Le début du changement
Le monde est plein d’instants précieux, de gestes inoubliables. Il est plein de tous ces petits événements du quotidien qui font de la vie un parcours de découvertes et que l’on ne voudrait manquer à aucun prix : le sourire d’un enfant qui regarde le ciel, celui d’une mère qui suit ce regard, celui de cet homme qui vient en aide à son prochain ou de cet autre qui se souvient du passé pour mieux penser l’avenir. Ce ne sont que des instants fugitifs, effacés parfois alors qu’ils viennent d’apparaître. Mais, malgré cette fragilité essentielle, ils laissent une trace profonde ; ne sont-ils pas la beauté et la grandeur des choses qui passent ? C’est dire à quel point chacun peut voir dans l’endroit où il vit, dans tout son environnement et finalement dans le monde entier, un lieu de merveilles. Et pourtant, la rumeur de la période ne semble guère porter à l’espérance…
C’est que tout cela n’est pas qu’une question de regard, c’est aussi affaire d’action. Il est dit que D.ieu créa le monde « pour faire », indiquant ainsi que l’homme, créature suprême, a reçu ici une charge et un privilège. Il peut être ainsi « l’associé de D.ieu dans la création du monde ». En d’autres termes, le lien avec le spirituel ne peut se résumer à certains moments du jour, à ces instants particuliers où, par la prière, l’étude, la pratique des commandements, l’homme se ressent comme plus proche de l’Essence. Le lien avec le Divin est, par nature, un lien de tous les instants sauf à révéler, par son absence récurrente, une infirmité qui remettrait en cause son sens même.
C’est donc ainsi que la question se pose : comment établir ce lien éternel et constant et, de cette façon, changer les choses… pour de bon ? Laissons donc monter la réponse en nous : par nos actes de chaque jour, par notre vie de toutes les secondes. C’est là un défi majeur lancé à chacun, particulièrement en des temps obscurs. Peut-être est-ce aussi une manière de dire la condition humaine. Rétablir les équilibres, être un facteur de civilisation, faire de ce monde un lieu de sérénité – « la demeure de D.ieu ici-bas » dans les termes de la tradition. Faire de son foyer un « petit sanctuaire », devenir enfin un « porteur de lumière ». Cela peut résonner comme un de ces programmes si grands et nobles, et si irréalistes… ou, tout simplement, comme la petite musique des temps vécus à dimension vraiment humaine. Comme un avant-goût de Machia’h. Et si le changement commençait en nous-mêmes ?
Les demandes des Sages de la génération
Plus la génération est tardive et spirituellement basse, plus haute est la lumière divine qui se revêt dans les ordonnances des Sages de la génération.
C’est en effet justement par le respect de ces ordonnances que l’on parvient à toutes les révélations du temps de Machia’h.
(D’après Likoutei Si’hot vol. IV, p. 1089)
BO
Les trois dernières plaies accablent l’Égypte : une armée de sauterelles dévorent les cultures et la végétation ; une obscurité épaisse et palpable enveloppe le pays et tous les premiers nés de l’Égypte sont tués aux environs de minuit, le 15 du mois de Nissan.
D.ieu ordonne la première Mitsva au Peuple d’Israël : celle d’établir un calendrier basé sur le renouvellement de la lune. Les Hébreux sont également enjoints d’apporter une « offrande pascale » à D.ieu : un agneau ou un chevreau doit être abattu et son sang aspergé sur les les linteaux de chaque demeure des Hébreux, pour que D.ieu « passe par-dessus » ces foyers quand Il viendra tuer les premiers-nés égyptiens. La viande rôtie de l’offrande sera consommée en cette nuit avec la Matsa (pain non levé) et les herbes amères.
La mort des premiers-nés finit par briser la résistance du Pharaon et il renvoie littéralement les Enfants d’Israël de sa terre. Ils doivent s’en aller dans une telle hâte que leur pâte n’a pas le temps de lever et les seules provisions qu’ils emportent sont ce pain non levé. Avant de partir, ils demandent à leurs voisins égyptiens de leur remettre de l’or, de l’argent et des vêtements, réalisant ainsi la promesse faite à Avraham que ses descendants quitteraient l’Egypte avec de grandes richesses.
Les Enfants d’Israël reçoivent le commandement de consacrer tous les premiers-nés et de célébrer chaque année l’anniversaire de l’Exode, en se débarrassant de tout le levain en leur possession pendant sept jours et de raconter leur rédemption à leurs enfants. Ils sont également enjoints de mettre les Téfilines sur le bras et la tête, en souvenir de l’Exode et de leur engagement à D.ieu.
Sur le verset « et il y eut une obscurité épaisse [dans toute la terre d’Égypte] pendant trois jours », Rachi propose le commentaire suivant « une noirceur d’obscurité telle ‘qu’ils ne se voyaient pas les uns les autres’ pendant ces trois jours, et en outre, trois jours supplémentaires d’obscurité deux fois plus épaisse que la précédente de sorte que ‘personne ne pouvait bouger d’où il se tenait’; celui qui était assis ne pouvait se lever et celui qui était debout ne pouvait s’asseoir. Et pourquoi fit-Il régner l’obscurité sur eux ? Parce que les Hébreux cherchèrent et virent les objets [des Égyptiens] et quand les Hébreux sortiraient [d’Égypte], qu’ils demanderaient [aux Égyptiens] les objets et qu’ils [les Égyptiens] répondraient « il n’y a rien en notre possession », (chaque Hébreu) lui dirait « Je l’ai vu dans ta maison et c’est dans tel endroit. »
Cela signifie que Rachi explique que puisque les Juifs avaient reçu l’injonction selon laquelle « chaque femme demandera à sa voisine [égyptienne], et à celle qui vit chez elle, des objets d’argent et des objets d’or et des vêtements », D.ieu envoya une plaie d’obscurité sur les Égyptiens, ce qui permit aux Juifs (qui eux, n’étaient pas touchés par l’obscurité) de pénétrer dans leurs maisons et de vérifier où se trouvaient leurs biens. Ainsi plus tard, lorsque les Juifs demanderaient aux Égyptiens de leur remettre leurs objets précieux, ils ne pourraient pas proférer de mensonges et de dénis.
Cependant, dans le verset suivant, il est déclaré que « mais pour tous les Enfants d’Israël, il y avait de la lumière en leurs demeures. » Cela semble indiquer que les Juifs n’avaient de lumière qu’en leurs demeures et non qu’ils voyaient clair dans les maisons des Égyptiens ! Comment Rachi peut-il donc affirmer que pour les Juifs il y avait de la lumière partout, y compris dans une maison égyptienne ?
Les commentaires et les explications de Rachi s’adressent a priori même à l’enfant de cinq ans qui est au niveau de l’étude du ‘Houmach (la Bible). Ils sont donc tirés du sens littéral du texte. Ainsi, dans notre cas, le commentaire de Rachi, sur la méthode qu’employèrent les Juifs pour repérer les endroits où étaient cachés les objets de valeur des Égyptiens, doit également s’appuyer sur le ‘Houmach et suivre une logique simple.
L’enfant de cinq ans a déjà appris que D.ieu dit à Avraham « Sache assurément que ta descendance sera étrangère dans une terre qui ne sera pas la sienne et sera asservie ; et ils seront accablés pendant quatre cents ans… Et par la suite, ils sortiront avec une grande richesse. » Cette richesse sera si importante qu’elle videra l’Égypte et qu’ils prendront avec eux toutes ses possessions.
C’est pourquoi, quand l’enfant de cinq ans arrive, dans son étude, à la partie où il étudie que les Juifs sont sur le point de quitter l’Égypte, il se pose alors une question naturelle. Les Juifs eux-mêmes étaient très pauvres. Dès lors, où allaient-ils trouver cette « grande richesse » qui leur avait été promise et qui suffirait pour des millions d’Hébreux ?
C’est vrai qu’il sait que les Juifs avaient reçu l’ordre de demander leurs richesses aux Égyptiens, mais il n’en reste pas moins perplexe. Les Égyptiens sont-ils stupides au point de remettre leurs objets de valeur tout simplement parce que les Juifs les leur ont demandés ?
Et quand bien même l’on peut imaginer que les Égyptiens étaient trop effrayés pour ne pas le faire, on ne peut se laisser à penser qu’ils remettraient également les trésors dont les Juifs ignoraient totalement l’existence, c’est-à-dire, ceux qui étaient cachés (comme on a l’habitude de le faire pour des objets précieux).
Il fallait donc que se présente une occasion pour que les Juifs pénètrent dans les maisons égyptiennes, voient par eux-mêmes où étaient cachés ces trésors et puissent donc être à même de réfuter tous les mensonges que proféreraient les Égyptiens.
Rachi explique que cela se produisit au cours de la plaie de l’obscurité, alors que les Égyptiens étaient paralysés et que les Juifs avaient de la lumière.
Cela apporte un éclaircissement à notre question préalable concernant la contradiction entre l’explication de Rachi et le verset qui semble impliquer qu’il n’y avait de lumière pour les Hébreux que dans leurs maisons. Le fait que les Juifs disposent de lumière et puissent voir les maisons des Égyptiens n’apporte pas une information surprenante. Ils devaient voir clair pour faire l’état des lieux égyptiens et pour qu’ainsi soit accomplie la promesse de D.ieu à Avraham « et par la suite ils sortiront avec une grande richesse ». Mais c’est le fait qu’ils aient de la lumière dans leurs propres maisons qui constitue une information exceptionnelle, dans la mesure où cela n’était pas nécessaire.
Et c’est ce que nous vient nous dire le verset « et pour tous les enfants d’Israël, il y avait de la lumière dans leurs maisons ». Le but n’en est pas d’exclure le fait qu’il y avait pour eux de la lumière ailleurs mais au contraire de dire que même chez eux, ils voyaient clair.
Qu’est-ce que le Kiddouch du vendredi soir ?
C’est un commandement positif que de sanctifier le jour du Chabbat à son début ainsi qu’il est dit : « Souviens-toi du jour du Chabbat pour le sanctifier ».
Avant le repas du vendredi soir, on procède au Kiddouch sur un verre de vin rouge cachère. Les femmes sont astreintes au Kiddouch mais se rendent quitte par le Kiddouch d’un homme (ou d’un garçon de treize ans et plus). Sinon, elles peuvent et doivent réciter elles-mêmes le Kiddouch. Les enfants aussi se rendent quitte par le Kiddouch de leur père mais peuvent procéder à leur propre Kiddouch.
Le verre de Kiddouch doit contenir au moins 8,6 centilitres de vin.
On ne mange pas avant le Kiddouch et on ne boit pas.
Il convient de laver et d’essuyer le verre avant le Kiddouch. Au début, on regarde les bougies (c’est une « Segoula », un remède pour jouir d’une bonne vue) puis on regarde le verre pendant la bénédiction sur le vin. Tous les convives restent debout pendant la récitation du Kiddouch.
Le maître de maison doit boire plus que la moitié du verre : les autres convives peuvent goûter à ce qui reste dans le verre.
Le Kiddouch se déroule à l’endroit où on mange et est suivi immédiatement par le repas de Chabbat, c’est-à-dire au minimum 30 grammes de ‘Halla (pain de Chabbat) ou, éventuellement, de gâteau ou d’un verre de vin supplémentaire.
(d’après Assadère Lisseoudata)
Tant d’années après : merci !
Rav Arié Kaltmann est un Chalia’h (émissaire du Rabbi) à Colombus (Ohio). Comme la plupart de ses collègues, il est obligé de passer une bonne partie de son temps à récolter des fonds pour financer ses activités sociales, communautaires et éducatives. Quiconque s’est frotté à cette obligation comprend que ce n’est pas le côté le plus agréable de la vie de Chalia’h ; cependant, elle est nécessaire.
Rav Kaltmann avait la chance de compter dans la communauté qu’il avait établie un donateur qui couvrait gentiment une part significative de son budget, exactement 80%. Il n’avait donc plus qu’à trouver les 20% manquants. Un jour, ce donateur tomba malade et Rav Kaltmann lui rendit fidèlement visite, pria pour lui et tenta de lui rendre service comme il pouvait. Mais l’homme, âgé, décéda, non sans avoir demandé à ses enfants de continuer à financer généreusement les activités du Beth ‘Habad. Les enfants ne suivirent pas exactement les recommandations de leur père, se contentèrent d’offrir une généreuse contribution une fois puis mirent fin à leur relation.
C’était donc maintenant 100% du budget qu’il lui fallait couvrir ! De quoi se décourager…
La secrétaire de Rav Kaltmann lui fit alors remarquer qu’il avait reçu un courrier inhabituel, une lettre provenant d’une femme inconnue de Californie. Celle-ci écrivait que son petit-fils fréquentait l’Université de Colombus et que lui, Rav Kaltmann, lui avait donné un calendrier juif mural. Quand cette dame de Californie avait rendu visite à sa fille – la mère de l’étudiant en question – elle avait remarqué le calendrier pendu au mur, l’avait feuilleté, avait trouvé l’adresse du Chalia’h et avait décidé de lui envoyer un chèque de 10.000 dollars !
L’histoire était étrange mais le chèque était bien réel ! Le Rabbi n’abandonnait pas son Chalia’h et, même dans les pires circonstances, le Rabbi l’aidait de façon mystérieuse. Bien entendu, le Chalia’h encaissa le chèque avec un soupir de soulagement et écrivit une chaleureuse lettre de remerciement à cette nouvelle donatrice. Quand arriva l’époque de ‘Hanouccah, il envoya à cette dame une boîte de bougies et un chandelier avec les prospectus de la fête comme il le faisait avec tous les membres de sa communauté et du campus. Quelques jours plus tard, il reçut une lettre le remerciant pour son geste, accompagnée d’un nouveau chèque de 10.000 dollars. Rav Kaltmann ne pouvait en croire ses yeux, remercia le Ciel tout en réalisant qu’il n’avait pas encore couvert toutes ses dépenses. Par la suite, à l’approche de chaque fête, Rav Kaltmann envoyait scrupuleusement les objets et les prospectus nécessaires pour célébrer la fête et, à chaque fois, la dame remerciait gentiment en envoyant un chèque de 10.000 dollars. Le Chalia’h était intrigué : pourquoi cette dame avait-elle choisi de lui envoyer, à lui, de telles sommes plutôt que de financer les activités d’un Chalia’h en Californie ?
Un jour, ses activités l’amenèrent en Californie et il décida de consacrer un peu de son temps libre à rendre visite à cette dame pour faire sa connaissance et la remercier de vive voix. Elle l’accueillit chaleureusement. Au fur et à mesure de leur conversation, il finit par exprimer – diplomatiquement bien sûr – son étonnement : « Je comprends que vous appréciez les petits cadeaux que je vous envoie (une boîte de Matsot avant Pessa’h, un arrangement floral avant Chavouot etc…) mais vous me répondez à chaque fois avec un chèque de grande valeur. (A ce point de son discours, il respira profondément : ce n’était pas le moment de faire une gaffe et de risquer de mettre un terme à cette relation fructueuse !). Sachez que votre contribution est absolument vitale pour la poursuite de nos activités communautaires ! Mais je ne comprends pas pourquoi vous m’envoyez de si grosses sommes en échange de si menues attentions alors que vous ne me connaissez pas et qu’il est juste normal que votre petit-fils participe à nos activités ! »
La dame répondit : « Quand j’étais petite, ma sœur est tombée gravement malade, que D.ieu nous en préserve. Mes parents consultèrent les meilleurs médecins mais tous étaient pessimistes quant à ses chances de survie. Mes parents décidèrent alors de voir des Rabbis, un en particulier : c’était un nouveau Rabbi dont on commençait à dire beaucoup de bien, dans le quartier de Crown Heights à Brooklyn. Je ne sais pas trop ce qu’il leur avait conseillé, toujours est-il que ma sœur a retrouvé la santé et que nous avons pu reprendre une vie normale. Pour une raison que j’ignore, mes parents oublièrent de remercier le Rabbi qui avait sauvé la vie de leur fille, peut-être ne désiraient-ils pas se souvenir de ces moments douloureux…
Les années passèrent, nous avons grandi, nous nous sommes mariées, avons eu des enfants puis des petits-enfants et, quand je suis allée chez ma fille et que j’ai feuilleté ce calendrier, j’ai reconnu immédiatement le visage du Rabbi que je n’avais vu qu’une fois dans mon enfance. Je me suis souvenue de la tension dans notre famille à cette époque, de son bon sourire et… de la guérison inexpliquée de ma sœur. Je ne crois pas que nous ayons jamais remercié correctement le Rabbi, nous ne sommes pas retournés le voir pour le remercier de ce miracle ! Quand mon petit-fils nous a raconté toutes les activités auxquelles il participait sur le campus grâce à vous, j’ai réalisé que j’avais la réponse : je ne pouvais pas revoir le Rabbi mais je pouvais aider un de ses émissaires, le seul dont j’avais les coordonnées : vous, grâce au calendrier ! Vous me donnez l’occasion de rembourser une vieille dette !»