers ce nouveau monde qui vient

Nous entrons cette semaine dans le « troisième mois » du calendrier juif, un mois troisième si on utilise la computation de la Torah qui la fait commencer au mois de Nissan. C’est ainsi que celui de Sivan prend tout son sens. Un célèbre enseignement de nos sages nous l’indique : fut donnée, nous disent-ils, « une lumière triple au peuple triple dans le troisième mois. » En termes plus explicites : la Torah, « lumière triple » car constituée de trois parties, au peuple juif, « peuple triple » car composé de Cohen, Lévi et Israël, au « troisième mois » puisqu’il s’agit de Sivan.

Entrant dans ce mois, tant attendu depuis la sortie d’Egypte en Nissan, nous savons que nous nous dirigeons vers un rendez-vous éternel, celui que nous avons avec D.ieu. De fait, ce jour a toujours été au-devant de nous. Nous en avons donné l’éclatante démonstration en comptant les jours qui nous en séparaient depuis la fête de Pessa’h, avec impatience mais avec une constance sans faille car nous avions l’assurance de l’aboutissement de l’effort ainsi entrepris. Avoir un tel rendez-vous ouvre une perspective littéralement prodigieuse car « ces jours-là sont commémorés et sont faits », ce qui signifie qu’ils se reproduisent dans des termes identiques mais à un niveau supérieur d’année en année. Autant dire que nous allons vraiment revivre le don de la Torah, concrètement faudrait-il dire, quand le moment va en arriver.

Il est clair qu’un tel événement ne se vit pleinement que parce que l’on s’y est préparé. Le compte des 49 jours de l’Omer, pendant la période qui s’étend entre la sortie d’Egypte et le don de la Torah, nous y aide mais il faut aller au-delà. Ces premiers jours du mois de Sivan sont justement consacrés à une telle préparation. Du reste, lors du don de la Torah historique, Moïse y employa ces quelques jours, enseignant au peuple juif le chemin qu’il devait suivre. Aujourd’hui, c’est la même œuvre qu’il nous appartient d’accomplir.

Le rendez-vous qui vient à Chavouot concerne chacun. Qui que l’on soit, quels que soient les choix de vie que chacun peut avoir, hommes, femmes ou enfants, nous sommes tous entrés dans ce voyage. A présent que le but est proche, nous sentons grandir en nous un enthousiasme infini. Soyons-y sensible et entrons dans le nouveau monde qui vient.

Etincelles de Machiah

 Le sort des nations

Décrivant le temps de Machia’h, le prophète Isaïe (54 :7) déclare : « Car la nation et le royaume qui ne te serviront pas disparaîtront ». Cette annonce présente évidemment un caractère dramatique. Cependant, elle ne correspond pas à une punition, même méritée.

En effet, à cette nouvelle époque, la réalité de chaque existence apparaîtra. C’est ainsi que tous verront clairement que toute la création, y compris l’ensemble des nations du monde, n’a été créée que pour accomplir la Volonté divine. C’est dire que le refus de se conformer à cet objectif ultime prive la créature de sa raison d’être.

C’est pourquoi, lorsque le Machia’h viendra, toute créature qui rejettera la fonction pour laquelle elle a été créée, ne pourra que cesser d’exister.

(d’après Likouteï Si’hot, vol. XXIV, p. 161)

Vivre avec la Paracha

 Bamidbar

Dans le désert du Sinaï, D.ieu demande que soit fait le recensement des douze tribus d’Israël. Moché compte 603.550 hommes en âge d’être enrôlés (de 20 à 60 ans) ; la tribu de Lévi au nombre de 22.300 hommes, d’un mois et plus, est comptée séparément. Les Lévites doivent servir dans le Sanctuaire, à la place des premiers-nés, dont le nombre était à peu près semblable au leur, qui avaient été disqualifiés par leur participation au Veau d’Or. Les 273 premiers-nés qu’un Lévite ne put remplacer durent payer une « rançon de cinq chékèl » pour se racheter.

Quand le peuple levait le camp, les trois clans de Lévites démontaient et transportaient le Sanctuaire et le réassemblaient au centre du prochain campement. Puis ils érigeaient autour leurs propres tentes. Les Cohanim qui transportaient les ustensiles du Sanctuaire (l’Arche, la Menorah etc.) dans les couvertures conçues à cet effet sur leurs épaules, campaient au Sud ; les Gerchonim, en charge des tapisseries et des couvertures du toit, à l’ouest ; et les familles de Merari qui transportaient murs, panneaux et piliers, au nord. Devant l’entrée du Sanctuaire, à son est, étaient disposées les tentes de Moché, Aharon et des fils d’Aharon.

Au-delà du cercle des Lévites, campaient les douze tribus, en quatre groupes de trois tribus chacun. A l’est était Yehouda (74 600 membres), Issa’har (54 400) et Zevouloun (57 400). Au sud, il y avait Réouven (46 500), Chimon (59 300) et Gad (45 650). A l’ouest se trouvaient Ephraïm (40 500), Menaché (32 200) et Binyamin (35 400). Enfin au nord, étaient installés Dan (62 700), Acher (41 500) et Naphtali (53 400). Cette disposition était également conservée pendant qu’ils voyageaient. Chaque tribu avait son propre Nassi (prince ou leader) et son propre drapeau, portant la couleur et l’emblème de la tribu.

Nasso

En complément du recensement des Enfants d’Israël effectué dans le désert du Sinaï, un total de 8 580 Lévites, hommes entre 30 et 50 ans, est compté, pour récapituler le nombre de ceux qui se livreront effectivement à la tâche de transporter le Tabernacle.

D.ieu communique à Moché la loi de la Sotta, la femme indocile, suspectée d’infidélité envers son mari. Sont également données les lois du Nazir qui renonce à la consommation de vin, laisse pousser ses cheveux et ne peut se rendre impur par le contact avec un corps sans vie.

Aharon et ses descendants, les Cohanim, sont instruits sur la manière de bénir le peuple d’Israël.

Les dirigeants des douze tribus d’Israël apportent tous leurs offrandes pour l’inauguration de l’autel. Et bien que leurs dons soient identiques, chacun est apporté un jour différent et ils sont décrits, un par un, par la Torah.

Oui ou non ?

Lors du Don de la Torah au Mont Sinaï deux visions sont rapportées par nos Sages sur la manière dont le Peuple juif répondit aux commandements divins.

Rabbi Yichmaël affirme qu’à chaque commandement positif, le Peuple juif répondait « oui », tandis qu’aux interdictions (comme « Tu ne tueras point »), ils répondaient « non ».

Rabbi Akiva, en revanche, enseigne que leur réponse fut toujours un « oui » ferme et inconditionnel, quel que soit le type de commandement.

A première vue, cette divergence semble ne concerner que la forme. Les deux opinions reflètent un engagement total envers la Volonté de D.ieu.

Mais comme tout enseignement issu de la Torah recèle une leçon essentielle, cette différence mérite un examen plus approfondi.

Les positions respectives de Rabbi Akiva et de Rabbi Yichmaël illustrent deux approches fondamentales du service divin.

L’Approche de Rabbi Akiva : l’absolu du « oui »

Pour Rabbi Akiva, peu importe que D.ieu ordonne ou interdise : l’essentiel réside dans l’origine du commandement. L’homme doit s’effacer devant la Volonté suprême et répondre toujours « oui », avec la même intensité et sans distinction. L’essence du service divin réside dans la soumission totale, l’acceptation du « Joug Divin », sans que les émotions, la logique ou la subjectivité ne viennent influencer l’engagement.

Toutes les Mitsvot qu’elles soient des plus agréables ou difficiles, rationnelles ou incompréhensibles, doivent être observées avec le même sens du devoir. La réponse constante du « oui » incarne un engagement inconditionnel, détaché de toute préférence personnelle.

L’approche de Rabbi Yichmaël :

Travailler avec son Ego

Rabbi Yichmaël insiste, quant à lui, sur l’importance de l’implication de toutes les dimensions humaines dans le service divin. Dans le Judaïsme, insiste Rabbi Yichmaël, il ne suffit pas d’abandonner son ego et d’accepter sans réserve la Volonté divine.

Le Juif doit également permettre aux Mitsvot qu’il accomplit d’atteindre son intellect, ses émotions et ses traits individuels. L’être humain ne se réduit pas à un corps et une âme ; il possède des émotions, des idées et des désirs. La Torah doit ainsi s’adresser à ces caractéristiques humaines singulières. 

Certaines Mitsvot visent à éveiller notre amour pour D.ieu, tandis que d’autres sont conçues pour susciter notre crainte révérencielle envers Lui. Il n’existe aucune expression humaine - intellectuelle ou émotionnelle - qui ne soit en quelque sorte touchée et raffinée par telle ou telle Mitsva. 

Rabbi Yichmaël affirme donc que les Juifs devaient répondre différemment selon les catégories de Mitsvot. Une Mitsva prescrivant une action positive - comme le souvenir du Chabbat - exigeait une réponse affirmative exprimant : « Non seulement je suis prêt à me soumettre à D.ieu, mais j’autorise également la Mitsva du Chabbat à résonner dans mon esprit et mon cœur. Je laisserai même mes sentiments de joie et de plaisir s’orienter vers ce jour sacré. »

Inversement, la réaction négative face au meurtre et à d'autres interdictions constitue notre manière d'affirmer non seulement que nous ne les commettrons pas, mais également qu'elles nous apparaîtront comme fondamentalement répréhensibles. Chaque fibre de notre être s'élève avec force en proclamant : « Non ! Nous ne tolérerons jamais quoi que ce soit qui contrevienne aux commandements divins. » Le profond dégoût éprouvé pour un acte abominable donné ne saurait être équivalent à celui ressenti pour un autre, conformément à l'approche préconisée par Rabbi Yichmaël.

La Synthèse

L’objectif ultime consiste dans la conciliation des deux perspectives, à savoir l’abandon total de notre volonté face à celle de D.ieu et la capacité à permettre à chaque commandement de résonner profondément dans notre âme.

La véritable synthèse de traits opposés constitue une entreprise complexe, bien plus aisée à énoncer qu’à réaliser. De la même manière qu’il est inconcevable d’imaginer la coexistence du feu et de l’eau, il paraît également impensable d’être animé simultanément par un dévouement absolu envers une cause, au point d’effacer entièrement notre ego - approche incarnée par Rabbi Akiva - tout en savourant pleinement les subtilités et les joies inhérentes à chaque Mitsva, comme le préconise Rabbi Yichmaël. 

Pour parvenir à cette synthèse exceptionnelle, il est nécessaire d’exprimer l’essence même de notre âme, intimement liée à l’Essence divine. Du point de vue divin, toutes les oppositions peuvent être harmonisées sans heurt.

Cependant, cette essence spirituelle ne se manifeste pas aisément ; en raison des conditions d’exil, elle demeure confinée et incapable d’imposer sa prééminence sur l’individu. Lors de moments particuliers d’inspiration - tels que Yom Kippour ou la fête de Chavouot - nous pouvons percevoir la manifestation tangible de notre identité divine fondamentale. 

C’est précisément cette synthèse qui sera réalisée de manière permanente lors de l’ère imminente de la Rédemption. Les éléments obstructifs empêchant le plein déploiement de notre nature divine essentielle seront alors éliminés. Nous expérimenterons pleinement la symphonie divine résultant des bénéfices conjoints et complémentaires des approches respectives de Rabbi Akiva et de Rabbi Yichmaël.

Le Coin de la Halacha

 Que fait-on à Chavouot ?

On a coutume de se couper les cheveux la veille de Chavouot, donc cette année le dimanche 1er juin 2025.

Dimanche 1er juin 2025, on allumera avant 21h 28 une bougie de vingt-quatre heures (au moins) pour pouvoir aussi allumer les bougies lundi soir. Puis les jeunes filles et petites filles allumeront chacune une bougie - les femmes allumeront au moins deux bougies - avec les bénédictions :

1) « Barou’h Ata Ado-naï Elo-hénou Mélè’h Haolam Achère Kidéchanou Bémitsvotav Vétsivanou Léhadlik Nèr Chèl Yom Tov » - (« Béni sois-Tu Eternel, notre D.ieu, Roi du monde, qui nous as sanctifiés par Ses commandements et nous as ordonné d’allumer les bougies du jour de fête ».

2) « Barou’h Ata Ado-naï Elo-hénou Mélè’h Haolam Chéhé’héyanou Vékiyémanou Véhiguianou Lizmane Hazé » - (« Béni sois-Tu Eternel, notre D.ieu, Roi du monde, qui nous as fait vivre, exister et qui nous as fait parvenir à ce moment »).

Dans nombre de communautés, on a la coutume de décorer la synagogue et sa maison de fleurs, en souvenir du don de la Torah, quand le désert et le mont Sinaï se sont couverts de fleurs.

Il est de coutume d’étudier la Torah toute la première nuit de Chavouot, donc la nuit de dimanche 1er juin à lundi 2 juin 2025. Pour cela, on étudiera le Tikoun Leïl Chavouot appelé également Kériei Moéd.

Tous, hommes, femmes et enfants, même les nourrissons, se rendront à la synagogue lundi matin 2 juin 2025 pour écouter la lecture des Dix Commandements.

On marque ainsi l’unité du peuple juif autour de la Torah, et on renouvelle l’engagement d’observer ses préceptes.

On a l’habitude de prendre une collation lactée avant le vrai repas de viande lundi midi.

Lundi 2 juin 2025, après 22h 46, les femmes, jeunes filles et petites filles allumeront leurs bougies à partir de la bougie de 24 heures et prononceront les mêmes bénédictions que la veille.

Mardi matin 3 juin 2025, on récite, pendant l’office du matin, la prière de Yizkor en souvenir des parents disparus : on donnera de l’argent à la Tsedaka pour leur mérite après la fête.

La fête se termine mardi soir 13 juin 2025 après 22h 52 avec la prière de la Havdala (sans la bougie tressée et sans les épices odorantes).

Rappelons qu’on ne récite pas la prière de Ta’hanoun (supplications) depuis Roch ‘Hodech Sivan (mercredi 28 mai 2025) jusqu’au dimanche 12 Sivan (8 juin 2025).

Le Recit de la Semaine

 Savoir écouter une histoire…

La fête de Chavouot s’achevait bientôt. On était en 1994, mon frère Eli Nosson et moi-même étions de jeunes étudiants à la Yechiva de Kfar ‘Habad en Israël. Alors que le soleil allait se coucher, mon frère me proposa de l’accompagner au domicile du légendaire Reb Mendel Futerfas - de mémoire bénie.

Reb Mendel allait sur ses 90 ans ; il avait passé huit ans dans les camps du Goulag en Sibérie, accusé par les autorités soviétiques d’avoir aidé de nombreux Juifs à quitter le pays en falsifiant des passeports polonais. Lui-même aurait pu sauter dans le train et ainsi passer à l’occident mais il avait préféré rester à l’arrière et laisser d’autres Juifs profiter de cette aubaine. Il avait enduré des souffrances inimaginables dans les camps mais avait finalement été libéré et avait pu rejoindre sa famille en Angleterre, grâce à des pressions diplomatiques internationales. Enfin libre, il avait été nommé « Machpia », responsable pédagogique de la Yechiva où tous souhaitaient s’imprégner de sa vitalité ‘hassidique inégalable.

- Viens, insista mon frère, Reb Mendel va certainement apprécier des invités pour terminer la fête par un Farbrenguen.

Effectivement, Reb Mendel pourtant très âgé et frêle se montra très heureux de notre arrivée. Nous nous sommes assis à table tandis que son épouse si dévouée apportait des gâteaux et de la vodka. Peu après, Reb Chlomo (« Chlomké ») Maidanchik (qui fut pendant plusieurs années, le maire de la ville) se joignit à nous.

Toujours aussi humble, Reb Mendel nous demanda :

- Qui peut raconter une histoire ou un « mot » ‘hassidique ?

Nous nous sommes regardés, bien trop timides pour oser parler devant ces deux personnalités puis Eli Nosson prit néanmoins la parole. Il avait récemment entendu une histoire à propos de Reb Zalman Moché Yits’haki, par ailleurs l’ancien maître de Reb Mendel :

« Dans les années 20, Rabbi Yossef Yits’hak (le Rabbi précédent) habitait à Leningrad et, quand il tenait un Farbrenguen (une réunion ‘hassidique), Reb Zalman Moché se mettait toujours à l’écart, loin du regard du Rabbi : il refusait de s’asseoir à une place plus honorable comme il aurait pu y prétendre.

« Une fois, pendant un Farbrenguen, Rabbi Yossef Yits’hak appela Reb Zalman Moché qui, à contrecœur, s’approcha en tremblant. Le Rabbi murmura quelques mots à son oreille puis Reb Zalman Moché regagna sa place. A la fin du Farbrenguen, les ‘Hassidim se précipitèrent vers lui pour savoir ce que le Rabbi lui avait dit :

- Je n’ai aucune idée de ce que le Rabbi m’a dit ! répondit-il.

- Comment est-ce possible ? s’étonnèrent les ‘Hassidim incrédules.

- Croyez-moi, je n’ai pas entendu un mot ! Je n’avais qu’une pensée en tête : quand le Rabbi allait-il cesser de regarder mon visage de… (et là ce ‘Hassid prononça le nom d’un animal non-cachère…).

Reb Mendel était fasciné par cette histoire et remercia mon frère comme s’il entendait cette histoire pour la première fois.

Après un long silence, Reb Chlomké remarqua :

- Reb Mendel, il me semble que vous aussi, vous avez assisté à ce Farbrenguen il y a quelques 70 ans !

- C’est vrai, reconnut Reb Mendel.

- Et l’histoire ne s’est pas passée exactement comme ce jeune homme l’a relatée, n’est-ce pas ?

- C’est vrai, admit Reb Mendel qui, à la demande de Reb Chlomké, raconta l’histoire de façon exacte (qui s’est effectivement passée comme je l’ai écrite mais pas exactement comme mon frère l’avait racontée).

Je ne crois pas avoir eu plus forte démonstration d’effacement personnel et d’amour pour un autre Juif - même beaucoup plus jeune - que cette attitude d’un ‘Hassid qui, de lui-même, n’aurait jamais corrigé la version qu’il avait entendue. Et pourtant Reb Mendel, du haut de son âge avancé et de sa position magistrale, aurait pu de lui-même objecter certains détails.

Mais ce qui lui importait davantage, c’était d’écouter quelqu’un d’autre, respectueusement, sans se mettre en avant et sans briser l’enthousiasme d’un jeune étudiant de Yechiva.

Seul un ‘Hassid ayant traversé tellement d’épreuves et s’étant tellement sacrifié pour d’autres Juifs était capable, à l’issue de la fête de Chavouot, d’une telle humilité.

Rav Naftali Silberberg - chabad.org

traduit par Feiga Lubecki