Semaine 23

  • Behaaloté’ha
Editorial

Sur la route des vacances

Quand le soleil se décide à briller et que le bleu finit par conquérir le ciel, il y a tout à coup comme une nouvelle perspective qui monte dans l’esprit des hommes. Ce n’est sans doute pas une de ces grandes visions aptes à embraser les choses mais c’est bien une de ces humbles pensées qui font le quotidien de l’homme, donnant une orientation au temps qui passe. On appelle cela les vacances et, déjà, on en sent comme un frémissement dans l’air. Certes, nous n’y sommes pas encore, nul ne peut trop hâter l’avancée des rythmes sociaux. Mais la préoccupation en est évidemment présente : où aller, quand, comment ? Puisque nous en sommes là, il faut interroger le concept même : qu’est-ce donc exactement que des vacances ? Les réponses peuvent, de fait, être multiples. Par les temps qui courent, certains auront tendance à dire que c’est d’abord une conquête sociale, d’autres y verront les bienfaits d’une société économiquement développée. Pour ce qui nous concerne, sans doute faut-il y chercher d’abord un but. Le judaïsme ne regarde-t-il pas d’abord le monde, dans tous ses aspects, comme le lieu du service de D.ieu ?
Et si, justement, c’était le terme «vacances» lui-même qui nous apportait un enseignement précieux ? Etymologiquement, le mot renvoie à la notion de «vide». Voici qui est bien ambigüe. En effet, le terme peut aussi bien retentir comme auto-suffisant – d’une certaine façon, vide et fier de l’être – ou, au contraire, comme une invitation à le remplir. Cela implique un véritable choix. Voyons-nous dans les vacances un simple moment où il n’y a «rien» à faire, une période dédiée à la vacuité, ou un lieu privilégié où «tout» peut être construit ? En notre temps, dans notre société, les hommes vouent largement ce moment à l’oubli : oubli des soucis du quotidien, oubli de la grisaille et des contraintes sociales… oubli aussi de soi. Tout cela se traduit par un mode de vie estival oscillant entre adoration de l’astre solaire et culte du corps. Certes, le repos physique est important ; il permet de reprendre l’année avec des forces renouvelées. Cependant, l’âme a également besoin de retrouver sa fraîcheur.
C’est ici qu’intervient le sens plus authentique des «vacances» : un espace de liberté à remplir de nos aspirations. Car ce temps peut enfin être celui où l’on peut retrouver ce que l’on est vraiment. Retrouver le chemin de l’étude et de la connaissance, retrouver le sentier de la réflexion et de la compréhension, renouer les liens distendus par la vie – avec ses proches ou avec soi-même. Tout va être à portée. Voici venir les vacances. Préparons-nous à nous libérer !

Etincelles de Machiah

L’exil – pour conduire à la Délivrance
La Torah (Ex. 32 : 15 – 34 : 1) rapporte les événements dramatiques qui entourèrent la remise des Tables de la Loi au peuple juif par Moïse. Elle nous décrit successivement Moïse descendant du mont Sinaï, les Tables à la main puis le désolant spectacle qui s’offrit à ses yeux quand il atteignit le camp des Juifs – le veau d’or, la fête païenne etc., la brisure des Tables au pied de la montagne et enfin le don des deuxièmes Tables de la Loi après le retour sincère des Juifs à D.ieu et l’obtention de Son pardon.
Certes, les premières Tables avaient une qualité prodigieuse : elles étaient l’œuvre directe de la Main de D.ieu tandis que les secondes furent façonnées par Moïse. Pourtant ces dernières présentent une supériorité essentielle : elles apparaissent après un recul. Un principe existe : «toute descente n’est là que pour l’élévation qui la suit». Après réparation, la chute même a conduit à un degré infiniment supérieur. Dans le cas du Don de la Torah, ce n’est qu’avec les deuxièmes Tables que la Torah Orale fut donnée.
L’idée s’applique aussi à notre temps. Cet exil peut sembler long et difficile. Mais, de ce fait même, il est le chemin assuré de la Délivrance qui constituera une élévation éternelle.
(Extrait d’un commentaire du Rabbi de Loubavitch -
Chabbat Parachat Ki Tissa 5752) H.N.

Vivre avec la Paracha

Beaalote’ha : Un guide pour allumer les lumières

Nos Sages nous disent que dans le Temple de Jérusalem et son précurseur, le Tabernacle construit par Moché dans le désert, était présent un modèle en trois dimensions de l’architecture spirituelle de l’âme. Le Temple consistait en de nombreux domaines, chambres et «récipients», correspondant chacun à un élément différent de la vie intérieure de l’homme et illustrant sa fonction et son but.
La Menorah, candélabre d’or à sept branches, représente le potentiel humain d’«allumer des lampes» : de produire des sources de lumière en son for intérieur et en son prochain.
La Torah consacre un certain nombre de chapitres détaillés à la description de la construction de la Menorah et aux différentes lois sur la manière de l’allumer. Chacun de ces détails comporte une règle et une leçon lui correspondant dans la signification spirituelle de la Menorah.
Le huitième chapitre de Bamidbar s’ouvre par l’ordre de D.ieu à Aharon : « Quand tu élèveras les lampes, elles projetteront leur lumière en direction de la face de la Menorah». Dans son commentaire, Rachi s’étend sur l’utilisation du terme Beaalote’ha : «quand tu feras monter». Pourquoi la Torah utilise-t-elle ce curieux synonyme d’ «allumer» ? Rachi explique que la Torah préfère se référer à la nature de la flamme qui est de s’élever et qu’elle a également pour but d’instruire le Cohen (prêtre), qui allume les lampes de la Menorah, de maintenir le feu sur la mèche jusqu’à ce que «la flamme s’élève d’elle-même».
Ces trois mots Chalhévèt Olah Méhéléha («la flamme s’élève d’elle-même») renferment les leçons essentielles dérivées de la Menorah.
On se réfère habituellement aux lumières de la Menorah comme à ses Nérot, ses «lampes». Le terme Nérot peut s’appliquer à la fois à des lampes allumées et à des lampes éteintes. Mais le mot Chalhévèt implique une flamme «vivante», produisant de la lumière. En fait, chaque jour, pendant plusieurs heures, les lumières de la Menorah n’étaient pas allumées. Chaque matin, elles étaient nettoyées, remplies de la plus pure des huiles d’olive et pourvues de mèches nouvelles. Elles restaient ainsi la plus grande partie de la journée, attendant que le Cohen, porteur de la flamme, vienne les allumer dans le milieu de l’après-midi.
L’homme, également, peut être un Ner sans Chalhévèt, une lumière sans flamme. Il peut parvenir à un état de perfection personnelle, un récipient ornementé, empli de talents et de potentiels abondants. Mais le but de la vie est d’être une lampe qui éclaire, de faire briller ses propres talents pour illuminer l’environnement.
C’est là la première leçon de la Menorah : être «une flamme» qui apporte la lumière autour d’elle.

S’élever
«L’esprit de l’homme monte». Alors que l’espace que nous habitons possède trois dimensions et six directions, nos aspirations les plus profondes vont vers le haut.
C’est ainsi que le roi Salomon décrit l’âme de l’homme comme une «lampe de D.ieu». Parmi les quatre éléments (le feu, l’eau, l’air et la terre), seul le feu se dirige toujours vers le haut. Tout comme une flamme cherche sans cesse à se détacher de son attache, l’âme humaine est constamment attirée vers le haut.
Quel est le sens profond de cette aspiration «verticale» ? Certains accomplissements peuvent se définir en termes de croissance, en longueur ou en largeur. Il se peut que nous dépensions beaucoup d’efforts pour élargir ou agrandir nos accomplissements. Mais l’esprit de l’homme aspire à plus. La «lampe de D.ieu» à l’intérieur de nous-mêmes ne nous permet pas de nous réconcilier avec la réalité présente. Intrinsèques à la condition humaine sont la quête de la transcendance, le désir de «briser le moule» dans lequel nous avons été formés et nous remodeler en quelque chose de plus «haut» que ce que nous sommes.
C’est là la seconde leçon de la Menorah : la vie n’est pas seulement une «flamme» mais une flamme qui «s’élève».

D’elle-même
Une lampe ne peut s’allumer toute seule : elle a besoin d’un feu, d’une source d’énergie extérieure qui la fasse briller. Mais l’objectif est que la flamme «s’élève d’elle-même», qu’elle soit transformée en une source de lumière indépendante.
Voilà la troisième leçon de la Menorah : quand nous agissons comme «allumeurs de réverbères», que ce soit dans l’entreprise d’allumer notre propre potentiel, d’allumer la «lampe» chez notre prochain ou de créer des luminaires à partir des matériaux que nous offre notre environnement, notre objectif doit toujours être de produire une flamme qui «s’élèvera» d’elle-même.
En termes d’efforts pour nous améliorer nous-mêmes, cela signifie qu’il ne suffit pas de prendre des «résolutions» et par la force de la volonté, de s’imposer sans cesse des changements de comportement. Mais il faut plutôt aspirer à une transformation de notre nature et de notre caractère, de sorte que ce nouveau comportement devienne une manière d’agir naturelle et instinctive.
Lorsque l’on enseigne et que l’on tente de guider notre proche, l’objectif devrait être d’en faire quelqu’un qui brillera de façon autonome de sa propre lumière, l’aider à développer ses talents et ses aptitudes de sorte que sa propre lampe resplendisse indépendamment et soit à son tour une source d’illumination.
Par exemple, au lieu de nous contenter de parler à nos enfants de l’importance de faire la charité ou de les impliquer dans nos propres actes de bienfaisance, nous pouvons les aider à être eux-mêmes acteurs, à fabriquer leur propre boîte de Tsedaka qu’ils placeront dans leur chambre. Chaque fois que l’enfant y mettra une petite pièce, cela l’aidera à faire lui-même un acte de charité. Ce petit morceau de plastique ou de bois se trouvera alors transformé en «lampe».
Mais cela va plus loin encore. Même quand elle n’est pas utilisée pour un acte de charité, la boîte de Tsedaka constitue elle-même une «lampe» qui illumine son environnement. C’est un objet qui fait immuablement partie du décor de la chambre et elle rappelle constamment à l’enfant sa responsabilité vis-à-vis d’autrui. Un objet matériel est devenu «une flamme qui s’élève d’elle-même», une source indépendante qui guide et illumine.

Le Coin de la Halacha

En quoi consiste la Mitsva de prêter de l’argent ?

- Prêter de l’argent sans intérêt à un Juif est non seulement permis mais hautement recommandé : c’est une Mitsva (Chemot – Exode 22 : 24).
- Si un Juif demande un prêt et qu’on refuse de l’aider (alors qu’on le pourrait), D.ieu entend ses plaintes ; mais si on lui prête dans la mesure de ses moyens, D.ieu entendra celui qui a prêté quand il priera pour lui-même et sera présent pour lui accorder ce dont il a besoin.
- Prêter de l’argent est la plus haute forme de Tsedaka (charité) car :
• Le prêt préserve la dignité de l’emprunteur.
• Le prêt l’aide à réparer sa situation pour mieux repartir et pas seulement pour survivre.
• On peut prêter non seulement à un pauvre mais aussi à un riche.
- On ne prête pas d’argent si l’emprunteur ne s’engage pas à le rendre ou ne semble pas honnête.
- Si on prête de l’argent pour investir dans une affaire, il convient de demander l’avis d’une autorité rabbinique compétente afin d’éviter toute forme de prise d’intérêt et de définir les clauses du partenariat.
- On ne doit pas faire pression sur l’emprunteur si on sait qu’il n’a pas les moyens de rendre l’argent pour le moment.
- Il convient de ne prêter de l’argent qu’en présence d’un témoin ou en signant un contrat écrit.
- Toute communauté devrait établir une caisse de prêt sans intérêt à la disposition des fidèles.

F. L. (d’après www.chabad.org/magazine)

De Recit de la Semaine

Quelle famille !

Le journaliste Amnon Lévy dans un programme de télévision (Aroutz 10) peu ordinaire a permis au public israélien de côtoyer de plus près une famille pratiquante, ‘hassidique de Kfar ‘Habad, la famille Bitton et ses quinze enfants. C’est avec stupéfaction puis admiration que les Israéliens souvent prompts à railler ou même condamner ce genre de vie ont suivi cette famille remarquable. «Chaque enfant est un diamant, un cadeau de D.ieu et jamais je n’envisagerais de le refuser !» répète Myriam Bitton, par ailleurs professeur, conseillère conjugale, impliquée pleinement dans la vie de la communauté, grand-mère attentive et dont la maison est toujours remplie d’invités.

Un jour, j’ai entendu frapper à la porte. Quand j’ai ouvert, je me suis retrouvée face à face avec un Juif que je n’avais jamais rencontré. Avant même que j’ai pu lui demander son nom, mon fils El’hanan est arrivé et, quand il a aperçu le visiteur, il a poussé un cri de joie et tous les deux se sont embrassés comme s’ils étaient de vieux amis.
Ariel - c’était son nom - était un homme d’affaires qui voyageait beaucoup. Un jour, il s’était rendu à Hong Kong avec ses amis mais n’avait pas réussi à se procurer de la nourriture cachère. Affamés, ils étaient à bout de forces et réalisèrent qu’ils se trouvaient justement tout près du Beth ‘Habad. Mais c’était au milieu de la nuit et il n’était pas question d’aller réveiller qui que ce soit à cette heure avancée. Cependant, l’homme est humain et la courtoisie la plus élémentaire ne résiste pas à un estomac qui crie famine ! Ils décidèrent alors de tenter le tout pour le tout : «Nous avons sonné à la porte du Beth ‘Habad, juste une fois : si quelqu’un nous entendait et nous ouvrait la porte, tant mieux ! Effectivement El’hanan (que nous ne connaissions pas) descendit sur la pointe des pieds et nous ouvrit la porte en faisant signe qu’il ne fallait surtout pas sonner une deuxième fois et risquer de réveiller la famille du Chali’ah, le Rav Avtzon. El’hanan était à ce moment-là en Chli’hout, en mission dans ce coin de Chine pour aider le Chalia’h officiel dans ses multiples activités pour le bien des touristes, hommes d’affaires et résidents locaux. El’hanan nous a accueillis les bras ouverts, nous a préparé en quelques minutes un repas chaud et nourrissant avec un dessert digne d’un roi ! Il nous donnait l’impression que nous lui accordions un grand honneur !»
J’étais fière d’entendre de tels compliments sur mon fils El’hanan : nous avons toujours insisté à la maison sur la Mitsva de l’hospitalité qui est un des fondements de la vie juive et savoir que notre fils marchait dans nos pas était pour nous une source d’intense satisfaction. Mais déjà Ariel continuait : «Vous savez, je connais les Loubavitch depuis longtemps : un jour, j’étais en Angleterre, un vendredi après-midi. J’avais décidé de me rendre au Mikvé dans l’espoir de trouver quelqu’un qui m’inviterait pour Chabbat. Mais personne ne s’est proposé. Quelqu’un me parla alors d’un Juif qui avait toujours des dizaines d’invités à sa table de Chabbat et me donna son adresse : là aussi, je me suis retrouvé dans une maison Loubavitch, avec un maître de maison absolument fantastique !» Et Ariel donna la description de cette famille. El’hanan saisit son téléphone portable, fit défiler plusieurs photos et en montra une à Ariel : «C’est bien de cette famille qu’il s’agit ? C’est celle de mon frère Mena’hem !»
- Oui ! Exactement ! C’est lui ! s’exclama Ariel, incrédule et enthousiaste en même temps.
Nous étions tous les trois ravis de cette extraordinaire coïncidence. Et Ariel reprit la parole : «Bon, je vais vous raconter encore une autre fois où j’ai eu l’occasion de rencontrer des Loubavitch, c’était à Miami, et ils ne vous ressemblaient pas ! Ne me dites pas que c’est encore votre famille !» Il décrivit cette famille qui l’avait si bien accueilli et nous montra même sa photo ! C’était incroyable ! C’était un autre de mes fils !
Pendant toute cette conversation, je tenais à la main des papiers que, inconsciemment, je passai d’une main à l’autre : «Excusez-moi, demanda Ariel, de quoi s’agit-il ?»
- En vérité, je vous écoute et je suis ravie mais en même temps, je réfléchis comment payer mes dettes qui s’élèvent à 9000 Chékels !
Immédiatement, Ariel téléphona à la direction du village de Kfar ‘Habad, demanda quelques renseignements et, sur le champ, paya toutes les dettes de Madame Bitton !
«Jamais je ne me serais attendue à cela, raconte Madame Bitton ! Mes fils qui avaient eu l’occasion d’héberger Ariel n’avaient jamais imaginé jusqu’où iraient les événements ! Mais c’est Celui qui siège là-haut qui dirige les pas de l’homme ! Il voit, Il écoute et ne reste jamais débiteur !»

A. CH. Rachelson
Michpa’ha ‘Hassidit n°1462
Traduit par Feiga Lubecki

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