Samedi, 12 janvier 2019

  • Bo
Editorial

 Unis !

La Torah n’est pas un livre de récits héroïques, merveilleux, heureux ou tragiques. Elle n’a pas pour but de nous raconter la geste du peuple juif au travers des âges. Elle est, avant toute chose, livre d’enseignement, guide de vie. Cependant, c’est bien souvent que l’on sent souffler avec force le vent de l’histoire lorsque ses pages se tournent. Des temps de chaos à cette aube de la civilisation, quand Abraham entreprend de diffuser l’idée de D.ieu dans le monde, les hommes apparaissent pour ce qu’ils sont fondamentalement : des êtres perfectibles. Et parfois, au long de cette avancée, arrivent des moments qui forment comme des charnières. Ce n’est plus d’histoire qu’il s’agit mais de conscience et de bouleversement. Le 1er jour du mois de Chevat tombe cette semaine et il appartient à cette catégorie.

« Le premier jour du onzième mois, ils arrivèrent dans le désert du Sinaï » dit le verset. C’est donc le 1er Chevat qui est ainsi désigné et c’est du peuple juif à peine sorti d’Egypte qu’il s’agit. La précision n’a pas qu’un intérêt géographique. Imaginons la scène : des hommes, des femmes et des enfants de tous âges, tout un peuple qui a connu l’oppression et la souffrance, qui, brutalement, s’est vu libéré par miracle et qui a quitté la terre de détresse avec grandeur. Ce peuple est à présent en marche et il ne cessera pas d’inscrire son nom dans l’histoire. Mais, avant tout, il est, en ce jour, à son rendez-vous éternel : il est parvenu au Sinaï où D.ieu va lui donner une Loi destinée à changer le monde. En attendant cet instant sublime, le peuple est là, uni dans cette volonté et cette attente. Et c’est cette union qui rend tout possible.

De fait, réaliser l’unité d’êtres distincts est toujours un véritable défi. Les hommes sont si différents, dans leurs caractères, leurs aptitudes, leurs goûts et leurs visions. Pourtant la division est une faute essentielle. Elle brise les énergies et, surtout, installe une situation d’où la notion de créature Divine a disparu car, si on n’a qu’un seul Père, comment peut-on se séparer ? Alors le peuple juif réussit, sous nos yeux, ce tour de force : il s’unit au pied de la montagne. En cet instant crucial, il vient de choisir sa voie. Il sait qu’elle ne sera pas aisée, presque un sentier de crête, mais elle conduit au sommet.

C’est de tout cela que nous héritons cette semaine, en ce 1er Chevat 5779. Cette histoire chante en nous, non pas comme un événement ancien mais comme une expérience de chaque jour. Bien plus qu’un récit, une leçon de vie.

Etincelles de Machiah

 La justesse du jugement

Isaïe (11 :4), décrivant l’œuvre de Machia’h, déclare : « Il jugera le pauvre avec justesse ». Le pauvre est ici désigné, en hébreu, par le terme « dal ». Il est celui qui ne parvient pas à se contrôler. Il sait discerner le bien et le mal mais il manque de la détermination nécessaire pour traduire cette compréhension dans la pratique quotidienne. Le mot qui le désigne, « dal », souligne ce manque. La Torah (Lévitique 14 :21) le traduit ainsi : « Celui dont la main n’atteint pas ».

Cet homme spirituellement pauvre qui ne parvient pas à « se prendre en main » sera jugé par Machia’h, annonce le prophète. Mais ce jugement sera mené avec « justesse » car Machia’h relèvera ses circonstances atténuantes.

(d’après Likouteï Dibourim, vol. II, p. 645)

Vivre avec la Paracha

 BO

Les trois dernières plaies accablent l’Egypte : une armée de sauterelles dévore les cultures et la végétation ; une obscurité épaisse, palpable enveloppe le pays et tous les premiers-nés de l’Egypte sont tués aux coups de minuit, le 15 du mois de Nissan.

D.ieu ordonne la première Mitsva au Peuple d’Israël : celle d’établir un calendrier basé sur le renouvellement de la lune. Les Hébreux sont également enjoints d’apporter une « offrande pascale » à D.ieu : un agneau ou un chevreau doit être abattu et son sang aspergé sur les jambages ou les linteaux de chaque demeure des Hébreux, pour que D.ieu « passe par-dessus » ces foyers quand Il viendra tuer les premiers-nés égyptiens. La viande rôtie de l’offrande sera consommée en cette nuit avec la Matsa (pain non levé) et les herbes amères.

La mort des premiers-nés finit par briser la résistance du Pharaon et il renvoie littéralement les Enfants d’Israël de sa terre. Ils doivent s’en aller dans une telle hâte que leur pâte n’a pas le temps de lever et les seules provisions qu’ils emportent sont ce pain non levé. Avant de partir, ils demandent à leurs voisins égyptiens de leur remettre de l’or, de l’argent et des vêtements, réalisant ainsi la promesse faite à Avraham que ses descendants quitteraient l’Egypte avec de grandes richesses.

Les Enfants d’Israël reçoivent le commandement de consacrer tous les premiers-nés et de célébrer chaque année l’anniversaire de l’Exode, en se débarrassant de tout le levain en leur possession pendant sept jours et de raconter leur rédemption à leurs enfants. Ils sont également enjoints de mettre les Téfilines sur le bras et la tête en souvenir de l’Exode et de leur engagement à D.ieu.

La vitesse en trois dimensions

« Et vous le mangerez ainsi : vos hanches ceintes, vos chaussures aux pieds et votre bâton dans la main. Mangez-le dans la hâte, c’est une offrande de Pessa’h pour D.ieu. » (Chemot 12 :11)

Nos entreprises dans la vie peuvent se diviser en trois catégories générales. Tout d’abord, nous aspirons à nous améliorer et à développer nos propres talents ou notre potentiel. Puis nous nous impliquons dans notre propre « part dans le monde », notre famille, notre profession, notre cercle social et les ressources naturelles que nous consommons ou que nous développons. Enfin, nous agissons sur le macrocosme : les événements du monde, le progrès de l’histoire ou la création en tant qu’entité.

Bon nombre parmi nous estiment que ce dernier domaine est tout à fait inaccessible à notre zone d’influence. La vérité est pourtant que chacun de nos actes exerce un impact sur le monde dans lequel nous vivons, que nous en ayons conscience ou non.

« Un éternuement dans le New Jersey peut provoquer un ouragan en Chine ». Tels sont les mots par lesquels un célèbre scientifique illustrait la globalité de l’univers physique.

Selon les paroles du Rambam (Maimonide) : « l’homme doit toujours se considérer comme partagé de manière proportionnelle : à moitié bon, à moitié mauvais. De la même manière, il doit voir le monde comme à moitié bon et à moitié mauvais… de sorte qu’avec un acte unique, il peut faire basculer le fléau de la balance, pour lui-même et pour le monde entier, du côté du bien » (Michné Torah, Lois de la Techouvah, 3 :4).

De la passivité à l’activité

La sortie d’Egypte marque la naissance de notre peuple, le moment où « nous fûmes extraits (par D.ieu) du sein d’un peuple », où nous fut attribué le don de la liberté et nous fut donnée la possibilité de concrétiser la bonté et la perfection divines dans notre propre vie et dans le monde qu’Il a créé.

L’un des thèmes essentiels dans l’histoire de la sortie d’Egypte est renfermé dans le mot « hâte ».

Les Enfants d’Israël sont décrits comme ayant « fui » l’Égypte. La Matsa est le pain qui n’eut pas le temps de lever parce que nous fûmes « renvoyés d’Égypte et que nous ne pouvions nous y attarder ». Et l’offrande de Pessa’h, la clé de la libération et l’axe autour duquel tourne la fête de Pessa’h, fut mangée « dans la hâte ».

L’empressement de la sortie d’Egypte met l’accent sur le fait que la vie, pour un Juif, ne doit jamais plus être une expérience passive et statique, comme elle le fut pour les esclaves hébreux sous le joug égyptien. La vie doit être un mouvement vigoureux, vibrant, vers l’avant, une quête incessante de progrès et d’accomplissements.

Un bâton qui s’étend

L’empressement dans lequel fut mené le premier Séder s’exprime de trois manières : « vos hanches ceintes, vos chaussures aux pieds et votre bâton dans la main ». Cela correspond aux trois dimensions de la marche en avant de notre vie que nous avons évoquées plus haut : notre développement personnel, notre influence sur notre environnement proche et notre impact universel.

Les hanches, qui représentent « la base qui soutient le corps entier », correspondent à l’être humain, en tant qu’individu. « Vos hanches ceintes » se réfère donc à l’entreprise de développer notre potentiel personnel.

Les pieds servent de moyen de locomotion à l’individu. Équiper les pieds de chaussures signifie se donner les moyens de traverser des terrains hostiles qui, sinon, nous empêcheraient de nous déplacer. Avoir les pieds chaussés représente donc notre aptitude à voyager du lieu fermé que représente le moi et de sortir du domaine d’une personnalité qui serait « pieds nus », une personnalité centrée sur elle-même.

Mais nous sommes plus que des voyageurs dans la vie.

La race humaine est unique parmi les créatures dans la mesure où nous faisons un usage important d’«outils », des choses que nous façonnons et qui nous permettent de manipuler notre environnement d’une manière impossible pour notre corps et ses facultés seuls. Si nous ne pouvons quasiment pas soulever l’équivalent de notre propre poids avec nos deux mains, nous avons appris à littéralement bouger des montagnes avec les engins que nous avons créés. Si nos deux pieds, nus ou chaussés, ne peuvent nous transporter qu’à une distance limitée, nous avons exploré les profondeurs de la mer et des hauteurs astronomiques avec des véhicules de notre invention.

C’est là que se découvre le sens du troisième signe d’empressement de la sortie d’Egypte : « le bâton dans votre main ». Le « bâton » représente la conviction humaine unique que rien n’est impossible, que nous pouvons toujours trouver le moyen d’aller bien au-delà de la distance naturelle que nous atteignons à bout de bras, la conviction que chacun d’entre nous possède la capacité d’exercer une influence positive sur tout le monde, sur tous les éléments et sur tous les événements de notre monde, aussi distants et étrangers à notre vie qu’ils puissent paraître.

Le Coin de la Halacha

 Quelle est la force d’un testament ? (2ème partie)

Un testament consiste essentiellement dans le partage de l’héritage.

Celui qui désire qu’une partie de son héritage soit remise à des causes charitables doit au préalable demander conseil à une autorité rabbinique compétente pour en déterminer le montant et pour rédiger l’acte de la manière la plus claire possible.

Selon la Hala’ha, nul ne devrait déshériter ses enfants – même si l’un de ceux-ci ne s’est pas conduit correctement du vivant de ses parents.

Le fils aîné (du père) reçoit une double part de l’héritage : ainsi s’il y a cinq fils, l’héritage est partagé en 6 et le fils aîné a droit à deux parts tandis que les quatre autres n’ont droit qu’à une part chacun.

Si le défunt a laissé des dettes, les héritiers s’empresseront de les rembourser (et le fils aîné remboursera aussi une double part…) afin de ne pas diminuer l’honneur de leur parent devant le Trône Céleste. Il est recommandé de se renseigner à ce sujet et de nommer une personne chargée de faire le point sur la situation financière du défunt afin que nul ne se gêne pour signaler une dette, quel qu’en soit le montant.

 (d’après Rav Yossef Ginsburgh et Rav Aharon Moss)

A propos du Coin de la Hala’ha de la semaine dernière, un Chalia’h a bien voulu nous faire parvenir une lettre du Rabbi datée du 4 Tevet 1982 expliquant la gravité de l’incinération :

« Il convient de déclarer clairement et simplement : le corps a une existence et ‘une source de vie’ même après que l’âme l’ait quitté ! Tant que le corps n’a pas été complètement désintégré dans la terre, une partie de l’âme y reste attachée.

Quiconque donne l’ordre ou accepte de se faire incinérer – c’est comme s’il donnait l’autorisation de brûler une partie de son âme – un peu comme s’il brûlait un homme vivant (pas entièrement mais seulement en partie – ce qui est un acte de cruauté à nul autre pareil). Ceci est valable même pour celui qui brûlerait sa propre âme, D.ieu préserve et s’excuserait en prétendant qu’il ne connaissait pas la gravité de son action.

Certains prétendent que nombreux sont ceux qui choisissent d’agir ainsi : (ils doivent réaliser que) des milliers de Nazis ont brûlé des gens vivants – et parmi eux se trouvaient des scientifiques et des médecins, des commerçants et des chefs de famille etc. ».

Le Recit de la Semaine

 L’oncle d’Amérique

Deux semaines après l’inauguration de notre nouvelle-ancienne synagogue (voir La Sidra de la semaine précédente), j’ai reçu un coup de téléphone inattendu. Le numéro de mon interlocuteur commençait par 1212, ce qui signifiait qu’il appelait depuis les États-Unis, depuis Manhattan plus précisément. Ce n’est pas tous les jours qu’on me téléphone de là-bas. Et il appela plusieurs fois – juste aux moments où je ne pouvais pas lui répondre parce que je me trouvais en rendez-vous avec une personnalité importante. Finalement je l’ai rappelé. Il avait un accent américain à couper au couteau :

- Rav Koves, c’est bien vous ?

- Oui !

- Avant que nous commencions à parler, je voudrais préciser que je suis un mauvais Juif.

- Je ne connais pas cette expression, ai-je répondu du tac au tac. J’estime qu’aucun Juif n’est mauvais !

- Vous devez savoir que moi je suis un Juif mauvais, insista-t-il.

- Bon… Puisque vous y tenez… En quoi puis-je vous aider ?

- Je suis un mauvais Juif parce que cela fait soixante ans que je n’ai pas mis les pieds dans une synagogue. J’habite à Manhattan et, par principe, je ne mange pas dans un restaurant cachère. Ma femme n’est pas juive…

- OK ! Et quelle est la raison de votre appel ?

- La semaine dernière, j’ai vu dans le journal que je reçois du Musée de la Shoah à Washington un article sur la synagogue que vous avez restaurée dans le 3ème arrondissement de Budapest : c’est là que j’ai célébré ma Bar Mitsva…

En tant que Chalia’h du Rabbi, j’ai depuis longtemps compris que mon « travail » n’est pas que spirituel mais que je dois aussi me préoccuper de l’aspect matériel c’est-à-dire trouver les moyens de financer nos activités. Chacun d’entre nous rêve plus ou moins secrètement de recevoir des coups de téléphone d’un « oncle d’Amérique » (même s’il n’était pas entré dans une synagogue depuis soixante ans…) qui promettrait peut-être d’envoyer une somme rondelette qui permettrait de ne pas se soucier des appels de la banque jusqu’à la venue du Machia’h… Qui sait si ce mystérieux interlocuteur ne serait pas par hasard ce fameux oncle d’Amérique ?

- Monsieur le Rabbin, continua l’homme, mes parents ont prié dans cette synagogue et je voudrais qu’on y mette une plaque en leur honneur !

- Avec plaisir !

J’ai essayé d’en savoir davantage sur lui :

- Vous faites quoi dans la vie ?

- Je ne suis qu’un petit retraité.

- Et avant la retraite ?

- J’étais électricien.

Bon, ai-je pensé, pas la peine de rêver à l’oncle d’Amérique, peut-être une prochaine fois… Nous avons néanmoins continué à discuter :

- Monsieur le Rabbin, il y a vingt ans je suis retourné à Budapest pour la première fois depuis la Shoah. Pourquoi ? Je voulais acheter un hôtel…

Intéressant, me suis-je dit ! Un électricien qui veut s’acheter un hôtel ? Je reprenais espoir…

- Oui, j’étais électricien, c’est-à-dire j’étais à la tête d’une entreprise de 300 électriciens, c’est nous qui avions équipé l’aéroport JFK à New York…

Ah bon ! Il y a électricien et patron d’une entreprise d’électricité…

- Monsieur le Rabbin, est-ce que je peux vous aider en quelque chose ?

- Avec plaisir ! Actuellement nous cherchons à acquérir des vitraux pour la synagogue

- Combien coûte une de ces fenêtres ? demanda-t-il.

- 18.000 dollars ! lançai-je sans trop réfléchir

- Pas de problème ! Vous les aurez !

Incroyable ! Puis il me demanda comment me faire parvenir l’argent… Il me transmit effectivement rapidement la somme et je lui proposai de venir en personne pour une petite fête que nous organiserions en son honneur. Il accepta mais pour un seul jour, précisa-t-il, car son épouse était malade. Le jour dit, nous avons rassemblé tous les fidèles de la synagogue, certains d’entre eux se souvenaient de lui. Quand il arriva, petit et voûté, j’ai remarqué qu’il était très ému. Nous avons posé les vitraux et nous l’avons béni. Il ne parla presque pas. Quand les invités partirent, il me confia :

- N’est-ce pas que je vous avais prévenu que je suis un mauvais Juif ? Je vais vous expliquer pourquoi : avec la guerre, je suis devenu orphelin. Ma sœur et moi, nous avons été élevés par la concierge non-juive et non par nos oncles encore en vie ; eux s’étaient approprié notre héritage. Tout ce qu’ils voulaient, c’était que je célèbre ma Bar Mitsva dans la synagogue pour qu’ils en retirent tous les honneurs. Ce n’était déjà pas un bon début. En 1952, le communisme a triomphé à Budapest et les gens n’osaient pas annoncer même à leurs propres enfants qu’ils étaient juifs. Un an après ma Bar Mitsva, j’ai rencontré dans la rue le vieux Rav qui m’avait accueilli pour ma Bar Mitsva et qui me demanda pourquoi je ne venais pas à la synagogue. Je ne savais pas quoi répondre, j’ai balbutié qu’on ne m’y avait pas invité. « Je t’invite personnellement ! » déclara-t-il. Je me suis armé de courage et, à Roch Hachana, j’ai frappé à cette porte ici mais le gardien ne m’a pas laissé entrer : je n’avais pas de ticket ! J’ai protesté que le Rav lui-même m’avait invité mais il n’a rien voulu savoir ! A partir de là, j’ai décidé que, même quand j’aurai un ticket, je ne viendrai pas à la synagogue ! Soixante ans ! Le seul qui a réussi à me faire revenir, c’est vous !

J’ai gardé le contact avec cet « oncle d’Amérique » et, une fois, je l’ai invité au restaurant cachère à Manhattan. Bien sûr je lui mets les Téfilines à chaque fois que je le retrouve…

La ‘Hassidout nous apprend la valeur d’une action. Ce n’est pas de la philosophie dans les nuages. On a gâché la vie de ce Juif pendant soixante ans avec une seule action, en le repoussant. Mais une seule bonne action peut changer la vie – même après soixante ans. Et parfois nous ne sommes même pas conscients des conséquences positives de nos actions.

Rav Shlomo Koves – Chalia’h du Rabbi en Hongrie - Kfar Chabad N° 1786

Traduit par Feiga Lubecki

Allumages 5774