Samedi, 24 novembre 2018

  • Vayichla’h
Editorial

 Une éternité, une vie, un jour

Les grands événements, par le fait des choses, changent de nature au fil des années. Lorsqu’ils interviennent, leurs contemporains en perçoivent avec force toute la grandeur, le caractère exceptionnel et l’importance pour chacun. Puis arrive le premier anniversaire et tous revivent les péripéties – et parfois les vicissitudes – traversées et conviennent qu’une telle commémoration était nécessaire. Année après année, comme inéluctablement, les sentiments les plus vrais des hommes sincères finissent par s’user. La commémoration se maintient donc beaucoup par sens du devoir, un peu par habitude. Et vient le temps où l’on entend que cela est entré dans le domaine de l’histoire, voire qu’il s’agit d’’histoire ancienne, que cela eut une importance évidente en son temps mais qu’il faut maintenant y lire, y comprendre autre chose. Les temps n’ont-ils pas changé ? De fait, tel est le destin des hommes et de leur mémoire – comme, du reste, de toute chose créée – l’éternité ne leur appartient pas.

Pourtant, voici que vient le 19 Kislev. Un jour de célébration comme les autres dira-t-on ? L’anniversaire de la libération de prison, dans la Russie tsariste, de Rabbi Chnéor Zalman de Lyadi, l’auteur du Tanya, le fondateur de la ‘Hassidout ‘Habad, au dix-neuvième siècle, déclaré Roch Hachana de la ‘Hassidout, précisera-t-on ? Cependant, voici qu’il revient non comme la commémoration obligée d’un jour jadis grandiose mais bien comme la fête de notre temps, la plus belle, celle du cœur et de l’esprit unis dans une célébration de liberté. Tout se passe comme si le passage des années n’avait pas de prise sur elle, plus encore, comme s’il ne faisait qu’y ajouter sens et puissance pour des couleurs d’émotion toujours plus fortes et une énergie de la pensée toujours plus grande.

Il est loisible de s’interroger. Pourquoi un tel jour ne vieillit-il pas ? Pourquoi chacun peut-il le vivre avec toute la solidité du passé, la certitude de l’instant présent et l’assurance de l’avenir ? La réponse tient en un mot : la ‘Hassidout. Domaine d’étude et chemin du service de D.ieu, sens profond et essentiel de la Torah, véritable et puissante énergie apte à révéler profondément celle de l’âme, elle ne se plie pas aux catégorisations faciles de moderne ou d’ancien. Elle se contente d’être cette lumière sur le chemin, cette flamme qui nous guide et nous anime, cet écho dans un chant ‘hassidique ou cet enthousiasme au cœur du rite et de l’étude. Elle est l’héritage de tous et une clé : celle du temps de toute Sagesse, le temps de Machia’h.

Etincelles de Machiah

 Un avant-goût

L’occupation principale au temps de Machaia’h sera la connaissnace du Créateur comme l’écrit Maïmonide (Michné Torah, Lois des rois chap. 12) : « Et toute l’occupation du monde ne sera que de connaître D.ieu. »

A la fin de l’exil, en préparation au temps de Machia’h, on nous donne un avant-goût de la révélation des secrets de la Torah qui interviendra alors.

(D’après Likoutei Si’hot vol. 15 p. 282)

Vivre avec la Paracha

 Vayichla’h

Après un séjour de vingt ans à ‘Haran, Yaacov revient en Terre Sainte. Il envoie des anges émissaires à Essav, dans l’espoir d’une réconciliation mais il s’avère qu’Essav est sur le chemin de la guerre avec quatre cents hommes armés. Yaacov se prépare à la guerre, prie et envoie un cadeau considérable à Essav.

En cette nuit, Yaacov fait traverser la rivière Yabok aux siens mais il reste en arrière et rencontre un ange, représentant l’esprit d’Essav avec lequel il se bat jusqu’à l’aube. Malgré une hanche disloquée, il sort vainqueur du combat et reçoit de l’ange le nom Israël qui signifie « il l’a emporté sur le Divin ».

La rencontre entre les deux frères a lieu, ils s’embrassent mais se séparent. Yaacov s’installe sur un terrain qu’il achète près de Ch’hem. Le prince de cette ville, Ch’hem abuse de Dina, la fille de Yaacov et ses deux frères, Chimone et Lévi la vengent en tuant tous les hommes de la ville.

Yaacov continue sa route.

Ra’hel meurt en donnant naissance à son second fils, Binyamin. Elle est enterrée au bord de la route, près de Bethlé’hem.

Réouven perd son droit d’aînesse en commettant une indiscrétion par rapport à la vie intime de son père.

Yaacov arrive à ‘Hévron, chez son père, qui meurt plus tard, à l’âge de 180 ans (Rivka est morte avant le retour de Yaacov).

La Paracha se conclut par le décompte détaillé des femmes, enfants et petits-enfants d’Essav, l’histoire du peuple de Séïr au sein duquel s’installe Essav et par la liste des huit rois qui dirigent Edom, la terre des descendants d’Essav et de Séïr.

La vérité de Yaacov

« Je suis rempli d’humilité par toute la bonté et par toute la vérité que Tu as manifestées pour Ton serviteur » (Béréchit 32 :11)

Quand Yaacov avait quitté la maison de son père, à Beer Chéva et s’était mis en route pour ‘Haran, il était seul, dans la plus grande pauvreté et il fuyait pour rester en vie. Vingt ans plus tard, il revient, riche, entouré d’une grande famille, encore en croissance, d’une armée de serviteurs et d’un immense troupeau de moutons et de bétail. D.ieu lui avait promis : « Je serai avec toi et Je te protégerai où que tu iras et Je te ramènerai vers cette terre » (Béréchit 28 :15).

Que suscita donc une telle réaction, indiquée par le verset du préambule, chez Yaacov ? La réponse la plus naturelle n’aurait-elle pas dû indiquer qu’un tel flot de bienveillance l’avait agrandi et non diminué ?

Rabbi Chnéor Zalman de Lyadi, le fondateur du ‘Hassidisme ‘Habad, s’intéresse à cette question dans une lettre qu’il écrit après avoir été libéré de prison en 1798. Il avait été arrêté et accusé de trahison sur la base de pétitions adressées au Tsar par des opposants au ‘Hassidisme. Après cinquante-trois jours d’emprisonnement, il avait été débouté de toutes accusations et libéré. Cet événement (célébré le 19 Kislev) marque la victoire décisive du mouvement ‘hassidique contre ses adversaires et l’aube d’une nouvelle phase dans la dissémination des enseignements de la ‘Hassidout.

Au moment de sa libération, Rabbi Chnéor Zalman envoya une lettre à tous ses disciples les avertissant contre tous sentiments d’orgueil et de supériorité, suite à cette victoire, à l’égard de leurs opposants. Il commence sa lettre en citant les paroles de Yaacov : « Je suis rempli d’humilité par toute la bonté et par toute la vérité que Tu as manifestées pour Ton serviteur ».

Pourquoi donc cette bonté divine généra-t-elle un sentiment d’humilité chez Yaacov ?

Mais, explique Rabbi Chnéor Zalman, c’est cela qui exprime la différence entre une personne qui est prise au piège dans son propre égo et celle qui voit clairement qui elle est et quelle est sa relation avec D.ieu. Pour celui qui est absorbé par lui-même, une bonté de D.ieu est perçue comme une faveur qui lui est accordée, la preuve de sa propre importance et de son mérite. Si bien que l’effet final de cette expérience est une distanciation de D.ieu, une plus grande importance pour lui-même et pour ses propres besoins et un lien amoindri avec la source des bénédictions qui lui ont été accordées.

Quant à la personne dont la conscience spirituelle est claire, une bonté de D.ieu est d’abord et avant tout un acte d’amour divin : D.ieu l’attire plus près de Lui. Et plus l’on se rapproche de D.ieu, plus on prend conscience de sa propre insignifiance devant l’infinitude de D.ieu.

Telle est « la vérité de Yaacov ». Parce que la loi essentielle de la réalité est que « tout devant Lui n’est comme rien », qu’il s’en suit que plus une personne est « devant Lui » (c’est-à-dire plus proche de D.ieu) plus elle se sent comme « rien ».

C’est pourquoi, conclut Rabbi Chnéor Zalman dans sa lettre, « Je fais un appel solennel à notre communauté concernant les nombreux actes de bonté que D.ieu nous a abondamment témoignés : endossez les qualités de Yaacov… Ne vous sentez pas supérieurs à vos frères ; ne donnez pas libre champ à vos paroles à propos d’eux ni ne persifflez, à D.ieu ne plaise. Je vous avertis sévèrement : ne mentionnez aucunement (votre victoire). Ne faites que rabaisser votre esprit et votre cœur en vous conformant à la vérité de Yaacov.

L’écorce

Cependant, cela ne signifie pas pour autant que l’ego n’ait aucune utilité. Les Sages du Talmud déclarent : 

« Un étudiant en Torah devrait posséder un huitième d’un huitième de fierté… qui le couronne comme une écorce sur une amande » (Talmud Sotah 5a).

L’analogie utilisée par le Talmud : « une écorce sur une amande » explique d’une part que l’ego est une composante nécessaire pour notre existence et notre croissance mais que, par ailleurs, elle peut constituer un élément qui sépare notre être et notre source.

Pour grandir et se développer, l’amande requiert du soleil et de la pluie. Mais ces deux éléments peuvent également représenter une grande menace pour sa survie. Si l’amande était complètement exposée à ses sources de nourriture, elle serait brûlée par la chaleur du soleil et moisie par l’humidité qui tomberait sur elle.

Ainsi l’écorce, enveloppe dure et épaisse, qui entoure le fruit, reçoit la chaleur des rayons du soleil et retient des gouttes d’eau. Elle abrite le fruit du soleil et de la pluie tout en absorbant suffisamment d’énergie qu’elle transmet au fruit, le nourrissant et lui permettant de grandir.

Puis vient le jour de la récolte. Le grain a mûri, le fruit est prêt à accomplir sa fonction d’aliment, de fourrage ou de graine. L’écorce n’a plus de rôle à jouer. Elle est plutôt une gêne. On la brise, l’ouvre, l’épluche et la jette.

C’est dans le même esprit que nous avons besoin d’un certain degré de conscience de notre propre ego qui nous sert d’écorce pour abriter le fruit.

Le développement spirituel d’un homme est nourri par deux aliments de base : l’amour et la crainte. Où que nous nous retournions, nous rencontrons la chaleur et la lumière de l’amour que D.ieu déverse dans Son monde et sommes également humidifiés par la crainte qui nous empêche de faire le mal. Mais si nous devions nous exposer sans discernement à ces forces, nous serions détruits. Une passion incontrôlée se désintègre invariablement en de la luxure dévastatrice et une peur paralysante résulte en une timidité et une inertie maladives.

C’est pourquoi l’ego, une écorce dure et épaisse qui entoure l’âme porte le poids des passions de la vie et détourne ses craintes. La conscience que nous avons de nous-mêmes nous empêche de nous soumettre aveuglément à tous les désirs et nous protège des terreurs qui nous pétrifieraient et nous empêcheraient d’agir. La voix intérieure, qui rappelle : « Je suis », résiste et permet de filtrer la passion et les terreurs de la vie, permettant au fruit de grandir et de mûrir.

Mais arrive le moment où l’ego nous empêche d’accomplir ce que pourquoi nous avons été créés. En dernier ressort, il faut le rejeter pour révéler l’engagement altruiste pour notre Créateur qui est au cœur de notre âme.

Chaque quête spirituelle est lancée par un élan de l’ego, par le désir de faire quelque chose pour nous-mêmes, pour accomplir, pour conquérir les citadelles de la vérité et de l’accomplissement. Au stage initial de cette quête, notre ego demandeur reste un élément indispensable dans notre croissance. Il nous nourrit de stimuli et d’expériences et nous protègent des excès. Mais vient un temps où l’armure du moi devient une prison que l’on doit détruire, libérant la partie supérieure de l’âme pour servir son Créateur, sans les limites dans lesquelles l’enfermerait son ego.

Le Coin de la Halacha

 Quelques conseils aux éducateurs

L’éducateur doit se souvenir constamment qu’il lui revient d’être un exemple vivant de ce qu’il enseigne. En effet, tous ses gestes et tout son être influencent le caractère, la conduite et toute la vie de l’élève bien plus que ses paroles et ses cours. Il se montrera attentif à chaque point de Hala’ha (loi juive), il veillera donc à en connaître parfaitement tous les détails, particulièrement celles relatives à l’éducation, qu’il révisera de temps en temps.

Il (ou elle) sera animé d’une véritable ambition de progresser dans sa façon d’enseigner ; il recherchera conseils et directives auprès de personnes plus compétentes et assistera à des réunions ou des congrès consacrés à l’amélioration de l’éducation.

Les relations entre collègues seront empreintes de respect même s’ils se connaissent de longue date ; un professeur n’exprimera jamais de remarque désobligeante sur un collègue, surtout devant les élèves.

Le professeur se fixera un but et définira clairement les progrès qu’il espère obtenir de chaque enfant à la fin de l’année afin qu’il maximalise son potentiel et utilise toutes ses capacités. Il appartient à l’éducateur de considérer chaque enfant comme un futur cadre du peuple juif.

De temps en temps, on révisera ce qui a déjà été appris :

- Il est possible que l’élève ait oublié

- Il est possible que l’élève n’y ait pas attaché assez d’importance la fois précédente

- Les élèves ont grandi et ils comprendront peut-être mieux ou autrement ce qui a été enseigné

- Ils percevront certainement des détails qui leur avaient échappé la première fois.

- Peut-être de nouveaux élèves se sont rajoutés dans la classe.

L’éducateur se consacrera à sa tâche 24 heures par jour et sept jours par semaine.

(d’après Rav ‘Haïm Morde’haï Aizik Hodakov)

Le Recit de la Semaine

 L’improbable Kiddouch

Nous avons quitté la Hollande en 1951 pour nous installer au Canada, à Toronto. Nous avons mis plusieurs mois avant de trouver une demeure capable d’abriter toute notre famille (10 enfants…) et, au début, la communauté juive nous a permis d’occuper une maison abandonnée destinée à être transformée en Mikvé. C’était gratuit mais c’était primitif : il n’y avait aucun confort et surtout pas d’eau chaude ; ma mère était obligée de faire bouillir de l’eau pour procéder à la lessive.

Un jour alors qu’elle venait de déposer avec peine une grande bassine d’eau bouillante dans la salle de bains à l’étage et était redescendue pour en apporter une autre, elle s’aperçut avec horreur qu’Amina, ma petite sœur qui n’avait même pas deux ans, était tombée dans la bassine !

Paniquée, elle l’en avait sortie alors que sa peau se détachait… Elle l’enveloppa d’un drap et se précipita à l’hôpital des Enfants Malades. J’ignore comment elle y était parvenue puisqu’elle ne parlait pas anglais mais elle avait couru dans la rue en hurlant et des gens l’avaient aidée.

Le soir-même – jeudi 22 novembre 1951 – on m’envoya à l’hôpital pour parler avec les médecins puisque j’étais la seule dans la famille à me débrouiller en anglais. Le pronostic était pessimiste : « Expliquez à vos parents qu’il n’y a aucun espoir ! Cette enfant va mourir, elle ne survivra même pas un jour ! »

Je n’eus pas le cœur de traduire cela et je me contentai d’annoncer : « Elle est très, très malade et les médecins agiront de leur mieux ».

Effectivement, ils se dévouèrent à fond. Ils placèrent ma petite sœur dans un plâtre pour minimiser l’exposition de la peau à l’air et pour que les tissus retiennent autant de fluide que possible. Mais, à l’évidence, ils étaient très pessimistes. Réalisant la gravité de la situation et ne sachant vers qui d’autre se tourner, mon père Rav Dov Yehouda Schochet téléphona à son beau-frère, Rav ‘Haïm Morde’haï Aizik Hodakov, le secrétaire principal du Rabbi, pour qu’il demande une bénédiction. Le Rabbi assura qu’Amina irait bien et demanda que mon père offre le Kiddouch à la synagogue ce Chabbat ; il spécifia que ma mère devait s’investir dans les préparatifs.

Cela nous semblait étrange (nous n’avions aucune raison de nous réjouir…) mais mes parents – qui, à l’époque n’étaient pas des ‘Hassidim de Loubavitch – obéirent. D’une manière ou d’une autre, nombre de personnes apprirent qu’il y aurait un Kiddouch spécial suite à une directive du Rabbi et les ‘Hassidim se déplacèrent en nombre. Ils mangèrent, burent de la vodka, échangèrent des mots de Torah et même dansèrent, s’impliquant totalement à réjouir l’assistance et à faire prendre conscience de l’importance d’une parole du Rabbi. A la fin de Chabbat, on constata que la bénédiction s’accomplissait : Amina était encore vivante… Nous commencions à réaliser la puissance de cette bénédiction et nous avons repris espoir.

Heureusement, nous ignorions les détails : une brûlure si importante peut avoir des conséquences désastreuses sur les organes internes d’un bébé. Les médecins étaient particulièrement inquiets pour les reins mais ceci s’arrangea également. Cependant, il était évident qu’elle restait en danger.

Le Chabbat suivant, 1er décembre, elle « fêtait » son deuxième anniversaire. Nous avions l’intention d’aller la voir le dimanche pour lui offrir de petits présents. Mais la police frappa à notre porte : comme nous n’avions pas de téléphone et que l’hôpital ne parvenait pas à nous joindre, on venait nous informer qu’Amina était mourante. Quand nous sommes arrivés, ce fut terrible, son visage surtout faisait de la peine ; je tentais d’empêcher ma mère de la regarder mais elle s’obstina : « C’est mon enfant, je dois la voir… ».

Mon père téléphona à nouveau au Rabbi qui répondit encore une fois que tout s’arrangerait. Mon frère David se souvient qu’à cette occasion, mon père parla directement au téléphone avec le Rabbi qui insista : « Vous êtes un rabbin ! Il vous appartient de veiller à ce que l’éducation juive de votre ville soit la meilleure possible, que la cacherout de votre ville respecte les meilleurs critères… Faites votre job et D.ieu fera le sien ! »

Tandis que les médecins nous préparaient constamment au pire, le Rabbi continuait à nous encourager alors qu’Amina restait en état d’urgence absolue. Les mois passèrent, la fièvre montait puis descendait, elle vomissait sans raison… Contacté, le Rabbi demanda : « Informez l’hôpital pour qu’on vérifie ce qui se passe ; ce n’est pas normal… ». Il est difficile pour n’importe quel patient de remettre en cause le personnel hospitalier ; à plus forte raison pour un étranger qui ne parle pas correctement la langue. Mais comme le Rabbi l’avait demandé, mon père trouva le courage de protester et il s’avéra qu’effectivement, on administrait à Amina un mauvais médicament. On procéda immédiatement à une correction du traitement. Amina resta à l’hôpital jusqu’en mars puis rentra à la maison. Ses blessures étaient profondes, il fallait changer ses pansements très souvent. Elle ne savait plus marcher ni même s’assoir ou se lever parce qu’elle était restée si longtemps dans le plâtre. La rééducation a été très longue mais finalement, comme le Rabbi l’avait prédit, elle récupéra toutes ses fonctions.

Un jour, le Rabbi donna à Amina un rouble en or en spécifiant qu’elle devrait le remettre à la Tsedaka (charité) le jour de son mariage. Effectivement, elle l’échangea probablement contre de l’argent qu’elle glissa dans la Tsedaka le grand jour venu et elle garde jusqu’à présent cette pièce que le Rabbi lui avait donnée.

Quand elle se fiança avec Its’hak Newman, il était un peu inquiet : les blessures qu’elle avait subies l’empêcheraient peut-être de mettre des enfants au monde… Il en parla au Rabbi qui l’assura qu’il n’y avait pas de soucis à avoir.

Elle mit au monde seize enfants – ce qui est déjà inhabituel pour une femme « normale ». Maintenant ses enfants élèvent leurs propres enfants et c’est donc toute une tribu qui a vu le jour grâce à ce miracle.

Choulamit Bechhoffer - JEM

Traduit par Feiga Lubecki