Une date pour tous
Ce n’est qu’une date, une simple date parmi les centaines qui défilent au fronton de nos calendriers. Et pourtant elle porte en elle une grandeur que nul ne peut ignorer, une grandeur qui s’impose à tous par sa plénitude et sa sérénité. Le 19 Kislev est déjà présent, à la porte de notre conscience. Comment ne pas avoir le sentiment fort qu’il éclaire tout l’espace au devant de nous ? C’est que ce jour est décidément différent. Il ne s’agit pas que du rappel d’un événement historique, la libération de Rabbi Chnéor Zalman, auteur du Tanya et du Choul’han Arou’h, de la prison où le pouvoir russe l’avait enfermé. Cela en soi aurait certes été digne d’être rappelé, souligné, commémoré. Mais il y a ici bien davantage car il n’est pas question seulement d’une libération mais bien d’une victoire.
L’histoire est connue. Ce qui est reproché à Rabbi Chnéor Zalman, c’est son combat inlassable pour une spiritualité juive puissante et chaleureuse. Ce n’est évidemment pas en ces termes que les accusations sont formulées mais c’est bien ainsi qu’elles apparaissent quand on vient l’interroger en particulier sur le contenu de ses enseignements. En tout état de cause, c’est incontestablement ainsi qu’elles résonnent devant le Tribunal d’En-Haut. Celui-ci, révèlent le Baal Chem Tov et le Maguid de Mézéritch à Rabbi Chnéor Zalman dans sa cellule, s’inquiète de la diffusion de la dimension profonde de la Torah. Pour que cette œuvre, dont l’histoire a démontré l’absolue nécessité, puisse continuer, il faut cette victoire. Elle est grande et miraculeuse. A partir de ce moment, plus rien ne viendra s’opposer à cette connaissance nouvelle désignée aujourd’hui sous le beau nom de ‘Hassidout.
Faut-il, pour autant, répéter cette histoire d’année en année ? La période est propice à une prise de conscience : la ‘Hassidout est aujourd’hui à la portée de tous. Chacun peut l’étudier, de nombreuses traductions, y compris en français, existent. Et s’en pénétrer donne à la vie une lumière nouvelle. Tout l’enjeu est là. Nous pouvons y renouveler nos forces jusqu’au temps de tout accomplissement.
Un avant-goût
Dans le texte des prières du Chabbat, nous disons « ceux qui y goûtent ont mérité la vie. » C’est ainsi que la loi juive stipule qu’il convient de goûter, au sens littéral, des plats du Chabbat avant qu’il ne commence.
Le temps de la Délivrance est semblable au Chabbat : le mal cessera, seuls le bien et la sainteté y auront leur place. Dans ce sens, le temps qui précède la Délivrance est qualifié de « veille de Chabbat ». C’est dans cette période que nous nous trouvons. Il convient donc de « goûter » à ce qui nous sera offert : un sens plus profond de la Torah. L’étude de la ‘Hassidout nous en donne, dès à présent, la possibilité.
(D’après un commentaire du Rabbi – A’haron chel Pessa’h 5730)
Vayichla’h
Yaakov retourne en Terre Sainte, après un séjour de vingt ans à ‘Haran. Il envoie des anges comme émissaires auprès d’Essav, dans l’espoir d’une réconciliation. Mais ses messagers reviennent, révélant que son frère est sur le chemin de la guerre, avec quatre cents hommes armés. Yaakov se prépare à la guerre, prie et envoie à Essav un cadeau important (consistant en une centaine de têtes de bétail) pour l’apaiser.
Cette nuit-là, Yaakov transporte sa famille de l’autre côté du fleuve Yabok. Mais lui reste en arrière et rencontre un ange qui représente l’esprit d’Essav. Il combat avec lui jusqu’à l’aube. Yaakov souffre d’une luxation de la hanche mais vainc la créature céleste qui lui accorde le nom « Israël », qui signifie « celui qui l’a emporté sur le Divin ».
Se produit alors la rencontre entre Yaakov et Essav. Ils s’embrassent mais se séparent. Yaakov achète une parcelle de terre près de Ch’hem, dont le prince, qui s’appelle aussi Ch’hem, va séduire et abuser de la fille de Yaakov, Dina. Les frères de Dina, Chimone et Lévi la vengent en tuant tous les hommes de la ville, après les avoir rendus vulnérables, en les convainquant de se circoncire.
Yaakov poursuit son voyage. Ra’hel meurt en mettant au monde son second fils, Binyamine, et elle est enterrée sur le bord de la route, près de Beth Lé’hem. Réouven perd son droit d’aînesse, en interférant dans la vie privée de son père. Yaakov arrive à ‘Hévron, chez son père Its’hak qui mourra à l’âge de 180 ans. (Rivka a quitté ce monde avant l’arrivée de Yaakov).
Notre Paracha se conclut avec un compte détaillé des femmes, des enfants et des petits-enfants d’Essav, les histoires familiales du peuple de Séir, parmi lequel s’installe Essav et la liste des huit rois qui vont diriger Edom, la terre des descendants d’Essav et de Séir.
Dans la lecture de la Torah de cette semaine, notre Patriarche Yaakov reçoit un second nom : Israël. En réalité, nous utilisons plus fréquemment et plus généralement ce nom, lorsque nous parlons de notre peuple, en tant qu’entité ou de notre terre.
Le Judaïsme, et tout particulièrement à la lumière des enseignements mystiques de la Cabbale, met beaucoup d’emphase sur les noms. Dans cette optique, les deux noms utilisés pour se référer à Yaakov soulignent différents éléments de notre service divin. Les lettres du nom Yaakov peuvent se séparer en Y EKEV (en hébreu : la lettre youd, suivie du mot ékèv). La lettre youd se réfère à l’étincelle divine fondamentale qui existe en chacun de nous. Ekèv est le mot hébreu pour « talon », membre du corps que nos Sages décrivent comme « l’ange de la mort à l’intérieur d’un être humain ». Car le talon calleux est insensible. Il lui manque l’aptitude à ressentir un stimulus qui vient de l’extérieur et d’y répondre.
Le nom Yaakov se réfère à un Juif, et à notre peuple dans son ensemble, qui se trouve au niveau du talon, c’est-à-dire lorsque notre capacité à apprécier et à répondre à la spiritualité est paralysée. Mais même alors, il nous faut prendre conscience que la première lettre de notre nom est le youd, c’est-à-dire que la Divinité domine et dirige notre vie.
La signification de ce nom est soulignée par les situations dans lesquelles la Torah le mentionne. Tout d’abord, il fut donné à Yaakov car il tenait le talon d’Essav. En d’autres termes, cela fait allusion à la situation où un Juif est apparemment plus bas que ce qu’il devrait être, à cause de l’environnement dans lequel il évolue. Il est sûr qu’il possède un avantage spirituel. C’est pour cette raison, comme l’expliquent les commentaires, qu’il retenait Essav. Il savait qu’il méritait la primauté. Et pourtant, les autres l’ignoraient. Extérieurement, il semblait être à un niveau inférieur.
C’est pourquoi, dans un sens plus large, le nom Yaakov évoque les Juifs en exil. Certes, leur potentiel spirituel reste intact, mais apparemment, ils doivent se battre avec leur entourage qui les considère spirituellement à leur désavantage.
Cela nous mène à la seconde explication donnée par la Torah au nom Yaakov. Essav dit : « Il est appelé Yaakov parce qu’il m’a trompé (yakvani) ». Yaakov ne peut agir tout le temps au grand jour. Les épreuves et les tribulations de l’exil l’obligent parfois à agir secrètement.
Cela ne veut pas dire qu’il faille tromper. Bien au contraire, comme nous le voyons par sa conduite dans la maison de Lavan, Yaakov représente le summum de la moralité et de l’intégrité. Mais parfois, tout comme les Marranes en Espagne, qui pratiquaient leur Judaïsme dans le plus grand secret, ou comme les Juifs de Russie communiste qui avaient construit des classes clandestines, il est parfois nécessaire d’agir subrepticement.
Et la situation ne doit pas forcément être si extrême. Quand un Juif s’implique complètement dans la vie de tous les jours, six jours par semaine, mais que le Chabbat, il débranche son téléphone et se ferme à la mondanité, il présente deux visages : l’un pour le monde en général et l’autre pour lui-même.
Israël, le second nom de Yaakov communique un message différent. Ce nom peut se séparer en yachar E-l, « direct vers D.ieu ». Au niveau d’Israël, un Juif, et le peuple juif dans son ensemble, n’a besoin de nul subterfuge. Son identité juive brille puissamment, de tout temps et dans toutes les situations. Comme le statue la Torah : ce nom a été donné « quand tu as combattu avec les hommes et avec les anges et que tu l’as emporté ».
Perspectives
Quand l’identité juive en tant qu’Israël sera-t-elle révélée dans son sens plein ? A l’époque de Machia’h.
Et cela apparaît également en allusion, dans notre Paracha. A la conclusion de sa rencontre avec Essav, Yaakov lui promet de lui rendre visite chez lui, au Mont Séir. Nos Sages relèvent qu’il ne tint jamais sa promesse, de son vivant. Mais cela fait plutôt référence au Futur ultime, quand « les sauveteurs monteront sur le Mont Tsion et jugeront la montagne d’Essav et que la souveraineté appartiendra à D.ieu ».
Aujourd’hui, tout comme dans notre Paracha, Yaakov s’incline devant Essav et l’appelle « mon maître ». Mais dans les temps futurs, l’attribut d’Israël sera révélé et la suprématie de la nature divine que possèdent les Juifs fera surface.
Nous pouvons, dès à présent, en avoir un avant-goût. Passé le temps où nous devions adopter la mentalité des non-juifs et nous humilier dans notre exil. Nous pouvons aujourd’hui fièrement nous revendiquer en tant que Juifs, vivre selon les valeurs de la Torah, sans être gênés ou avoir besoin de cacher notre Judaïsme.
Pourquoi est-il si important de mettre les Téfilines ?
- Il est très important de mettre les Téfilines – même si ce n’est qu’une seule fois dans sa vie - car, ainsi, on sort de la définition de « Karkafta », un crâne qui n’a jamais mis les Téfilines.
- Celui qui met les Téfilines au moins une fois dans sa vie sera, grâce à cela, encouragé à accomplir d’autres Mitsvot (commandements de D.ieu).
- De plus, le Rambam déclare que chacun devrait se considérer comme en équilibre sur les plateaux de la balance. Avec une seule Mitsva, il peut faire pencher sa balance personnelle et celle du monde entier du côté du mérite.
- Il est écrit : « Les peuples de la terre verront que le Nom de D.ieu est appelé sur toi et ils te craindront ». Les Téfilines ont la particularité d’inspirer la crainte aux ennemis qui n’oseront pas s’attaquer à ceux qui les ont mis. Chaque Juif qui met les Téfilines – où que ce soit, en Israël ou en-dehors de la Terre sainte – contribue à la protection de tout le peuple juif.
- Le Midrach Tehilim rapporte : « Les Juifs ont demandé à D.ieu : Nous voulons étudier la Torah toute la journée mais nous n’en avons pas le temps ! D.ieu répondit : « Respectez la Mitsva des Téfilines et Je considérerai comme si vous vous fatiguiez à étudier la Torah jour et nuit ! »
- Même celui qui ne connaît pas toutes les Kavanot (intentions pures) dont on devrait être conscient quand on met les Téfilines s’efforcera au moins de réaliser qu’il accomplit un commandement divin.
(d’après Hamitsvaïm Kehil’hatam - Rav Shmuel Bistritzky)
S’excuser d’avoir heurté le poteau…
Je venais de m’inscrire à la Yechiva de Morristown, pour le programme destiné aux « nouveaux », aux jeunes Baalé Techouva qui découvraient la Torah et absorbaient avec avidité tous ses enseignements.
J’apercevais souvent Rav Elimele’h Zweibel et, à vrai dire, je craignais de m’approcher de lui. Pourtant il était aimable et chaleureux mais, à mes yeux, il ressemblait à Moïse lui-même : avec sa longue barbe blanche, ses yeux pénétrants qui sondaient les cœurs et les reins… Quand je le voyais, je tentais de me cacher dans une autre pièce, non pas parce que je ne connaissais encore pas grand-chose de la Torah mais plutôt parce que je ressentais : « Qui suis-je pour côtoyer un homme aussi saint ? ».
Quand j’avais commencé à m’intéresser au judaïsme, j’avais fréquenté les cours de « mystique juive » donnés par Rav Nosson Gurary qui répétait fréquemment : « Un Juif devrait réfléchir à la ‘Hassidout au point qu’il marcherait dans la rue, heurterait un poteau et ne le remarquerait même pas ». Pour moi, Rav Elimele’h correspondait exactement à cette définition. Il était dans ce monde mais, en même temps, en était détaché – pas comme moi qui m’intéressait davantage aux résultats de mon équipe de baseball de Buffalo et à ma guitare qu’aux difficultés soulevées par un profond discours ‘hassidique.
Voici une anecdote qui illustre mon propos : un jour, Madame Zweibel – on était au début des années 70, donc bien avant l’ère des téléphones portables - utilisa le téléphone de la Yechiva pour avertir son mari que son pneu était à plat. Rav Zweibel accourut pour l’aider et prit dans son bureau un marteau et un tournevis – ce qui n’était vraiment pas les outils appropriés pour changer un pneu ! Je vous avais prévenu : Rav Zweibel ne semblait pas être de ce monde !
Quand on estima que j’avais déjà acquis un certain niveau, on me proposa de suivre les cours de Rav Zweibel : d’accord, à ce stade, je portais déjà un costume sombre, un chapeau à large bords et une barbe assez fournie. Cependant, j’évitais encore de croiser le regard si profond de mon professeur. Les concepts qu’il développait nous connectaient vraiment avec D.ieu mais, en toute honnêteté, passaient très haut au-dessus de nos têtes ! Certains d’entre nous tentaient de comprendre, d’autres s’assoupissaient discrètement…
Je m’étais marié au début des années 70. Inutile de préciser que ce genre de mariage ‘hassidique n’était pas spécialement du goût de nos parents mais nous étions heureux ! Guittel et moi nous nous sommes installés dans la ville, un peu à l’écart de la Yechiva, dans une chambre de bonne d’une vieille maison peu confortable mais je me sentais au septième ciel. J’étudiais la Torah le matin, j’assistais aux réunions ‘hassidiques, je fréquentais la synagogue matin et soir et je travaillais à mi-temps, ce qui à mes yeux suffisait à nous nourrir tous les deux. Quant à Guittel… Elle se sentait un peu seule : nous avions de nombreux invités le Chabbat mais elle n’avait pas vraiment d’amies dans la ville. Elle acceptait la situation gentiment et ne se plaignait pas. Le temps passa.
Un jour, je m’aventurais jusqu’à la maison des Zweibel, dans un quartier situé près de la forêt : figurez-vous que, dans leur cour, il y avait un puits dans lequel nous pouvions tremper la vaisselle neuve comme l’exige la loi juive. Ce n’était pas un puits comme décrit dans les livres d’histoire mais plutôt un courant d’eau souterrain caché sous un épais couvercle. J’entendis des pas s’approcher, j’espérais que c’était un des enfants Zweibel mais… catastrophe ! C’était Rav Zweibel lui-même ! Un instant, j’ai envisagé de me laisser tomber dans l’eau avec mes assiettes pour me cacher mais il était trop tard !
- Bonjour Reb David ! Comment allez-vous ? me salua-t-il chaleureusement.
Comment ? Moi l’étudiant bohème de Buffalo, j’allais tenir une conversation avec cet immense Tsadik ? Moïse lui-même ?
- Je vais bien, D.ieu soit loué, répondis-je en me demandant si j’avais peut-être commis une gaffe.
- Etes-vous content ici ? continua-t-il en toute simplicité.
- Oh oui ! répondis-je très sincèrement. J’habite près de la Yechiva, j’étudie, je vis !
Mais, à ma grande surprise, il me posa une autre question :
- Et votre épouse ?
Je répondis du mieux que je pus : elle acceptait la situation mais n’étais-je pas supposé être le personnage principal, vous savez : celui qui est chargé d’étudier, prier, progresser dans le judaïsme…
- Où voudrait-elle vivre ? Où serait-elle plus heureuse ? insista-t-il.
J’étais stupéfait. Dans ma naïveté, j’avais estimé que le judaïsme était fait pour les hommes, les femmes n’ayant qu’à s’en accommoder n’est-ce pas ? Elle avait parlé de déménager à Detroit (où vivait sa famille) ou à Buffalo (où vivait la mienne) ou encore à New York, où la vie juive était beaucoup plus facile…
- Le Talmud est très clair à ce sujet, cita Rav Zweibel : un couple et surtout un nouveau couple devrait habiter dans l’endroit où l’épouse se sent le mieux !
- J’ignorais ce « détail » ! avouai-je. C’est absolument révolutionnaire pour moi !
Rav Zweibel me conseilla de discuter de ce problème avec Guittel puis d’écrire au Rabbi pour demander son avis.
Je ne pouvais pas le croire. Il aurait été bien plus facile pour lui, pour augmenter son prestige et le nombre d’étudiants dans sa Yechiva par exemple, de nous garder près de lui pour lui être utile un jour. Mais Zweibel n’était pas égoïste, il voyait tout d’après le point de vue de la vérité, de la Torah. Et alors il devenait évident que je devais déménager car il était essentiel qu’une femme juive soit heureuse.
Le soir-même, Guittel et moi avons discuté sérieusement puis écrit au Rabbi. Quelques mois plus tard, nous avons déménagé à Buffalo, avec la bénédiction du Rabbi.
Oui, Rav Zweibel était un géant dans ses connaissances de Torah et ‘Hassidout, il était doté d’une mémoire prodigieuse et pouvait réellement marcher dans la rue et s’excuser auprès d’un réverbère qu’il aurait heurté par mégarde. Mais j’ai expérimenté de près son incroyable amour du prochain et sa gentillesse envers un couple de Baalé Techouva (jeunes gens revenus à la Torah) – même si cela devait affecter ses propres titres de gloire si l’on peut s’exprimer ainsi.
Cette petite conversation fut loin d’être insignifiante. A Buffalo, j’ai acquis un Master et un doctorat en éducation qui me permirent de mener une longue et passionnante carrière - depuis plus de quarante ans. J’ai fini par être nommé « professeur de l’année » et gagner des prix de deux systèmes éducatifs différents ; j’ai été sélectionné parmi les cinq premiers professeurs de tous les Etats-Unis et j’ai été honoré de médailles sans nombre pour les progrès réalisés par mes jeunes élèves handicapés.
Jamais je ne pourrais assez remercier le regretté Rav Zweibel ! Que son souvenir soit une bénédiction pour nous tous !
Pr David Lazerson - COLlive
Traduit par Feiga Lubecki