Samedi, 13 juin 2020

  • Behaaloté’ha
Editorial

 Alors, et le « monde d’après » ?

C’est ainsi que, longuement et profondément, nous y avons pensé. Au cœur de la pandémie, alors que le monde, et en tous cas, le pays ou la ville, s’étaient mis à l’arrêt, comme suspendant le temps en une interminable parenthèse, nous nous prenions à espérer : rien ne serait plus pareil. Après avoir vécu tous ces événements bien souvent dramatiques, qui remettaient en question un mode de vie, une conception des choses, il semblait à beaucoup que se présentait l’occasion de repartir sur de nouvelles bases. Il fallait mettre en place de nouvelles valeurs, des fondements sociaux rajeunis, imaginait-on. Peu à peu, au fil des jours, cette attente montait dans les consciences. Et cela semblait si légitime : ne pas recommencer les mêmes erreurs était l’impératif du temps.

Puis le déconfinement est enfin advenu, comme une bouffée d’oxygène pour celui qui suffoque. Brutalement, l’espace s’en est trouvé élargi. Enfin sortir librement, ou presque. Enfin revoir des visages que l’on n’avait plus croisés que grâce à internet depuis de longues semaines. Et des chiffres de l’épidémie rassurants… Finalement un petit bonheur retrouvé. Il ne fallait plus que du soleil et du ciel bleu par là-dessus pour se dire que nous étions retournés à la « normalité ». Et le changement de fond tant espéré ? Et les questions restées sans réponse ? Et le monde nouveau qui était sur le point d’émerger ? Sans doute les laisserait-on pour une autre occasion. Le bonheur est toujours difficile à conquérir tandis que le confort est largement accessible dans notre société et il ne fait que nous inviter à reprendre les sentiers de l’habitude. Certes, voici l’ambition radicalement réduite, mais sommes-nous capables de mieux ?

Aujourd’hui, nous pouvons tous le dire et le manifester avec force : non seulement nous sommes capables d’autre chose mais encore nous en sommes dignes. Hier, la routine nous conduisait, à présent elle n’existe plus. Elle s’était installée d’elle-même, profitant de nos oublis et de nos faiblesses. A présent c’est avec conscience que nous avons appris à la rejeter. C’est dire que, autour de nous, tout a changé : l’accessoire a repris sa place seconde tandis que le primordial est revenu au premier rang. Aujourd’hui, nous savons comment redonner du sens aux choses. Nous savons comment vivre mieux, pleinement. Nous savons que, si nous le voulons vraiment, plus rien ne redeviendra comme « avant ». Le monde a changé, changeons au-devant de lui et puissions-nous ainsi accueillir le Machia’h.

Etincelles de Machiah

 Elie l’annonciateur

Les prophètes ont annoncé que la venue de Machia’h sera précédée de celle du prophète Elie. C’est ainsi que nous lisons (Malachie 3:23) : « Voici que Je vous envoie Elie le prophète avant que vienne le jour de D.ieu grand et redoutable ». Une question se pose : quel est le rapport particulier entre Elie et cet événement ? Pourquoi est-ce précisément lui qui a été chargé de ce rôle d’annonciateur ?

On sait que le prophète Elie, selon le texte biblique, lorsque vint le moment de sa mort, quitta ce monde avec son corps. Les commentateurs expliquent ce prodige : Elie s’était tant spiritualisé au cours de sa vie physique que son corps pouvait entrer avec lui dans le domaine du spirituel. C’est précisément là le lien avec le temps de Machia’h. Dans cette nouvelle époque, le monde sera parvenu au plus haut de la spiritualisation et du raffinement au point que (Isaïe 40 :5) « toute chair verra que la bouche de D.ieu a parlé ». C’est ce niveau infini qu’Elie incarnait déjà en son temps.

(d’après Likouteï Si’hot, vol. II, p.610)

Vivre avec la Paracha

 Beaalote’ha

Aharon reçoit l’ordre d’allumer la Menorah et la tribu de Lévi est initiée au service du Sanctuaire.

Un « second Pessa’h » est institué en réponse à la pétition d’un groupe de Juifs qui n’avaient pu apporter le sacrifice pascal.

D.ieu indique à Moché l’itinéraire dans le désert et le Peuple part du Mont Sinaï où il avait campé presqu’une année.

Le Peuple réclame à Moché de la viande.

Moché demande aux 70 Anciens de l’assister dans la difficile gouvernance du Peuple.

Miryam parle en termes critiques de son frère Moché. Elle est punie par une maladie de la peau. Moché prie pour sa guérison et la communauté entière attend sept jours jusqu’à ce qu’elle guérisse.

Des poissons qui nagent à contre-courant

« Lorsque l’Arche partait, Moché disait : ‘Lève-toi D.ieu et fais en sorte que Tes ennemis s’éparpillent et que ceux qui Te haïssent s’enfuient de devant Toi’. Et quand elle faisait halte, il disait : ‘Réside tranquillement, Ô D.ieu, parmi les myriades de milliers d’Israël’. » (Bamidbar :10 :35-36)

Ce passage de la Paracha est encadré par deux lettres Noun à l’envers. Selon une opinion du Talmud, la Torah ne comporte pas cinq livres mais sept. La raison avancée pour justifier ce point de vue est que les deux Noun, au début et à la fin indiquent que ce passage est « un livre important, en et par lui-même. » En d’autres termes, le livre de Bamidbar est divisé en trois « livres » distincts : le premier livre avant le premier Noun, le second livre constitué par le passage dont nous parlons et le troisième livre qui comporte tout le reste de Bamidbar, après le second Noun.

Questions

  • Pourquoi est-ce la lettre Noun en particulier qui délimite le commencement et la fin du « livre important » ?
  • Pourquoi ces deux Noun sont-ils écrits à l’envers ?
  • Pourquoi cette division se produit-elle précisément dans la Paracha Beaalote’ha ?

Ce sont la valeur numérique, le sens et le graphisme de la lettre Noun qui vont nous permettre de répondre à ces questions.

La valeur numérique du Noun

Le Noun équivaut à 50. Il existe cinquante portails de compréhension. Cinquante fait également allusion à Chavouot, lorsque nous avons reçu la Torah, le cinquantième jour du décompte de l’offrande du Omer.

Rabbénou Bé’hayé explique que le Noun à l’envers nous enseigne que « ce livre » aurait dû être placé cinquante paragraphes plus tôt, lorsqu’il s’agissait des voyages des Juifs dans le désert.

Le sens du Noun

En Araméen, Noun signifie « poisson ». Le Noun à l’envers nous rappelle notre aptitude à faire demi-tour, à faire Techouva et « nager dans le sens inverse. »

Noun fait également référence à Néfila qui signifie « tomber dans un niveau spirituel bas ». Un Noun inversé évoque donc l’inverse de Nefila. La transformation d’une chute en une élévation est un Ness, un « miracle ». Le mot Ness s’épelle en hébreu : Noun, Samè’h. Quand une personne expérimente un Noun, c’est-à-dire une chute, elle est suivie d’un Samè’h, ce qui fait allusion au Somè’h, c’est-à-dire Celui qui soutient ceux qui sont tombés. En d’autres termes, D.ieu Lui-même vient nous soutenir et nous relever lorsque nous tombons. Cette aide miraculeuse nous permet de nous élever à nouveau, de nager à contre-courant pour revenir à D.ieu.

Les lettres Noun et Samè’h se rencontrent également dans un mot du « livre important » : Binsoa : « voyage ».

Il est un principe selon lequel toutes les doubles lettres font allusion à la Rédemption. Ainsi ce double Noun nous indique-t-il que le sujet principal du « livre important » est notre voyage vers la Rédemption.

Enfin, le Noun renvoie au mot Nassi, « prince » ou dirigeant du Peuple juif. Le dirigeant de chaque génération nous inspire au retour à D.ieu et nous guide pour nous rapprocher de plus en plus de la Rédemption Ultime.

Le graphisme du Noun

Selon le Émèk HaMélè’h, « deux Noun qui se font face se joignent pour former la lettre Mêm. Cette lettre fait allusion à la Torah. Les deux Noun, unis dans la lettre Mêm représentent les deux aspects de la Torah : la Torah révélée et la Torah cachée. La Torah révélée comporte le Talmud, les enseignements hala’hiques. La Torah cachée se réfère au mysticisme du Midrach, de la Kabbale et de la ‘Hassidout.

« Naassé Vénichma »

La paire de Noun évoque aussi la réponse des Juifs lorsque D.ieu leur offrit la Torah : « Naasé Venichma » : « nous ferons et ensuite nous écouterons. » La ‘Hassidout explique que le premier Noun, correspondant au Naassé, « nous ferons », signifie : « nous acceptons D.ieu comme Roi. » Cela exprime un empressement à servir D.ieu, en général. Nichma, « nous écouterons », signifie : « nous acceptons le joug des Mitsvot. » Il s’agit ici d’une disposition à s’engager dans chacun des commandements de D.ieu, en particulier.

Le plan pour la Rédemption

Mais quel est le lien de tout ce qui précède avec la Paracha Beaalote’ha ?

Elle commence avec le commandement qu’adresse D.ieu à Aharon, le Cohen Gadol (le Grand Prêtre) d’allumer les sept lumières de la Menorah.

Nous devons imiter Aharon en illuminant notre foyer des « bougies des Mitsvot et de la flamme de la Torah ».

Et qu’en est-il de l’extérieur ? Le « livre important » nous dit que lorsque l’Arche voyageait… elle aplatissait le chemin pour les Hébreux. Nous aussi, devons emporter avec nous l’Arche de la Torah, où que nous voyagions. Nous devons illuminer le monde autour de nous. Le marché tout comme le monde des affaires ont également besoin de lumière.

Quand notre âme se met en route pour son voyage sur terre, elle vit une Néfila, une descente et un choc culturel, par rapport à l’atmosphère sainte de son foyer originel, symbolisé par le Michkane (le Tabernacle). Cependant, voyager avec la Torah, représentée par l’Arche ou le Noun, nous permet de faire jaillir la lumière de D.ieu où que nous allions dans le monde. Nous pouvons même susciter le « miracle » du retour, en nous-mêmes et chez ceux que nous influençons. C’est la raison pour laquelle le « livre important » est réellement le plan pour la Rédemption.

Le Coin de la Halacha

 Qu’est-ce qu’un Chad’hane (Chad’hanit) ?

Le Chad’hane (au féminin : Chad’hanit) est la personne qui propose de marier un jeune homme et une jeune fille. Il peut s’agir d’un ami, d’un parent ou d’un « professionnel » particulièrement doué pour le métier.

Il faut parfois plusieurs Chad’hanim pour faire aboutir un mariage ; il arrive que des Chad’hanim mettent en commun leurs fichiers pour obtenir plus de résultats et ainsi participer à la fondation de foyers juifs heureux et responsables.

Le Chad’hane doit faire preuve de bon sens, de doigté, de sensibilité ; il doit savoir proposer sans obliger, encourager sans forcer, prévoir les problèmes et les refus. Il peut passer beaucoup de temps à téléphoner pour s’assurer de la faisabilité de la rencontre et pour vérifier ses renseignements.

La Hala’ha recommande de payer le Chad’hane pour ses services - si la rencontre aboutit effectivement à un mariage. Même s’il ne s’agit pas d’un Chad’hane professionnel, même s’il agit de sa propre initiative sans qu’on ne lui ait rien demandé, il est habilité à être payé. Si deux personnes se sont associées pour faire aboutir une rencontre, le salaire sera partagé entre les deux.

Il est recommandé de payer correctement le Chad’hane afin que le mariage se passe dans les meilleures conditions et que le couple jouisse de liens profonds et durables.

 (d’après Rav Yossef Ginsburgh – Si’hat Hachavoua N° 1716)

Le Recit de la Semaine

 Guérir les hôpitaux

Ma carrière de bactériologiste débuta il y a des années alors qu’éclata une épidémie due à des staphylocoques résistant à la pénicilline. J’effectuai à cette époque de nombreuses recherches, je trouvai des microbes sur les murs des hôpitaux, dans les conduits d’air des buanderies et des salles d’opération. Je réussissais très bien dans mon travail, me forgeais une réputation nationale puis internationale dans le domaine du contrôle des infections, de la désinfection, de la stérilisation et de la quarantaine.

En 1969, je rencontrai des épidémiologistes anglais qui me proposèrent de prendre un congé de l’université du Minnesota - où j’enseignai et où j’avais obtenu un diplôme de bactériologie médicale - afin de passer quelques mois à Londres pour observer comment les maladies se propageaient dans les hôpitaux et comment leurs techniques pouvaient empêcher ce phénomène inquiétant.

Les gens vont à l’hôpital pour guérir et c’est bien là toute la mission des structures hospitalières. Malheureusement, trop souvent, les gens vont à l’hôpital et se retrouvent infectés. C’est très insidieux mais pourquoi cela arrive-t-il ? Le fait est que des gens malades s’y rencontrent et certains sont porteurs d’infections transmissibles ; il est difficile de déterminer un système qui permettrait d’isoler les cas les plus dangereux.

Les épidémiologistes de Londres cherchaient à cerner le cycle des infections à l’intérieur de leurs structures hospitalières et, quand ils m’invitèrent à étudier leurs techniques, je demandai au Rabbi sa bénédiction. J’avais eu l’occasion depuis plusieurs années de correspondre avec le Rabbi et de constater combien son opinion était précieuse dans tous les domaines.

J’étais très fier d’avoir été invité par ces spécialistes de l’hôpital St Bartholomew qui étaient à l’époque les leaders de l’étude épidémiologique sur les bactéries résistantes aux antibiotiques (l’un d’entre eux a, depuis, été décoré comme knight par la reine d’Angleterre). Quand je mentionnai tout cela au Rabbi, il me demanda de lui envoyer une copie du protocole de recherche que j’avais l’intention de mener.

Bien sûr, je le lui envoyai parce que, je l’avoue honnêtement, je voulais que le Rabbi soit impressionné par mes performances.

Le Rabbi lut mon protocole et remarqua : « C’est très, très bien ! Bien sûr, je n’ai pas compris la majorité de ce qui est écrit mais c’est vous qui êtes le spécialiste dans ce domaine, donc je vous souhaite beaucoup de succès. Mais si vous demandez mon opinion, il serait peut-être plus judicieux de vous intéresser à un autre domaine ».

J’étais stupéfait d’entendre cela. Comment pourrais-je abandonner ce projet et m’intéresser à un autre domaine alors que je venais d’obtenir une opportunité en or pour étudier cela ?

Mais le Rabbi s’expliqua : « Pourquoi n’essayez-vous pas d’étudier d’abord pourquoi ces bactéries deviennent résistantes ? Si un microbe est sensible à la pénicilline puis devient résistant, comment cela se fait-il ? ».

Oye oye, pensais-je intérieurement !

J’étais si fier de ce que j’allais étudier mais la suggestion du Rabbi impliquait que je bouleverse complètement mon plan de carrière. Je devrais retourner en arrière, étudier beaucoup de biologie moléculaire et de génétique - ce qui ne m’intéressait pas outre mesure. Moi, ce qui me passionnait, c’était le déroulement de l’épidémiologie et l’étude de la transmission des maladies.

De fait, j’ose affirmer que tous les épidémiologistes adorent l’idée de résoudre des mystères. C’est fascinant de briser une chaîne d’infection - le genre de scénario dont le cinéma raffole. Les producteurs de films ne sont pas intéressés par les progrès pas à pas des généticiens que seuls les tenants de la biologie moléculaire comprennent.

Mais d’une certaine manière, le Rabbi avait compris que ces investigations apporteraient des solutions bien plus constructives. Dans une lettre qu’il m’adressa le 5 mai 1969, il s’expliqua plus en détail :

« D’habitude je me retiens d’exprimer une opinion sur un sujet qui ne relève pas de mon champ de compétences. Cependant, après avoir jeté un coup d’œil sur le programme détaillé de recherche que vous aviez inclus dans votre lettre, j’ai décidé d’émettre une observation.

Je ne parviens pas à trouver dans votre sujet un aspect qui, à mon humble avis, devrait éveiller un intérêt particulier. Je veux parler ici de la reconnaissance que certains microbes et infections sont spécifiques dans les hôpitaux - et, à mon avis, ce point soulève un certain intérêt dans la littérature concernée… Il est donc très possible que les méthodes de contrôle des infections qui sont productives ailleurs puissent perdre de leur effet… parce que l’environnement de l’hôpital aurait produit certains traits dans certaines bactéries - ce qui les aurait immunisées dans cet environnement spécifique.

Je ne sais pas si l’omission de cet aspect dans votre projet est dû au fait qu’une période d’étude de trois mois ne serait pas suffisante pour inclure une investigation dans ce domaine. Sans aucun doute, cela impliquerait qu’il faille distinguer les bactéries « immunisées » de celles qui ne le sont pas etc. Il faudrait aussi changer les méthodes de stérilisation, de contrôle des infections et d’observation clinique etc. Peut-être, simplement, cette question ne fait pas partie de la mission qui vous est impartie. Cependant, elle me semble être d’une importance évidente… ».

La direction que le Rabbi aurait voulu que je prenne alors est devenue depuis la question scientifique numéro un. Si vous regardez la liste des Prix Nobel attribués pour les récentes découvertes en médecine et en physiologie, vous constaterez que le domaine de prédilection est la biologie moléculaire qui permet de mieux comprendre la résistance aux antibiotiques.

Il y a quarante ans, le Rabbi était conscient de cela ! Il m’avait indiqué : « Velvel, si vous me demandez mon avis, il serait plus judicieux d’explorer ce domaine… ».

Il avait donné son avis avec une telle modestie, en précisant : « Vous êtes le spécialiste, je ne comprends pas ce domaine… J’ai sans doute tort… ».

Mais il avait parfaitement raison.

Bien que je n’aie pas suivi son conseil, en rétrospective je ne peux qu’être stupéfait de la vision du Rabbi. Il n’avait aucune qualification en bactériologie ou biologie moléculaire mais il avait anticipé - avec au moins quatre décades d’avance - ces développements de la science moderne. J’en ressens des frissons dans le dos quand j’y pense maintenant : j’aurais certainement dû suivre son conseil.

A l’époque, le Rabbi m’avait donné sa bénédiction pour le succès de mes études. Je suis parti en Angleterre et j’y ai appris beaucoup de choses. Nous avons résolu certaines épidémies mais nous n’avons pas trouvé la réponse à la question de base qu’avait posée le Rabbi.

Dr Velvel Greene (1928 - 2011) fut un bactériologiste, enseignant à l’université du Minnesota et l’Université Ben Gurion à Beersheva en Israël. Il avait travaillé pour la NASA, dans un programme chargé de trouver des traces de vie sur la planète Mars.

JEM

Traduit par Feiga Lubecki